27 juin 2009

Sociologie et économie

« La sociologie peut-elle aider à comprendre l’économie ? » est une Grande Leçon construite en cinq parties distinctes dans lesquelles les auteurs - Olgierd Kuty (Université de Liège) et Jean-Marc Leveratto (Université Paul Verlaine - Metz) - nous proposent de rencontrer des sociologues français et belges afin d’échanger leurs points de vue sur la question.

Et plus particulièrement, à travers l'introduction à une socio-anthropologie des marchés (Jean-Yves Trépos) ; sur l’économie des singularités (Lucien Karpik), le nouveau management public (Frédéric Schœnaers), sur l’Etat social actif (Didier Vrancken et Claude Macquet) et la question de la négociation (Olgierd Kuty).

Leurs approches sociologiques cherchent à montrer, à partir de quelques cas exemplaires, comment les sociologues et les anthropologues se sont saisis de ce double défi théorique et épistémologique, pour contribuer à une meilleure compréhension de la place de l'économie dans la société.

Introduction à une socio-anthropologie des marchés
L'économie des singularités
Le nouveau management public
L'Etat social actif
La négociation

Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie Economie politique, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Economie sociale, Monde en Question.

Sociologie et mondialisation

Saskia SASSEN, La Globalisation - Une sociologie, Gallimard, 2009

Dans son dernier livre, La Globalisation - Une sociologie, Saskia Sassen démystifie le discours sur la mondialisation économique en montrant comment celle-ci est ancrée dans des institutions et des lieux bien précis, et non dans une prétendue rationalité du marché. En bonne sociologue, elle révèle la nature des conditions sociales contemporaines tout en indiquant les options ouvertes à l’action individuelle et collective à venir.

Lire la critique de La vie des idées

Biographie :
• Saskia SASSEN, Columbia University
• Saskia SASSEN, Wikipédia

Articles :
• Saskia SASSEN, Mais pourquoi émigrent-ils ?, Le Monde diplomatique

Conférences :
• Saskia SASSEN, La ville globale, Université de tous les savoirs
• Saskia SASSEN, La métropole du biopouvoir et la métropole de la biopolitique, gouvernance métropolitaine, Samizdat

Livres :
• Saskia SASSEN, Critique de l'État - Territoire, Autorité et Droits, de l’époque médiévale à nos jours, Le Monde diplomatique - Demopolis, 2009

Amnon Kapeliouk est mort

Notre collaborateur Amnon Kapeliouk est mort. Agé de 78 ans, il avait envoyé son premier article au Monde diplomatique en janvier 1969, Israël et les deux super puissances, un texte consacré aux Palestiniens des territoires occupés. En juin 1972 déjà, il signait dans nos colonnes une étude intitulée : L’implantation des colonies israéliennes dans les territoires occupés crée des faits accomplis irréversibles. Né en Palestine sous mandat britannique, il a travaillé dans plusieurs organes de presse israéliens, notamment le journal de gauche Al-Hamishmar et le plus grand quotidien israélien, Yediot Aharonot, dont il fut le correspondant à Moscou à la fin des années 1980, alors que s’achevait la perestroïka et que naissait la nouvelle Russie.

Journaliste engagé, homme de conviction, Amnon, qui avait acquis la nationalité française, a pu notamment couvrir le développement de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et rencontrer ses divers dirigeants, à une époque où le gouvernement israélien les taxait de terrorisme. En août 1982, alors que l’armée israélienne encerclait et bombardait Beyrouth, il avait pu interviewer Yasser Arafat avec lequel il maintiendra d’étroites relations et auquel il consacrera un livre, Arafat, l’irréductible (Fayard, 2004). Il publiera aussi, en 1982, Sabra et Chatila, enquête sur un massacre (Le Seuil), un livre qui revient sur la boucherie menée par les milices d’extrême droite libanaises dans les deux camps palestiniens du Liban, en septembre 1982, sous l’œil complaisant des troupes israéliennes.

Partisan des accords d’Oslo de 1993, dont il espérait qu’ils déboucheraient sur la création d’un Etat palestinien, il critiqua néanmoins sans complaisance la politique israélienne qui suivit, montrant comment le non-respect des engagements pris conduisait à une impasse. Il fut le premier journaliste occidental, dès le mois de septembre 2000, à expliquer ce qui s’était vraiment passé au sommet de Camp David (juillet) entre Arafat, Ehoud Barak et le président Clinton, et à montrer que les propositions israéliennes ne correspondaient ni au droit international ni à la parole donnée.

Amnon a écrit son dernier article dans Le Monde diplomatique de mars 2009 sur Le combat solitaire de Ha'aretz.

