3 avril 2009

Propagande pour le Tibet

L'anniversaire de la fuite du Dalai-Lama vers l'Inde en mars 1959 fut l'occasion d'une nouvelle opération de propagande en faveur non seulement du Tibet, présenté comme "l'enfer" sous domination chinoise, mais aussi du chef religieux et politique d'un système séculaire d'oppression des Tibétains.

Les médias dominants répètent en boucle les mêmes mots, les mêmes phrases en tordant l'histoire et en faisant du bouddhisme tibétain une victime du communisme chinois et de Tenzin Gyatso un héros des droits de l'homme. L'histoire est naturellement plus complexe et certainement pas en faveur des moines tibétains ni du Dalai-Lama [1].


Élisabeth MARTENS et Jean-Paul DESIMPELAERE viennent d'écrire "Le Boudhisme tibétain" (à paraître le 17/04/2009 aux éditions Aden) :
Le livre est une déconstruction systématique des stéréotypes que nous nous faisons du Bouddhisme Tibétain, à savoir "une philosophie de vie et pas une religion, une religion athée, sans dogme et non confessionnelle, prêchant le pacifisme, la tolérance et la compassion, non politisée et sans ambitions économiques". L’instrumentalisation à des fins politiques de cette philosophie religieuse est un des points central du livre [2].

La Fondation Gabriel Péri organise une conférence-débat avec les auteurs le 14 mai 2009 à Paris sur le thème "Tibet : Fascination ou Manipulation ?" (voir Reflets de Chine).

Dans ce contexte, la promotion de Sa Sainteté le Dalaï Lama par le député-maire Jean-Marc Ayrault, soi-disant représentant de la République laïque, est le symptôme du retour de l'idéologie religieuse dans le champ politico-médiatique [3]. Mais il est probable que la propagande hystérique pour le Tibet touche à sa fin car la Chine a salué... le retournement du président Nicolas Sarkozy sur cette question [4]. Seule la gauche restera peut-être fidèle à la théocratie tibétaine...

Serge LEFORT
03/04/2009

Lire aussi :
• Chine-Tibet 2008
- Monde en Question
- Tian-Di
- Tibetdoc
- Wikipédia
• Chine, Monde en Question Blogger - WordPress.
• Bibliographie & Dossier documentaire Chine, Monde en Question.


[1] Lire les articles à partir du 10 mars 2009 :
Yahoo! Actualités.
Alvinet Actualité.
[2] 11/02/2009, Tibet, deux personnages incontournables, Reflets de Chine - La Chine vue autrement.

ALBIÉ Alain, Reflets de Chine - La Chine vue autrement.
- Articles, Investig’action
- Articles, Tibetdoc

DESIMPELAERE Jean-Paul, Tibetdoc
- Articles, Investig’action
- Articles, Mondialisation
- Articles, Radio86 - Tout sur la Chine
- Articles, Reflets de Chine
- Articles, Tibetdoc
- Bibliographie, Monde en Question

MARTENS Élisabeth, Tian-Di.
- Articles, Investig’action
- Articles, Le Grand Soir
- Articles, Mondialisation
- Articles, Radio86 - Tout sur la Chine
- Articles, Reflets de Chine
- Articles, Tibetdoc
- Bibliographie, Monde en Question

• 25/01/2008, Elisabeth Martens - Spécial Tibet, le défi à la Chine, Investig’action
En réponse aux articles du Nouvel Obs. du 17 janvier 2008
1. La carte du « Tibet historique » se base sur une approximation de ce que fut l'Empire des Tubo pendant environ un siècle (8ème). L'Empire des Tubo s'est effondré au 9ème en raison de divisions claniques. Suite à la chute des Tubo, les monastères bouddhistes, assez disséminés et surtout fort contestés par les représentants de la religion préexistante (le Bön), prennent en main l'organisation du pays.
2. Le Tibet n'a pas été « annexé à la Chine en 1959 », mais au 13ème siècle, lorsque les Mongols ont envahi la Chine des Song. Constatant la grande influence des monastères bouddhistes sur les populations tibétaines, les Mongols ont désigné des hauts lamas pour devenir responsables administratifs du Tibet.
3. Le Tibet n'a pas été un « protectorat chinois », mais il est devenu une province chinoise au 18ème siècle, lorsque les Qing (dynastie mandchoue) ont divisé le vaste Empire chinois en 18 provinces. C'est à cette époque que le 5ème Dalaï-Lama fut nommé dirigeant politique du Tibet, ce que restera la lignée des Dalaï-Lamas.
4. Donc, le Tibet connut une brève indépendance au 8ème siècle, et depuis lors ne put plus accéder à ce titre. Aucun gouvernement au monde, ni l'ONU, n'a jamais reconnu une indépendance du Tibet vis-à-vis de la Chine, depuis cette lointaine époque des Tubo.

