31 décembre 2009

La diversité contre l'égalité


MICHAELS Walter Benn, La diversité contre l'égalité, Raisons d'agir, 2009.
Pour : Article11 - Blogs du Diplo - CNL - Liens socio - Marianne-Observatoire des inégalités - Relectures
Contre : Daniel Sabbagh, Mouvements-LMSI (présenté par Sylvie Tissot [1]) - Jérôme Vidal, Revue Internationale des Livres et des Idées.
À la télévision comme dans les entreprises, au Parti socialiste comme à l'Elysée, à Sciences Po comme à l'armée résonne un nouveau mot d'ordre : Vive la diversité ! Avec l'élection de Barack Obama, le bruissement s'est changé en clameur. Désormais, chacun devrait se mobiliser pour que les femmes et les "minorités visibles" occupent la place qui Leur revient au sein des élites. Mais une société dont les classes dirigeantes reflètent la diversité a-t-elle vraiment progressé sur le chemin de la justice sociale ? A cette question jamais posée, Walter Benn Michaels répond par la négative. La promotion incessante de la diversité et la célébration des "identités culturelles" permettent au mieux, selon lui, de diversifier la couleur de peau et le sexe des maîtres. Sans remettre en cause la domination qui traverse toutes les autres : celle des riches sur les pauvres. À l'aide d'exemples tirés de la littérature, de l'histoire et de l'actualité, ce livre montre comment la question sociale se trouve désamorcée lorsqu'elle est reformulée en termes ethnico-culturels. Plus fondamentalement, il s'interroge sur l'objectif d'une politique de gauche : s'agit-il de répartir les inégalités sans discrimination d'origine et de sexe, ou de les supprimer ?

Mon intention ici n'est évidemment pas de soutenir que la discrimination positive (ou l'engagement pour la diversité en général) accroît les inégalités. Mais plutôt de montrer que la conception de la justice sociale qui sous-tend le combat pour la diversité - nos problèmes sociaux fondamentaux proviendraient de la discrimination et de l'intolérance plutôt que de l'exploitation - repose elle-même sur une conception néolibérale. Il s'agit d'ailleurs d'une parodie de justice sociale qui entérine l'élargissement du fossé économique entre riches et pauvres tant que les riches comptent (proportionnellement) autant de Noirs, de basanés et de Jaunes que de Blancs, autant de femmes que d'hommes, autant d'homosexuels que d'hétérosexuels. Une justice sociale qui, en d'autres termes, accepte les injustices générées par le capitalisme. Et qui optimise même le système économique en distribuant les inégalités sans distinction d'origine ou de genre. La diversité n'est pas un moyen d'instaurer l'égalité ; c'est une méthode de gestion de l'inégalité.

Lire aussi :

• La question sociale ensevelie sous les faux débats, Le Plan B n°1, Octobre 2007.
• Février 2009, MICHAELS Walter Benn, Liberté, fraternité... diversité ?, Le Monde diplomatique.
• Juin 2008, MICHAELS Walter Benn, Toutes les inégalités n'offensent pas le candidat Barack Obama, Le Monde diplomatique.
• Dossier documentaire & Bibliographie Immigration, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Inégalités & Précarité, Monde en Question.

[1] LMSI n'a rien écrit de pertinent à propos de ce livre, mais a répété plusieurs fois (17/11/2009 et 20/11/2009) le même message sans l'argumenter : «petit livre trop encensé» ; «philosophiquement inepte, sociologiquement indigent et politiquement dégoûtant».
L'équipe de LMSI serait bien inspiré d'écouter l'édifiant dialogue consensuel entre Lynda Asmani, conseillère UMP de Paris et Bariza Khiari, sénatrice PS de Paris sur les «minorités visibles en politique», Le rendez-vous des politiques - France Culture.
Cette organisation, comme celles qui prétendent représenter les Français issus de l'immigration coloniale, souhaite-t-elle participer à l'équivalent de l'UGIF, dénoncée par Maurice Rajsfus comme collaborationniste par «réflexe de classe» ?
Maurice Rajsfus, Des Juifs dans la collaboration, L'U.G.I.F. 1941-1944, préface de Pierre Vidal-Naquet, EDI, 1980 [Archives des sciences sociales des religions].

30 décembre 2009

Voile médiatique


TÉVANIAN Pierre, Le voile médiatique - Un faux débat : «l'affaire du foulard islamique», Raison d'Agir, 2005 [Acrimed - Oumma].
Et si "la question du voile à l'école" était une fausse question ? Et si elle avait été inventée par les journalistes et les politiques ? Ce livre raconte l'histoire édifiante de la construction médiatique d'une affaire qui a pris peu à peu des proportions gigantesques, conduisant au vote d'une loi répressive et à la déscolarisation de centaines d'adolescentes. Comment une loi programmant ces exclusions a-t-elle pu être votée avec un large consentement de "l'opinion publique" ? Comment ce foulard, qui suscitait des contentieux de plus en plus rares et facilement résolus, a-t-il pu être présenté comme un problème crucial, au sein d'une école pourtant traversée par des problèmes d'une tout autre nature et d'une tout autre ampleur ? À partir de données chiffrées et d'analyses précises, ce livre déconstruit les mécanismes médiatiques qui ont fabriqué et imposé un faux problème, sélectionné les "experts autorisés", et écarté la plupart des voix discordantes. Il montre également comment la question a été posée en des termes suffisamment abstraits pour occulter les conséquences de la prohibition du voile, en particulier l'exclusion scolaire. Il montre enfin comment ce débat empoisonné a installé et, en quelque sorte, autorisé un climat général de racisme anti-musulman.

Dossier documentaire & Bibliographie Voile & Burqa créé le 09/02/2004 et mis à jour le 08/12/2009, Monde en Question.

29 décembre 2009

Quatre siècles de négrophobie


TOBNER Odile, Du racisme français - Quatre siècles de négrophobie, Les Arènes, 2007 [Afriradio - Alternative Libertaire Alsace - Bakchich - Bakchich-Dailymotion - Dailymotion 1/3, 2/3, 3/3 - Journal du Cameroun - LMSI - Survie].
De la traite négrière et son Code noir, de la paresse des nègres chère à Montesquieu, de Voltaire et ses propos sur l’esclavage, à Pascal Bruckner et Hélène Carrère d'Encausse, en passant par Pascal Sevran et la bite des noirs, Alain Finkielkaut ou Georges Frêche et leurs propos sur l’équipe de France de football, Jacques Chirac et « le bruit et l’odeur » ou encore Nicolas Sarkozy et le discours de Dakar, Odile Tobner démonte le socle raciste des regards portés sur les noirs.

Dossier documentaire & Bibliographie Racisme créé le 28/03/2009 et mis à jour le 08/12/2009, Monde en Question.

28 décembre 2009

Construction médiatique de l'islamophobie


DELTOMBE Thomas, L'Islam imaginaire - La construction médiatique de l'islamophobie en France, 1975-2005, La Découverte, 2005 [Amazon - Altérités - Approches Cultures & Territoires - Mondialisation - Oumma - Politis].
«Péril islamiste» ou «menace terroriste», «dérives communautaristes» ou «menaces sur la République» : le «problème de l'islam» est aujourd'hui au cœur des débats publics en France. Mais quel est donc le «problème» ? Pourquoi les «musulmans» sont-ils constamment sur la sellette ? Et, surtout, comment les médias ont-ils progressivement construit une véritable islamophobie ?
Pour comprendre cette évolution, Thomas Deltombe s'est plongé dans les archives de la télévision française : il a passé au crible les journaux télévisés du 20 heures et les principales émissions consacrées à l'islam sur les grandes chaînes nationales depuis… trente ans. De la révolution iranienne de 1979 aux suites du 11 septembre 2001 et aux derniers débats sur le «foulard», le récit qu'il rapporte ici de ce voyage au cœur de la machine à façonner l'imaginaire est aussi sidérant que passionnant.
Décortiquant dérapages et manipulations, Thomas Deltombe montre comment le petit écran a progressivement fabriqué un «islam imaginaire», sous l'effet conjoint de la course à l'audience et d'une idéologie pernicieuse de stigmatisation de l'«Autre» musulman.

Dossier documentaire & Bibliographie Propagande créé le 21/03/2008 et mis à jour le 08/12/2009, Monde en Question.

27 décembre 2009

Grand aveuglement d'Israël


ENDERLIN Charles, Le grand aveuglement - Israël et l'irrésistible ascension de l'islam radical, Albin Michel, 2009 [Enderlin - AFPS-Politis - Radio Canada - Radio Orient - Rue89].
En encourageant le développement à Gaza de la branche la plus extrémiste des Frères musulmans, Israël a joué avec le feu pendant près de deux décennies. Les gouvernements successifs à Jérusalem n'ont-ils pas longtemps cru que le cheikh Yassine, fondateur du Hamas, pouvait être "l'antidote à l'OLP" ? Il est vrai qu'à l'époque les États-Unis eux-mêmes, en finançant et en armant les moudjahidine afghans, avaient grandement sous-estimé la menace islamiste. Ni la CIA ni les services de renseignements israéliens n'ont alors pris la peine d'analyser - voire de traduire - les textes diffusés par ces organisations. Ils découvriront trop tard qu'ils ont, de fait, participé à la création du Hamas et d'Al-Qaida. Dans ce nouveau document d'enquête, l'auteur raconte, à partir de sources exceptionnelles et souvent exclusives, l'incompréhension, l'aveuglement, le double jeu parfois des services de renseignements et des politiques à Jérusalem, à Tel-Aviv et à Washington. Il décrit aussi comment l'occupation israélienne, le développement de la colonisation dans les territoires palestiniens et la politique américaine au Proche-Orient ont fait le lit de l'islam radical. Autant de leçons d'histoire à méditer pour tous ceux qui prétendent oeuvrer à une paix juste et durable dans la région.

Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël créé le 26/06/2004 et mis à jour le 08/12/2009, Monde en Question.

26 décembre 2009

Retour du roman national


OFFENSTADT Nicolas, L'histoire bling-bling - Le retour du roman national, Stock, 2009 [Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire - l'Humanité - La vie des idées - Le blog de l'histoire - Radio Orient].
L'histoire n'est jamais restée la propriété des seuls historiens. Mais de nos jours, elle est devenue un enjeu politique majeur. D'un côté, de multiples groupes cherchent à saisir leurs passés, souvent marqués par la souffrance (persécutions, esclavage...), de l'autre, le président de la République, appuyé sur un courant de fond, y compris dans la sphère intellectuelle, tente de faire renaître le roman national, ce grand récit patriotique bâtissant une France toute de cohérence et de progrès.

Dossier documentaire & Bibliographie Nationalisme créé le 28/03/2009 et mis à jour le 08/12/2009, Monde en Question.

25 décembre 2009

La question sociale


Un film de Thomas Lacoste avec Robert Castel
La Bande Passante

8 films-entretiens sur le travail et les luttes sociales réalisés par Thomas Lacoste avec Etienne Balibar, Robert Castel, Patrice de Charette, Christophe Dejours, Charles Piaget et Renaud Van Ruymbeke.

La valeur travail : on se souvient que lors de la dernière campagne présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy n'avaient de cesse de s'y référer. Elu président, Sarkozy ne parle désormais plus du travail, dans un contexte pourtant marqué par la crise financière et ses effets délétères sur l'emploi : licenciements massifs, mobilité forcée, etc.

Les entretiens réunis par La Bande Passante reviennent sur ce qui est bien « la » question sociale, aujourd'hui comme hier : le travail. Cette série d'entretiens croise les regards du philosophe, du sociologue, du psychologue, du juriste, du syndicaliste sur la centralité du travail, la souffrance qu'elle génère aussi (Christophe Dejours), l'installation d'une partie croissante des travailleurs dans le précariat (Robert Castel), les mobilisations passées autour du travail (Etienne Balibar sur 68, Charles Piaget sur LIP) qui permettent aussi de penser les révoltes présentes, les tentatives du pouvoir pour corseter l'action des juges en matière de droit du travail (Patrice de Charette) ou de lutte contre la corruption financière (Renaud Van Ruymbeke).

Lire aussi :
L'Autre campagne.
• Dossier documentaire & Bibliographie Économie sociale, Monde en Question.

Crise sociale et médias


PADILLA VILLARREAL Beatriz, Médiatisation et identification comme facteurs intervenant dans l'irruption de la crise sociale - Une analyse biculturelle de contenu de la presse écrite et modélisation, Thèse soutenue publiquement le 17 juin 2005 à l'Université Jean Moulin Lyon 3 [Télécharger].
L'objet central de cette thèse est l'étude de la crise sociale et des principaux facteurs qui contribuent à son déclenchement. A travers le modèle théorique proposé, nous essayons d'expliquer le passage du réel - l'événement - à celui de la représentation symbolique - la crise. Médiatisation et identification sont ainsi les constantes répertoriées dans ce processus, secondées par certaines variables qu'influencent, également, l'irruption de la crise sociale. Concernant la médiatisation, les variables de la quantité d'information et de la mise en scène énonciative et visuelle de celle-ci contribuent à la visibilité et à la construction du sens de l'événement. Quant à l'identification, elle peut être définie comme la proximité réelle ou symbolique entre l'événement et le public. Elle dépend de l'interprétation de l'événement, soumise toujours aux spécificités de l'identité personnelle et de l'appartenance des individus, notamment les critères socioculturels. La crise sociale se manifeste par un état d'inquiétude généralisée, par une malaise sociale partagée entre les individus, face à des événements qui portent atteinte réelle ou symbolique à leur intégrité physique, à leur mode de vie ou aux conditions sociales de leur existence. Le public, se sentant concerné, se mobilise, mettant en question les pouvoirs politique ou organisationnel. La crise est sociale par excellence, car loin de la nature de l'événement à son origine, elle implique toujours les acteurs sociaux, en plus de déstabiliser le pouvoir politique et de générer des pertes économiques. Le modèle de la crise sociale présenté dans cette thèse a été validé par une analyse de contenu des quotidiens El Pais (Espagne) et Le Monde (France), portant sur le thème du naufrage du pétrolier Prestige. Cette analyse a permis de constater des différences dans l'intensité et dans le traitement de l'information dans ces journaux et l'évolution médiatique d'un accident en catastrophe écologique et puis en crise sociale et politique dans l'un des pays étudiés.

Dossier documentaire & Bibliographie Médias créé le 19/06/2004 et mis à jour le 08/12/2009, Monde en Question.

24 décembre 2009

République mise à nu


GUÉNIF-SOUILAMAS Nacira (sous la direction de), La république mise à nu par son immigration, La Fabrique, 2006 [Le Monde diplomatique].
Violence, machisme, sécurité, laïcité, intégration ; antisémitisme : les mots partout répandus sur le sujet de l'immigration sont piégés, et ce piège est monté autour de la défense de la République. Dans ce livre collectif, les mécanismes et les discours stigmatisant les immigrants postcoloniaux sont montrés pour ce qu'ils sont : les instruments du maintien de l'ordre (républicain), de la tradition à conserver contre les intrusions barbares, du sauvetage de la belle langue française mise à mal par le parler des banlieues... Le paradoxe de cette lutte d'arrière-garde est qu'elle conduit à abandonner les principes qui ont fondé la cité politique en France - au nom, justement, des "valeurs républicaines".


Dossier documentaire & Bibliographie Immigration créé le 15/12/2005 et mis à jour le 08/12/2009, Monde en Question.

Écouter aussi : Pourquoi est–il plus difficile de réussir pour les enfants d'immigrés ?, Du grain à moudre - France Culture.
Aux Etats-Unis, 25% des sociétés créées au cours des 15 dernières années et cotées en bourse ont pour fondateur(s) un immigré. Un quart. C'est particulièrement vrai dans les secteurs de pointe, où ce taux s'élève à 40%. Les Américains peuvent se féliciter d'avoir donné leur chance à ces immigrés – qui viennent souvent d'Europe, comme Pierre Omidyar, le fondateur d'eBay. Sur les 400 000 emplois générés en 2005 par ces sociétés créées, aux Etats-Unis, par des immigrés, 245 000 ont pour fondateur un Européen.
Généralement, lorsqu'on prend la décision, lourde et douloureuse, de quitter son pays et d'aller installer sa famille dans un nouvelle contrée, c'est qu'on estime impossible de se dessiner un avenir parmi les siens ; c'est qu'on estime donner de meilleures chances de réussite à ses enfants en rangeant sa vie dans des valises et en s'en allant.
Qu'en est-il de la France à cet égard ? Ceux et celles qui nous ont choisi pour destination peuvent-ils raisonnablement estimer avoir pris la bonne décision ?
Les chiffres les plus récents publiés par l'INSEE pourraient en faire douter. Seuls, 57% des immigrés en âge de travailler et arrivés en France après l'âge de 18 ans ont un emploi – contre 69% chez les non-immigrants. Ils sont deux fois plus nombreux que les non-immigrés à pointer au chômage (12,7% contre 6,2%). Et surtout, ceux qui sont dans l'emploi sont massivement cantonnés dans activités non qualifiées et donc mal payées.
Qu'en est-il lorsqu'on observe la génération suivante, celle des enfants d'immigrés ? Le désir de mobilité sociale, de réussite des parents est-il exaucé et dans quelle mesure ? Le livre de Claudine Attias-Donfut et François-Charles Wolff donne des réponses bien plus optimistes que celles qui sont généralement véhiculées. Est-ce à dire que la France est capable de donner toute leur chance aux talents ? Dans un système de sélection sociale qui passe pour méritocratique et où le diplôme constitue le sésame obligé de toute ambition, comment fait-on pour intégrer Polytechnique ou l'ENA, quand on est né d'un père sénégalais ouvrier et sans qualification ?

23 décembre 2009

Citoyens ou indigènes ?