Il laissera le souvenir d’un journaliste infatigable, d’un homme déterminé, d’un ami chaleureux. L’équipe du Monde diplomatique exprime à sa veuve Olga, elle aussi collaboratrice de notre mensuel, ainsi qu’à sa famille, ses sincères condoléances.

Le Monde diplomatique

Lire aussi :
• Dossier Amnon KAPELIOUK
• Dossier Résistance à la colonisation de la Palestine
• Bibliographie Palestine/Israël

26 juin 2009

La farce d'une solution à deux États

La Réunion Asie-Pacifique des Nations Unies sur la question de Palestine s’est penchée ce matin sur la question « complexe » de Jérusalem, et des experts ont prévenu que l’absence d’une solution juste à cette question rendrait impossible la création de deux États.

S’exprimant dans le cadre d’un forum sur « l’impératif d’une solution juste à la question de Jérusalem », l’Ambassadeur de l’Autorité palestinienne en Malaisie a décrit les divers moyens par lesquels Israël empiète sur Jérusalem-Est. Il a cité les colonies de peuplement, la construction de routes et celle du mur de séparation, ainsi que les multiples mesures administratives.

Abdelaziz Abougoush a déclaré que les Palestiniens n’accepteraient pas un statut qui ne prévoirait pas Jérusalem-Est comme capitale. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) est disposée à envisager une solution où Jérusalem deviendrait une ville ouverte à la fois aux Palestiniens et aux Israéliens, soit la capitale de deux États.

Un habitant israélien de Jérusalem a prévenu que le « bassin sacré » était « le centre volcanique » de la question de Jérusalem et que les organisations de colons extrémistes cherchaient activement à déplacer les Palestiniens et à faire dérailler le processus de paix. Le Président Obama, a-t-il averti, doit comprendre qu’il n’existe aucune alternative à l’engagement sur la question. Un non-engagement sonnerait « l’arrêt de mort » de la solution à deux États, a souligné cet intervenant.

Un urbaniste palestinien a décrit cinq scénarii possibles pour la future Jérusalem, dont l’un, la « cité des ponts » permettrait d’avoir deux capitales, politiquement séparées mais physiquement reliées l’une à l’autre, soit une ville de diversité et d’égalité et un centre universel du règlement du conflit israélo-palestinien.

Un théologien d’Indonésie a proposé un point de vue éthique, soulignant la nécessité d’une ville ouverte aux juifs, aux chrétiens et aux musulmans, ainsi qu’à tout autre individu sous garanties internationales. Il a appelé à la protection des droits de ceux qui vivent actuellement à Jérusalem.

La perspective de l’Union européenne a été décrite par un journaliste de Bruxelles, tandis qu’un professeur de relations internationales en Indonésie a attiré l’attention sur le soutien dont la cause palestinienne bénéficie au sein des organisations de la société civile indonésienne.

ONU

La Réunion Asie-Pacifique des Nations Unies sur la question de la Palestine s’est achevée aujourd’hui par l’adoption d’une déclaration qui appuie fermement la solution de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité.

Cette réunion, qui se tenait sur deux jours, était organisée par le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien en vue d’encourager une large mobilisation internationale, notamment des pays d’Asie et du Pacifique, pour parvenir à une solution négociée du conflit israélo-palestinien.

Parmi les participants, on comptait des experts israéliens et palestiniens de renommée internationale, des représentants des États Membres et observateurs de l’ONU, des parlementaires, des représentants du système des Nations Unies et d’autres organisations intergouvernementales, ainsi que des représentants de la société civile, du milieu universitaire et des médias.

Aux termes de la « Déclaration de clôture des organisateurs », les participants ont souligné que la création des deux États, Israël et la Palestine, vivant côte-à-côte en paix et en sécurité, ne peut être basée que sur le droit international, les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des autres organes des Nations Unies. Une solution négociée à la question de Jérusalem, basée elle aussi sur le droit international, est essentielle non seulement pour résoudre le conflit israélo-palestinien, mais aussi pour une paix durable dans toute la région, poursuit la Déclaration.

Les participants ont déploré le manque de soutien de la part du Gouvernement israélien actuel pour une solution de deux États et dénoncé la multiplication des colonies, en particulier à Jérusalem et dans ses alentours. Ils ont aussi exprimé leur grave préoccupation face à la dégradation de la situation dans la bande de Gaza qui est toujours assiégée. Mais les participants se sont dits encouragés par les propos prononcés récemment par le Président des États-Unis, Barack Obama, sur la nécessité pour Israël de cesser ses activités de colonisation.