• 21/03/2008, MARTENS Elisabeth, Violences au Tibet : un avis alternatif, Investig’action
D’après des témoins occidentaux présents sur place, e.a. James Miles, journaliste pour « The Economist » , les violences commises à Lhassa durant cette semaine – date de commémoration de la « Rébellion nationale de mars 59 » - ont été inaugurées par des Tibétains, dont des lamas qui encourageaient des groupes de jeunes à commettre des actes destructeurs.
Les manifestations de violence étaient organisées : les Tibétains portaient des sacs à dos remplis de pierres, de couteaux et de cocktails molotov. Les morts causés par ce drame sont tous des Chinois. Les dégâts matériels, destruction de commerces, incendie de véhicules, étaient clairement tournés contre les Chinois. Les manifestants tibétains s’en sont également pris à des écoles primaires, des hôpitaux et des hôtels.
De sorte que les Occidentaux présents sur place, pour la plupart des touristes, se demandaient quand la police allait intervenir. Rejointe par l’armée chinoise, elle est intervenue suite à deux jours de violence. Les autorités chinoises craignaient-elles la réaction des pays occidentaux ? … pays qui, en réalité, n’attendaient que cette intervention pour parler de « répression sauvage par l’armée chinoise et de chasse aux manifestants ». Comment lire ces faits ?

• 28/03/2008, MARTENS Elisabeth, Tibet : Réponses sur l'Histoire, la religion, la classe des moines, les problèmes sociaux, la répression, le rôle des USA…, Investig’action
Il faut analyser à qui profitent ces émeutes : ni aux Chinois, ni aux six millions de Tibétains de Chine. Elles servent essentiellement à ameuter l'opinion publique autour des violations des Droits de l'homme en Chine, le manque de liberté d'expression, et les diverses répressions que nous incriminons au gouvernement chinois. Donc, elles servent à donner de la Chine une image exécrable, ceci juste avant les JO qui vont rassembler la presse internationale à Pékin.
...
A nouveau, c'est l'information qui est donnée chez nous : après avoir mis en lumière la tromperie quant au génocide ethnique, on s'est rapidement tourné vers le « génocide culturel ». Il est évident que, moi, en tant que petit individu, si je dis l'inverse, personne ne me croira, mais il suffit d'aller voir sur place pour vous en convaincre.
...
L'opinion publique suit les médias et les médias obéissent aux intérêts économiques. Ne vit-on pas dans une dictature économique chez nous ? La censure est aussi réelle ici qu'ailleurs, mais mieux camouflée. En Occident, on n'est pas enfermé en prison pour ses opinions, mais bien dans sa tête, puis dans la maladie qui en résulte. Je me demande parfois ce qui vaut mieux. Donc votre question réelle devient : « comment expliquer le sentiment pro-tibétain véhiculé par notre système économique » ? Ni les E-U, ni l'Europe n'apprécient les avancées fulgurantes de la Chine sur la scène internationale. Tous les coups sont bons pour la contrecarrer : « Il faut foutre le bordel pendant les JO à Pékin ! » crie Cohn-Bendit dans son discours en séance plénière à propos du comportement que l'UE doit adopter face à la Chine. Ceci, pas même une semaine après les événements qui ont enflammé le cœur de Lhassa ! C'est assez monstrueux, mais cela démontre par « a+b » que le « grand monde de la diplomatie et du trust financier » n'a cure du Tibet, ce qui lui importe c'est « foutre le bordel en Chine ».