CASTEL Robert, La discrimination négative - Citoyens ou indigènes ?, Seuil, 2007 [Annales - Liens socio - Mouvement des Indigènes de la République - Nonfiction - Territoire et Lien Social].
La discrimination négative n'est pas le fait de sociétés qui instituent en droit des différences de traitement entre les individus en raison de leur origine, de leur rang ou de leur religion. Elle est au contraire le fait de sociétés qui proscrivent formellement ce type de différenciations, mais les pratiquent massivement. Telle est la contradiction que donne à comprendre la situation des "jeunes de banlieue" aujourd'hui en France, singulièrement lorsqu'ils sont "issus de l'immigration". Revenant sur les émeutes de l'automne 2005, Robert Castel analyse ici les mécanismes de stigmatisation et de relégation qui tiennent ces populations en marge d'une citoyenneté pleine et entière, au mépris des principes fondamentaux de la République. Si l'on veut appeler les choses par leur nom, c'est bien à un retour de la race sur la scène politique et sociale que l'on assiste aujourd'hui.

Dossier documentaire & Bibliographie Crise sociale des banlieues créé le 15/12/2005 et mis à jour le 08/12/2009, Monde en Question.

22 décembre 2009

Politique et racisme d'Etat


LE COUR GRANDMAISON Olivier, La République impériale - Politique et racisme d'Etat, Fayard, 2009 [Cercle Gramsci - Chroniques Rebelles - La vie des idées - LDH-Toulon - Terra].
Au tournant du XIXe siècle, les républicains favorables aux conquêtes coloniales ont réussi là où leurs prédécesseurs avaient échoué. Entre 1871 et 1913, les possessions françaises en outre-mer sont passées de moins d'un million de kilomètres carrés à treize millions. Quant aux «indigènes», leur nombre a progressé de sept à soixante-dix millions en 1938. Extraordinaire expansion. Elle est sans précédent dans l'histoire du pays qui, devenu la seconde puissance impériale du monde après la Grande-Bretagne, est confronté à des tâches multiples et complexes. Comment diriger un empire aussi vaste ? De quels instruments politiques, administratifs, juridiques – le droit colonial par exemple – et scientifiques la métropole a-t-elle besoin pour remplir les missions nouvelles qui sont les siennes désormais ? Quelles orientations – assimilation ou association – mettre en œuvre dans les territoires de la «Plus Grande France» ?

Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme créé le 15/12/2005 et mis à jour le 08/12/2009, Monde en Question.

Écouter aussi : Main basse sur les terres agricoles : le cas de l'Afrique, Place des peuples - France Culture.

21 décembre 2009

Histoire du monde au XVe siècle


BOUCHERON Patrick (sous la direction de), Histoire du monde au XVe siècle, Fayard, 2009 [La Fabrique de l'Histoire - France Culture - Le Monde - Marianne-Tout sur la Chine].
Le XVe siècle est le temps de l'invention du monde. De Tamerlan à Magellan, depuis l'Asie centrale jusqu'à la capture de l'Amérique en 1492, s'accomplit une première mondialisation. Mais la geste de Christophe Colomb est tout sauf un événement fortuit : elle est précédée, et surtout rendue possible et pensable, par une dynamique globale et séculaire d'interconnexion des espaces, des temps et des savoirs du monde. Elle ne se laisse en rien circonscrire par ce que l'on appellera plus tard l'occidentalisation du monde : les marchands de l'océan Indien, les marins chinois de l'amiral Zheng He, mais aussi les conquérants turcs ont toute leur part dans cette histoire des devenirs possibles du monde, où rien n'est encore écrit.

Ni dictionnaire critique ni somme érudite, Histoire du monde au XV siècle se veut un essai collectif davantage qu'une encyclopédie. Faisant alterner les chapitres de synthèse et les textes au ton plus libre éclairant un événement, un personnage ou une oeuvre, le livre se prête à la lecture au long cours comme au hasard du cabotage. Mais dans tous les cas, il s'agit bien de susciter des étonnements par rapprochement et d'éveiller des curiosités par le déplacement du regard. Si l'accent est naturellement mis sur ce qui circule plutôt que sur ce qui cloisonne, s'inscrivant en cela dans les perspectives nouvelles d'une histoire globale attentive aux connexions des lieux et des temps, cette histoire du monde ne se réduit pas à une chronique de la mondialisation : il s'agit aussi de rendre compte des spécificités et des originalités des territoires du monde, des temps du monde, des écritures du monde, des devenirs du monde - ces quatre dimensions inspirant l'architecture d'ensemble du livre.

Lire aussi :
• GRUZINSKI Serge, Les quatre parties du monde - Histoire d'une mondialisation, La Martinière, 2004 [Académie de Lille - Arts Livres - Canal Académie - Clionautes - Critique internationale-Sciences Po - Revues plurielles - SIELEC].

Dominer "les quatre parties du monde" : telle est l'ambition de la Monarchie catholique (1580-1640). Pour imposer leur présence, Espagnoles et Portugais apprennent à maîtriser des milieux inconnus, tandis que du Mexique au Japon, du Brésil aux côtes africaines, de Goa aux Philippines, des peuples sont confrontés à des formes de pensée et de pouvoir qui leur sont totalement étrangers. Brassage des êtres ou résistance des traditions locales à la domination ibérique : la terre se mondialise.

À l'aube des temps modernes, ce ne sont pas seulement les modes de vie, les techniques et l'économie que bouleversent les nouveaux maîtres de la planète, mais aussi les croyances et es imaginaires. Serge Gruzinski montre que le passé est une merveilleuse boîte à outils pour comprendre ce qui se joue depuis des siècles entre occidentalisation, métissages et mondialisation. Il nous invite à un vaste tour du monde en compagnie de personnages dont le destin incarne le face-à-face des grandes civilisations et d'un empire universel.

• Dossier documentaire & Bibliographie Géo-Histoire globale, Monde en Question.

Écouter aussi :
• Histoire du monde 2/4 Cartographier le monde dans l'antiquité, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.
• Histoire du monde 3/4 L'histoire universelle, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.
• Histoire du monde 4/4 La world history ou histoire globale, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.

20 décembre 2009

Quelle place au lycée pour l'histoire ?

À propos de la suppression de l'histoire-géographie en classe de terminale scientifique : quelle place donner à l'histoire et à la philosophie des sciences au lycée ?
Macadam philo - France Culture

Lire aussi :
• LÉVY-LEBLOND Jean-Marc, A quoi sert la science ?, Bayard, 2008 [Amazon].
• LÉVY-LEBLOND Jean-Marc, La science est-elle universelle ?, Le Monde diplomatique.
Observer, nommer, décrire, théoriser : autant d'activités qu'on retrouve dans l'histoire de toute civilisation. Pour autant, chacune ayant tracé son propre chemin vers la connaissance, et les interactions étant plus rares qu'on ne le croit, qui saurait dire si «la» science est universelle ?
• LÉVY-LEBLOND Jean-Marc, Wikipédia.

Une année ordinaire à la fin de l'Empire


Giusto TRAINA, 428 - Une année ordinaire à la fin de l'Empire romain, Les Belles Lettres, 2009 [CNL - Le Monde].
428 est une année sans autre événement mémorable que la chute du royaume d'Arménie, perdu aux confins d'un Empire romain déclinant. Pourtant, cette année ordinaire est loin d'être une année sans histoire : rien n'est fait, rien n'est joué, tout est en train de se faire. Le paganisme s'étiole avec panache, les nouveaux gouvernants ont des noms qui quelques années auparavant auraient semblé barbares. Les temps changent, imperceptiblement : le crépuscule de l'Antiquité devient l'aube du Moyen Âge. Renouant avec deux traditions bien antiques, à la fois celle des chroniqueurs et celle des itinéraires circulaires qu'affectionnaient les compilateurs, Giusto Traîna propose un tour du monde romain en 365 jours, où le lecteur découvre villes, palais, déserts, monastères et surtout, à côté des grands noms comme Saint Augustin, les figures peu banales et hautes en couleur du chef barbare Genséric, du Sarrasin al-Mundhir, du Copte Chenouté ou encore de l'extraordinaire impératrice Galla Placidia.

Lire aussi : SHELDON Rose Mary, Renseignement et espionnage dans la Rome antique, Les Belles Lettres, 2009.

19 décembre 2009

Pour une économie de la contribution

Vidéos des conférences de Jean-Marie Monnier, de Carlo Vercellone, Franck Cormerais, Michel Deguy et Bernard Stiegler prononcées à l'occasion du débat organisé par Ars Industrialis le samedi 5 décembre 2009 à Paris.
Ars Industrialis

Lire aussi :
• L'économie de la contribution, Ars Industrialis.
• Bernard Stiegler : "Il y a beaucoup d'inventions qui ne produisent aucune innovation", Télérama.
• D'autres regards sur la crise, avec Bernard Stiegler, Fabrique de sens.
• Le modèle du logiciel libre, la réponse à la crise capitaliste ? - Bernard Stiegler est interviewé par Siné Hebdo, Connexion Démocrate.
• Comment les objets communicants transforment la société ?, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Économie politique, Monde en Question.