Dans ses remarques, le Directeur général des affaires multilatérales du Ministère des affaires étrangères de l’Indonésie, Rezlan Ishar Jenie, a relevé les signes d’espoir que l’on pouvait voir malgré les terribles conditions de vie du peuple palestinien. Pour passer de l’espoir à la réalité, a-t-il ajouté, il faut que tous les acteurs en présence reconnaissent les grands défis qu’il reste à relever et passent à des actions concrètes. Il a souligné l’urgence de réactiver le processus.

L’Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies à New York, Riyad Mansour, a, pour sa part, souligné que le consensus international sur la solution de deux États et la nécessité pour Israël de cesser les activités de colonisation soient transformés en volonté politique pour qu’Israël, puissance occupante, change d’attitude et que des négociations de bonne foi puissent commencer sur les questions relatives au statut final.

Pour Paul Badji, du Sénégal, qui préside le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, la solution de deux États est la seule façon de rendre justice au peuple palestinien, une justice qu’on leur nie depuis longtemps.

Avant la clôture de cette réunion, des universitaires japonais, néo-zélandais, chinois et malaisiens ont décrit l’appui apporté par les pays de l’Asie et du Pacifique à un règlement définitif du conflit israélo-palestinien.

ONU

Israël tabasse des enfants

Les droits des enfants palestiniens sont régulièrement violés par les forces de sécurité israéliennes, selon un nouveau rapport qui affirme que les passages à tabac et la torture sont routiniers

En outre des centaines de mineurs palestiniens sont poursuivis chaque année par Israël sans procès décent et privés de visites de leur famille.

Les conclusions de l’association « Defence for Children International » (DCI) suivent de peu les révélations de soldats et de hauts responsables militaires israéliens selon lesquelles c’est une « procédure normale » en Cisjordanie afin de terroriser les civils palestiniens, notamment les enfants.

Le Colonel Itai Virob, commandant la Brigade Kfir, a révélé le mois dernier que pour accomplir une mission, « l’agressivité vis-à-vis de chacun des habitants du village est habituelle ». Il ajoutait que les interrogatoires comprennent gifles, coups de poing et coups de pied.

A la suite de quoi Gabi Ashkenazi, chef des services armés, a été forcé de comparaître devant le parlement israélien pour désavouer le comportement de ses soldats. Les tabassages seraient « absolument interdits », a-t-il dit aux députés.

Le Colonel Virob a formulé ses remarques au tribunal pendant un témoignage soutenant la défense de deux soldats, notamment son commandant adjoint, accusés d’avoir battu des Palestiniens dans le village de Kaddum près de Naplouse. L’un d’eux a déclaré à la cour que « dans les FDI [l’armée], les soldats sont éduqués pour l’agression ». Le Colonel Virob est venu confirmer son observation, disant que c’était une politique visant à « troubler l’équilibre » de la vie du village pendant les missions et que la grande majorité des agressions avaient lieu « contre des personnes non impliquées »

La semaine dernière, d’autres révélations sur de mauvais traitements à des Palestiniens, dont certains n’avaient que 14 ans, ont été diffusées à la télévision israélienne, montrant le matériel recueilli par des soldats dissidents faisant partie du projet « Breaking the Silence », qui braque les projecteurs sur les brutalités de l’armée.

Deux soldats servant dans le bataillon Haroub disent avoir été témoins de passages à tabac dans une école du village cisjordanien de Hares, au sud-est de Naplouse, lors d’une opération effectuée en mars pour faire cesser des jets de pierres. Beaucoup des personnes arrêtées n’étaient pas impliquées, disent les soldats.

Au cours d’une opération de 12 heures entamée à 03 heures du matin, 150 détenus, les yeux bandés, ont été menottés dans le dos avec des liens en nylon tellement serrés que leurs mains sont devenues bleues. Les pires tabassages, disent les soldats, ont eu lieu dans les toilettes de l’école.

Selon le témoignage d’un des soldats, un garçon de 15 ans environ a reçu « une gifle qui l’a jeté au sol ». Il ajoute que beaucoup de ses camarades « donnent des coups de genou [aux Palestiniens] simplement parce qu’ils s’ennuient, parce qu’on est là pendant 10 heures sans rien à faire, alors on tabasse les gens ».

Le tableau brossé par les soldats en service confirme les conclusions de DCI, qui notait que beaucoup d’enfants étaient ramassés lors de ratissages généraux après des troubles ou lors de rafles nocturnes tardives de leurs maisons.

Son rapport inclut un choix de témoignages d’enfants qu’il représentait en 2008, dans lesquels ceux-ci décrivent comment des soldats israéliens les battent ou comment des interrogateurs les torturent.