• 28/03/2008, PEREZ Benito, «Le bouddhisme tibétain, une philosophie ? C'est à s'esclaffer !», Le Courrier
Entretien avec Elisabeth Martens. Le dalaï-lama et son entourage portent les couleurs du pacifisme et se doivent d'entretenir l'image de tolérance et de compassion qui sied au bouddhisme tibétain, afin de séduire l'Occident. Lors des récentes émeutes, quand les actes de violence ont atteint un niveau de barbarie sans nom, il s'en est distancié. Au sein de la communauté tibétaine en exil, il existe une scission: d'une part, les modérés, dont le dalaï-lama, qui ne demandent pas l'indépendance mais une «autonomie poussée». D'autre part, les radicaux, fraction montante au sein du gouvernement en exil, qui exigent l'indépendance et sont prêts pour cela à prendre les armes. En réalité, cette dualité est très utile à leur parrain commun, les Etats-Unis: le dalaï-lama et sa suite (européenne, surtout) sert à rassembler les intellectuels occidentaux autour des thèmes de «démocratie», de «droit de l'homme», tandis que la fraction «dure» rassemble de plus en plus de membres grâce à un discours musclé. Apparemment, ce sont ces derniers qui ont mis le feu aux poudres. En provoquant des émeutes à caractère raciste, ils ont obligé le gouvernement chinois à sortir la grosse mitraille.

• 08/04/2008, « L'exaspération sociale est le ressort du mouvement au Tibet », l'Humanité
• 10/04/2008, MARTENS Elisabeth, Tibet : un appel à l’esprit critique !, Investig’action
«Ne croyez pas une chose parce que beaucoup en parlent, ne croyez pas sur la foi des temps passés, ne croyez à rien sur la seule autorité de vos prêtres et de vos maîtres. Après examen, croyez ce que vous-même aurez expérimenté et reconnu raisonnable, qui sera conforme à votre bien et à celui des autres».
...
Comment les Européens réagissent-ils à une telle mascarade? De la manière la plus attendue et la plus formelle qui soit. Les parlementaires se plient en quatre devant les grands prêtres oranges, les banderoles pro-tibétaines volent dans l’air azuré de Paris, les jeunes branchés écolo-bio et les intellos de gauche sont les plus atteints : c’est à en pleurer de misère intellectuelle !
...
De cœur avec les Chinois et les Tibétains de Chine, je m’insurge donc face au manque de réflexion et d’analyse critique qui caractérise l’Europe dans ces événements liés, non pas au Tibet réel, mais aux Tibétains en exil manipulés par l’affairisme et le consumérisme de l’Occident.

[3] Lire :
• 28/08/2008, La promotion de Sa Sainteté le Dalaï Lama, Monde en Question].
• 02/04/2009, À quand le Tibeton ?, Reflets de Chine.
[4] La Chine salue l'engagement français sur le Tibet, Xinhua.
La Chine a indiqué jeudi à Beijing qu'elle appréciait l'engagement formel de la France de ne soutenir aucune forme "d'indépendance du Tibet".
La Chine et la France ont publié un communiqué de presse conjoint le 1er avril.
Selon le communiqué, la France reconnaît pleinement l'importance et la sensibilité du problème du Tibet et réaffirme son adhésion à la politique d'une seule Chine et sa position selon laquelle le Tibet fait partie intégrante du territoire chinois, conformément à la décision prise par le général Charles de Gaulle, qui n'a pas changé et restera inchangée. Dans cet esprit et selon le principe de non-ingérence, la France refuse de soutenir toute forme "d'indépendance du Tibet".
"La France s'est solennellement engagée", a déclaré Qin Gang, ajoutant : "La position de la France est explicite et nous espérons que la France pourra se conformer aux principes et à l'esprit exposé dans le communiqué."

2 avril 2009

Ces français qui soutiennent les bourreaux

Pour faire connaître des noms de ceux qui soutiennent l’armée d’occupation de la Palestine, du sud de la Syrie et du sud du Liban

Cette armée qui perpétue crimes et actes racistes et de haine contre les peuples arabes, cette armée de voleurs... qui se voit absoute de tous ses actes et violations. En voilà : ils sont chez nous, adulés, honorés, respectés, écoutés...