18 décembre 2009

Corée du Sud

Voyage en Corée du Sud, Sur les docks - France Culture, 1/2, 2/2.
On parle habituellement de «la Corée», ce qui est vrai et faux. En fait, on se réfère alors à la Corée du Sud, l'un des quatre «dragons» asiatiques des années 60 (avec Taïwan, Hong-Kong et Singapour). Cette Corée est même devenue une puissance économique émergente. Or, la Corée du Sud n'est que la moitié d'un peuple.
La guerre de 1950-1953, permise par les Nations Unies, fut à la fois une guerre civile (plus d'un million de morts, certains experts affirment un million et demi) et une guerre internationale due à l'antagonisme Est-Ouest naissant. Depuis, «les Corée» paient un lourd tribut.
S'il y a eu un pays otage des rapports Est-Ouest - bien plus que les deux Allemagne -, c'est bien la Corée. Raison de plus pour s'y intéresser et essayer d'en comprendre l'identité : il faut toujours apprendre d'un grand peuple dévasté par l'histoire qui est parvenu à se redresser. D'autant plus que les voisins majeurs ont souvent cherché à le dominer : la matrice est chinoise, mais la botte a bien été japonaise. De 1910 à 1945, la Corée a vécu sous le joug insupportable de Tokyo.
Ces remarques apparemment négatives renvoient à une autre réalité : la Corée est «une», malgré le naufrage du Nord, enfermé dans la nuit d'une idéologie à laquelle personne ne croit, encore moins sans doute le régime kleptocrate de Pyongyang.
Huit jours en Corée du Sud ne peuvent permettre d'appréhender la destinée d'un peuple. Néanmoins, deux aspects ont été dégagés.

Lire aussi :
• Bibliographie, Les Enjeux internationaux - France Culture.
• Liens, Les Enjeux internationaux - France Culture.
• Dossier, France Culture.

De l'armée coloniale à l'armée néocoloniale


GRANVAUD Raphaël, De l'armée coloniale à l'armée néocoloniale (1830-1990), Survie, 2009 [Télécharger]
Cette brochure accompagne la parution du n°23 de la collection des «Dossiers noirs» de Survie intitulé Que fait l'armée française en Afrique ?, écrit par l'auteur et publié par les éditions Agone, en octobre 2009.

Tandis que ce «Dossier noir» traite essentiellement de la période la plus récente (1990-2009), cette brochure le précède chronologiquement et présente une synthèse sur le thème de l'armée française et de l'Afrique allant de la période coloniale à la première période néocoloniale, jusqu'à la fin de la guerre froide.

Lire aussi :
• GRANVAUD Raphaël, Que fait l'armée française en Afrique ?, Agone, 2009 [Afriradio - Alternative libertaire - Dailymotion-Télé Liberté - l'Humanité - Survie - Dossier presse].
Que fait l'armée française en Afrique ? Et de quel droit s'y trouve-t-elle encore aujourd'hui ? Si l'on en croit les discours officiels, elle n'y aurait plus depuis longtemps que des missions humanitaires et de maintien de la paix. La page du néocolonialisme et de la Françafrique aurait été tournée en même temps que finissait la guerre froide.
Ce « Dossier noir » examine, à travers de nombreux exemples concrets, la réalité de cette présence depuis deux décennies. Après un retour sur le dispositif néocolonial mis en place au lendemain des indépendances, il analyse – notamment à travers les conflits en Côte d'Ivoire ou au Tchad – les interventions militaires censées illustrer la « nouvelle » politique africaine de la France.
Entre héritage colonial et stratégies pour s'adapter à l'évolution des rapports de force internationaux, cette politique n'a jamais cessé d'être criminelle.
• Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Racisme, Monde en Question.

17 décembre 2009

Les agenciers ou journalistes d'agence

En hommage aux soutiers de l'information : les agenciers ou journalistes d'agence, Acrimed
Selon une étude de John Stauber et Sheldon Rampton, qui passent pour être les meilleurs spécialistes de la profession et co-auteurs d'un remarquable ouvrage sur la question, le nombre des salariés des agences des relations publiques (150.000) dépassait à partir de la décennie 1990 celui des journalistes (130.000).

Aux États-Unis, 40 pour cent de ce qui est publié dans la presse est directement reproduit, sans altération, des communiqués des «Public relations» soutient Paul Moreira, producteur de l'émission de référence de Canal + et auteur d'un ouvrage documenté sur Les nouvelles censures - Sans les coulisses de la manipulation de l'information, Robert Laffont, 2007.

Tragique retour de choses : la communication a tendu ainsi à se substituer à l'information, et ses dérives avec les « spin doctor's », ont tendu à renvoyer à la propagande de base des régimes totalitaires que les pays démocratiques étaient censés combattre, comme ce fut le cas notamment lors de l'invasion américaine de l'Irak, en 2003. Le «quatrième pouvoir», le garant de la démocratie, est apparu alors comme le vecteur d'une idéologie dominante et le langage de ses opérateurs comme un marqueur d'une d'identité culturelle avec les enjeux économiques que sous tendait la guerre sémantique qu'elle impliquait (précarité versus flexibilité).

En France, la phagocytose des entreprises de presse par le complexe militaro industriel a eu pour curieux résultat de placer les grands quotidiens nationaux et les grands vecteurs audio visuels sous la coupe des grands conglomérats adossés aux commandes de l'état : TFI Bouygues (Bâtiment et téléphonie mobile), Le Figaro Dassault aviation, Libération Edouard de Rothschild (Banque) ainsi que Lagardère armement et édition (Le Monde, Paris Match, Europe 1, VSD, Le journal de dimanche).


Lire aussi :
• NABA René, De notre envoyé spécial - Un correspondant sur le théâtre du monde 1969-2009, L'Harmattan, 2009.
• NABA René, Aux origines de la tragédie arabe, Bachari, 2006. [Dailymotion-Oumma - France Culture]
• NABA René, Du bougnoule au sauvageon - Voyage dans l'imaginaire français, L'Harmattan, 2002.
• NABA René, Guerre des ondes, guerre des religions - La bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen, L'Harmattan, 1998.
Articles :
- René Naba | Actualité et Flashback
- CCIPPP
- Google Vidéos
- L'Harmattan
- Le Grand Soir
- Mondialisation
- Oumma
- Peuples & Monde
- Tlaxcala
- Voltaire
• Dossier documentaire & Bibliographie Agences de presse, Monde en Question.

Louis XIV : l'image et le mythe

Colloque Louis XIV : l'image & le mythe, Jeudi 21 janvier 2010 à Versailles, Calenda.
À l'occasion de l'exposition «Louis XIV : l'homme et le roi» qui se tiendra au château de Versailles du 19 octobre 2009 au 7 février 2010, le château de Versailles et le Centre de recherche du château de Versailles (CRCV) organisent conjointement un colloque sur «Louis XIV : l'image & le mythe». Il s'agira essentiellement d'analyser l'image que le Grand Roi renvoyait aux étrangers mais également celle qu'il pouvait se faire de lui-même, en s'intéressant plus particulièrement à la dialectique de l'homme public et de l'homme privé.

S'il est né pour être roi, Louis XIV n'en était pas moins homme et, en cette circonstance, disposait indéniablement de goûts propres. Ses importantes et somptueuses collections sont connues et ne reflètent pas nécessairement une inclination personnelle pour tel ou tel objet, le monarque s'inscrivant dans une logique de concurrence et de compétition que se livraient les souverains européens sur le marché de l'art. Comme prince le plus puissant, Louis XIV, à l'instar de ses pairs, devait donc posséder des œuvres de tel ou tel artiste afin de constituer la collection parfaite et idéale. Ce colloque a donc pour objectif premier de dépasser cette image publique renvoyée par Louis XIV comme roi de France et de saisir l'homme privé.

Lire aussi :

GOUBERT Pierre, Louis XIV et vingt millions de Français, Hachette Pluriel, [1966] 1998 [Cafés historiques - Fénelon].
Pierre Goubert confronte Louis XIV à son royaume et à son temps. Vingt millions de sujets sortent de l'anonymat pour rappeler que Versailles et son roi ne résumaient pas le royaume de France. Cette autopsie sans complaisance de la France du XVIIe siècle révèle une nouvelle perception de l'Histoire qui, loin de se focaliser sur la personnalité des grandes figures politiques et culturelles, prend en compte l'ensemble de la population à partir de l'utilisation systématique des registres paroissiaux, des inventaires après décès, des archives d'hôpitaux. Cette oeuvre magistrale, écrite dans une langue simple et chaleureuse, fait revivre le XVIIe siècle dans ses éclats de lumière et d'ombres.
• Louis XIV et la construction de l'État royal (1661-1672), Histoire, économie et société, 2000, 19e année, n°4.
• Articles Histoire, Monde en Question.

Écouter aussi :
• Vivre à Versailles au temps de Louis XIV, Canal Académie.

16 décembre 2009

Nationalisme rime avec racisme

Pour ceux qui douteraient encore que le faux débat sur l'identité nationale, voulu et orchestré par Sarkozy-Besson, ne soit qu'un prétexte à conforter l'expression du racisme contre les Français issus de l'immigration coloniale :
La secrétaire d'Etat chargée de la famille et de la solidarité, Nadine Morano, a déclaré, lundi soir 14 décembre, vouloir du jeune musulman français "qu'il ne parle pas verlan", lors d'un débat sur l'identité nationale à Charmes (Vosges). "Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c'est qu'il aime son pays, c'est qu'il trouve un travail, c'est qu'il ne parle pas le verlan, qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers", a expliqué la secrétaire d'Etat à un jeune homme qui l'interrogeait sur la compatibilité de l'islam avec la République.
Le Monde

Propos qui réjouissent un Georges Frêche que le PS va certainement soutenir pour les régionales en Languedoc-Roussillon.
Les références à Barrès, figure de proue du nationalisme français, ravisait aussi François Mitterrand, qui proclama en 1954 «L'Algérie, c'est la France»...


