29 mars 2003

Ne pas se taire sur la politique du gouvernement Sharon

Dans le camp, qui se range derrière Bush contre le peuple irakien, il faut compter le lobby pro-israélien [1]. Ces gens, présentés comme des "intellectuels de gauche" veulent désormais interdire en France toutes les protestations contre la politique du gouvernement Sharon. France Inter a relayé aujourd'hui l'appel à la constitution d'un service d'ordre, baptisé "casque blanc", destiné à expulser des manifestations les pancartes et les slogans pro-palestiniens.

Pour vendre sa sale guerre en Irak, Bush a fait miroiter la création d'un futur État Palestinien sans naturellement s'engager sur un calendrier ni exercer aucune pression contre Sharon [2]. Depuis les accords d'Oslo, le gouvernement israélien a multiplié les colonisations en Cisjordanie et à Gaza. Presque chaque jour, il détruit des maisons et tue des hommes, des femmes et des enfants parce qu'ils sont Palestiniens. Sharon, le boucher de Sabra et Chatila, est encouragé par Bush à poursuivre cette politique criminelle. Il espère peut-être en finir en déportant la population palestinienne vers la Jordanie à l'issue de la guerre contre l'Irak.

Le lobby pro-israélien veut imposer un lien entre la critique de la politique du gouvernement Sharon contre le peuple palestinien et l'adhésion aux thèses antisémites. Roger Cukierman , président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a prétendu que "l'antisionisme", "le nouvel habit de l'antisémitisme", règnerait dans des "partis révolutionnaires tels Lutte ouvrière et la LCR", ainsi que dans le courant anti-mondialisation. Besancenot a pleuré sur le plateau de "Tout le monde en parle" [3] et n'a rien dit sur celui de "Culture et dépendances" [4] . Il a laissé Finkielkraut faire son numéro et, par son silence, il a cautionné cette manœuvre qui visait aussi à nous interdire de contester la politique de l'administration Bush contre le peuple irakien.

Besancenot aurait pu au moins opposer les propos de Théo Klein [5] ou se déclarer solidaire du mouvement d'officiers israéliens contre la guerre coloniale et surtout répondre politiquement sur l'impasse des nationalismes israélien et palestinien, mais il a gardé le silence pour conserver le privilège de faire de la figuration dans les médias.

Serge LEFORT
28 mars 2003



[1] Voir l'article du Monde du 19 mars 2003.
[2] Voir la déclaration de Bush sur le processus de paix au Proche-Orient du 14 mars 2003.
[3] Émission du 8 février 2003.
[4] Émission du 19 février 2003.
[5] «Personne ne m'empêchera de dire et d'écrire que ce qui se passe au Proche-Orient n'est pas admissible. Et que je ne peux, ni ne veux, accepter cette inacceptable violence qui ne mène à rien, strictement à rien. Sinon à engendrer ce que nous déplorons tous : morts de chaque côté, pleurs de chaque côté, haines, affliction, désespérance, attentats, ripostes.» Théo Klein, Le Manifeste d'un Juif Libre.

25 mars 2003

Goupil se range derrière Bush contre le peuple irakien

Il faudrait être sourd pour ne pas avoir entendu les arguments que Goupil assène en boucle dans les médias pour soutenir la guerre américaine en Irak : "Saddam Hussein est un dictateur", "Saddam Hussein est l'arme de destruction massive". Et, grisé par les paillettes, il accuse même les opposants à la guerre d'être "dans le même camp que Le Pen" [1] !

La violence des formules n'explique en rien comment l'opération "Choc et stupeur", c'est-à-dire "les bombardements massifs" annoncés par la propagande américaine, permettrait au peuple irakien de construire lui-même une démocratie. Le peuple irakien, laminé politiquement par trente ans d'une dictature armée par l'Europe et les États-Unis, meurtri par douze ans d'embargo imposé par les États-Unis et terrorisé par les bombardements, n'a pas les moyens, et pour longtemps, de choisir librement son destin.

Les États-Unis, l'Angleterre comme la France et l'Allemagne ont mis en place et soutenu la dictature de Saddam tant qu'elle servait leurs intérêts. Les États-Unis ont permis à Saddam de prendre le pouvoir par un coup d'État et l'ont aidé à contrôler le pays. Les États-Unis, l'Angleterre comme la France et l'Allemagne connaissent précisément l'armement qu'ils ont fourni à Saddam pendant des décennies. Ils l'ont encouragé à faire la guerre contre l'Iran. Ils se sont alliés, en 1991, avec toutes les dictatures arabes - notamment avec l'Arabie Saoudite, qui finance les terroristes intégristes. Ils ont laissé Saddam massacrer les chiites et gazé les kurdes.

Les mêmes pays discutent déjà ouvertement de la "reconstruction" de l'Irak, c'est-à-dire de son partage. Aucun des gouvernements "démocratiques" ne s'est préoccupé un seul instant du peuple irakien, dont ils pillaient les richesses avec la complicité de Saddam. Il n'y a pas, contrairement aux apparences, de différence sur le fond entre Chirac et Bush mais seulement sur les moyens. L'un veut continuer à profiter du pétrole irakien par la négociation commerciale et diplomatique et l'autre veut s'en emparer par la colonisation militaire.

Comment le peuple irakien peut-il prendre au sérieux la soi-disante volonté des États-Unis ou de l'ONU de l'aider à instaurer une démocratie alors qu'ils soutiennent les monarchies pétrolières, la Turquie (contre les Kurdes) et Israël (contre les Palestiniens), et alors qu'ils méprisent les conventions internationales (par exemple à Guantanamo) ?

Hier, Goupil a soutenu l'URSS qui "libérait" les peuples en les écrasant et les asservissant, et, aujourd'hui, il soutient les USA contre le peuple irakien au nom de la même logique, c'est-à-dire le mépris des peuples. Les raccourcis historiques, au nom du socialisme ou de la démocratie, se font toujours avec le sang et sur le dos des peuples.

Serge LEFORT
24 mars 2003



[1] Dans l'émission Tam Tam du 24/03/03. L'intervention de Goupil sur France Inter fait suite à d'autres sur France 2, Arte et M6. Voir aussi l'article du Monde du 19 mars 2003.