Un garçon âgé de 10 ans, identifié comme Ezzat H, a décrit une perquisition de sa maison familiale à la recherche d’un fusil. Il dit qu’un soldat l’a giflé et battu à coups de poing pendant deux heures d’interrogatoire, avant qu’un autre soldat ne pointe une arme sur lui. « Le canon de l’arme était à quelques centimètres de mon visage. J’étais tellement terrifié que je me suis mis à trembler. Il s’est moqué de moi ».

Un autre garçon, Shadi H, 15ans, dit que lui et son copain ont été forcés par des soldats de se déshabiller, dans une orangeraie près de Tulkarem, pendant que les soldats leur lançaient des pierres. Ensuite ils ont été battus à coups de crosse.

Jameel K, âgé de 14 ans, décrit comment il a été emmené dans un camp militaire où il a été agressé après quoi on lui a passé une corde au cou en un simulacre d’exécution.

Yehuda Shaul, de “Breaking the Silence”, dit que des soldats traitent tout Palestinien de plus de 12 ou 13 ans comme un adulte.

« Pour la première fois un soldat de haut grade [le col. Virob] nous a rejoints en soulevant cette question - même si ce n’était pas son intention - que l’usage de la violence physique contre les Palestiniens ne relève pas de l’exception mais d’une politique. Il y a quelques années, aucun officier haut gradé n’aurait eu le culot de le dire » ajoute-t-il.

Le rapport de DCI souligne également l’usage systématique de la torture par les interrogateurs de l’armée et de la police secrète, le Shin Bet, pour essayer d’arracher des confessions aux enfants, souvent dans des affaires de jet de pierres. Islam M, 12 ans, dit qu’on l’a menacé de lui verser de l’eau bouillante sur le visage s’il n’avouait pas avoir lancé des pierres, avant d le jeter dans un buisson épineux. Un autre garçon, Abed S, 16 ans, dit qu’il a eu les mains et les pieds attachés au mur d’un local d’interrogatoire en forme de croix pendant toute une journée, avant d’être mis à l’isolement pendant 15 jours.

Le mois dernier, le Comité des Nations Unie contre la Torture, un panel d’experts indépendants, a exprimé sa « profonde inquiétude » devant le traitement de mineurs palestiniens par Israël.

Selon le rapport de DCI, quelque 700 enfants sont inculpés chaque année devant des tribunaux militaires israéliens, avec des enfants de plus de 12 ans interdits de contact avec un avocat en cours d’interrogatoire.

Il ajoute que les interrogateurs ont l’habitude de bander les yeux et de menotter des enfants détenus pendant les interrogatoires et d’utiliser des techniques incluant gifles et coups de pied, privation de sommeil, détention en isolement, menaces contre l’enfant et sa famille, l’enfant étant ligoté pendant de longues périodes.

De telles pratiques ont été interdites par la Cour Suprême israélienne en 1999 mais des groupes israéliens en faveur des droits humains ont prouvé qu’elles sont toujours largement utilisées.

Dans 95% des cas, les enfants sont inculpés sur la base de confessions signées écrites en hébreu, langue que peu d’entre eux comprennent.

Une fois jugés, les enfants sont détenus, en violation du droit international, dans des prisons en Israël, où la plupart se voient interdire la visite de leur famille et où ils ne reçoivent que peu ou pas d’éducation.

« Yesh Din », un groupe israélien pour les droits de l’homme, rapportait en novembre dernier que les soldats se voient rarement infliger une mesure disciplinaire pour l’illégalité de leur conduite.

Les données de l’armée de 2000 à fin 2007 ont révélé que la police militaire n’avait inculpé des soldats que dans 78 enquêtes sur 1.268. La plupart des soldats ont reçu des sentences minimes.

Jonathan Cook
17/06/2009
Publié par Info-Palestine selon The National

25 juin 2009

Tsahal agresse des diplomates

Les soldats israéliens ont agressé plusieurs fois des diplomates français.

Si Nicolas Sarkozy fait beaucoup d’efforts pour se rapprocher de l’Etat hébreu, on ne peut pas dire que la réciproque soit vraie. A preuve la multiplication des «bavures» commises par les forces de sécurité israéliennes à l’encontre de ressortissants français en mission et soigneusement étouffées par le Quai d’Orsay. Lundi, la directrice du centre culturel français de Naplouse (Cisjordanie) a été sortie de son véhicule, jetée à terre et rouée de coups par des militaires israéliens près de Jérusalem. «Je peux te tuer», a lancé en anglais l’un des soldats. Sa voiture portait pourtant des plaques diplomatiques. Depuis, on lui a déconseillé de porter plainte pour ne pas «gêner» la visite de Nétanyahou. Mardi, c’est le directeur du centre culturel de Jérusalem-Ouest, Olivier Debray, qui, à bord d’un véhicule pourvu de plaques consulaires, a été insulté par des policiers.