Lire aussi :
• Troubles de l'identité nationale, Presseurop.
• Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de minarets que j'apprends ?, Des bassines et du zèle.
Deux faits :
- La question Êtes-vous pour l'initiative contre la construction de minarets ?
- La réponse 46,66% des électeurs se sont abstenus.
Un bon résumé du discours de Sarkozy : Identité nationale = valeurs de la République = civilisation chrétienne.
• L'«identité nationale» au miroir des sciences sociales, La vie des idées.
• Colloque 1914-1918 : les identités sociales et nationales en guerre, Lundi 01 février 2010 à Laon et Craonne, Calenda.
Le patriotisme et la défense de la nation sont des enjeux centraux pour les sociétés en guerre. Mais les identités nationales sont elles-mêmes construites et complexes. Elles revêtent des sens différents dans les Etats-nations et les empires multinationaux, pour les minorités nationales (Alsaciens, Polonais, Irlandais, Tchèques, Baltes…) et les soldats coloniaux. Elles s'articulent à des identités locales (la patrie et la « petite patrie ») et se construisent par des pratiques et des interactions multiples, à l'armée, à l'arrière, à l'école, dans la sphère culturelle. Qu'en est-il des identités lorsqu'il s'agit de citoyens d'une république ou d'une monarchie constitutionnelle, ou de sujets dans un système autoritaire traditionnel ? Où se situent les points de rupture dans les deux cas ? Un tel questionnement sera mené à travers la comparaison entre France, Italie, Russie, par exemple. De même la dimension coloniale pourrait comparer l'impact de la guerre sur les identités de troupes australiennes (dominion de race blanche de l'Empire britannique) et d'Afrique noire, ou d'Algérie où coexistaient colons et « indigènes ». Leur présence sur le Chemin des Dames fournira un exemple significatif. D'un autre côté, la prégnance du national et du nationalisme fait ressortir les identités alternatives : que signifie en 1914-1918 être neutre, internationaliste, européaniste ?
• Dossier documentaire & Bibliographie Immigration, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Racisme, Monde en Question.

Arabophobie

SALLOUM Jacqueline, La Planète des Arabes, ContreInfo [imdb].
Ce court-métrage, réalisé comme une bande annonce, juxtapose tous les clichés anti-arabes véhiculés par Hollywood.

SHAHEEN Jack, Hollywood et Les Arabes, web2zero.tv - Dailymotion 1/3, 2/3, 3/3 [imdb].
Ce documentaire passe à la loupe un des aspects les plus calomnieux de l'histoire du cinéma et que personne n'avait jamais osé contesté, depuis l'époque du muet jusqu'aux grandes productions hollywoodiennes d'aujourd'hui.

Voir aussi :
• Jacqueline SALLOUM, Google Vidéos.
• Planet of the Arabs, Google Vidéos.
• Jack SHAHEEN, Google Vidéos.
• Reel Bad Arabs, Google Vidéos - Site.

Lire aussi :
• Reel Bad Arabs, Wikipedia.
• American-Arab Anti-Discrimination Committee, Wikipedia.
• Arabophobie, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Racisme, Monde en Question.

15 décembre 2009

Lire Marx


BENSAÏD Daniel & CHARB, Marx, mode d'emploi, La Découverte, 2009 [Texte en ligne Zones].
Dans les années 80, en pleine offensive néolibréale, le magazine Newsweek pouvait titrer, triomphalement : «Marx est mort.»
Mais les spectres ont la peau dure. Aujourd'hui, Marx est de retour. En ces temps de crise fracassante du capitalisme et de grande débandade idéologique, on le redécouvre. Même le très libéral conseiller de l'Élysée, Alain Minc, s'est récemment déclaré «marxiste» - sans rire - en matière d'analyse économique.
Mais qui fut Marx ? Qu'a-t-il vraiment dit ? Ce petit ouvrage offre une introduction ludique à sa pensée, sa vie, son œuvre. Un panorama clair et souvent drôle qui associe bande dessinée et philosophie, humour et esprit de synthèse pour présenter dans toute son actualité la pensée du principal théoricien de l'anticapitalisme.


DUMÉNIL Gérard, LÖWY Michael, RENAULT Emmanuel, Lire Marx, Quadrige PUF, 2009 [Mediapart].
Deux impératifs ont présidé à la rédaction de cette introduction à la lecture de Marx : d'une part, le regain d'intérêt pour sa pensée en ce début de XXIe siècle, qui semble tout à coup plus d'actualité que jamais, certains allant jusqu'à faire de lui le grand penseur de notre modernité ; d'autre part, l'indisponibilité des recueils de morceaux choisis traduits en français, ou leur manque d'appareil critique.
Car, pour appréhender pleinement la force de sa pensée, il est nécessaire de se plonger directement dans ses textes, de voir comment sa pensée prend forme, comment ses idées s'agencent et s'articulent. C'est précisément le but de ce livre que de permettre, grâce à une mise en contexte et des explications, d'encadrer la lecture des écrits de Marx, non pas en faisant écho aux innombrables débats d'interprétation et commentaires issus du marxisme-léninisme, mais pour donner envie au lecteur de retourner aux textes intégraux afin de ne plus confondre l'original et la contrefaçon, les idées de Marx et leur caricature.
L'ouvrage aborde, en trois parties, trois domaines dans lesquels la pensée de Marx est essentielle : les sciences politiques, la philosophie et les sciences économiques. Bien que son oeuvre, par vocation, procède de l'imbrication des trois dimensions de sa théorie et, au-delà, d'une unité entre travail théorique et intervention pratique (philosophie de la praxis), elle n'en présente pas moins un intérêt théorique spécifique dans chaque discipline. L'ordre de la présentation vise à faire apparaître la cohérence de son projet - au travers de ses réactions aux évolutions historiques de son temps, de sa trajectoire le menant de la critique de la philosophie à la critique de l'économie politique -, ainsi que son incroyable actualité, à la lumière des débats politiques, philosophiques et économiques actuels.


DUMÉNIL Gérard, LÖWY Michael, RENAULT Emmanuel, Les 100 mots du marxisme, QSJ PUF, 2009 [Mediapart].
Bien qu'il ait refusé le terme de son vivant, le marxisme est d'abord la pensée de Karl Marx, pensée d'une richesse proprement extraordinaire, et en constante évolution. Mais ce que le marxisme doit à Marx est indissociable de ce qu'il doit à Engels, le coauteur - entre autres - du Manifeste du Parti communiste, et l'éditeur posthume des volumes 2 et 3 du Capital. Après leur mort, leurs idées furent développées dans des directions très diverses par des penseurs et des courants politiques se réclamant de leur héritage. Elles inspirent encore aujourd'hui la plupart des contestations radicales de l'ordre capitaliste.
En 100 entrées, cet ouvrage éclaire les principales notions du marxisme et rend compte de l'imbrication des enjeux et débats politiques, économiques et philosophiques au coeur de chacune d'entre elles.


FISCHBACH Franck (sous la direction de), Marx - Relire Le Capital, PUF, 2009.
Disons aussitôt ce que ce livre ne fait pas : il na pas la naïveté de prétendre que «tout est dans Marx», que Marx avait raison seul avant tout le monde, que toutes les évolutions des sociétés capitalistes, y compris les phénomènes récents de financiarisation du capital, étaient déjà exactement décrites et en quelque sorte anticipées par Le Capital. Il ne prétend donc pas quil faut revenir purement et simplement à Marx et à la lettre du Capital. Au contraire, on montrera ici que Marx ne peut être actuel quà la condition qu'on actualise Le Capital, et même qu'on le corrige et le modifie sur certains points essentiels : dans un contexte de redécouverte du Capital, la tâche est d'autant plus urgente et, si lon veut éviter de renouveler certaines erreurs passées, alors il faut cesser de considérer Le Capital comme un monument intouchable, et tenter au contraire de poursuivre une recherche que Marx na pas lui-même achevée, et de mener ainsi à son terme «la logique du Capital».