Ariel Zeitoun, Patrick Braoudé, Daniel Sibony, Ivan Levaï, Marek Halter, Enrico Macias, Alain et Marc Nacash, Richard Berry, Michel Jonasz, Gad Elmaleh, Rika Zaraï, Gérard Miller, Elie Semoun, Daniela Lumbroso, Stephan Shayevitz, Alain Ayache.

Publié par CCIPPP selon ABSI - Association pour le soutien à Israël.

Lire aussi : L’importation abjecte du conflit israélo-palestinien, version "people", To Exist is to Resist

Ariel Zeitoun

Ivan Levaï

Enrico Macias

1 avril 2009

La caricature de la "liberté de la presse"

Tout le monde se souvient de la campagne médiatique, orchestrée en 2006 sous prétexte de "la liberté de la presse", pour défendre la provocation du quotidien danois Jyllands-Posten qui publia, le 30 septembre 2005, douze caricatures contre l'Islam et les musulmans.


Ceux qui douteraient encore que "la liberté de la presse" ne fut qu'un prétexte pour masquer le racisme anti-arabe et l'islamophobie, ceux-là devraient méditer la campagne d'organisations sionistes contre la publication d'une caricature sur... la guerre israélienne à Gaza [1].


Une fois de plus, les organisations sionistes soutiennent les crimes de guerre du gouvernement israélien et voudraient faire taire toute critique en agitant l'accusation d'antisémitisme. Cette stratégie est de plus en plus dérisoire et se retourne contre ses auteurs.


Serge LEFORT
01/04/2009

Lire aussi : La caricature de la "liberté de la presse", Monde en Question Blogger - WordPress


[1] Caricatures sur l’attaque israélienne : des juifs américains en colère, PNN.
Des juifs américains ont condamné un éminent caricaturiste politique, après la publication dans le Washington Post d’une caricature décrivant l’attaque israélienne sur la bande de Gaza.

La Ligue Anti-Diffamation (ADL), une ONG basée aux Etats-Unis dont l’objectif est de lutter contre l'antisémitisme, a condamné la publication de mercredi sur le quotidien américain. La caricature de Pat Oliphant est parue dans le New York Times également est a immédiatement circulé sur internet.

Le directeur de l’ADL, Abraham H.Foxman, a déclaré que la caricature est «affreusement antisémite».

«L’utilisation bizarre et offensive de l’étoile de David, mêlée à une imagerie nazie, est affreusement anti-sémite», a affirmé Foxman mercredi. «Il emploie l’imagerie nazie en dépeignant Israël comme une créature sans tête, chaussée de bottes et marchant au pas de l’oie. La politique israélienne est montrée sans tête ou sans cœur».

Le personnage, armée d’une épée, pousse d’une main une étoile de David équipée de crocs et il poursuit une femme, Gaza, portant un enfant.

«L'opération militaire israélienne visant à protéger les vies d'hommes, de femmes et d'enfants perpétuellement bombardés par les roquettes du Hamas deviennent [dans ce dessin] des agresseurs sans tête et sans cœur», a répondu le directeur de l’ADL.

Le centre Simon Wiesenthal a également dénoncé ce dessin «qui imite le poison de la propagande nazie et soviétique» et a invité les sites web de journaux à l’éliminer.

Avant les chars, les mots !

Avant le massacre de Gaza, la population israélienne a été gavée de propagande. L’opinion française, à un moindre degré, aussi.

L’offensive contre Gaza a recueilli le soutien de 95% des Juifs israéliens, selon un sondage paru le 1er janvier dans le quotidien Maariv. Un autre sondage, paru la veille dans Haaretz, faisait état de 71% d’approbation, mais en tenant compte de 20% d’Arabes israéliens hostiles à l’opération. Sans ce soutien massif, le massacre des Palestiniens de Gaza aurait sans doute été politiquement difficile. Car c’est au nom du «droit à l’autodéfense» que la presse israélienne, quasi unanime, approuve l’offensive...