Libération

Guantánamo-Gaza

15/06/2009, Premiers pas à Gaza
A l’approche d’Erez, je me vois devant une prison de haute sécurité à ciel ouvert, symbole futuriste d’une détresse paranoïaque. Une ligne de fortification bétonnée haute de huit mètres longe sur 10 km la partie nord de la bande de Gaza. En son centre, le Terminal « frontalier » d’Erez, seul point de passage d’un blocus imposé par les Israéliens qui ne laissent entrer et sortir que quelques rares personnes habilitées, et immédiatement suspectées.
Le Courrier de Russie

19/06/2009, N’est-il pas temps de revoir le plan de partage de la Palestine ?
Qu’en marge de ces déclarations péremptoires, la situation dans la Bande de Gaza - dont presque plus aucun média ne parle - ne cesse de se dégrader depuis les deux ans que le siège israélien impose lentement mais sûrement son asphyxie, son agonie à un peuple à exténué ne survivant que par approvisionnement clandestin à travers un réseau de galeries souterraines telles des ratières - mais n’allez surtout pas qualifier cet enfermement inhumain de camp d’extermination, vous seriez tout aussi tôt méprisé, voire traité d’antisémite.
Info-Palestine

Naissance de la sociologie

Johan HEILBRON, Naissance de la sociologie, Agone, 2006

L’apparition des sciences sociales est communément considérée comme un phénomène récent. Elles auraient émergé au cours du XIXe siècle, mais leur essor véritable ne daterait que du siècle suivant. Les professionnels et les profanes partagent cette représentation, qui est aussi très appréciée des historiens.

Ce livre entreprend de lever le voile sur la genèse de ces disciplines et leurs conditions de possibilité. Ce faisant, il renouvelle notre vision de la vie intellectuelle en France, du siècle de Louis XIV à la IIIe République. De cette histoire que l’on croyait connaître (moralistes classiques, philosophes des Lumières, savants révolutionnaires, écrivains romantiques, penseurs positivistes, etc.), il propose un récit neuf qui rend raison des innovations conceptuelles en les faisant émerger des transformations sociales, institutionnelles et politiques du monde intellectuel.

Dans son parcours, il revisite les auteurs canoniques, de Montesquieu à Auguste Comte, les arrachant au passage à des catégorisations de sens commun imposées par certaines traditions académiques de l’histoire des idées.

À lire en ligne
Johan Heilbron, CSE, EHESS

24 juin 2009

Croissance pas "naturelle" des colonies juives

Les Israéliens qui partent s'installer en Cisjordanie représentent plus du tiers de la croissance démographique des implantations juives dans le territoire palestinien: les statistiques affaiblissent l'argument de la "croissance naturelle" avancé par le gouvernement de l'Etat hébreu pour justifier la poursuite de la construction dans les colonies.

La colonisation est l'une des principales pommes de discorde entre Israël et les Etats-Unis. Le gouvernement israélien a reporté un entretien initialement prévu jeudi à Paris entre le Premier ministre Benyamin Nétanyahou et l'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, en raison de divergences sur le dossier, a reconnu mercredi un responsable israélien.

Israël affirme que la "croissance naturelle" des colonies juives existantes doit être autorisée, alors que l'administration Obama s'oppose à la poursuite de la colonisation. Le dossier a fait apparaître au grand jour des tensions entre l'Etat hébreu et Washington. Et il devrait être au coeur des entretiens prévus la semaine prochaine à Washington entre le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak et George Mitchell, un détracteur de longue date de la colonisation.

Les opposants à la "croissance naturelle" expliquent qu'Israël s'en sert comme prétexte pour poursuivre la colonisation en Cisjordanie: Yasser Abed Rabbo, collaborateur du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qualifie cet argument de "tromperie".

Les chiffres du Bureau central des statistiques israélien viennent étayer ces critiques: ils montrent qu'en 2007, 36% de l'ensemble des nouveaux colons venaient d'Israël ou de l'étranger. Des données plus récentes, notamment depuis l'installation du gouvernement Nétanyahou en mars dernier, ne sont pas encore disponibles, mais il y a peu de raisons de penser que les choses ont changé, souligne Hagit Ofran, un spécialiste du dossier auprès de l'organisation La Paix maintenant.

La migration de gens attirés par des logements meilleur marché, et pas seulement la croissance démographique, constitue ainsi un moteur important de l'accroissement du nombre d'habitants dans les colonies. Les migrants en provenance d'Israël et de l'étranger ont représenté 5.300 des 14.500 nouveaux colons recensés en 2007.