10/10/2009-10/04/2010, Séminaire Marx au XXIème siècle : l'esprit et la lettre, Université Paris 1-Sorbonne [entrée libre et gratuite].
Dire que la pensée de Marx est vivante ne peut plus être aujourd'hui une déclaration abstraite et sans conséquence. C'est bien la radicalité même de cette pensée qui en est la cause, et non la perspective de son inscription sans heurt au sein d'une tradition «classique». Dès lors, c'est seulement un travail poursuivi d'exploration et d'invention qui peut le montrer. C'est pourquoi ce séminaire se veut un lieu de débat, de découverte et de confrontation, original à plusieurs titres.
Il s'agit de se confronter aux textes de Marx et du marxisme avec la plus grande rigueur historique et philologique, en développant et en présentant, le travail éditorial autant que critique, déjà réalisé ou en cours de réalisation, et cela sur le plan international.
Il s'agit de surmonter les découpages rigides et les barrières disciplinaires, de faire se croiser les axes, philosophique, sociologique, économique, etc., en les unissant autour de leur portée concrète ou pratique : c'est la volonté d'intervention théorique et politique de l'engagement critique qui, sans dogmatisme, définissent un rapport vivant à Marx aujourd'hui.
Il s'agit donc d'être offensifs, dans un contexte d'hégémonie, à la fois puissante et fragile, de la pensée dominante. Il importe d'ouvrir les fenêtres, de déranger les évidences, de rejeter les mauvais procès et de récuser les anathèmes. Rien de plus utile pour cela que de se confronter à toutes les idées du présent, d'être attentif à tous les courants de pensée. Bref, d'investir tous les points hauts de la pensée contemporaine, en philosophie, économie, histoire, sciences sociales, sciences de la nature, etc., en vue d'une confrontation informée et sans timidité.

Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie Marxisme, Monde en Question.

14 décembre 2009

L'identité française est soluble dans l'alcool

Un Comité de défense du beaujolais a été créé vendredi 11 décembre à Fleurie dans le département du Rhône à l'initiative de deux journalistes, Bernard Pivot, membre de l'Académie Goncourt, et Périco Légasse, chroniqueur gastronomique à Marianne, pour protéger un "symbole de l'identité française".
[...]
"On est quand même sur la terre des Bituriges (tribu gauloise), d'où le mot biture", concluait Périco Légasse après la dernière dégustation. Plus sérieusement, ajoutait-t-il plus tard, "ce comité veut dénoncer le lynchage dont le beaujolais, vin du peuple, vin des ouvriers, vin festif, est victime alors qu'il est un symbole de l'identité française. Ici, les viticulteurs ont l'impression d'être abandonnés par le marché, par l'opinion publique, par certains journalistes… A Paris, il est de bon ton de dire que le beaujolais ne vaut rien, alors que c'est un grand vin de France".
Le Monde

Lire aussi :
• Indigestion coloniale : l'urgence d'une réponse anthropophagique, Le Mort-Qui-Trompe.

Ils ont été quatre millions de Marcel qui, durant les deux ou trois premières années de leur vie de citoyen, firent la guerre en Algérie, au nom de la république, entre 1954 et 1962 : brûlant les villages, séquestrant les familles, massacrant les hameaux, torturant des millions de personnes, méthodiquement, administrativement, déportant des millions d'autres ou les mêmes, faisant dans ce qui s'appelait alors les départements français d'Algérie près d'un million de morts et plus de deux millions d'estropiés ou rendus fous à vie. Quatre millions de jeunes hommes qui furent obligés à faire en Algérie exactement ce que les Allemands avaient fait, à peine dix ans auparavant, dans l'Europe occupée, sauf bien sûr l'extermination des Juifs.
Quatre millions qui ensuite devinrent des pères de familles. Tous les pères des Français qui ont entre, disons, 35 et 48 ans, ont servi en Algérie. La guerre d'Algérie est le grand silence des familles françaises. Le trauma indicible. Les Français sont un peuple dont l'histoire contemporaine est jalonnée de grandes guerres, et les souvenirs de guerre font partie des rituels familiaux des anciens. Dans les familles, à table ou le soir, l'aïeul racontait «sa» guerre de 14-18 ; le grand père racontait «sa» guerre de 39-45, pas forcément glorieuse mais enfin, racontable ; et le père ? «Papa, raconte nous comment c'était ta guerre en Algérie ?». - Silence, pesant. Le silence des pères, l'alcoolisme dans les familles, la violence familiale névrotique ont presque toujours pour arrière fond le crime inconfessable et douloureusement refoulé de l'Algérie.

• Dossier documentaire & Bibliographie Nationalisme, Monde en Question.

Victoire de Le Pen... en Europe (2)

Un lecteur, qui signe Requiem, écrit :
Ben voyons, vous avez vécu dans une grotte ces dernières semaines ? Les médias ont TOUT fait pour insinuer que le référendum était raciste, il n'y avait qu'à voir l'article de Libération.

Ce lecteur ne cite pas l'article de Libération, qui aurait "insinué que le référendum était raciste", mais de toute façon il semble qu'il ne sache pas lire... comme le prouve la suite de sa diatribe.

De fait, le quotidien Rothschild-Joffrin passe sous silence le racisme politique et social illustré par les résultats du référendum en Suisse :
30/11/2009, Les Suisses sont-ils racistes ?, Libération.
Commentaires : À cette question, Laurent Joffrin répond «je n'en sais rien...» Dont acte.

30/11/2009, Laurent JOFFRIN, Absurde, Libération.
La peur irraisonnée de l'islam a de nouveau frappé en Europe. Alors que les musulmans de Suisse mènent pour la plupart, aux dires de tous, une vie parfaitement respectueuse du droit, la Confédération a adopté contre eux une mesure ostensiblement discriminatoire. L'interdiction des minarets ternit brutalement l'image d'un pays pourtant accoutumé à la coexistence pacifique des religions.

La force absurde du préjugé se vérifie d'autant plus que ce sont les cantons où il y le moins de musulmans qui ont le plus approuvé la mesure anti-islam réclamée par la droite extrême.

Le vote suisse est un signal d'alerte pour l'Europe entière. Aucun gouvernement du continent n'a jusqu'à présent réglé de manière satisfaisante ses rapports avec la religion musulmane, qui fait pourtant partie intégrante du paysage européen. L'activisme intégriste, danger minoritaire mais réel, sert de prétexte au maintien hors les murs de croyants dont l'immense majorité ne demande qu'à vivre en paix dans la plus stricte légalité. Il n'existe sur ce point qu'une seule stratégie possible : favoriser, sur des bases laïques établies depuis longtemps, l'émergence d'un islam européen dont les spécialistes voient déjà les prémisses, fidèle à sa foi et acclimaté à la culture des droits de l'homme. La Suisse vient de lui tourner le dos, au grand bénéfice des intégristes de tous les bords.

Commentaires : Le patron de Libération ne parle pas d'une mesure raciste, mais d'une «mesure ostensiblement discriminatoire» - la nuance est importante. De même, il n'écrit pas extrême droite mais «droite extrême», novlangue du politiquement correct. Enfin, il enferme ses lecteurs dans un faux débat sur la religion, en prônant «la coexistence pacifique des religions» et «l'émergence d'un islam européen» «sur des bases laïques». Absurde !

Notre lecteur partage le consensus construit par les médias dominants qui, après avoir déserté le terrain de l'analyse politique et sociale, interprètent le monde en recourant à l'idéologie du choc des civilisations selon laquelle la religion serait l'explication de tous les conflits économiques, politiques et sociaux.

La revue de presse européenne du 9 décembre illustre l'impasse du paradigme religieux : La question de la religion tourmente l'Europe, euro|topics.

Le seul article évoquant le racisme fut publié tardivement et par un journaliste qui n'exprime pas la ligne du journal (dérive vers le racisme anti-arabe [1]) : Pierre MARCELLE, Les mots pour la redire, la barbarie, Libération du 04/12/2009.
Ainsi, petit à petit, l'oiseau fait son nid. Cet oiseau-là, appelons-le fascisme ou néonazisme, et entendons de partout monter des voix nous rappelant scrupuleusement au sens des mots. Allons ! La Suisse serait soudain devenue, par le seul fait d'une votation interdisant l'érection de minarets, un Etat raciste ! Vous rigolez ?… Eh bien non, on ne rigole pas. On cherche le mot susceptible d'identifier l'électeur d'une proposition raciste promue par des racistes, et - est-on simplet, tout de même ! - on ne trouve rien de mieux que : raciste.
[...]
Redire que la barbarie, ce n'est pas l'islam. La barbarie, c'est invoquer un «islam modéré» (autre façon de signifier que son essence est extrémiste - terroriste) pour le sommer d'être «audible» tout en le contraignant à se taire, reclus dans le travail clandestin, la privation des droits civiques et la négation de toute identité autre que voilée.
[...]
La barbarie se mesurait hier, dans un sondage Ifop pour Le Figaro, à 46 % de sondés favorables à l'interdiction des minarets dans l'hexagone - et 41 % opposés à l'édification de mosquées.

Rappelons que Pierre Marcelle est toléré par le couple Rothschild-Joffrin et parfois censuré. Que fait-il donc dans cette galère [2] ?

Il est symptomatique que, pour rendre odieux le racisme, Pierre Marcelle doive l'associer au fascisme et au nazisme. En quoi il se fourvoie car sa dénonciation, purement morale, n'explique rien. Le racisme est intimement lié au colonialisme et donc au capitalisme. Il s'est développé en même temps que la colonisation européenne du monde, qui commença en 1492 alors que s'achevait la Reconquista... Le racisme fut l'idéologie de l'accumulation primitive du capital. Il fallait considérer comme inférieures, sinon comme non-humaines, les populations conquises pour justifier l'appropriation de leurs terres et de leur travail.

