14 mars 2009

Reconstruisons le camp de concentration de Gaza

Une conférence internationale pour la reconstruction de la bande de Gaza s’est ouverte le lundi, 2 mars, à Charm El Cheikh avec la participation de plus de 70 pays."La communauté internationale"a promis près de 4,5 milliards de dollars pour la reconstruction de Gaza et la relance de son économie et"demandé"la levée du blocus israélien qui asphyxie le territoire.
On s’étonne du nombre des pays participants et de la promptitude avec laquelle s’est tenue cette réunion. Dire qu’au moment ou Gaza croulait, pendant plus d’un mois, sous les bombes sionistes, un silence de mort (c’est le cas de le dire) enveloppait"la communauté internationale". L’orage est passé maintenant. Le monstre s’est calmé pour un moment, repu, se vautrant dans son repaire.

A quelques kilomètres du ghetto de Gaza, les grands de ce monde se congratulent, distribuant en bons croyants leur aumône et leurs remontrances. Une ambiance festive... comme si la guerre était réellement finie alors que le blocus continue de plus belle étranglant de plus en plus une population de déshérités. Il est vrai, qu’amochés de la sorte, les Gazaouis sont si pitoyables qu’il faut bien les remettre un peu sur pied. qu’il faut dresser de nouveau le décor pour le prochain spectacle.

Mme Hillary Clinton a si généreusement"promis"un don de 900 millions de dollars pour ensuite parler dans son discours à Jerusalem du droit d’Israel à se défendre ! Malheureusement, le ridicule ne tue pas !

Tous ceux qui attendent un changement de la politique américaine au proche-orient sont bien servis. De toutes les manières, il faut être bien dupe pour s’attendre à quoi que ce soit venant de Mme Clinton, elle qui a soutenu la guerre lancée par Bush en Irak ainsi que les menaces de guerre contre l’Iran, elle qui a soutenu la guerre d’Israël au Liban en 2006 et son offensive militaire en Cisjordanie en 2002, elle qui est pour l’exportation sans restrictions de bombes à fragmentations et autres munitions utilisées contre les populations civiles, elle qui a défendu avec fermeté la construction du mur de l’apartheid israélien qui encercle les Palestiniens et divise leurs villages, les coupant de leur travail, de leurs terres agricoles et de leurs écoles.

Le comble du cynisme c’est que ce sont ceux-la même qui offrent 900 millions de dollars pour reconstruire Gaza qui ont offert les bombes au phosphore et les bombes à l’uranium pour la détruire !

Ce qu’il faut retenir du massacre perpétré à Gaza c’est qu’il ne constitue qu’un épisode d’un long feuilleton génocidaire qui a commencé il y a plus de 60 ans et qui ne prendra fin qu’avec l’épuration ethnique totale de la population palestinienne. Cet acte de barbarie que les politiques et les médias occidentaux essayent d’isoler comme ils l’ont toujours fait, n’est pas plus barbare que celui de Deir Yassin ou celui de Jenine...etc...La liste est bien longue. Tous ces massacres s’inscrivent dans une logique implacable, une stratégie d’épuration ethnique systématique.

Pendant les années 30 Le nombre de Juifs rabattus par les organisations sionistes allait atteindre le quart de la population totale en Palestine, mais ces juifs ne possédaient que 4% de la terre. Les idéologues Sionistes ont toujours considéré et propagé la nécessité de nettoyer ethniquement la population autochtone de la Palestine si on tient à la réalisation d’un Etat Juif.

En 1926, un certain Jabolinsky, fondateur de l’Irgoun (organisation paramilitaire sioniste qui recourut au terrorisme provoquant l’exode de centaines de milliers d’autochtones) disait :"les arabes palestiniens ont exactement la même psychologie que nous. Ils considèrent la Palestine avec le même amour instinctif et la ferveur avec laquelle tout Aztèque considérait Mexico et tout Sioux sa prairie..."Jabolinski en appelait aussi à la pureté du sang :"il est impossible à un homme de s’assimiler à un peuple dont le sang est différent du sien".

"Nous n’autoriserons pas des choses du genre des mariages mixtes parce que la préservation de notre intégrité est impossible autrement que par le maintien de la pureté de la race". Quant à Ben Gourion, qui fut premier ministre israélien en 1948, son mot d’ordre préféré à propos des Palestiniens, était"chassons-les".

Fin novembre 1947, l’ONU a offert de diviser la Palestine en deux États presque égaux au niveau territorial. Les Juifs ne représentaient alors qu’un tiers de la population et la plupart d’entre eux n’étaient arrivés en Palestine que quelques années plus tôt. Le refus catégorique des Palestiniens n’a fait qu’accentuer l’appétit sioniste.

Les Sionistes vont s’emparer de 80% de la Palestine. C’était un territoire dans lequel un million de Palestiniens vivaient à côté de 600.000 juifs. L’idée était de déraciner autant de Palestiniens que possible. Entre mars 1948 et la fin de l’année, le plan a été mis en application en dépit de la tentative d’opposition de quelques États arabes. Environ 750.000 Palestiniens ont été expulsés et 531 villages ont été détruits. L’état d’Israel a été établi sur plus de 80% de la Palestine, transformant les villages palestiniens en colonies Juives et en parcs de loisirs. La guerre de juin 1967 a permis à Israël d’accaparer les 20% de la Palestine restants, désignés depuis sous l’euphémisme de"territoires occupés".

Cette nouvelle situation va ébranler l’idéologie ethnique du mouvement Sioniste. Israël a pris les 100% de la Palestine, mais l’état a incorporé un grand nombre de Palestiniens, population que les Sionistes avaient eu tellement de mal à expulser en 1948. Le fait qu’on ait laissé faire Israël en 1948, et qu’il n’ait pas été condamné pour le nettoyage ethnique qu’il a commis, l’a encouragé à nettoyer ethniquement de la Cisjordanie et de la bande de Gaza 300.000 autres Palestiniens.

Mais le développement des différents mouvements de résistance palestiniens ainsi que la peur liée à un éventuel déséquilibre démographique en faveur des palestiniens sont devenus depuis plus de deux décennies la hantise des israéliens.

C’est pour parer à la première Intifadha de 1987 qui a permis aux palestiniens de sortir de l’anonymat dans lequel ils ont été tenus pendant plus de 40 ans par les médias occidentaux et pour faire face à la notoriété de plus en plus grande de l’OLP, avec à sa tête Arafat, que les sionistes ont fait semblant de jouer la partition de la paix. Le miroir aux alouettes des accords de Madrid, suivis par les accords d’Oslo , aboutissant à"la feuille de route"et aux accords d’Anapolis n’a fait que réduire les terres palestiniennes comme une peau de chagrin, étendant les colonies juives, élevant les murs de l’apartheid, assassinant Yasser Arafat, expropriant les palestiniens du Jerusalem-Est...

Les Palestiniens se sont rendus compte, un peu tard, que la solution"des deux états"n’était en réalité qu’une pure mystification qui a permis à Israel de liquider l’OLP et de poursuivre sa politique d’épuration ethnique.

Aveuglés par le racisme, les sionistes s’octroient le droit d’asphyxier tout un peuple. Si ce n’est pas un massacre, c’est un blocus sinon c’est des prisons collectives derrières les murs de l’apartheid.

Toutes ces pratiques ne visent qu’un seul but : pousser ceux qui échappent aux massacres épisodiques à l’exode.

La solidarité judéo-chrétienne fait que l’occident ne peut qu’approuver la conduite de son enfant gaté, ne sont-ils pas mues par la même culture colonialiste ! n’ont-ils pas la même vision épisthémique et religieuse !

Après tout, ces indigènes ne doivent certainement pas valoir plus que les Aztèques ou les Sioux !

Lorsque Mme Clinton interpelle Hamas, lui intimant l’ordre de reconnaître l’état sioniste c’est comme si elle lui demandait de signer son propre arrêt de mort. Il faut être sans discernement pour reconnaître celui dont le projet consiste à vous effacer de la surface de la terre. Tout palestinien se doit de nier cette entité raciste, il nie ainsi sa propre négation.

Fethi GHARBI
8 mars 2009
Publié par Le Grand Soir.

13 mars 2009

Entité sioniste, la fin d’ici vingt ans ?

Selon une analyse prospective de la CIA qui vient d’être présentée à des représentants du Senate Intelligence Committe (SSCI) et du House Permanent Select Committee on Intelligence (HPSCI), sous sa forme actuelle, la survie d’Israël ne dépasserait pas les vingt prochaines années.

Le document prédit en effet « un mouvement inexorable d’une solution de Deux à Un État, comme modèle le plus viable fondé sur des principes démocratiques de pleine égalité qui éliminerait le spectre menaçant de l’apartheid colonial et permettrait le retour des réfugiés de 1947/1948 et de 1967. Ce modèle est la condition préalable à la paix dans la région. »

L’analyse précise aussi que, selon toute vraisemblance, l’alyah devrait se tarir et l’émigration des juifs s’inverser : « au cours des quinze prochaines années, plus de deux millions d’Israéliens, dont 500.000 citoyens israéliens détenteurs de la carte verte ou d’un passeport déménageront aux Etats-Unis. La plupart des Israéliens qui ne seront pas en possession de ces documents obtiendront des dérogations accélérées ». Le Rapport estime de plus que « environ 1,6 million d’Israéliens sont susceptibles de retourner sur la terre de leurs ancêtres en Russie, en Europe de l’Est et de l’Ouest » ce qui réduirait la population juive dans le nouvel État à moins de 2 millions de personnes.

Cette information, qui réjouira les antisionistes (mais vraisemblablement pas les antisémites...), peut, à la première lecture, surprendre. Mais, si on y réfléchit bien, elle est dans la logique de l’Histoire. La République d’Afrique du Sud a connu le même destin et c’est la répétition du processus qui a vu sa disparition qu’espèrent tous ceux qui souhaitent la disparition de l’entité sioniste.

Cela étant écrit, le futur n’est écrit nulle part et la note de la CIA n’est qu’un scénario parmi d’autres. La survie d’Israël dépendra, à terme, surtout de la volonté de résistance de ses élites et de son peuple. Tant les dernières élections que l’opération de Gaza, montre que celle-ci est, pour l’instant, intacte.

Christian Bouchet
05 mars 2009
Publié par Free Palestine.

Le sionisme : arme de propagande

En 1948, année de la Naqba (l'expulsion de 800 000 Palestiniens de leur propre pays) et de la création de l'État d'Israël, Menahem Begin décide de visiter les États-Unis. Les plus grands intellectuels juifs américains avec à leur tête Hannah Arendt et Albert Einstein écrivent au président Truman en lui disant : « Begin arrive, c'est un terroriste, arrêtez-le ou expulsez-le ». À l'époque, aux yeux du monde, le judaïsme, c'est Arendt, Einstein, mais aussi Rosa Luxembourg, Freud, Kafka, Benjamin … Par quel retournement de l'histoire a-t-on aujourd'hui comme figures dominantes des Begin, Sharon, Barak, Livni, Olmert, Lieberman ou des pseudo intellectuels communautaristes français qui sont l'exact inverse ce que fut la figure de l'intellectuel juif ?

Le sionisme : une manipulation des identités juives

La guerre contre le peuple de Gaza, comme deux ans auparavant celle du Liban a montré qu'il n'y aura pas de paix au Proche-Orient tant que le sionisme sera à l'œuvre. Tous les partis sionistes ont approuvé ces deux guerres. La « gauche » sioniste qui vient d'être laminée lors des élections en Israël a participé à tous les crimes contre le peuple palestinien : la Naqba en 1948, la conquête de 1967 et la colonisation qui a suivi, la répression contre l'Intifada, la construction du mur en Cisjordanie et les massacres commis au Liban ou à Gaza. Il n'y a pas de sionisme à visage humain. La « gauche » sioniste aurait voulu en incarner un. C'est fini. Elle n'a fait que servir de force d'appoint à l'annexion, la colonisation et l'ethnocide contre la Palestine.

