28 novembre 2009

Sémantique de crise

Evoquer la reprise pourrait aussi encourager les revendications sociales…

Oui, c’est la crainte du gouvernement. Le réveil des revendications risquerait donc de se fracasser sur le mur de la rigueur. Et nous voilà devant un autre problème de discours. Un obstacle sémantique…la fameuse «rigueur». Nicolas Sarkozy l’assure, il n’y aura ni augmentations d’impôts, ni rigueur. Cette double affirmation, combinée avec le souhait affiché de ne pas laisser filer les déficits, est aussi crédible que d’affirmer que l’on va gagner la coupe du monde de foot avec le quinze de France de rugby. Ce n’est pas possible, tout le monde le sait. La solution quand on ne veut pas qu’une réalité ne soit pas trop apparente, hé bien c’est de changer l’acception des mots, appeler son chat «Médor»… il va donc falloir que Nicolas Sarkozy et ses grands spécialistes en communication trouvent un autre mot pour «rigueur». Déjà «rigueur», qui, en soit est un mot positif (la rigueur c’est bien) «rigueur» était un mot déguisement : Pierre Mauroy, en 1983 doit changer de politique. Il serre la vis sociale. Pour ne pas reprendre le mot qui avait qualifié le même genre de politique sous Raymond Barre, et que la gauche avait combattu…le mot «austérité», un mot, vous en conviendrez assez effrayant, il avait déguisé l’austérité en «rigueur». La «rigueur» de 1983, 84, 85, 86 s’est traduite par une explosion du chômage et une défaite électorale en 86. Donc le mot a pris une acception très négative. Du coup voilà Nicolas Sarkozy obligé de déguiser le déguisement ! Comment va-t-il nommer la rigueur pour la cacher. Nous nous ferons un plaisir de le révéler quand il aura trouvé…et à mon avis, ça ne saurait tarder !
L'édito politique - France Inter

Écouter aussi : L'économie de marché résisterait–t elle à une rechute ?, Du grain à moudre - France Culture.
Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie Élections 2002 France, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Économie crise, Monde en Question.

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