Et il s'agit d'une tendance lourde. Chaque année entre 1999 et 2007, ce flux migratoire a représenté entre un tiers et la moitié de la croissance du nombre de colons. La seule exception a été 2005, mais les chiffres pour cette année-là ont été faussés par l'évacuation des 8.500 colons israéliens de la bande de Gaza.

Entre 2006 et 2008, Israël a achevé la construction 5.503 appartements en Cisjordanie et en a mis en chantier 5.125 autres, selon le Bureau des statistiques. En vertu de la feuille de route pour la paix au Proche-Orient de 2003, Israël s'était engagé à geler les activités de construction dans les colonies, y compris celles liées à la croissance naturelle. Mais sur le terrain, les constructions se sont poursuivies.

La semaine dernière, Benyamin Nétanyahou a cédé au président américain Barack Obama qui lui demandait d'accepter le principe d'un Etat palestinien, mais a posé ses conditions, affirmant notamment que cet Etat devrait être démilitarisé. Il a en revanche rejeté l'idée d'un gel de la construction dans les colonies.

"Nous n'avons pas l'intention de construire de nouvelles colonies", a-t-il expliqué. "Mais il est nécessaire de permettre aux habitants de vivre une vie normale", a-t-il ajouté en référence à la notion de "croissance naturelle".

Près de 300.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie et 180.000 à Jérusalem-est, dont l'annexion en 1967 par Israël n'a pas été reconnue par la communauté internationale.

AP-Yahoo! Actualités

Mai 68 en quarantaine

Pris depuis quarante ans entre captation d’héritage, travestissement et refoulement, entre mythification et délégitimation, l’événement Mai 68 a sans cesse été abordé dans les logiques conflictuelles de la commémoration (comme origine d’une modernité culturelle ou promesse d’émancipation) et de la dénonciation (comme signe d’une époque révolue ou de l’errance d’une génération). Dans un cas comme dans l’autre, la mémoire qu’il fallait garder s’imposait au détriment de l’histoire qu’il fallait faire, et la promotion en modèle (ou contre-modèle) se substituait à l’analyse des effets produits par l’événement et à la réflexion sur ses usages.

Même si plusieurs ouvrages proposant un état de la recherche sur Mai 68 paraissent cette année, et même s’ils contribuent à nourrir la connaissance historique et sociologique, l’essentiel de la vague éditoriale qui s’impose dans les librairies, les revues, les magazines et à la télévision reste d’ordre commémoratif, et elle confirme le primat accordé à l’essai et au témoignage plutôt qu’à la réflexion sur les processus qui traversèrent l’événement et conduisent jusqu’au présent.

Pour se soustraire à ces batailles de mémoire, il n’est donc pas inutile de proposer des perspectives d’analyse rigoureuses qui ne saisissent pas Mai 68 simplement comme un événement mais aussi comme un processus affectant un contexte, qui ne l’évaluent pas seulement du point de vue des principes (ou de "l’esprit") dont il est censé s’être réclamé mais également du point de vue de ses effets.

Ce colloque associe plusieurs disciplines qui ont rarement été convoquées ensemble à ce propos. En revenant sur les effets philosophiques, sociaux et politiques, littéraires et artistiques de Mai 68, il se donne pour objectif d’en tracer les suites effectives et constatables, en associant la sociologie, l’histoire, les sciences politiques, les études littéraires, la sociologie de l’art et la philosophie.

L’enjeu de cette rencontre est d’analyser des répercussions concrètes sur nos manières actuelles de penser, d’agir et de créer. Il est aussi de prendre la mesure d’un fait souvent inaperçu : les regards croisés de la science politique, de la sociologie, de l’histoire des idées et de l’action artistique ne fournissent pas seulement les outils intellectuels pour évaluer les effets de Mai 68 dans l’espace social et dans le champ de la pensée contemporaine ; ils en sont à bien des égards également les résultats.

A cette fin, les ressources distinctes et les spécialisations complémentaires de trois laboratoires de l’ENS LSH sont mobilisées : Triangle, avec ses compétences en science politique et en sociologie, le Cerphi, avec ses méthodes d’histoire des idées, de contextualisation des débats et d’analyse des controverses qui structurent le champ intellectuel, et le CEP, avec sa vocation d’expérimentation poétique et d’engagement dans la création contemporaine. Cette complémentarité s’exprime également dans la diversité des modes d’approches de mai 68. Les trois journées sont ainsi centrées successivement sur les effets sociaux et politiques, philosophiques et artistiques de cet événement.