Sans le génocide nazi, le sionisme n'aurait pas triomphé. Comment définir cette idéologie complexe ?

Il y a d'abord eu une réécriture complète de l'histoire du judaïsme (ou plus exactement des judaïsmes). Les fondateurs du sionisme qui étaient majoritairement non-croyants sont allés chercher dans la Bible une justification à leur projet colonial. On sait aujourd'hui que la conquête sanglante de Canaan par Josué qui sert de « justification » aux colons installés en Cisjordanie est une pure légende. Idem pour le royaume unifié de David et Salomon que l'État d'Israël était censé ressusciter. La Palestine antique a toujours été habitée par des peuples différents. On sait que la théorie centrale du sionisme (l'exil et le retour) est une fiction. C'est la religion juive qui s'est dispersée, pas le peuple. Les descendants des Hébreux sont majoritairement les Palestiniens et les Juifs sont majoritairement descendants de convertis berbères, romains, espagnols, khazars … La diaspora n'est pas une parenthèse, c'est le centre de l'histoire, des identités, des langues et des cultures juives. C'est même le centre de ce que ces cultures ont en commun (l'héritage religieux).

Le sionisme des fondateurs s'est retrouvé en concurrence (en Europe orientale, là où vivaient en majorité les Juifs) avec les différentes branches du socialisme et avec le Bund (parti ouvrier Juif qui prônait l'autonomie culturelle des Juifs là où ils vivaient).

Dès son apparition, le sionisme tourne le dos à toute forme d'émancipation ou d'universalisme. Il proclame que l'antisémitisme est inéluctable, qu'il est inutile de le combattre, que les Juifs ne peuvent vivre qu'entre eux, que le mélange est impossible ou nuisible. Comme les antisémites, ils considèrent les Juifs comme une race à part. Pour coloniser la Palestine, ils inventent le mensonge fondateur : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » (Zangwill). La négation des droits, de la dignité et même de l'existence du peuple palestinien est une constante de toute l'histoire du sionisme. Pour les premiers arrivants, les Palestiniens sont des féodaux ou des fellahs arriérés. Après avoir rêvé de leur faire accepter le projet sioniste, l'objectif sera de les repousser, de les enfermer ou de les expulser (ce que les sionistes qui utilisent la novlangue appellent le « transfert »). Cet objectif n'a pas changé depuis 80 ans. Les sionistes ont rêvé que les Palestiniens soient, comme d'autres peuples autochtones aux États-Unis ou en Australie, dans l'incapacité de réclamer leurs droits. Ils en rêvent encore.

Les sionistes ont inventé aussi l'histoire des Juifs venus du monde arabo-musulman. Ils ont nié leurs origines (Berbères, Yéménites …). Ils leur ont dit : « vous viviez dans un monde de sauvages au milieu des Arabes. Le sionisme (il serait plus juste de dire les Ashkénazes) vous ont offert un pays ». Ces Juifs arabes sont venus former un prolétariat coupé de ses racines et de son histoire, une proie idéale pour tous les partis racistes.

Le sionisme a des faces multiples. C'est un nationalisme très particulier puisqu'il lui a fallu inventer la notion de peuple juif et l'idée du « retour » (l'Alya). C'est un colonialisme très particulier puisqu'il vise, non pas à domestiquer et à exploiter le peuple autochtone, mais à l'expulser et à le remplacer. C'est une idéologie qui a prétendu offrir un havre de paix aux Juifs persécutés. S'il y a bien un pays où les Juifs sont en insécurité, c'est Israël et il en sera ainsi tant que durera le projet de détruire la Palestine. Et le sionisme a besoin de l'antisémitisme pour pousser les Juifs à émigrer, son rêve fou étant de les rassembler tous dans un « État Juif ». Aujourd'hui 40% des Juifs du monde entier vivent en Israël.

Le sionisme, c'est aussi depuis 1967 la transformation d'Israël en tête de pont de l'impérialisme au Proche-Orient. Une tête de pont particulière puisque ce sont les dirigeants sionistes qui dictent (grâce à leur impunité) aux occidentaux la politique menée en faisant systématiquement ratifier leur stratégie du fait accompli.

Le complexe de Massada

Le sionisme, c'est peut-être avant tout une forme de messianisme perverti. C'est une idéologie qui a réussi, là où d'autres idéologies ont échoué, à créer un homme nouveau. Pour fabriquer l'Israélien nouveau, il a fallu tuer le Juif, le cosmopolite, le dispersé, celui qui en sortant du ghetto a lié son émancipation à celle de toute l'humanité. Le sionisme a éradiqué les langues (yiddish, ladino, judéo-arabe), les cultures et les valeurs de la diaspora. Le Juif nouveau qu'il a fabriqué est un être amnésique, coupé de ses racines et de son histoire, insensible à l'autre, militariste, colonialiste et se croyant tout permis. Le moteur de cette nouvelle identité, c'est la peur de l'anéantissement. À dire vrai, les sionistes ont peur de ne plus avoir peur. Cette peur est un trait central de l'éducation des Juifs aujourd'hui. Il faut voir « Pour un seul de mes deux yeux », le film du cinéaste israélien Avi Mograbi. On y voit entre autres comment des enfants sont amenés sur la citadelle de Massada, au-dessus de la Mer Morte, là où des zélotes (Juifs révoltés contre les Romains vers 70 ap JC) ont préféré le suicide à la soumission. On apprend à ces enfants que tout le monde hait les Juifs, qu'ils ne peuvent vivre qu'entre eux, dans un État Juif. Et bien sûr dans cet État dont les frontières ne figurent sur aucune carte, il n'y a pas de place pour les Palestiniens.

Alors que les sionistes n'ont joué qu'un rôle anecdotique dans les luttes contre l'antisémitisme et le nazisme, la récupération et l'instrumentalisation du génocide sont devenues une question centrale. Les Israéliens essaient d'oublier que les Juifs établis en Palestine ont manifesté une grande passivité et une grande indifférence pendant que le génocide se déroulait en Europe.

Dans la propagande israélienne, les Palestiniens sont les héritiers du nazisme (l'histoire officielle parle de pogrom à l'occasion des révoltes palestiniennes de 1929 et 1936) et Arafat est un nouvel Hitler. Du coup bien sûr « Israël n'a pas de partenaire pour la paix », phrase due à Ehud Barak et martelée depuis en permanence.

Dans cette éducation à la peur, les Juifs ont été, sont et seront toujours les victimes. D'où cette insensibilité totale, cet effondrement des barrières morales qui expliquent que les dirigeants israéliens comme leurs relais en Occident n'ont parlé que des 4 victimes des tirs de Qassams en ignorant totalement les 1500 habitants de Gaza victimes de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité.

Le droit international ne reconnaît que des sociétés où tous les citoyens jouissent des mêmes droits. En ce sens un « État Juif » est contraire au droit international. Cela explique que les 20% de la population israélienne qui ne sont pas juifs ont un statut de sous citoyen. Les Palestiniens d'Israël protestent d'ailleurs de plus en plus vivement contre les discriminations qu'ils subissent dans tous les domaines (emploi, logement, infrastructures, possession de la terre …). État Juif et démocratique, c'est un oxymore comme l'explique l'historien Shlomo Sand.

Mais pour les sionistes, mettre en question la notion d'État Juif ou être pour le droit au retour des réfugiés palestiniens, c'est automatiquement être pour « les Juifs à la mer ».

Si on n'est pas juif et si on critique Israël, on est forcément antisémite. Si (comme l'auteur de ces lignes), on est juif et solidaire du peuple palestinien, on est forcément un « traître ayant la haine de soi ». La propagande martèle que les guerres incessantes de l'État d'Israël (on en est à présent à une tous les deux ans) sont la seule alternative à l'anéantissement. Les bourreaux se vivent en victime. 65 ans après le génocide nazi, les Palestiniens continuent de payer pour un crime européen dans lequel ils n'ont pas la moindre responsabilité.

Le sionisme a besoin de l'antisémitisme au point même de le susciter si nécessaire. Sinon la fuite en avant de la conquête sans limite s'écroulerait.

Les Juifs français amnésiques de leur histoire

La France abrite aujourd'hui la troisième « communauté » juive mondiale : entre 500 000 et 700 000 personnes. Le chiffrage est doublement délicat. Un très grand nombre de Juifs vivent dans des familles « mixtes ». Comment comptabiliser les demi-juifs, les quarts de juifs ? Et puis, beaucoup de Juifs (c'est le cas des membres de l'UJFP) sont totalement opposés au communautarisme. Beaucoup de Français d'origine juive (et pas des moindres) qui partagent les idées de l'UJFP sur la guerre contre la Palestine refusent obstinément de se définir « juifs » et d'adhérer à l'UJFP.

L'histoire des Juifs français n'a pas toujours été heureuse. Dès le Moyen Âge, les expulsions se multiplient et les communautés historiques sont contraintes à l'exil. Seules les communautés « périphériques » dans des régions devenues tardivement françaises (Alsace, Avignon, Bayonne) échapperont à ces expulsions. Si l'Allemagne est la première région d'Europe où les Juifs ont pu sortir du ghetto, c'est la France qui leur donne la première la citoyenneté avec l'Abbé Grégoire (1791). Sous Napoléon, le judaïsme s'institutionnalise avec la création du grand Sanhédrin. L'antisémitisme racial apparaît en France dès les années 1850 avec Gobineau. Il deviendra très puissant à la fin du XIXe siècle, les Juifs personnifiant pour les nationalistes l'obstacle à une conception ethniquement pure de la patrie.

En 1870, un ministre français d'origine juive a la mauvaise idée de donner la nationalité française aux Juifs algériens (qui étaient des autochtones) et de la refuser aux Musulmans. Le nombre de Juifs français est multiplié par 4, mais ce décret provoquera un siècle plus tard l'exode des Juifs algériens au moment de l'indépendance.

L'affaire Dreyfus est un tournant pour le judaïsme français. L'antisémitisme cesse d'être le problème des seuls Juifs. La moitié de la société française, celle qui est républicaine, laïque, pour l'égalité et la citoyenneté se mobilise. Au bout du compte, la démonstration sera faite que la lutte contre le racisme et pour l'égalité des droits a un sens puisque l'Affaire Dreyfus s'achève par une victoire du camp antiraciste. C'est pourtant à partir de l'Affaire Dreyfus et de la virulence antisémite que Theodor Herzl estimera que la seule solution pour les Juifs est la fuite en Palestine et la construction d'un État Juif.

Entre les deux guerres, près de 200 000 Juifs émigrent en France, provenant majoritairement d'Europe centrale et orientale. Très majoritairement, ces Juifs sont laïques, voire athées et engagés politiquement à gauche ou chez les communistes. Les ministres ou députés Juifs du Front populaire (Blum, Mendès France, Zay …) déchaîneront la haine des antisémites. Les Juifs sont très nombreux dans les Brigades Internationales et dans la MOI (Main d'œuvre immigrée, branche de la résistance communiste). Il est symptomatique qu'on trouve aujourd'hui à Yad Vashem (le musée du génocide à Jérusalem) une copie de l'Affiche Rouge. On y signale que la majorité des victimes étaient juives, on oublie juste de dire que c'étaient des communistes. Ce qui est évident, c'est que la Résistance juive au nazisme a été très importante et majoritairement communiste.

