4 décembre 2008

Inde-États-Unis-Pakistan (1)

Alors que l'AFP titre "Les États-Unis et l'Inde font monter la pression sur le Pakistan", les médias dominants présentent une version angélique de Condoleezza Rice qui s'emploierait "à faire baisser la tension entre l'Inde et le Pakistan" et ne parlent presque pas du directeur du renseignement américain Mike McConnell ni du chef d'état-major interarmées Michael Mullen, qui ne sont pas venus en Inde pour cueillir des fleurs. Tout cela rappelle étrangement l'Irak de 2003...
[...] les États-Unis soutiennent l'Inde dans leur guerre contre le terrorisme [...]. La visite de la secrétaire d'État américaine avait pour but de calmer les tensions entre l'Inde et le Pakistan.
RFI.
Commentaires : En clair, les États-Unis soutiennent l'Inde contre le Pakistan.

Le directeur du renseignement américain Mike McConnell a lui aussi accusé le mouvement islamiste Lashkar-e-Taïba d'être derrière les attentats.
Venue rencontrer les responsables indiens à New Delhi, Mme Rice a appelé le Pakistan à répondre "rapidement et de manière transparente" à ces accusations.
Tout en refusant de "se précipiter pour tirer des conclusions et dire qui est responsable", Mme Rice a estimé que ces attentats rentraient dans la catégorie du "genre de terrorisme auquel participe Al-Qaïda".
AFP - Yahoo! Actualités.
Commentaires : En clair, l'Inde et les États-Unis accusent le Pakistan en lui demandant d'apporter les preuves qu'ils n'ont pas !


Malgré les pressions américaines, le Pakistan garde un atout majeur dans cette partie de poker menteur : le redéploiement de ses troupes de la frontière afghane vers la frontière indienne. Du coup, Condoleezza Rice modère ses propos :
L'Inde et des responsables américains ont attribué le carnage de Bombay à des groupes basés au Pakistan, mais aucune accusation n'a été portée contre l'Etat pakistanais ou ses services de sécurité.
Faux ! Mais cette petite phrase marque un retrait stratégique face aux menaces à peine voilées de l'armée pakistanaise.
Des responsables militaires pakistanais ont laissé entendre qu'ils pourraient renoncer à leurs opérations contre les groupes islamistes et retirer leurs troupes de la frontière afghane, où elles combattent Al Qaïda et les taliban, pour les transférer sur la frontière indienne si les tensions s'aggravaient.
Reuters - Yahoo! Actualités.


Dmitri Medvedev est arrivé en Inde pour vendre des armes dans le cadre de "la lutte contre le terrorisme" [RIA Novosti]. L'agence russe fait opportunément état d'un rapport du Congrès américain :
"Les Etats-Unis doivent travailler avec la Russie (et d'autres pays) pour promouvoir les mesures de confiance entre l'Inde et le Pakistan", lit-on dans le rapport. En raison de la profonde méfiance entre les deux gouvernements, l'Inde et le Pakistan sont impuissants à régler les problèmes de la sécurité nucléaire, dont des questions relatives au "commandement et à la direction des forces nucléaires", souligne le rapport.
"Si les Etats-Unis et la Russie, s'appuyant sur leur propre expérience acquise à l'époque de la guerre froide se mettent à la tête des efforts internationaux, cela pourrait aider l'Inde et le Pakistan à lancer la mise en oeuvre des mesures de renforcement de la confiance en vue de réduire les facteurs de déstabilisation qu'implique la future modernisation de leurs arsenaux nucléaire", soulignent les auteurs du rapport.
RIA Novosti.


La Chine, plus discrète, participe néanmoins à "la lutte contre le terrorisme" en organisant un exercice militaire avec l'Inde :
Les forces militaires chinoises et indiennes feront un entraînement militaire anti-terrorisme conjoint du 6 au 14 décembre en Inde, a annoncé jeudi le ministère chinois de la Défense.

Chacune des deux armées enverra une compagnie d'infanterie pour participer à ce programme dont le nom de code sera "main dans la main 2008". L'exercice aura lieu dans le district de Belgaum au sud de l'Inde, indique le porte-parole du ministère Huang Xueping.

Cet exercice militaire devrait renforcer la compréhension et la confiance des deux pays l'un envers l'autre, et améliorer le développement des relations entre les armées chinoise et indienne, a-t-il dit.

Xinhua.


Le bloc-notes de Jean-Marie Colombani est un exemple d'argumentaire pour préparer les esprits à la guerre contre le Pakistan :
[...] les attentats commis à Bombay [...] ont réattiré l'attention sur l'épicentre de ce terrorisme, qui était et reste le Pakistan. [...] l'origine avérée de l'un au moins des assaillants désigne un groupe pakistanais extrémiste, longtemps protégé par le célèbre ISI, les services secrets d'Islamabad.
[...] le Pakistan est travaillé par des forces qui sont ouvertement favorables à Al-Qaïda et aux talibans [1].
[...] le président George W. Bush a regretté d'avoir été induit en erreur par les services américains, qui l'avaient convaincu, a-t-il réaffirmé, de l'existence d'armes de destruction massive en Irak. «Je n'étais pas préparé à la guerre», a-t-il dit. Cela fut et restera son erreur stratégique majeure : avoir méconnu que la logistique, les protections d'Al-Qaïda étaient au Pakistan, pays allié des Etats-Unis, et non en Irak.
Challenges.
Commentaires : En clair, George W. Bush s'est trompé de guerre et aurait du attaquer le Pakistan en 2003 ! Barack Obama comblera cette lacune...



[1] Voir : Le terrorisme, une arme de propagande (8), Monde en Question.

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