Canal-U

Lire aussi :
• Mai 68 jusqu’à la saturation, Le blog de Brice Couturier
• Mai 68, l'héritage controversé, Sciences Humaines

Sélection bibliographique :
Gérard FILOCHE, Mai 68 : histoire sans fin - Liquider Mai 68 ? même pas en rêve !, J.C Gawsewitch, 2007 [Démocratie & Socialisme - Là-bas si j'y suis]
Nicolas Sarkozy accuse mai 68 d'avoir "imposé le relativisme intellectuel et moral", "liquidé l'école de Jules Ferry", "introduit le cynisme dans la société et dans la politique" et "abaissé le niveau moral de la politique".
Il aime à dire que "Les héritiers de ceux qui, en mai 68, criaient CRS = SS prennent systématiquement le parti des voyous, des casseurs et des fraudeurs contre la police", avant d'ajouter : "Je veux tourner la page de mai 68 une bonne fois pour toutes". Selon lui, "Il faut liquider mai 68 !". Que de haine contre le plus grand mouvement de grève de l'histoire de France ! Il y eut deux mai 68.
L'un : superficiel, mondain, marginal ; l'autre : social, révolutionnaire, solidaire. Sarkozy a fait "l'ouverture" avec le mai 68 mondain (Kouchner) dans son gouvernement de contre-révolution conservatrice. Son but ? Battre les héritiers du vrai mai 68, celui des employés et ouvriers qui continuent à lutter pour une autre répartition des richesses, pour le droit du travail, les salaires et les retraites.
Un combat séculaire. De la Commune de Paris à juin 36, la Libération, novembre-décembre 95, aux grands mouvements pour les retraites en 2003, ou encore contre le CPE en 2006, c'est toute l'histoire des grands mouvements sociaux qui est en jeu. Qui va gagner ?. L'histoire sans fin des grandes aspirations humaines : la liberté, l'égalité, la fraternité, ou bien la fin de l'histoire avec la toute puissance de la finance, de l'élitisme, des corporatismes ?.
C'est le récit engagé des quarante dernières années de luttes sociales que nous livre un acteur de mai 68, inlassablement ancré au cœur de la gauche.

Gérard FILOCHE, Mai 68 : histoire sans fin - Mai 68, 40 ans après, les obsède encore, J.C Gawsewitch, 2008

• Kristin ROSS, Mai 68 et ses vies ultérieures, Le Monde Diplomatique / Complexe, 2005 [Germe - Le Mouvement Social - Là-bas si j'y suis]
"Autour de l'année 1968, dans tout le monde occidental, apparaît sur la scène publique un nouveau personnage collectif : la classe d'âge adolescente. […] Elle s'arme elle-même par opposition au monde adulte."Ces phrases d'un éditorial du Monde pour le trentième anniversaire de Mai 68 rejoignent l'appréciation de Raymond Aron : "Nous sommes en présence d'un phénomène biologique autant que social." Elles confirment la volonté d'enterrer le caractère social du Mai, révolte de masse qui toucha tous les secteurs du travail, toutes les classes d'âge.
Certains, comme Bernard Kouchner, diront vingt ans après les événements : "Nous étions nombrilistes, oublieux du monde extérieur, nous ne voyions pas ce qui se passait dans le reste du monde, nous étions repliés sur nous-mêmes." Mais qu'en était-il donc d'une dimension pourtant essentielle du mouvement de 1968, à savoir sa relation avec les luttes anticolonialistes et anti-impérialistes comme le Viêtnam, l'Algérie ou Cuba ?
En trente-cinq ans, la mémoire de Mai 68 n'a-t-elle pas été ensevelie sous les commémorations, réduite à la "libération des mœurs", alors qu'elle fut sans doute l'un des plus grands mouvements sociaux de l'après-Seconde Guerre mondiale en Europe, la plus importante contestation de l'ordre social existant ? Kristin Ross tente de réhabiliter le sens réel de l'événement, à retrouver le sens de cette révolte et sa trace dans l'histoire de la France.

23 juin 2009

Expansion d'une colonie illégale

Ce plan de construction, qui porte sur la construction de 300 unités résidentielles, attend encore un feu vert définitif au cours des mois à venir, selon une ONG israélienne.