Ces Juifs étrangers ne seront pas toujours bien accueillis par la bourgeoisie juive française, l'épisode le plus scandaleux étant l'UGIF (Union générale des israélites de France), créée par le régime de Vichy qui donnera à la police française les fichiers des Juifs étrangers.

À la libération, les Juifs de France représentent un groupe très politisé, laïque et très engagé à gauche. Très naturellement, on retrouve en nombre des Français d'origine juive dans les luttes sociales, les luttes anticoloniales (on pense à Alleg ou Curiel), la CGT (Krasucki), le PCF (Malberg) ou plus tard dans les groupes d'extrême gauche (Cohn-Bendit, Geismar, Krivine). Bien sûr, ils ne s'engagent pas en tant que Juifs, mais leur grand nombre n'est pas une coïncidence. L'arrivée massive des Juifs venus d'Algérie en 1962 ne modifiera pas cet engagement.

Les pompiers pyromanes

Le CRIF a été créé après la deuxième guerre mondiale. Théoriquement issu de la résistance, il réunit des associations assez diverses, des laïques aux religieux. Mais le CRIF ne représente ou n'organise que la fraction des Juifs français qui sont communautaires. Il est symptomatique la seule association appartenant au CRIF qui ait dénoncé le massacre de Gaza, est l'UJRE (Union Juive pour la Résistance et l'Entraide) issue de la MOI.

À partir de 1967, toutes les institutions juives françaises vont se consacrer à une défense inconditionnelle d'Israël, quel que soit le gouvernement. Le CRIF se transforme en lobby, invitant tous les politiques à venir faire acte d'allégeance. Et hélas, ça marche, comme on l'a vu à Marseille où, pendant le carnage à Gaza, les élus UMP et PS sont venus ostensiblement à une manifestation pro-israélienne organisée par le CRIF. Celui-ci distribue les bons et les mauvais points, en fonction de l'attitude des uns ou des autres vis-à-vis d'Israël.

Les 30 dernières années ont été marquées par une régression fantastique chez les Juifs français. Dans son livre « Le mal-être juif », Dominique Vidal analyse, chiffres à l'appui, le repli communautariste. Ainsi 30% des enfants juifs vont à l'école privée confessionnelle alors qu'il n'y en avait quasiment pas il y a 50 ans. Pourtant, les stéréotypes antijuifs ont beaucoup reculé dans la société française, ce qui n'empêche pas le CRIF d'agiter en permanence le spectre de l'antisémitisme.

Beaucoup de prétendus intellectuels juifs qui ont un passé à l'extrême gauche (Adler, Finkielkraut, Glucksman, BHL, Lanzmann …) rivalisent dans le soutien inconditionnel aux crimes de Tsahal et même dans le soutien à Bush dans la lutte contre « l'axe du mal » ou dans le cadre du « choc des civilisations ». Certains se permettent même des propos racistes contre les Arabes et les jeunes des banlieues.

Il est symptomatique de constater qu'alors que toutes les institutions communautaires ou religieuses ont émis des doutes ou protesté contre la politique du gouvernement français vis-à-vis des immigrés et des sans papiers, les seuls qui restent étrangement silencieux sont le CRIF et le consistoire. L'UJFP s'honore de faire partie du Réseau Education Sans Frontière (Resf).Nous le faisons parce que nous sommes solidaires et nous le faisons au nom de notre passé de parias.

Apparemment les institutions qui prétendent parler au nom de tous les Juifs s'imaginent que ceux-ci sont passés « de l'autre côté du miroir ».

Le CRIF s'est transformé en une institution totalitaire qui prétend qu'il n'y a qu'une seule voie juive et que juif = sioniste = soutien inconditionnel à Israël. Attitude curieuse car les Juifs français sont un enjeu en Israël. C'est la seule grande communauté qui n'émigre pas ou très peu. À peine 3% des Juifs français ont émigré, ces vingt dernières années en Israël, et une partie d'entre eux est revenue. Ceux qui partent le font pour des raisons idéologiques comme en témoigne le vote des Français vivant en Israël aux dernières présidentielles (92% pour Sarkozy dès le premier tour).

Alors que le fascisme a représenté pour les Juifs après la guerre une forme de « mal absolu », le CRIF ne trouve rien à redire à la présence dans les différents gouvernements israéliens d'authentiques fascistes (comment qualifier autrement Avigdor Lieberman ?).

Dans leur totalitarisme, les dirigeants communautaires se livrent à une propagande grossière, assimilant toute forme d'antisionisme à de l'antisémitisme. Pour le CRIF, tous les Juifs soutiennent Israël et critiquer ce pays est quelque part une preuve d'antisémitisme. En ce sens, il se comporte en véritable pompier pyromane. Après l'antijudaïsme chrétien et l'antisémitisme racial, il est possible que « l'antiisraélisme » (pour reprendre une expression d'Edgar Morin) débouche sur une nouvelle forme d'antisémitisme. Les institutions communautaires portent une lourde responsabilité.

Prenons un exemple. Il y a 3 ans l'ABSI (association pour le bien-être du soldat israélien), ne trouvant pas de salle privée pour son gala, celui-ci a eu lieu dans une synagogue. L'image donnée est déplorable. C'est une incitation directe pour que ceux qui sont solidaires des Palestiniens s'en prennent aux Juifs.

Il existe bien sûr des actes antijuifs liés à la guerre du Proche-Orient (agressions, synagogues tagguées). À l'UJFP, nous faisons de la pédagogie. Dans les manifestations pour Gaza, chaque fois qu'il y avait des pancartes douteuses du genre « étoile de David = croix gammée », nous sommes allés discuter. Nous avons expliqué qu'avant d'être le drapeau israélien, l'étoile de David était l'insigne avec lequel nos grands-parents étaient partis à la chambre à gaz. Nous avons expliqué que cette guerre n'était ni religieuse, ni communautaire, la preuve : nous sommes juifs et solidaires des Palestiniens. Dans la plupart des cas, les pancartes ont été retirées. Les actes antijuifs existent bien sûr, mais en nombre ou en gravité très inférieurs aux actes anti-arabes ou anti-musulmans. Le racisme en France continue de frapper en priorité les Arabes, les Noirs et les Roms.

Il existe toujours en France des Juifs qui ont gardé la mémoire et qui résistent aux exaltations guerrières, chauvines ou racistes. À l'UJFP, il y a des histoires personnelles très riches et très diverses, finalement assez représentatives. Notre présence dans les manifestations pour Gaza avec nos banderoles parfois communes avec l'ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France) est la meilleure réponse au communautarisme. Nous montrons que, de même qu'il existe une minorité anticolonialiste en Israël, il y a en France des Juifs qui dénoncent le crime commis en leur nom.

Les rares fois où nous parvenons à discuter avec des sionistes, nous nous opposons bien sûr totalement sur la question Palestinienne. Pour nous, la politique menée contre la Palestine est criminelle. Mais il y a un point sur lequel les sionistes ne nous contredisent pas : cette politique est également suicidaire pour les Israéliens et même pour les Juifs. À l'échelle de l'histoire, qui peut penser qu'une telle politique de destruction et de négation de « l'autre » sera sans conséquence pour les Israéliens et pourra durer éternellement ?

En ce sens, à l'UJFP, notre soutien au peuple palestinien n'est pas seulement un acte de solidarité. Nous sauvons aussi notre peau au nom d'histoires et d'identités que le sionisme veut faire disparaître.

Pierre Stambul (Bureau National de l'UJFP)
dans le n°13 du journal l'Etranger daté de mars/avril 2009
Publié par UJFP.

Quelques ouvrages pour mieux comprendre :
BURG Avraham, Vaincre Hitler - Pour un judaïsme plus humaniste et universaliste, Fayard, 2008.
SAND Shlomo, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008.
VIDAL Dominique, Le mal-être juif - Entre repli, assimilation & manipulations, Agone, 2002.

12 mars 2009

L’action citoyenne contre la propagande coloniale en Belgique

Il y a tout juste un an, en mars 2008, le Collectif « Mémoires coloniales » était créé sous l’impulsion du CADTM Belgique (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde). Qu’ils soient membres d’associations, écrivains, historiens, journalistes ou tout simplement citoyens résidant en Belgique, tous se sont unis dans ce collectif pour dénoncer la lecture officielle de l’Histoire coloniale belge, empreinte d’images d’Epinal et de discours trop souvent révisionnistes. Des actions s’appuyant sur le Manifeste pour une relecture de l’Histoire coloniale [1], véritable charte du collectif, sont alors menées depuis septembre pour d’une part, mettre en lumière les aspects négatifs et meurtriers de la colonisation belge et d’autre part, exiger une relecture globale de la colonisation soumise à la rigueur de la recherche historique (notamment par l’accès total aux archives), l’érection de monuments à la gloire de figures oubliées, l’annulation de la dette du Congo et des réparations pour la population congolaise.

La genèse du Collectif « Mémoires coloniales »

Les prémices du collectif belge « Mémoires coloniales » remontent à 2006 à Liège, plus précisément dans le hall de l’Hôtel de ville où se situe une stèle sur laquelle sont inscrits ces mots : « Aux 75 Liégeois morts pour la civilisation au Congo entre 1876 et 1908 ». Rappelons qu’à cette époque, le Congo était encore une possession personnelle de Léopold II : le territoire était annexé en échange de verroterie, la population horriblement exploitée dans les plantations de caoutchouc - entre autres - (pour mémoire, les « mains coupées » de ceux qui ne rapportaient pas leur quota de caoutchouc). Lorsqu’en octobre 2006, une conseillère de la commune « ose » demander le déplacement de cette plaque dans un musée, au motif que sa présence dans la maison communale constitue une offense envers les descendants du peuple congolais opprimé, elle se heurte immédiatement à des réactions hostiles au sein du Conseil communal et par voie de presse. Ses détracteurs, dont certains historiens, refusent même catégoriquement de débattre de la question de la colonisation car ce serait, selon eux, « instrumentaliser » l’Histoire. Choquées par ce conservatisme, une dizaine d’associations liégeoises décident alors de former une coalition pour ouvrir le débat sur la colonisation, considérant que l’Histoire coloniale de la Belgique n’est pas une affaire d’ « experts » et que tous les citoyens ont le droit de contester sa lecture officielle gravée sur les monuments comme sur cette stèle. En effet, la colonisation du Congo fait partie de l’Histoire de tous les citoyens et il est important de la relire à la lumière des connaissances dont on dispose aujourd’hui.

Cette coalition liégeoise décide de mener bataille auprès des autorités communales (bourgmestre, collège des échevins et conseil communal) en revendiquant, dans un premier temps, le déplacement de cette stèle dans un musée avec une note explicative sur les aspects négatifs et meurtriers de l’époque léopoldienne. Puis dans un second temps suite à des débat internes, cette revendication a quelque peu évolué puisqu’il n’est désormais plus question de déplacer la plaque mais seulement de lui adjoindre l’indispensable note explicative. Ce choix s’explique par le fait que la stèle constitue un témoignage historique qui ne doit pas être dissimulé car l’Histoire ne se cache pas. Mais cette Histoire n’est certainement pas figée, d’où la revendication légitime de la note explicative. Depuis 2007, cette position reste inchangée mais n’a toujours pas été suivie d’effets. Toutefois, la pression exercée par ces associations a conduit à des interpellations politiques de certains conseillers communaux pour que le conseil se saisisse de cette question. Un appel d’offre (très restreint puisque nous n’avons accès à aucune information sur son contenu) a donc été lancé début 2008 par le Conseil communal sur l’élaboration d’une note corrective. A suivre…

Parallèlement à ces interpellations politiques, la coalition a décidé de mettre cette question sur la place publique en organisant une conférence en juin 2007 qui rassembla plus de cent personnes dont des conseilleurs communaux liégeois. Cet intérêt des citoyens belges fut un des déclics dans la création du collectif « Mémoires coloniales ». En effet, Liège n’est pas un cas isolé. De nombreux monuments en Belgique, comme à Bruxelles, Ostende, Mons ou encore Namur présentent la colonisation comme un fait positif pour les populations colonisées et d’autres forces militantes existent en Belgique pour dénoncer cette propagande coloniale quotidienne. Mars 2008 marqua finalement l’acte de naissance du Collectif « Mémoires coloniales ».