Serge LEFORT
13/12/2009

Lire aussi :
• Laila LALAMI, La Nouvelle Inquisition, Des bassines et du zèle - Traduction de, The New Inquisition, The Nation.
• Dossier documentaire & Bibliographie Racisme, Monde en Question.

[1] Lire notre analyse sur l'affaire RER D : Analyse d'une dérive – Le cas Libération.
[2] Bibliographie :
• Pierre MARCELLE, Wikipédia .
• Pierre MARCELLE, Acrimed.
• Pierre MARCELLE, Quotidienne - Chroniques 2000-2001, Léo Scheer, 2005.
• Pierre MARCELLE, Quotidienne 2002-2003, Fayard, 2006 [Là-bas si j'y suis].
• Pierre MARCELLE, Quotidienne 2004-2006 suivi de Libération, une crise, Fayard, 2007 [Mouvements].

13 décembre 2009

Les dérives de la prévention


PERETTI-WATEL Patrick, MOATTI Jean-Paul, Le principe de prévention - Le culte de la santé et ses dérives, Seuil, 2009 [l'Humanité - Nonfiction].
La santé est devenue notre bien le plus précieux. Les recommandations qui saturent l'espace public viennent nous le rappeler quotidiennement: "fumer tue", "évitez de grignoter entre les repas", "lavez-vous les mains fréquemment", etc. Car, pour faire reculer le plus possible la maladie et la mort, il faut traquer le risque partout où il existe. La prévention des excès alimentaires, du tabagisme, de la consommation d'alcool et de drogues s'efforce d'atteindre cet idéal de sécurité totale. Mais la "mise en risque" du monde ne va pas sans dysfonctionnements. Le culte de la santé disqualifie ceux qui transgressent les conseils des experts. Il enserre les individus dans de nouveaux carcans moraux. Enfin, il est l'allié des industries agroalimentaires et pharmaceutiques, à qui il ouvre des marchés lucratifs. Conçue pour protéger les citoyens, les enfants, les personnes vulnérables, la prévention doit aujourd'hui être réinventée, sous peine de perdre son âme.

Lire aussi :
• Revue de presse Grippe A/H1N1, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.

Grands débats

Grands débats 1/4 : le postcolonial est-il déjà depassé ?, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.
En 2005 et 2006, le grand public découvrait en effet par un grand nombre de publications l'existence d'un ensemble de théories regroupées sous le nom de "postcoloniales". Elles permettaient à certaines associations de faire le lien entre la colonisation passée et la relégation de certains quartiers dans lesquels vivent des descendants de colonisés.
Cette approche, considérée comme politisée, a empêché bien des curieux d'aller voir plus loin.

Quatre années plus tard , qu'en est-il du postcolonial ? Comment utiliser cet attirail critique construit pendant vingt-cinq ans dans les universités américaines et à côté de laquelle bien des chercheurs français sont passés ? Est-on déjà passé au post-postcolonial ?
Lire aussi :
• BLANCHARD Pascal et BANCEL Nicolas (dirigé par), Culture post-coloniale - Traces et mémoires coloniales en France 1961-2006, Mémoires, Autrement, 2006 [LMSI].
• Dossier documentaire & Bibliographie Histoire coloniale et postcoloniale, Approches Cultures & Territoires.
• Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.

Grands débats 2/4 : pourquoi rendre l'histoire-géographie optionnelle en terminale S ?, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.
La Fabrique de l'histoire s'arrête ce matin sur l'appel lancé il y a deux semaines par l'Association des Professeurs d'Histoire-Géographie et relayée par une pétition d'historiens samedi dernier dans le Journal du Dimanche. Dans la réforme du lycée voulue par le ministère de l'Education Nationale, des matières traditionnelles sont en effet redistribuées entre la seconde, la première et la terminale. L’idée gouvernementale est donc de supprimer l’enseignement obligatoire d’histoire géographie en terminale S, de le rendre optionnel et de le renforcer en première. Et parallèlement de renforcer l’histoire/géo en classe littéraire pour redonner du lustre à cette filière de plus en plus abandonnée par les bons élèves.

C’est contre cela qu’une pétition menée par les historiens Serge Bernstein, Pierre Milza ou Jean-Pierre Azema a été publiée ce week-end dans le JDD et a reçu le soutien de personnalités et de femmes et d’hommes politiques de gauche comme de droite.
Ils en appellent au rapport particulier que la nation et son école entretiennent avec l'histoire et la géographie et n'imaginent pas que des scientifiques puissent se passer des sciences de l'espace et du temps.
Lire aussi :
• DE COCK Laurence, MADELINE Fanny, OFFENSTADT Nicolas et WAHNICH Sophie (sous la direction de), Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France, Agone, 2008.
• DE COCK Laurence et PICARD Emmanuelle (sous la direction de), La Fabrique scolaire de l’histoire, Agone, 2009 [Académie de Versailles - Approches Cultures & Territoires - Journal d'école - LDH-Toulon - l'Humanité].
CITRON Suzanne, Préface : Un parcours singulier dans la fabrique scolaire, Agone, 2009.
• TIBERJ Vincent, La crispation hexagonale, Plon, 2008 [Télécharger].
• Dossier documentaire & Bibliographie Nationalisme, Monde en Question.

Grands débats 3/4 : que peuvent apporter les romans à l’Histoire ?, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.
La rentrée littéraire de septembre a été marquée, d'après la critique, par un nombre plus important qu'auparavant de romans à trame historique : "Démon" de Thierry Hesse, "Jan Karski" de Yannick Haenel, "Des hommes " de Laurent Mauvignier ou "Les sentinelles " de Bruno Tessarech ont - à des titres différents - été remarqués pour leur traitement de l'histoire, différent de celui des historiens.

Que disent donc les romanciers que ne disent pas les historiens ? Pourquoi sent-on parfois une réticence de certains universitaires en face de cette manière de traiter du passé ?

Grands débats 4/4 : historiens et réalisateurs face aux documentaires historiques, La Fabrique de l'Histoire - France Culture.
La diffusion de la série documentaire à succès "Apocalypse" a poussé des historiens à protester contre certains procédés mis en œuvre (colorisation, sonorisation, voix off...) par les réalisateurs. Ce débat faisait suite à d'autres , dans lesquels les historiens professionnels avaient été traités de "gardiens du temple" historiques : "l'Apocalypse" de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, Vraie Jeanne, Fausse Jeanne" de Martin Meissonnier, "9-3, histoires d'un territoire" de Yamina Benguigui...
Que se passe-t-il donc entre universitaires et gens de télévision ? Pourquoi des accrochages si fréquents ? Pourquoi les historiens eux-mêmes ne participent-ils pas plus à des œuvres audiovisuelles ?

12 décembre 2009

Minarets : malaise dans l'alteridentité

CHAVINIER Elsa et LÉVY Jacques, Minarets : malaise dans l'alteridentité, EspacesTemps.
Article illustré par deux cartes téléchargeables.

Lire aussi : Dossier documentaire & Bibliographie Racisme, Monde en Question.

À lire et à écouter

La globalisation financière : état des lieux, La Fabrique de l'humain - France Culture.
Le capitalisme perd la tête s'exclamait en 2004 Joseph Stiglitz, l'ancien conseiller de Bill Clinton. Il est en train de s'autodétruire, renchérissait en 2006 Patrick Artus, directeur des études à Natixis. Il n'est plus intouchable, affirmait à son tour fin 2008 l'économiste Daniel Cohen. Tandis que Jacques Attali cette semaine dans l'Express parle de mascarade à propos de l'efficacité du G20 et de la soi-disant sortie de crise. Il est vrai que les économistes se plaisent souvent à généraliser leur propos, voire à nous l'imposer, en nous laissant entendre que l'économie est la science qui détermine en dernière instance nos comportements les plus anodins ! Pierre-Noël Giraud, professeur d'économie à l'École des Mines de Paris, échappe à cette manie. Il ne fait pas de la pensée économique le sésame des vérités humaines. Il a le mérite de nous instruire et nous guide avec brio dans la compréhension des dynamiques économiques. Il déploie sa vision de la situation avec une pédagogie certaine. Le bilan qu'il établit de la mondialisation et de la crise financière s'appuie sur des concepts clairs : territoires, acteurs capitalistes, nomades et sédentaires, individus compétitifs et protégés, et ce qu'il appelle le « mistigri » dans la finance, c'est-à-dire l'imprévu. C'est à partir de ces notions qu'il décrypte la globalisation des firmes, de la finance, et la globalisation numérique. Car contrairement aux idées reçues, la mondialisation n'unifie pas le monde, elle le fragmente. L'auteur ne plaide pas cependant pour un retour au protectionnisme. Il explore de nombreuses pistes dans le domaine de la politique monétaire, du développement durable, de l'aide aux pays pauvres. Il avance aussi ses solutions pour l'Afrique en matière d'agriculture, de droits de propriété intellectuelle, et de santé. Enfin, il se projette dans l'invention de nouvelles solidarités…
Nous l'avons invité pour lui demander ce qu'il pense un an après de la crise de 2008. Et pour qu'il nous parle de l'Afrique et de la Chine, ses territoires de prédilection…

À l'origine de la vie, La marche des sciences - France Culture.
André Brack. Directeur de recherche émérite au Centre de biophysique moléculaire du CNRS à Orléans, membre honoraire de l'Institut d'Astrobiologie de la Nasa.