Dans le récit officiel, il s’agit de faire cesser les tirs de roquettes sur les villes israéliennes de Sdérot et d’Ashkelon. Cette thèse, qui ne tient même pas chronologiquement, traverse tout l’échiquier politique israélien. Ainsi, l’écrivain David Grossman, homme «de gauche», en appelait le 30 décembre dans Haaretz, à «une trêve de 48 heures», mais en légitimant l’argumentaire du «droit à l’autodéfense» :
«Nous ne devrions en aucune façon frapper (les Palestiniens) aussi violemment même si le Hamas, depuis des années, a rendu misérable à l’extrême la vie des gens du sud d’Israël» [1].

Le propos est en fait lourd de menace : si au bout de 48 heures, le Hamas n’a pas rendu les armes, alors le «pacifiste» David Grossman ne répond plus de rien. Le même double langage se retrouve dans le parti de gauche Meretz qui, après avoir appelé à une offensive contre Gaza pour faire stopper les tirs de roquettes, a ensuite appelé à un cessez-le-feu.

La propagande israélienne n’est pas sans effets sur la presse française. Laissons ici Le Figaro qui adhère totalement au vocabulaire américano-israélien définissant le Hamas comme «organisation terroriste», et qui prédit le «retour» des «Kamikazes» pour justifier par avance le massacre de Gaza. Et attardons nous sur un article de Libération, qui trahit bien tout l’embarras de la presse française. Sous le titre «Qui a commencé ?», on a pu lire ceci :
«Le Hamas a pris la décision, le 18 décembre, de ne pas renouveler la tahdiyeh (période de calme) de six mois conclue avec Israël. Cette rupture a rapidement été suivie par le tir de dizaines de roquettes et d’obus de mortiers, provoquant l’attaque israélienne de samedi».

Jusque-là les choses sont claires. Mais malheur au lecteur qui n’aura pas été plus avant dans sa lecture, car voici la suite :
«En fait, cette trêve, plutôt bien suivie pendant quatre mois et demi, n’était plus vraiment respectée depuis le raid israélien du 4 novembre qui avait tué six membres du Hamas. Cet acte de violence avait entraîné une réaction en chaîne : riposte à coups de roquettes du mouvement islamiste et renforcement du blocus israélien (…), qui a encore aggravé la situation humanitaire déjà très critique dans l’enclave palestinienne».

Le même article nous apprend ensuite, citant Haaretz, que le raid du 4 novembre a servi à préparer l’actuelle offensive militaire dont les préparatifs avaient commencé six mois plus tôt. Autrement dit, l’opération actuelle n’a rien à voir avec la rupture d’une trêve qui, de surcroît, est le fait d’Israël, ni avec les roquettes qui deviennent un prétexte. Mais qu’importe ! Ce qui reste, c’est «l’agression du Hamas».

Ce qui est suggéré, c’est la «légitime défense» israélienne. C’est ce qui reste dans les informations répétées heure après heure sur les radios. Parfois grossièrement, comme ce présentateur du journal de 8 heures sur France Inter, qui affirme tout de go, le 5 janvier :
«Si Israël s’est lancé dans cette vaste opération, c’est, rappelons-le, en réponse aux incessants tirs de roquettes par le Hamas depuis le territoire palestinien».

Ou comme Yvan Levaï qui, au détour de sa revue de presse, samedi matin, également sur France Inter, louait «la patience» d’Israël. A-t-il songé à la «patience» des Palestiniens privés de tout, et réduits au chômage par l’asphyxie économique savamment orchestrée par Israël depuis deux ans ?

L’occultation totale du blocus comme acte de violence est d’ailleurs l’une des constantes de la propagande. Mais revenons sur le mot «patience», tout droit sortis du vocabulaire colonial. Il nous renvoie à l’analyse fort pertinente de Tom Seguev, qui nous donne – également dans Haaretz – les clés de la propagande israélienne. Selon l’historien israélien, les motivations d’Israël sont toujours les mêmes. Il s’agit de «donner une leçon aux Palestiniens». Selon son niveau de culture et de prudence sémantique, on dira «une leçon au Hamas», ou «aux Palestiniens», ou «aux Arabes-qui-ne-comprennent-que-le-langage-de-la-violence», comme on l’entend fréquemment répéter en Israël par l’homme de la rue :
«C’est un leitmotiv qui a accompagné l’entreprise sioniste depuis ses débuts, nous sommes les représentants du progrès et des Lumières (…), tandis que les Arabes sont une foule primitive et violente, des enfants ignorants qu’il faut éduquer…»

Nous sommes là en effet au fond de la propagande coloniale classique. Classique, trop classique.