La stratégie du Collectif « Mémoires coloniales » entre réflexion et actions

Pour contester la lecture de l’Histoire coloniale et sensibiliser l‘opinion publique belge qui a encore majoritairement un regard positif sur la colonisation ou tout simplement ignore le passé colonial belge [2], le collectif a décidé de construire son action de façon méthodique. C’est pourquoi en 2008, le collectif a choisi de travailler prioritairement sur le thème du patrimoine public colonial pour, d’une part, révéler au grand public les statues, monuments et noms de rues qui glorifient la colonisation et, d’autre part, réfléchir sur les différents modes de contestation à mettre en place.

Trois journées d’action et de réflexion ont alors été organisées en 2008 autour de ce thème. La première, qui eut lieu le 14 septembre, prit la forme d’une visite alternative de Bruxelles, intitulée « promenade coloniale [3] ». Cette promenade a permis de mettre en évidence l’omniprésence du Congo et du passé colonial belge dans le patrimoine public bruxellois. Tout au long du parcours, des panneaux explicatifs ont été déposés sur certains vestiges coloniaux pour informer la population sur les liens très étroits entre le Congo et son ancienne métropole. Soulignons que ces notes explicatives sont également au cœur de la stratégie du collectif pour sensibiliser la population. Parmi ces lieux de mémoire, citons entre autres l’ancien siège de la Forminière (compagnie d’exploitation forestière et minière du Congo belge) et celui de l’Union Minière du Haut Katanga (qui a notamment produit l’uranium pour les bombes à Hiroshima et Nagasaki). Le monument du cinquantenaire à la gloire de Léopold II a également été « visité » selon nos méthodes, c’est-à-dire par ces notes explicatives sans dégradation. Ce monument, qui commémore la guerre que Léopold II a mené contre les Zanzibarites à l’est du Congo, est particulièrement intéressant pour le collectif en raison d’une décision de justice progressiste. En effet, la justice belge saisie par le MRAX et la Ligue des droits de l’Homme, a décidé la suppression du mot « arabe » de ce monument. Auparavant, on pouvait y lire que les Belges avaient anéanti l’esclavagisme arabe. Cette décision de justice prouve donc que l’Histoire n’est pas figée et constitue de ce fait un argument supplémentaire pour exiger l’apposition de notes explicatives sur tous les monuments belges glorifiant la colonisation. La deuxième action eut lieu le samedi 27 septembre et se présentait, quant à elle, comme une journée de réflexion sur les monuments publics coloniaux [4]. Plusieurs interventions ont porté successivement sur le patrimoine colonial en Belgique et au Congo et leur relation avec le pouvoir politique, et sur les actions militantes menées dans différentes villes belges (Blankenberge, Ostende, Dixmude) contre certains vestiges coloniaux. La journée s’est clôturée par un débat sur les stratégies à adopter pour dénoncer la propagande coloniale gravée sur ces monuments. L’exigence de notes explicatives a, d’une part, été confirmée et d’autre part, l’assemblée a proposé que de nouveaux monuments soient érigés à la mémoire des figures oubliées comme, par exemple, les soldats congolais morts pendant les deux guerres mondiales. Cette revendication a été mise en application le 11 novembre avec la commémoration du soldat congolais inconnu au square Riga (Bruxelles), à l’issue de laquelle un monument leur a été symboliquement dédié. Un hommage à Paul Panda Farmana, (1888-1930), figure marquante de l’Histoire congolaise et africaine a également été rendu à cette occasion.

Les défis du collectif « Mémoires coloniales » entre ouverture et fermeté

Depuis sa création, le collectif se veut pluraliste. Il est ouvert à toute personne résidant en Belgique, quelles que soient sa nationalité, ses origines ou ses fonctions. Convaincu que l’Histoire est l’affaire de tous, le collectif a donc l’ambition d’être le plus large possible peu importe le niveau de connaissance sur la colonisation belge. Les réunions et les activités organisées par le collectif sont donc à la fois des lieux de formation et d’actions. Soulignons par exemple, que « les promenades coloniales » qui auront lieu également en 2009 seront l’occasion de toucher d’autres personnes et de former de nouveaux « guides [5] ». L’objectif est, en effet, de sensibiliser le plus grand nombre en jouant sur cet effet multiplicateur. Cette volonté d’informer massivement passe également par l’écho que peuvent donner les grands médias. Force est de constater que cette stratégie s‘est révélée payante puisque deux cartes blanches sont parues dans le quotidien Le Soir [6], un article de La Libre Belgique a mentionné les actions du collectif [7]
, plusieurs membres du collectif ont participé à deux émissions de télévision (TV Bruxelles [8] et RTL/Info [9]) et une émission radio (RTBF). Cette percée médiatique est incontestablement une des réussites du collectif jusqu’à présent. Un des grands défis à relever aujourd’hui est de tirer profit de cette petite notoriété pour impliquer de nouveaux acteurs en son sein et en particulier des citoyens d’origine congolaise. C’est pourquoi le collectif a organisé à l’Espace Matonge (haut lieu de la diaspora congolaise) à Bruxelles sa conférence en février dernier « Berlin II : vers un nouveau partage de l’Afrique ? [10] », pour faire écho à la semaine anti-coloniale organisée en France du 14 au 21 février 2009. Notons ici qu’une collaboration entre le collectif « Mémoires coloniales » et le collectif franco-congolais DEFIS s’est déjà concrétisée en novembre 2008 autour du centenaire du transfert du Congo de Léopold II à l’Etat belge en 1908 par un colloque à Paris.

Le collectif « Mémoires coloniales » est donc bien un espace ouvert de discussion pour l’élaboration d’actions à destination du grand public. Toutefois, le socle commun est explicitement l’engagement anti-colonialiste contenu dans le Manifeste pour une relecture de l’Histoire coloniale. Dès lors, une quelconque collaboration avec les partisans de la colonisation belge est impossible tout comme un débat interne sur les éventuels bienfaits de la colonisation. En effet, sans nier les éventuelles choses positives réalisées individuellement par certains coloniaux, le débat ne se situe pas là car l’objectif du collectif est centré sur la dénonciation du système d’oppression que fut la colonisation. Bien évidemment, la Belgique n’était pas le seul pays colonisateur mais force est de constater qu’aujourd’hui son attitude à l’égard de son passé est déplorable, comparé à certains pays (comme l’Australie ou le Canada envers les aborigène et les indiens) qui ont reconnu sans ambiguïté leur responsabilité dans les conditions de vie actuelles de ces peuples et leur ont présenté des excuses officielles.

La République Démocratique du Congo porte, en effet, toujours aujourd’hui le poids de la colonisation belge qui n’a jamais développé les infrastructures pour le bénéfice de la population congolaise. L’indépendance de 1960 n’a malheureusement pas brisé cette chaîne de l’oppression : le pillage des ressources naturelles du Congo, moteur de la colonisation, perdure encore aujourd’hui. Soulignons également que l’Etat belge et la Banque mondiale ont organisé en violation avec le droit international le transfert de la dette coloniale sur le dos du Congo au moment de son indépendance, avant de soutenir financièrement la dictature de Mobutu. La dette congolaise, qui fait le lien entre la période coloniale et la situation actuelle, est donc illégitime et doit être annulée sans condition. Cette injustice doit aujourd’hui être connue par tous pour que la pression citoyenne oblige les responsables politiques à rompre tous les liens néo-coloniaux et à réparer les dommages infligés au peuple congolais. Convaincu que le changement partira de la base, le collectif développera en 2009 des outils pédagogiques pour sensibiliser les étudiants sur la colonisation et ses conséquences.

Renaud Vivien
7 mars 2009
Publié par CADTM.


[1] CADTM.
[2] Un élève sur quatre ignore que le Congo a été une colonie belge ; dans l’enseignement professionnel plus d’un élève sur deux est dans ce cas, Ecole démocratique.
[3] Pour lire l’intégralité du compte rendu de la promenade coloniale : CADTM.
[4] CADTM.
[5] D’autres « promenades coloniales » seront organisées dès que le soleil sera de retour, une au musée de Tervuren et une dans le quartier des casernes à Bruxelles, où la plus part des noms de rues ont un lien avec les passé colonial.
[6] 4] CADTM.
[7] La Libre Belgique.
[8] Tele Bruxelles.
[9] RTL.
[10] CADTM.

Films sur la Palestine

A Nanterre du 25 au 31 mars, une semaine de films-débats sur la Palestine, UJFP.



Palestine et Cinéma : En veux-tu, en voilà !, EuroPalestine.

Le procureur de la CPI envisage d'enquêter sur Israël

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), l'Argentin Luis Moreno Ocampo, envisage d'enquêter sur Israël pour crimes de guerre après son intervention militaire qui a fait 1.300 morts à Gaza, a-t-il indiqué au journal dominical Perfil, à Buenos Aires.

"Nous évaluons le sujet, nous sommes dans une phase d'analyse. Je n'ai pas encore décidé si nous lancerons des investigations, mais il y a une possibilité que cela arrive", a expliqué M. Moreno Ocampo, quelques jours après avoir obtenu que la CPI émette un mandat d'arrêt international contre le président soudanais Omar el-Béchir, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité au Darfour.

Luis Moreno Ocampo a dit qu'il analysait les plaintes déposées devant la CPI par Ali Khasan, ministre de la Justice de l'Autorité palestinienne en janvier.

Le 27 décembre, Israël a déclenché une offensive dévastatrice de 22 jours dans la bande de Gaza, qui a fait plus de 1.300 morts palestiniens.

L'Autorité palestinienne accuse Israël d'avoir fait usage d'obus incendiaires au phosphore blanc dans des zones peuplées de civils au cours de cette opération.

"Khasan est venu dans mon bureau et a indiqué qu'il était important d'enquêter sur les crimes à Gaza", a poursuivi M. Moreno Ocampo, ajoutant qu'il attendait également sur ce sujet des documents de la Ligue arabe et d'Amnesty international.

Depuis le lancement de l'opération israélienne, la CPI a reçu 213 demandes d'intervention, auxquelles le bureau du procureur n'a pu donner suite, Israël n'étant pas signataire du traité de Rome, qui a instauré cette cour.

Cependant, M. Moreno Ocampo envisage désormais la possibilité de lancer des investigations sur la base de la plainte de l'Autorité palestinienne, ce qui constituerait un précédent historique puisque la Palestine n'a jamais été considérée comme un Etat indépendant par un organisme international, selon Perfil.

"Ils (les Palestiniens) nous ont promis de nous apporter d'autres éléments démontrant qu'ils sont un Etat, et que sur ce territoire un crime a été commis", a conclu le procureur.

Publié par AFP.

Guerre d'Israël contre le peuple Palestinien (18)



Dépêches des 8 et 9 mars 2009, Info-Palestine - Toutes les dépêches.

La manifestation non-violente de Nal'in tourne au face à face avec les bulldozers israéliens, PNN.
Des dizaines de personnes ont manifesté vendredi, après la prière, près du site ou les bulldozers israéliens détruisent les champs d’oliviers dans le village de Nal’in (à l’ouest de Ramallah).