Alexandre Meinesz. Professeur de biologie à l'université de Nice-Sophia Antipolis (équipe ECOMERS).

Jean-Marc Bonnet-Bidaud. L'atlas céleste de Dunhuang, Pour la science.
La plus vieille carte du ciel connue, dessinée en Chine au VIIe siècle, est le fruit de méthodes géométriques qui ne seront maîtrisées que bien plus tard en Occident.

11 décembre 2009

Le Venezuela de Chavez

Le Venezuela : voyage au pays de Chavez (1/4) - Le chavisme pour les nuls – Abécédaire du chavisme, Sur les docks - France Culture.
Un documentaire d'Alexandre Héraud et Yvon Croizier avec la collaboration de Paula Vasquez
Une «danse des mots», et pas que les plus tendres, envers le processus révolutionnaire en cours au Venezuela, voilà ce que nous avons imaginé pouvoir orchestrer au fil de nos rencontres lors de notre voyage dans ce pays métamorphosé sous l'impulsion du controversé commandant Hugo Rafael Chavez Frias, dont nous fêterons le onzième anniversaire de l'accession au pouvoir le 6 décembre prochain.
Nos interlocuteurs ? De l'ancien ministre chaviste déçu au candidat malheureux à la présidence, de l'éditorialiste reconnu au petit entrepreneur local, du journaliste à la retraite blasé à la militante de quartier défavorisé, du jeune étudiant révolutionnaire rêveur au petit gérant d'hôtel sur la côte caraïbe, de la sociologue au professeur de lettres… Tous ont bien voulu participer à notre jeu-puzzle et isoler une lettre de l'alphabet pour construire ce qui s'apparenterait selon eux à un début de définition du chavisme.
Du «A» comme Alegria (joie), ou Autoritarisme au «T» de Tristesse, nous nous arrêterons sur le «C» de Caudillisme ou de Césarisme, ou encore celui de Cambio (changement) ;
Nous évoquerons le «D», de Dignité ; le «E» d' Etatisme…
Nous convoquerons le «M» de Militarisme ou de Messianisme, puis le «O» de Odio ( la haine) et le «P» de Peligro (danger), sans oublier le «S» de Sueno (rêve)…
Pour buter sur le «T» de Totalitarisme.
Le tout formant un ensemble imparfait, comme l'est de l'aveu même de ses propres partisans la Révolution Bolivarienne, ce «socialisme du XXI° siècle» aux contours idéologiques mal définis.

Le Venezuela : voyage au pays de Chavez (2/4) - Mais qui est donc Lina Ron ? Portrait d'une révolutionnaire en arme, Sur les docks - France Culture.
Un documentaire d'Alexandre Héraud et Yvon Croizier
Toutes les épithètes sont bonnes pour qualifier celle qu'on appelle la «comandante Lina Ron» ou «la générale du chavisme» ! Agressive, hystérique, belliqueuse, enragée mais aussi passionnée, authentique, charismatique, engagée, la «patriote» Lina Ninette Ron Pereira, la plus fameuse des activistes de rue de la Révolution bolivarienne, âgée de 50 ans, a fini par être baptisée «l'incontrôlable» par celui-là même à qui elle voue un culte indéfectible depuis son accession au pouvoir en 1998, le président Hugo Rafael Chavez Frias.
Ce dernier a du la désavouer publiquement et ordonner sa mise en détention après l'attaque qu'elle dirigea le 3 août 2009 contre les locaux de la principale chaîne d'opposition, Globovision. Lors de cette action-commando, furent lancées quelques grenades lacrymogènes dans l'enceinte de ce média cristallisant toutes les critiques du gouvernement chaviste.
C'est dans un contexte d'extrême polarisation politique et en pleine «guerre contre les médias» que nous avons dressé ce portrait d'une révolutionnaire en arme ayant fondé son propre parti, l'Union Populaire Bolivarienne (UPV) adulée dans les secteurs les plus pauvres de la population ceux là même qu'elle nomme le «édentés». Lina Ron l'endiablée est devenue la bête noire «satanisée» par l'opposition vénézuelienne. Mais celle dont la devise est «Avec Chavez Tout ! sans Chavez , du plomb» semble désormais être une menace pour le président Chavez, qui craint d'être débordé par sa base la plus radicale dont elle est l'incarnation. C'est ce qui fait dire à certains observateurs fascinés par ce personnage hors du commun, qu'elle représenterait à elle seule tout «l'inconscient du chavisme».

Le Venezuela : voyage au pays de Chavez (3/4) - 23 de Enero, Caracas : une ballade révolutionnaire, Sur les docks - France Culture.
Un documentaire d'Alexandre Héraud et Yvon Croizier
En 1954, le général Marcos Pérez Jiménez commandait au plus célèbre architecte national, Carlos Villanueva, de partir à l'assaut des collines et construire un ambitieux projet urbanistique pour développer et moderniser les logements sociaux de la partie Ouest de Caracas. Son intention était surtout de nettoyer les quartiers pauvres et faciliter le contrôle de la population. Las, au lieu de porter le nom du «2 décembre», pour célébrer l'accession au pouvoir du général, cette vaste opération de 9.000 appartements répartis en trente-huit immeubles (dont la moitié sont des barres de quinze étages et de plus de cent mètres de longs), allait être baptisée le «23 Janvier» (23 de Enero) pour marquer la destitution du dictateur en 1958 et le début de la démocratisation !
Dés lors, et pendant les quarante années ayant précédé l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez en 1998, ce quartier pris d'assaut par les classes populaires (la plupart des logements prévus pour accueillir les classes moyennes n'étaient pas encore attribués) devint le fer de lance de tous les mouvements de contestation et de confrontation avec le pouvoir. Le «23 de Enero», qui aurait du être un joyau de l'urbanisme social, situé à quinze minutes du centre ville en métro, est devenu très vite un concentré de violence et de misère. Surnommé «la zone rouge» ou encore «la zone subversive», peu de Vénézuéliens osaient s'aventurer. Ses habitants soudés autour des luttes contre le pouvoir ont toujours été «structurés» : depuis plusieurs générations, la communauté a vu éclore d'innombrables groupes politiques, sociaux et culturels très actifs qui ont forgé une mentalité propre au «23».
Aujourd'hui, ce quartier est considéré comme un bastion du chavisme, on pourrait même dire un laboratoire, et c'est ici que les programmes sociaux («les missions») du président Chavez ont été expérimentés dès les premiers jours de la «Révolution Bolivarienne».
Lorsqu'un visiteur est bien accompagné et s'il se garde de paraître par trop sceptique ou offensif dans ses questionnements, il peut alors faire ce que l'on nomme avec ironie du «tourisme révolutionnaire». Notre objectif au long de cette journée passée au «23 de Enero» a été de recueillir sans exercer volontairement notre esprit critique la parole de quelques représentants du fameux «processo» en marche... Hasta la victoria !

Le Venezuela : voyage au pays de Chavez (4/4) - Attention Monsieur Branger !, Sur les docks - France Culture.
Un documentaire d'Alexandre Héraud et Yvon Croizier
Fuir le chaos de Caracas. Convoquer l'échappée belle. Se fondre dans les grands espaces et se laisser séduire par ce pays grand comme deux fois la France et dont la diversité des paysages en fait l'un des pays les plus contrastés de la planète.
Notre dernière étape nous mène vers Les llanos, le «Far West vénézuélien». Comprenez «les plaines» en espagnol, celles que Humboldt l'explorateur baptisa en son temps «les steppes d'Amérique du Sud». Les plus vastes étendues de savane du Nord de l'Amérique latine ne couvrent pas moins de 30% du territoire national, et les guides que possèdent les touristes s'y aventurant les préviennent : «La région est hostile et difficile, la vie livre ici une bataille quotidienne face aux éléments (…)».
Si le voyage est cependant conseillé, c'est que l'endroit est «l'un des plus beaux et étonnants sanctuaires écologiques au monde». La formule, cette fois, est de Nicolas Hulot !
Sans transition, Chavez est llanero. Il revendique et porte haut cette culture llanera que l'on peut découvrir exposée dans l'étonnant roman de Romulo Gallegos, Dona Barbara, écrit en 1929, et qui reste l'un des classiques de la littérature latino américaine.
Une raison supplémentaire pour ouvrir les portes du «Hato Pinero», le plus célèbre «ranch» du Venezuela, situé au sud-est de l'Etat de Cojedes, dans les Hauts llanos. 85 000 hectares, 17 000 têtes de bétails et une posada pouvant accueillir touristes aisés et scientifiques du monde entier tant la diversité de la faune et de la flore minutieusement protégées ici est exceptionnelle.
Son propriétaire, Francesco Branger, nous a reçu dans un contexte très difficile pour tous les latifundistes menacés d'expropriation par la reforme agraire issue de la «Loi des Terres» votée en 2002 par le gouvernement révolutionnaire.