Denis SIEFFERT
08/01/2009

Post-scriptum
Dans ces circonstances, il faut croire aux journalistes plutôt qu’aux journaux. Michel Bole- Richard qui accomplit dans Le Monde un travail remarquable. Claire Servajean qui, sur France Inter, a donné longuement la parole, le 1er janvier à 13h, à l’admirable Stéphane Hessel qui a pu rétablir quelques vérités essentielles.

Publié par LMSI selon Politis.


[1] Article reproduit dans Libération le 31 décembre 2008.

31 mars 2009

Racisme ordinaire

Israël : des dizaines de cheminots licenciés, parce qu’ils ne sont pas juifs

Au moins 40 salariés des chemins de fer israéliens (Israeli Railways) ont reçu dimanche leur lettre de licenciement, à la suite d’une aggravation du racisme dans le secteur de l’emploi, apprend-on à la lecture du quotidien Haaretz.

Le journaliste Yoav Stern précise que la mesure fait suite à une décision de l’entreprise publique de ne plus embaucher que des travailleurs « ayant accompli leurs obligations militaires », ce qui exclut pratiquement les Palestiniens israéliens, pour les tâches considérées.

Les tâches en question consistent à surveiller les passages à niveau, pour prévenir les risques de collision entre trains et véhicules automobiles, et n’impliquent pas de port d’armes.

Les salariés licenciés travaillaient au chemin de fer par le biais de sociétés d’intérim, certains de manière permanente depuis plus de trois ans.

“Notre travail concerne la prévention des accidents, pas la sécurité des personnes. Beaucoup d’entre nous sommes arabes ; on est mal payés ; mais maintenant, même l’Arabe qui a fait son service militaire est jugé inapte. Dans ce pays, un Arabe pourrait donc être agent de police, ou encore pharmacien, mais pas surveillant de trains ? », dénonce Abdelkarim Kadi, 28 ans, qui vient d’être licencié.

Le salaire horaire de ces travailleurs, qui ont reçu des menaces s’ils s’avisaient de parler aux medias, est de 24 shekels (environ 5 euros), à peine au-dessus du SMIC local.

Mais n’allez pas pour autant traiter Israel Railways de raciste. La direction a promis que ceux des ouvriers juifs qui n’ont pas fait le service militaire, s’il s’en trouve, seront également virés.

Publié par EuroPalestine.

Le nouveau négationnisme n’est pas celui qu’on croît

En vérité, la finalité [du projet] Aladin est de nier, effacer, déformer, la réalité des crimes d’Israël. Sous couvert de lutte contre le négationnisme, est introduit en douce un autre négationnisme.


Ne soyons pas mauvais joueurs. Il faut bien reconnaître que depuis la "découverte" de l’Amérique, l’Europe a fait preuve d’une inventivité certaine. Elle a inventé les génocides, les meurtres de masse, l’assassinat industriel. Des civilisations entières n’ont plus à se plaindre des difficultés de la vie terrestre : elles ont disparu.

L’Europe a aussi inventé le négationnisme. Je te tue et je dis que c’est pas vrai. Tu n’es pas aussi mort que cela. Tu es juste un peu mort. Ou alors, si tu es mort de la tête aux pieds, irrémédiablement mort, c’est que tu l’as bien cherché : tu étais incapable de te protéger toi-même contre toi-même. L’Europe tue pour protéger ses victimes. Je dis l’Europe mais j’aurais pu dire les Etats-Unis ou Israël, ses plus puissantes métastases.