Le cortège non-violent a été rejoint par des militants internationaux et du International Solidarity Movement protestant contre l’occupation. Le mur coupe les terres périphériques de la ville. Pendant que la manifestation se tenait, les bulldozers poursuivaient les destructions.

Un périmètre de deux kilomètres et demi qui connecte directement les résidents à leurs terres a été bloque par l’armée israélienne.

Normalement, la marche vers la clôture est immédiatement bloquée par les grenades au gaz. Hier, par contre, les manifestants ont pu exceptionnellement rejoindre la clôture et même casser le fil de fer, en formant une ouverture, sans que les soldats les dérangent.

La réponse des forces israéliennes ne s'est pas faite attendre. Elles ont tiré des dizaines de bombes lacrymogènes afin d’empêcher la circulation des manifestants. Des jeunes gens ont alors commencé à jeter des pierres sur les bulldozers.

Dans le même temps, l'armée a envahi la ville par l’ouest, l’est et le sud afin de piéger les jeunes. Des centaines de résidents de Nal'in ont été écartés de la marche de protestation.

Les forces israéliennes ont alors fermé l’accès à la ville et pénétré dans les maisons et les écoles. Des gazs lacrymogènes ont eté lancés pendant tout l'après-midi.

Trois Palestiniens et une activiste suédoise ont été blessés par des balles réelles, tandis que cinq autres ont été grièvement blessés par des coups.

L’opposition a duré jusqu’à six heures du soir. Les manifestants ont déclaré qu’ils ne fléchiraient pas face à la destruction de leurs oliviers par l’armée israélienne.


Bouclage des territoires palestiniens pour la fête juive de Pourim, AP-Yahoo! Actualités.
L'armée israélienne a annoncé lundi le début du bouclage de trois jours de la Cisjordanie, en vue de la fête juive de Pourim, la fête des enfants qui débute au coucher du soleil et s'achèvera mercredi à minuit. Conséquence: environ 50.000 Palestiniens qui se rendent régulièrement en Israël pour leur travail ne sont pas autorisés à le faire.

Les bouclages, qui comprennent des interdictions de circuler à l'intérieur des territoires palestiniens, sont en général imposés pendant les fêtes juives, et les restrictions ensuite allégées, mais pas forcément levées totalement. Le passage sera autorisé en cas d'urgence humanitaire.


Lire aussi :
• Dossier Résistance à la colonisation de la Palestine
• Bibliographie Palestine/Israël

Israël mène une politique d'Apartheid

Hier soir se tenait à l’Alternative Information Center une conférence de Hazem Jamjoum, l’un des étudiants de Toronto à l’origine de la « semaine de l’apartheid israélien ». Crée en 2005, cet évènement est l’un des plus importants rendez-vous à l’échelle internationale des militants solidaires de la cause Palestinienne.

Tout au long de la soirée, Hazem Jamjoum a tenté de démontrer que l’occupation israélienne doit être qualifiée d’apartheid.

Qualifier l’action menée par Israël d’apartheid n’est pas nouveau. Le débat était déjà présent dans les années 80 mais avait été un peu mis de coté avec les accords d’Oslo, lequel devaient garantir l’autodétermination (au moins partielle) des Palestiniens des territoires occupés.

Cependant, dans un contexte actuel de poursuite intensive de la colonisation et des, la question revient à l’ordre du jour. politiques discriminatoires envers les réfugiés et les citoyens palestiniens d’Israël

Comme le souligne Hazem Jamjoum, l’'apartheid est un terme afrikaner qui signifie "séparer", "mettre à part," "tenir à l’écart". Le terme a été universalisé par la Convention sur l'Elimination et la Répression du crime d'apartheid. Cette dernière définit l'apartheid comme "une politique et un système de ségrégation et de discrimination raciale, telle qu'elle était pratiquée en Afrique du Sud" ayant pour but «d'établir et de maintenir la domination d'un groupe racial d'êtres humains sur un autre groupe racial d'êtres humains et d'opprimer systématiquement celui-ci." Si la convention se base sur l'expérience sud-africaine, elle ne s’y limite pas. L’apartheid se caractérise par un transfère de force des populations, un contrôle de la terre, des humiliations et meurtres.

Hazem Jamjoum, qui travaille aujourd’hui pour le « Badil Ressource Center for Palestinian Residency » a multiplié les exemples qui prouvent à ses yeux qu’Israël est un régime d’apartheid. Il insiste notamment sur les destructions de maisons palestiniennes depuis 1948. Au cours des 60 dernières années, la politique d’expulsion d’Israël a forcé 70% des Palestiniens à vivre en tant que réfugiés et/ou personnes déplacées, ce qui en fait le plus long et important problème de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde d'aujourd'hui. L'expulsion des Palestiniens de leurs foyers et de leurs terres est loin d’être chevée, le dernier exemple en date étant celui du quartier Al-Boustan à Jérusalem.

De même, l’existence de systèmes juridiques différents dans les territoires palestiniens occupés est révélatrice. Les juifs sont en effet soumis à la loi israélienne, tandis que les Palestiniens sont soumis à un complexe mélange de lois datant de l'Empire ottoman, britannique, jordanien et des ordres militaires israéliennes. La loi israélienne va donc au delà des frontières du territoire. Comme le déclarait Golda Meir, premier ministre de 1969 à 1974, «La frontière [d'Israël] est l'endroit où vivent les Juifs et non celui où il y a une ligne sur la carte."

Faire reconnaitre à la communauté internationale qu’Israël est coupable de crimes d’apartheid est fondamental selon Hazem Jamjou. En effet, cela reviendrait à reconnaitre qu’Israël viole le droit international et obligerait la communauté internationale à des sanctions économiques. En attendant, il appelle la société civile palestinienne à un boycott économique des produits israéliens.

Younes Salameh
04/03/2009
Publié par PNN.

Propagande sioniste du CRIF

Le CRIF : Un sale boulot pour les juifs français

Le CRIF vient encore une fois de tenir son devenu incontournable dîner. Il se permet aujourd'hui d'éliminer les partis politiques qui lui déplaisent parce qu'ils ne soutiennent pas inconditionnellement la politique israélienne. Sans doute cela signifie-t-il pour lui qu'ils sont antisémites, ou soutiennent des antisémites. Il est atterrant d'entendre les commentaires sur ces exclusions par la plupart des media et certains élus, qui viennent confirmer l'importance de l'événement. Il faut absolument en être sinon on est un paria antisémite.

Fonctionnant en véritable groupe de pression en France au service du gouvernement israélien et de son armée (ne participe-t-il pas régulièrement à des galas chargés d'honorer et de financer cette armée?), le CRIF passe donc ses messages politiques, et presque toute la presse les relaie allègrement. La France entière les reçoit... mais surtout le gouvernement français prend position publiquement et s'aligne.

Les messages du CRIF pour l'année 2009, l'année Gaza :

1 – la France doit être placée sous le signe de l'antisémitisme qui monte

Monsieur Prasquier, celui là même qui a osé affirmer, lors d'une manifestation de soutien à l'opération israélienne à Gaza, que 95% des juifs de France soutenaient ce massacre - une phrase considérée comme franchement antisémite par Jean François Khan dans Marianne -, n'est pas gêné de parler d'une «explosion de haine d'une virulence alarmante» lors des manifestations de soutien à la population de Gaza. Ainsi il ressort la vieille bonne carte, le Joker qui sert à faire taire sur Gaza.

S'il est vrai, problématique et dangereux que des pics d'actes ou propos antisémites sont constatés à chaque opération meurtrière de l'armée israélienne contre les Palestiniens de Cisjordanie ou de Gaza, le CRIF et ses présidents successifs depuis 2000 devraient cependant s'interroger sur leur rôle actif dans l'assimilation de tous les juifs français avec la politique israélienne d'aujourd'hui, d'occupation de colonisation, de blocus et de crimes de guerre ainsi que de violations des droits humains. Assimilation qui marche aux yeux de certains, les plus fragiles et les moins construits politiquement et qui favorise les passages à l'acte antisémites au lieu de l'action politique requise.

A l'inverse, il faut rappeler le rôle exemplaire du collectif national des associations pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens comme des innombrables collectifs de Province qui ont organisé et conduit dans toute la France les manifestations politiques contre l'opération israélienne sur la Bande de Gaza. Les communiqués et appels aux manifestations, les mots d'ordres et des services d'ordre qui ont fonctionné avec la règle qu'aucun slogan raciste ne serait admis. Même si le service d'ordre parisien a été débordé par le nombre incroyable de participants dans la première manifestation, il s'est renforcé dès la seconde et a travaillé avec deux lignes rouges : pas de fascistes dans nos manifestations et pas de racisme d'aucune sorte. C'est ainsi qu'il a sorti de force plusieurs groupes répondant à l'un ou l'autre de ces deux critères (ou aux deux) des manifestations où ils tentaient d'entrer.

Monsieur Prasquier parle de haine dans ces manifestations. Non, il n'y avait pas de haine, mais une immense colère contre la violence sans limite, «sauvage» selon le terme recommandé par Tsipi Livni pour l'action de ses soldats. Oui, c'est la colère, et aussi une immense douleur devant le sort des habitants de Gaza livrés aux criminels de guerre par nos dirigeants politiques et que nous étions, nous la société civile, des millions dans le monde à défendre, exigeant que les crimes soient punis. Et cette colère n'est pas près de se calmer, pas avant que les criminels de guerre ne soient présentés à La Haye. N'en déplaise au CRIF. La haine, nous l'avons vue dans les bombardements au phosphore de Gaza, sur les écoles, les hôpitaux et les lieux de culte, entendue dans les propos des dirigeants israéliens et les commentaires d'une grande partie de la presse et même, de certains soi-disant intellectuels de gauche en Israël.

Car en réalité le CRIF et Monsieur Prasquier ont un problème : leur minable et pathétique tactique d'allumage du contre-feu «antisémitisme» pour faire oublier Gaza, si elle marche avec une certaine classe politique, qui simule la sympathie - en grinçant des dents parfois, mais alliances et stratégies néo libérales ont leurs exigences ; et effectivement pour ceux là il faudrait faire oublier Gaza et mettre au pas les Palestiniens en les obligeant à accepter l'inacceptable, comme ils tentent de le faire ici en France-, elle n'a aucune chance de prendre sur la société civile qu'elle irrite gravement et qui ne renonce pas à défendre les droits que les pouvoirs attaquent là bas comme ici.

Cette tactique est encore une fois calquée sur celle des gouvernements israéliens : comme en 2002 Sharon avait appelé à l'émigration des juifs français victimes de l'antisémitisme, aujourd'hui l'une des 5 exigences de Lieberman pour accepter la coalition avec Netanyaou et/ou Livni est la création d'un cabinet gouvernemental chargé de l'intégration de l'immigration juive qui ne manquera pas d'arriver d'Europe et d'Amérique en raison de la poussée d'antisémitisme que l'on sait. Exigence acceptée d'ailleurs par les deux leaders politiques !

Pourtant la tentative est perdu d'avance, seuls les convaincus le seront, et nous ne marcherons pas dans la combine, c'est peut-être cela que Monsieur Prasquier appelle l'antisémitisme : le refus de se taire sur Gaza et la Palestine, quoiqu'il arrive. Et le refus de céder au chantage obscène. Si l'antisémitisme se développe en France ce sera grâce au CRIF et à Monsieur Prasquier et à leur tactique du gendarme, et aussi grâce à ces nombreux média larbins des petits chefs. Nous nous resterons du côté des droits et des opprimés, contre l'injustice, et la barbarie. Mais il est clair que Monsieur Prasquier et le CRIF ne font pas le pari de la société civile et du droit, mais celui du pouvoir et de la force.

2 - La France ne doit pas aller à Genève

Prasquier a utilisé, lui, l'expression israélienne consacrée pour désigner le quatrième Conseil des droits de l'homme de l'Organisation des nations unies qui se tiendra à Genève en Avril. Il l'a appelé comme le gouvernement israélien et ses soutiens : «Durban 2» , afin de clairement l'aligner sur le premier qui s'était tenu à Durban en août 2001 au moment de la seconde Intifada.

Dans le forum des ONG parallèle à ce conseil de représentants des Etats, des propos antisémites avaient été tenus. Et l'amalgame avait été fait par Israël entre ce qui avait circulé du fait de certaines ONG, et les recommandations officielles du Conseil des droits de l'homme, afin de les couvrir d'opprobre. Car ces recommandations parfaitement honorables avaient, très timidement, remarqué que la situation des Palestiniens des Territoires Occupés méritait l'attention, tout en prenant soin de rappeler la nécessaire garantie de Sécurité pour Israël. Mais en 2001 c' était déjà trop pour Israël, et la campagne anti Durban a servi à baîllonner toutes les critiques sur l'occupation et la colonisation et leur illégalité, sur les assassinats ciblés, les meurtres de civils, les emprisonnements sans jugement ... la liste serait trop longue.

Ainsi, il faut donc se débarrasser de cette conférence: une véritable conquête pour les peuples, une organisation de l'ONU qui repère sur tous les continents les violations des droits humains et le racisme, qui fait des recommandations à chaque Etat, et qui mesure de session en session l'avancement des situations. Tout cela se fera sans Israël bien sûr, sans le Canada qui a déjà cédé à l'intimidation, sans les Etats-Unis qui viennent de se retirer, et sans doute sans la France a pratiquement annoncé Monsieur Fillon, au dîner du CRIF.

De même Israël fait partie des sept Etats avec les Etats- Unis et la Chine qui se sont opposés à la création de la Cour Pénale Internationale. Hors de question d'avoir à rendre des comptes à quiconque, Israël se situe aujourd'hui dans l'exception, au dessus des lois et critiques. Normal, tout ce qu'il peut faire il le fait pour sa survie, c'est cet obsédant discours qu'il insuffle aux israéliens et à l'étranger. Tout acte ne se justifie-t-il pas par cette raison absolue et immanente de la survie? Et là quel tribunal ou quelle conférence internationale pourrait avoir quelque chose à dire? Il est important de mesurer à quel point ce concept est intégré jusque dans l'inconscient israélien, comme un «mantra», au point même que devant chaque «crise» - et la métaphore médicale prend ici tout son sens -, les journalistes et «intellectuels» israéliens reproduisent presque mot à mot leur partition pour soutenir l'insoutenable.

Pour la société civile française, et particulièrement pour les associations oeuvrant pour une paix fondée sur le droit entre Palestiniens et Israéliens, la participation à Genève en Avril comporte un double enjeu :

  • exiger la condamnation des violations des droits humains par Israël dans les Territoires Occupés et à Gaza, ainsi que de ses pratiques légales discriminantes à l'égard de ses citoyens d'origine palestinienne ;
  • l'exiger ensemble, français de toutes origines, en même temps que nous réaffirmerons notre violente répulsion contre toute forme de racisme.


Parce que ce racisme, outre qu'il est totalement étranger à notre action et notre conception du monde, est un double piège : il veut transformer le conflit et ses enjeux de politiques en ethniques et religieux ; et du coup délégitimer un des combats contemporains les plus justes : celui de la reconnaissance des droits des palestiniens bafoués depuis plus de 60 ans. Et cela c'est le rêve du CRIF et d'Israël.

Michèle Sibony
4 mars 2009
Publié par UJFP.

Le CRIF, le ministère de l'Intérieur et notre Président de la République (lettre ouverte)

Lettre ouverte à Madame Michèle ALLIOT-MARIE, Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités territoriales.

J’apprends aujourd’hui, dans une dépêche de Reuters reprise par lemonde.fr (02.03.09 à 17h51) que le ministère de l’Intérieur travaille avec le CRIF pour établir des statistiques mensuelles des actes de l’antisémitisme.

Je suis athée. Je suis un démocrate convaincu. Je suis contre toute forme de racisme et de ségrégation, y compris et entre autre contre le racisme anti-Juif ; il n’y a pas un racisme meilleur que l’autre ni plus supportable que l’autre :

Préambule de la Constitution française : Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu’aux droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement de 2004.

Article premier de la déclaration des droits de l’homme de 1789 : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Article 2 de la déclaration universelle des droits de l’homme : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

En d’autres termes, les droits de l’homme sont à la fois français et universels ou ils ne sont pas.

Or le CRIF dans la définition de ses objectifs telle qu’elle figure sur son site Internet, place en deuxième position « l’affirmation de sa solidarité envers Israël ». Et, comme tout le monde le sait, l’État d’Israël est fondé sur un concept de citoyenneté à étages ou à degrés qui différencie les personnes par l’appartenance raciale et/ou religieuse.

La collaboration de votre ministère, de l’Exécutif français avec le CRIF est donc contraire aux valeurs françaises républicaines :

- Ou bien on considère que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits »
- Ou bien on considère que cela ne s’applique pas à certains humains, aux Palestiniens, nés en Palestine et descendants depuis plusieurs siècles de parents palestiniens.

Et vous, Madame la ministre de l’Intérieur où vous situez-vous ? Plus près de la République Française ou plus près du CRIF ?

D’une façon générale, y aurait-il un milieu acceptable où à la fois on peut être pour l’égalité universelle de tous les êtres humains et aussi pour la gradation des droits naturels des humains sur la base de la race et/ou de la religion ?

Votre ministère a dans un passé récent initié les procédures qui ont abouti à la déchéance de la nationalité française d’un citoyen de culte musulman de Lyon au motif qu’il avait considéré que selon lui, le Coran ne conçoit pas d’égalité entre les femmes et les hommes. Par analogie, quand pensez-vous déclarer illégale l’existence du CRIF qui admet l’inégalité des êtres humains, au moins ceux sous administration israélienne ?

Quand envisagez-vous de déchoir de la nationalité française les Français qui soutiennent l’inégalité de statut entre les Arabes et les Juifs en terre de Palestine ? Je parle des responsables du CRIF ?

Ou bien voulez-vous vendre en contrebande à la population française une idéologie basée sur l’inégalité des Français, à l’image de ce qui se fait en Israël dont vous soutenez le suppôt officiel en France, le CRIF ?

Le discours sur la démocratie et sur l’égalité des êtres humains sont-ils des attrape-nigauds qui maquillent les vieux démons de la France : l’esclavagisme, le colonialisme, l’impérialisme, habillés d’oripeaux plus récents ?

Sinon comment interpréter la collaboration entre votre ministère et cette organisation raciste pour établir des statistiques sociologiques ?

- Par la nécessaire rigueur scientifique des calculs ?
- Par l’objectivité des participants ?
- Pour truquer les chiffres entre complices consensuels ?

Je ne crois pas.

J’ai fait des études scientifiques poussées en statistiques : maths-sup, premier cycle de l’Institut Polytechnique de Kiev, École Pratique des Hautes Études en psychologie expérimentale. Je considère la méthode utilisée par le ministère de l’Intérieur comme inadéquate et partisane. Et j’aurais des propositions et des suggestions : Comment différencier l’anti-sionisme légitime des Français imbus des valeurs françaises républicaines les plus élevées des actes vraiment racistes ?

On peut être contre le Juif Enrico Macias parce qu’il fut un raciste de l’OAS en Algérie, parce qu’il est un raciste en France où il manifestait en faveur de l’État d’Israël au moment où ce pays se faisait condamner par l’assemblée Générale de l’ONU pour crimes de guerre.

Oui, on a le droit et le devoir d’être contre certains Juifs. Pas parce qu’ils sont Juifs, mais pour ce qu’ils font et disent.

Par exemple Monsieur Kouchner a eu des manquements déontologiques dans l’exercice de sa fonction et il a été stigmatisé par l’écrivain Pierre Péan. Mais Monsieur Kouchner a commis la bassesse de se défendre en attaquant l’écrivain d’anti-sémitisme : c’est bas. À suivre ce raisonnement, une personne d’origine juive peut commettre tous les écarts, on ne peut plus ni la critiquer ni la faire juger ni la condamner : on retrouve la citoyenneté à étages avec certains Français plus français que d’autres.

Ma première suggestion est donc d’associer équitablement toutes les composantes sociologiques de la Nation française au travail du ministère de l’Intérieur pur différencier les légitimes actes contre le sionisme des actes purement anti-Juifs : il faut faire appel à des associations issues de tous les cultes et de toutes les origines, réellement représentatives (pas des fantoches fabriqués, puis choisis par le ministère de l’Intérieur).

Pourquoi seulement le CRIF ? Pourquoi ne pas travailler ces statistiques avec aussi des associations juives anti-sionistes ? Pourquoi pas des associations chrétiennes ? pourquoi pas des association musulmanes ?

Un aréopage de telles associations serait plus objectif que le seul CRIF militant raciste pour distinguer les manifestations de l’anti-sionisme de l’antisémitisme véritable. Poussé par son idéologie sioniste, le CRIF identifie systématiquement le sionisme avec la judaïté. Or cela est totalement faux. En agissant ainsi, il se comporte, toutes choses égales par ailleurs, comme les fascistes italiens qui se présentaient comme les uniques et définitifs représentants de la latinité ou comme les Nazis allemands qui se trouvaient être les seuls représentants éternels de la germanité. Le sionisme est une idéologie marquée par son époque révolue, par les courants politiques du siècle dernier imbu de colonialisme. Si le sionisme représentait la judaïté, la majorité des Juifs du monde entier se seraient installés en Israël ; or on y trouve une minorité très minoritaire de Juifs : en pratique, le bluff sioniste ne marche pas et les sioniste du CRIF se limitent à engager des Juifs Français démoralisés pour une raison ou une autre à aller refaire leur vie ailleurs en commettant des crimes de guerres comme ceux condamnés par l’ONU.

Ma deuxième suggestion est que ce centre de mesure du racisme anti-Juif se consacre avec la même rigueur à la mesure du racisme anti-noir, anti-musulman, anti-Arabe, anti-Asiatique.

On sait bien que le vrai racisme en France et le plus répandu et le plus efficient économiquement, culturellement et politiquement, c’est le racisme anti-Arabes et anti-Musulmans. Justement parce que ces deux formes de racisme se trouvent à la confluence de la nécessité de défendre Israël et de la nécessité de faire survivre les anciennes idéologies prédatrices que l’on croirait d’un temps historique français révolu.

Si le gouvernement est sincère dans sa volonté de faire disparaître la ségrégation et le racisme, il ne ferait pas de distinction entre le racisme acceptable et le racisme inacceptable. Il mettrait le paquet « tous azimuts ».

Je suggère que les mêmes récepteurs d’actes racistes, les mêmes critères de définition soient retenus pour toutes les formes de racisme dans tous les secteurs de la société où ces phénomènes risquent d’apparaître. C’est là une précision relative à ma deuxième suggestion.

La troisième suggestion intéresse tout le gouvernement.

Ce soir lundi 2 mars, le Président de la République s’est rendu au dîner du CRIF et cela donne un poids particulier à cette lettre ouverte :

Monsieur Sarkozy, alors qu’il était candidat pour la magistrature suprême avait annoncé publiquement son ascendance partiellement juive. Il a aussi expliqué qu’il était partiellement un nouveau Français. Cela ouvrait la voie à quelques questions.