L’invention européenne la plus récente et sans doute la plus sophistiquée ne date que de quelques années. On peut l’appeler le transfert de culpabilité : ce n’est pas moi, c’est lui ! Hitler n’est-il pas européen ? Si, reconnaît l’Europe, mais le nazisme a puisé son inspiration dans l’Europe d’avant l’Europe. L’antisémitisme n’est plus européen. C’est ailleurs qu’il prolifère. Son terreau naturel, c’est le monde musulman. Et il en va de même du négationnisme. En Europe, il n’y aurait plus, en effet, que quelques vieux nostalgiques d’extrême-droite, comme Le Pen, et de jeunes excités identitaires, pour relativiser le génocide des juifs. Ou alors, les nouveaux négationnistes européens ne sont pas européens, ils sont musulmans. Car, dans l’islam, le négationnisme, c’est la règle. Le négationnisme est dans l’Islam parce que le mensonge et la haine du juif sont constitutifs de l’Islam. C’est pas toujours dit dans des termes aussi crus, mais il y a mille et une façons de transmettre un message.

La dernière en date est une initiative parrainée par Jacques Chirac : le projet Aladin. En compagnie de représentants de 30 pays réunis à l’UNESCO, l’ancien président a lancé vendredi 27 mars, un programme éducatif, conçu par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, et destiné à lutter contre le négationnisme... dans le monde arabo-musulman ! Sans - tenez vous bien - "faire porter aux pays musulmans une culpabilité qui n’est pas la leur" ! Quelle blague !

La "Philosophie du projet", telle qu’elle est présentée sur le site de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, ne laisse en vérité aucun doute quant à ses objectifs réels. "Le Projet Aladin, peut-on y lire, est né d’un constat accablant concernant la prolifération du négationnisme dans le contexte du conflit israélo-palestinien. Face à cette déferlante, il est très difficile de trouver des informations historiquement fiables sur la Shoah que ce soit en arabe, en persan ou en turc. Le Projet Aladin veut pallier ce manque et favoriser un dialogue fondé sur la connaissance et le respect mutuels." En d’autres mots, Israël vient de massacrer plus de 1 400 Palestiniens ; une large partie de l’opinion publique mondiale n’hésite plus à dénoncer les crimes contre l’humanité commis par l’Etat sioniste, Durban II pourrait faire de même, il faut rapidement renverser la vapeur, rappeler qu’Israël est l’incarnation de la "victime absolue", cernée de toute part par des musulmans judéophobes, véritable menace contre la Civilisation.

Qu’on ne s’y trompe pas : contrairement à ce qu’il annonce, le projet Aladin a d’abord pour public-cible le monde blanc. Jacques Chirac prétend qu’il mène le "combat pour rétablir la mémoire de la Shoah là où elle est niée, effacée, déformée" ; en vérité, la finalité d’Aladin est de nier, effacer, déformer, la réalité des crimes d’Israël. Sous couvert de lutte contre le négationnisme, est introduit en douce un autre négationnisme. Ou, plus précisément, Aladin et ses voleurs de mémoire détournent la mémoire du génocide des juifs pour faire oublier la barbarie sioniste. Ce n’est pas nouveau, non, mais ça tombe au bon moment.

Secondairement, ce projet renoue aussi avec la mission civilisatrice. Au temps des missionnaires, on enseignait aux indigènes la Bible. Puis est venue la colonisation laïque, on nous a brisé le crâne pour projeter sur nos cerveaux infantiles, les Lumières des droits de l’homme. Aujourd’hui, la bibliothèque d’Aladin veut rendre accessible en arabe et en persan des témoignages sur la Shoah, dont Si c’est un homme de Primo Levi et Le Journal d’Anne Frank. Quant à nous, qui voulons faire oeuvre de critique constructive, nous proposons ceci : au flanc de chaque bombe qu’Israël lâche sur une maison, une école ou un hôpital palestiniens, devraient être accrochées les oeuvres complètes de Claude Lanzman, Finkielkraut ou Bernard Henri-Levy. Il serait en effet désolant de voir un Palestinien phosphorisé sans avoir la moindre idée du drame de l’Holocauste.

Sadri Khiari
28 mars 2009

Publié par Info-Palestine selon The Post.