Allait-il agir pour une plus grande égalité réelle d’autres Français nouveaux, plus anciens que lui : les Sénégalais sous administration française avant la ville de Lille et la Corse, les Algériens avant les Savoyards, les Marocains, les Tunisiens avant Nice ? Ou bien allait-il se consacrer à récupérer les électeurs du Front National et à les garder ?

Autre question politique obligatoire :

Monsieur le Président de la République française se positionnait-il comme un pro-sioniste ou comme un anti-sioniste attaché aux valeurs républicaines universelles d’égalité de tous les êtres humains ? Et s’il se déclarait comme un « ami d’Israël », c’est-à-dire un ami de la nationalité à degrés ou à étages, comment allait-il gérer l’existence normale en France de Français attachés aux valeurs républicaines et anti-sionistes ?

Selon la Constitution française, le candidat à la présidence de la République est le candidat d’un parti ou d’une alliance de partis qui font campagne pour lui. Mais une fois élu, il devient le président de tous les Français.

Mais si l’on considère une partie des Français comme moins Français que d’autres, peut-on encore parler de « Président de la France » ? De « Président de tous les Français » ? À moins de nous expliquer autrement que par des déclarations péremptoires comment les valeurs de la France républicaines et les valeurs racistes fondatrices d’Israël peuvent être amies.

Pour le Président de la France, il ne doit plus y avoir ni de « Français-Gaulois » ni de Français Juifs, ni de Français d’Outre-mer, ni de Français Noirs africains, ni de Français Arabes, ni de Français Asiatiques. La France est un État né sur la base d’une population qui lors d’un époque de prédation internationale s’est ouverte au monde, elle est devenue un empire, puis elle est devenue un État basé sur des concepts : « est Français quiconque a la nationalité française » avait dit Monsieur Chevènement, alors ministre de l’Intérieur et c’était tellement juste !

Donc jouer avec le soutien au sionisme et la chasse exagérée aux terroristes islamiques intégristes peut mener à des dérives très graves : récemment, après une tentative de voyage à Gaza, j’ai été convoqué pour une audition par votre service anti-terroristes islamiques intégristes ; or je suis notoirement athée ! Alors si le ridicule pouvait tuer… votre DST se serait volatilisée !

Ou bien envisage-t-on de me déchoir de ma nationalité française pour cause de trop grand attachement aux valeurs républicaines françaises, moi dont les ancêtres sont sous administration française bien avant ceux de mon Président de la République ?

Madame la ministre de l’Intérieur, la situation des calendriers politiques US et Français font que Bush, le consommateur averti de bretzels qui donnent le vertige alcoolique est parti alors que nos futures élections présidentielles ne viendront qu’en 2012. Si Bush était encore là, il aurait pu adopter votre nouveau concept sioniste de « terroriste islamiste intégriste athée ». Mais là, je vous conseille plutôt de tourner la page et de penser à suggérer à votre gouvernement d’appliquer sérieusement les véritables valeurs françaises – et c’est là ma dernière suggestion :

La richesse d’un pays ce n’est ni ses minerais, ni son capital financier, ce sont les hommes qui le composent, leur santé, leur niveau d’instruction, leur participation à la vie publique. Or la France est riche de plus de 60 millions de personnes et parmi elles beaucoup ont une santé insatisfaisante, un logement insalubre, et un niveau d’instruction insuffisant. Dans le même temps nous avons parmi les meilleurs ingénieurs du monde, nous avons beaucoup de richesses mais qui sont dans les mains privées où elles ne servent pas toujours l’intérêt général. Alors faisons se rencontrer les deux : les forces du travail et de création et les élites dirigeantes ; investissons dans nos quartiers populaires pour en faire des zones d’innovations et de croissance. Et que votre gouvernement laisse enfin tomber les phobies anti-terroristes déplacées, inventées pour stigmatiser une partie du peuple français aux yeux de l’autre, c’est-à-dire pour diviser le peuple français et l’affaiblir dans la concurrence internationale.

La lutte à outrance contre le terrorisme fictif, fantasmé est devenue ringarde. Mis surtout n’allons pas faire de la prédation chez les autres pour fabriquer nous-mêmes nos futurs terroristes. Respectons la volonté des peuples, le peuple palestinien ou égyptien en premier et cessons de soutenir des dictateurs ou des fantoches contre leurs peuples. Pensons à nous enrichir par notre travail et non pas par des rapines militaires internationales..

Madame la Ministre, je suis conscient que les propos que je tiens sortent de la norme habituelle ; j’ai décidé de faire comme notre Président de la République et de vous dire clairement ce que tout le monde pense. C’est une vertu républicaine, nourrie de valeurs républicaines authentiques.

Voilà pour quelle raison, l’information relative à la collaboration de l’État et du CRIF me choque en tant que Français ; l’ancien Secrétaire Général de l’ONU, ancien secrétaire général de la francophonie, très grand ami de la France, l’ancien ministre des affaires étrangères du gouvernement modéré de Moubarak, le Chrétien, Monsieur Boutros Boutros Ghali a écrit dans son livre « Quand viendra la nouvelle lune », alors qu’il résidait en France en 2002 :

« La France n’a pas rompu avec son passé colonial : ses nouveaux territoires ont pour nom les « banlieues chaudes » ou les « quartiers sensibles » des grandes villes françaises. Les cinq millions de Musulmans de France sont des citoyens de seconde zone. Et le phénomène Le Pen s’alimente de cette crise ethnique. Le vrai problème n’est pas tant d’éliminer l’extrême droite que d’en finir avec une politique de l’autruche, qui se pare de grands principes républicains d’égalité et de fraternité. Pas un seul député musulman à l’assemblée. Pas un seul préfet musulman. Et sur les quelques trente six mille maires que compte la France, je serais curieux de savoir combien sont musulmans. Dans la mesure où les statistiques n’intègrent pas les différences de race et de religion, il est difficile de connaître le pourcentage de chômage parmi les musulmans. Mais il est à parier qu’il est élevé. »

Est-il nécessaire d’ajouter à ce tableau la proportion de Musulmans et d’Africains non musulmans dans les prisons ?

Tout est dit : la ségrégation institutionnelle, ses effets économiques et politiques. Et c’est la prorogation de cela que veut le CRIF pour garder une plus grande influence en faveur d’Israël : il veut la décadence de la France au profit d’Israël. Il est urgent de se démarquer de ces positions anti-françaises, au service de l’étranger. Et cette urgence concerne en premier lieu notre Président de la République, son gouvernement et votre ministère de l’Intérieur et malheureusement notre appareil judiciaire aussi.

Abdellah OUAHHABI
02/03/09
Publié par Le Grand Soir.
Lire aussi : Laurent Mucchielli, Le « retour de l’antisémitisme » : discours rituel au dîner annuel du CRIF, 3 mars 2009.

J'accuse le CRIF

Enième amalgame entre soutien aux Palestiniens et antisémitisme lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France.

La relaxe de Siné peut bien résonner comme un signal fort à leur adresse, il en faudrait plus pour calmer ceux qui ont coutume d’utiliser l’accusation d’antisémitisme comme une arme de terrorisme intellectuel - ce qui dessert in fine les juifs, en renforçant le vrai antisémitisme, comme l’explique Philippe Cohen dans son retentissant coup de colère contre Bernard Kouchner. Quelques jours après l’énoncé du verdict déboutant la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme se tenait en effet le dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Son président, Richard Prasquier, y a déclaré durant son discours : "Les manifestations prétendaient soutenir la population de Gaza contre les attaques d’Israël, contre qui aucun qualificatif n’a été épargné : génocidaire, nazi, honte de l’humanité. Mais il y a eu aussi ces cris de "mort aux juifs !", cette insulte monstrueuse de l’étoile de David impunément identifiée sur les banderoles à la croix gammée, il y a eu ces maquettes de fusées Qasam glorieusement transportées dans les rues de Paris par des militants cagoulés. Pour bien des organisateurs, nous l’avons compris, l’objectif réel était de glorifier le Hamas. Nous sommes dans un pays libre : manifestations de soutien à la population palestinienne, manifestations d’hostilité à la politique israélienne, tout cela est normal. Mais comment admettre qu’on défile sous les drapeaux de ce mouvement architerroriste qu’est le Hamas avec des banderoles de haine et des slogans de mort ? Je comprends celui qui vient aider des populations en détresse et qui se laisse manipuler ; mais comment croire ces militants politiques aguerris de l’extrême gauche qui prétendent n’avoir rien vu et rien entendu de ces débordements ? Sur les photos on ne les voit pourtant pas fermer les yeux ou se boucher les oreilles !" Quant à François Fillon qui lui succédait à la tribune, il en a remis une louche : "Nous n’acceptons pas que des manifestations prétendument pacifistes dégénèrent en débordements de violence, cautionnés par la complaisance de certains responsables politiques", s’est-il ainsi vertueusement indigné.

Lisons ce qu’en dit Dominique Vidal, journaliste du Monde diplomatique, fils d’un survivant d’Auschwitz et d’une jeune fille juive cachée pendant la guerre par des paysans chrétiens du Chambon-sur-Lignon : "Là où la légitimité s’arrête, c’est quand M. Prasquier — malheureusement suivi par le premier ministre — dénonce comme antisémites les participants aux défilés de solidarité avec Gaza, allant jusqu’à exclure de son dîner les Verts et le Parti communiste français — PCF —, accusés de « ne pas s’être élevés contre le kidnapping (sic) des manifestations par des mouvements islamistes, avec des slogans antijuifs ». Quiconque y a pris part sait pourtant que ces débordements furent à la fois marginaux et unanimement condamnés. Quand, à l’issue d’un cortège du CRIF, le 7 avril 2002, les nervis du Betar et de la Ligue de défense juive (LDJ) s’en prirent aux passants d’origine arabe, accusa-t-on M. Roger Cukierman, alors président du CRIF, d’avoir conduit une « ratonnade » ? Question toujours d’actualité : qui protège la LDJ, interdite aux Etats-Unis et en Israël, mais autorisée en France malgré ses violences récurrentes ?" Excellente question ! Plus de détails sur le Bétar et la LDJ sont exposés dans notre billet consacré à l’affaire Rudy H.

Comme le précise Dominique Vidal, les communistes et les Verts n’ont donc pas été conviés cette année au dîner du CRIF. Sans doute sont-ce eux qui sont visés par Fillon dénonçant "certains responsables politiques", avec ceux du NPA, mais la LCR dont le nouveau parti émane n’a de toute façon jamais été invitée - "on n’y serait jamais allé », s’esclaffe Alain Krivine, cité par Libération. Juif lui-même, mais farouche adversaire de la politique menée par l’Etat d’Israël. Comment le PCF réagit-il au boycott dont il est la cible ? Sa responsable, Marie-George Buffet, juge que le CRIF "fait une confusion" : "Les familles de Justes sont très nombreuses au sein du PCF qui s’est toujours battu contre le racisme et l’antisémitisme. Il y a une situation au Moyen-Orient, avec le comportement inadmissible du gouvernement israélien, mais aussi la lutte formidable des pacifistes israéliens et la résistance courageuse du peuple palestinien pour obtenir un Etat. Et puis, il y a la communauté juive en France et l’histoire du Parti communiste qui a toujours été aux côtés des juifs de France dans la résistance contre l’occupant nazi." Pour les Verts, la réaction est plus offensive, par la voix de Martine Billard, députée de Paris d’ordinaire habituée du dîner, qui accuse les responsables du CRIF de "faire un trait d’égalité entre Israël et les juifs" et de "prêter ainsi le flanc à cette dérive, hélas, d’antisémitisme inadmissible". Et de fait : que lit-on sur le site de l’organisation communautariste, à la rubrique Présentation générale ? "Les grands axes prioritaires du CRIF sont : La lutte contre toutes les formes d’antisémitisme, de racisme, d’intolérance et d’exclusion ; l’affirmation de sa solidarité envers Israël et son soutien à une solution pacifique au conflit du Proche-Orient ; la préservation de la mémoire de la Shoah, afin que les futures générations n’oublient pas les victimes juives de la barbarie nazie." Glissons sur les points 1 et 3 pour déplorer que le deuxième "grand axe prioritaire" soit "l’affirmation de sa solidarité envers Israël". Pour faire bonne figure, le texte précise "son soutien à une solution pacifique au conflit du Proche-Orient", mais il faut alors objecter que les deux termes sont incompatibles : depuis soixante ans, les dirigeants israéliens ont tout fait sauf favoriser la "solution pacifique" que le CRIF appelle de ses voeux - ils la torpillent même consciencieusement et avec une belle constance.

La "solidarité avec Israël" revendiquée par l’organisation juive française est-elle distincte du soutien aux dirigeants de l’Etat hébreu ? Evidemment pas, comme l’a prouvé une nouvelle fois la récente attaque sur Gaza, qui a donné lieu à une manifestation en sa faveur organisée par le CRIF. "Le 4 janvier 2009, nous avons manifesté dans la dignité et le calme notre solidarité à l’égard de l’Etat d’Israël comme c’est notre droit de citoyens français, a rappelé Prasquier lors de son discours. Nous n’avons pas manifesté contre les Palestiniens", a ajouté l’hypocrite. Le 4 janvier, les Gazaouis mouraient sous les bombes. Et le CRIF d’aller manifester sa solidarité avec l’Etat d’Israël au moment où son armée attaque Gaza : n’est-ce pas manifester contre les Palestiniens que de soutenir le massacre dont ils sont victimes (pas loin de 1500 morts), alors même qu’il est en train d’être perpétré ? En clair, l’organisation de Prasquier ne manifeste pas contre les Palestiniens mais en faveur de ceux qui les tuent : la nuance est subtile ! Les propos du président du CRIF sont exemplaires d’un fanatisme chevillé au corps dès lors qu’il est question d’Israël : "Certains osent suggérer ou même écrire que par leur attachement à Israël, les juifs de France, et le CRIF en particulier, se rendent eux-mêmes responsables des débordements antisémites, disait-il toujours dans la même allocution. Cette phraséologie fielleuse, nous l’avons connue dans notre histoire. "Ne soyez plus ceci ou cela, en gros ne soyez plus juif, et il n’y aura plus d’hostilité contre vous", nous disait-on alors. Aujourd’hui on nous enjoint hypocritement : "Soyez contre Israël, sinon il sera normal que nous soyons, ou que les autres soient, antisémites." C’est ainsi qu’Arthur, sous prétexte d’être juif et de soutenir Israël est interdit de spectacle par des manifestants extrémistes*." Imposture intellectuelle que ce discours ! Il ne s’agit pas d’être "contre Israël" mais contre, en l’occurrence, les exactions perpétrées vis-à-vis d’une population civile, et de façon plus générale l’oppression subie depuis soixante ans par le peuple palestinien. Et aussi contre la violation par l’Etat d’Israël des résolutions de l’ONU, l’édification illégale du mur de séparation d’avec les territoires palestiniens, la construction de nouvelles colonies, illégales elles aussi... Mais non, sous prétexte d’ "attachement à Israël", le CRIF cautionne et encourage tout cela. Si on le lui reproche, on est bien sûr aussitôt taxé d’antisémitisme. Et là où ça devient problématique, c’est que cette organisation est censée exprimer la voix des juifs français. Ce sont donc bien ses responsables, en manifestant constamment ce soutien aveugle aux dirigeants de Tel Aviv, qui entretiennent le sentiment que "tous les juifs soutiennent les persécutions infligées aux Palestiniens", ce qui est bien sûr faux. Oui, le CRIF est coupable de désigner l’ensemble des juifs de France comme ennemis déclarés du peuple palestinien, en traçant, suivant la formule de Martine Billard, "un trait d’égalité entre Israël et les juifs". Et que penser de la sortie du grand rabbin de France, Gilles Bernheim, déclarant durant la manifestation organisée par le CRIF que "la seule préoccupation de l’armée israélienne est de préserver, avec amour et courage, l’idée d’humanité pour tous les hommes", en pleine offensive sur Gaza (propos recueillis par Libération) ? Irresponsable provocation ! Tout ceci ne justifie nullement l’antisémitisme, qui représente évidemment une abjection. Tentons un instant de pénétrer un cerveau antisémite. Que lui donne à penser l’attitude réitérée du Conseil représentatif des institutions juives de France ? Que les juifs soutiennent toujours les juifs, quels que soient leurs crimes, par solidarité juive. Et que si l’on combat l’Etat d’Israël, il faut s’attaquer aux juifs.

Pour l’amour de l’Humanité en général et celui d’Alix et Juliette Bonnet en particulier, j’accuse le CRIF de mettre en danger mes enfants, comme tous les autres enfants juifs de France, en ouvrant une voie royale à l’antisémitisme.

L’Union juive française pour la paix rejoint cette position, qui a adressé aux dirigeants du CRIF une lettre ouverte : "Les masques sont tombés et maintenant, ça suffit ! Vous n’avez absolument aucun droit de parler, ni en notre nom ni au nom de tous les nôtres qui ont été parqués dans les ghettos, assassinés dans les pogroms, anéantis dans les camps de la mort, mais qui aussi ont été de toutes les luttes, de celles de l’Internationale pour un monde meilleur à celles de la Résistance à l’envahisseur nazi, contre le colonialisme et pour la liberté, la justice, la dignité et l’égalité des droits.

Vous avez applaudi, encouragé les crimes de l’armée israélienne écrasant sous les bombes la population dans ce que vous appelez « entité hostile », réduisant en tas de gravats ses maisons, dévastant ses cultures, prenant pour cible les écoles, les mosquées, les hôpitaux les ambulances et même un cimetière….Dès lors vous vous êtes placés dans le camp des tenants de l’apartheid, des oppresseurs et des nouveaux barbares , et le sang de leurs victimes rejaillit sur vous.Ce faisant, vous avez perdu tout sentiment humain, toute compassion devant cette détresse, vous nous avez outragés et salis en assimilant tous les Juifs à des supporters d’une bande de criminels de guerre comme vous avez déshonoré la mémoire de Rachi, d’Edmond Fleg, d’Emmanuel Lévinas et de tant d’autres, enfin de tout ce que le judaïsme français comportait de richesse humaine, d’intelligence et de lumières.Vous avez voulu faire d’un conflit colonial et géopolitique un conflit communautaire et en prétendant que « 95 % des Juifs français approuvent l’intervention israélienne », vous attisez l’antisémitisme dont vous prétendez vous inquiéter de la résurgence, en pompiers pyromanes."

* : Au sujet d’Arthur, les manifestants de Vals-les-Bains (Ardèche) n’ont pas interdit le "comique" de spectacle, ils sont venus protester contre son soutien à l’agression perpétrée sur les Gazaouis en réclamant l’arrêt des bombardements. Après plus d’une heure de manifestation et le départ des militants, c’est Arthur lui-même qui a annulé son spectacle, expliquant aux spectateurs qu’il n’avait "plus le cœur à rire". Il a ensuite déclaré : "jamais je n’aurais imaginé, que dans mon propre pays, (...) on puisse manifester contre moi uniquement parce que je suis juif", accusant la manifestation incriminée d’antisémitisme. Faux et archifaux ! Il ne fut pas la cible de manifestants uniquement parce qu’il est juif, comme il le prétend sans honte, mais en tant que soutien de la politique - criminelle ! - du gouvernement israélien. Claude Raymond, membre de l’Union juive française pour la paix, parmi les manifestants ce soir-là, recadre le débat dans Le Dauphiné libéré : "Arthur est un sioniste convaincu qui apporte son soutien financier et tient des propos sionistes insupportables". Voilà bien ce que lui reprochaient les manifestants. Peut-on taxer d’antisémitisme des membres de l’Union juive française pour la paix ? Pour les Torquemada pro-israéliens, sans aucun doute : même les juifs sont anti-juifs dès lors qu’ils n’applaudissent pas la politique d’Israël.

PS : nous consacrerons un second billet à ce dîner du CRIF, disséquant celui-là le discours indigne qui y fut tenu par le Premier ministre François Fillon, dont une seule phrase est citée dans le présent article. Or le reste mérite amplement le détour.

Olivier Bonnet
09/09/2009
Publié par AgoraVox - Yahoo! Actualités.

10 mars 2009

Films israéliens

Le 31e Cinéma du réel programme l'iconoclaste film israélien "Diffamation", AFP-Yahoo! Actualités.
Pour sa 31e édition, le festival international de documentaires Cinéma du réel montre, au Centre Pompidou à Paris, des films inédits et iconoclastes, à l'instar de "Diffamation" de l'Israélien Yoav Shamir, en compétition parmi une vingtaine d'oeuvres du monde entier.

Yoav Shamir, qui rencontrera le public à l'issue de la projection, tente d'y répondre à une question simple : "Qu'est-ce que l'antisémitisme aujourd'hui ?".

Bien qu'évoqué quotidiennement dans les débats politiques et les colonnes des journaux en Israël, affirme-t-il en préambule, l'antisémitisme demeure flou pour un jeune homme qui comme lui, est né et a grandi dans l'Etat juif.

Sur un ton irrévérencieux, Shamir mène une enquête sérieuse qui le mène notamment aux Etats-Unis au sein d'une organisation, la Ligue Antidiffamation (Anti defamation league), qui collecte et diffuse des statistiques sur les actes antisémites à travers le monde.

Il interroge aussi l'historien Norman Finkelstein, fils de survivants du ghetto de Varsovie et auteur d'un livre polémique "L'industrie de l'Holocauste", qui dénonce une instrumentalisation de la Shoah par les organisations juives américaines.

L'antisémitisme est-il un fléau endémique qui, aujourd'hui comme hier, peut mener insidieusement "du mot raciste au génocide" comme le dit l'ADL ? Peut-on préserver la mémoire de l'Holocauste sans entretenir dans la communauté juive un sentiment de victimisation, une certaine paranoïa, voire une insensibilité aux souffrances de l'autre ? Ou encore, peut-on critiquer la politique d'Israël vis-à-vis des Palestiniens sans être traité d'antisémite par de puissants lobbies de droite ?

Ces questions iconoclastes et bien d'autres sont au coeur de "Diffamation", dont les séquences les plus fortes montrent des lycéens israéliens en voyage d'études dans les vestiges de camps de la mort en Pologne.

Les enseignants et surtout l'agent des services secrets israéliens qui les accompagnent les mettent en garde contre tout contact avec une population locale qui "hait encore les juifs" et pourrait leur faire du mal, leur dit-on.

"En Israël, on fait en sorte que ces jeunes portent en eux le traumatisme de la Shoah. Dans le film, une adolescente dit «Je veux ressentir ce que ma grand-mère a vécu» et je trouve cela très triste", affirme Yoav Shamir dans un entretien à l'AFP.

"Israël est un pays magnifique, c'est mon pays et je veux y vivre, mais j'ai peur qu'il ne s'isole du monde, à force d'être régi par la peur", poursuit-il.

"J'espère que mon film ouvrira les yeux à certains, qu'il créera un débat".

Lire aussi :
• Defamation, Centre Pompidou
• Defamation (Diffamation), Cinéma du réel