Le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak a approuvé un plan de construction de centaines de maisons dans une colonie sauvage en Cisjordanie occupée, a affirmé mardi 23 juin une ONG israélienne.
"Le plan est destiné à créer une continuité territoriale" entre la colonie de Talmon et une implantation sauvage voisine et "élargir la colonie aux dépens des villageois palestiniens dans la zone", a affirmé l'ONG Bimkom dans un communiqué.
Ce plan de construction, qui porte sur la construction de 300 unités résidentielles, attend encore un feu vert définitif au cours des mois à venir, précise toutefois Bimkom. La colonie de Talmon se trouve au nord-ouest de Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne.
"C'est la deuxième fois au cours des derniers mois que le ministre de la Défense Barak approuve l'extension de colonies existantes ou de nouvelles colonies", affirme Alon Cohen-Lifshitz, un responsable de Bimkom.

Toutes les colonies illégales


"Cela prouve que (Ehoud) Barak n'a pas l'intention de geler la construction dans les colonies existantes, ni même d'empêcher d'en construire de nouvelles", poursuit-il.
Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès du ministère de la Défense.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu exclut un gel de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés comme le réclame la communauté internationale, États-Unis en tête.
Il s'est dit en revanche prêt à démanteler des colonies sauvages en échange d'un soutien accru de Washington face à la menace d'un Iran nucléaire. Ces implantations, plus de 100, sont jugées illégales en Israël car elles n'ont pas obtenu le feu vert des autorités.
Aux yeux de la communauté internationale, toutes les colonies sont illégales [1].

NouvelObs

[1] Le territoire inclus dans ligne verte de 1949 est considéré, par la communauté internationale, comme le seul territoire sur lequel l'État d'Israël est en doit d'exercer sa souveraineté. Israël, qui prétend à des «frontières sûres et reconnues», viole allègrement le droit international et revendique toute la Terre d'Israël - Eretz Israel.
• Dossier Organisations israéliennes contre l'occupation
• Dossier Résistance à la colonisation de la Palestine

22 juin 2009

Les druzes manifestent pour leurs droits

Plusieurs centaines de manifestants druzes se disant victimes de discrimination dans l'Etat juif ont affronté dimanche la police devant les bureaux du Premier ministre Benjamin Netanyahou à Jérusalem. Ils ont lancé des oeufs et des bouteilles sur les forces de sécurité. Les heurts ont fait deux blessés parmi les policiers et plusieurs autres chez les manifestants, a précisé Micky Rosenfeld, porte-parole de la police. Les dirigeants de la communauté druze se plaignent de la modicité des allocations versées à leurs villages par rapport aux fonds consacrés par l'Etat aux localités juives. Le Premier ministre a accepté de recevoir des représentants des protestataires, ont fait savoir ses services dans un communiqué.

Le JDD

Commentaires :

En Israël, les droits varient selon la nationalité. Les citoyens Juifs ont plus de droits que les citoyens Druzes, qui ont plus de droits que les citoyens Palestiniens (qualifiés Arabes).

Les Druzes sont perçus comme loyaux à l'État d'Israël. Contrairement aux Palestiniens, ils ont le droit de faire leur service militaire et donc d'accéder aux postes à responsabilités.

Alors que 93% des terres sont aux mains de l'État d'Israël, qui les a volées en 1948 aux Palestiniens, seuls les citoyens Juifs peuvent les utiliser pour construire de nouvelles localités - de fait des colonies.

La colonisation continue

Le projet de budget israélien prévoit 250 millions de dollars de crédits pour les colonies de Cisjordanie malgré les pressions du président américain Barack Obama en faveur d'un gel de la colonisation, a indiqué dimanche la radio militaire.

Le projet de budget voté en première lecture la semaine dernière par le Parlement pour les années 2009 et 2010 inclut officiellement des investissements d'un milliard de shekels (250 millions de dollars). Ces crédits sont notamment destinés à des investissements dans la construction de logements et le développement d'infrastructures, a ajouté la radio.

La radio a précisé que près de 40 millions de dollars vont être consacrés à la construction d'un nouveau quartier à Maale Adoumim, une des plus grandes colonies de Cisjordanie située à l'est de Jérusalem, tandis que 125 millions de dollars seront destinés à financer les "dépenses diverses de sécurité", a poursuivi le radio.

Yariv Oppenheimer, le secrétaire général de la Paix Maintenant, une organisation opposée à la colonisation, a pour sa part estimé que les chiffres réels d'investissements publics dans les colonies étaient beaucoup plus élevés et "dissimulés dans plusieurs chapitres du budget".

"Les chiffres officiels ne constituent que la partie visible de l'iceberg, et les Israéliens vont payer pour les colonies un prix politique très élevé mais aussi économique", a déploré M. Oppenheimer.

Les organisations de colons affirment, en revanche, qu'il y a une baisse prévue des crédits pour les implantations de Cisjordanie à la suite des pressions du président Obama.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exclu lors d'un discours dimanche dernier un gel de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés comme le réclame la communauté internationale.

"Je ne souhaite pas faire construire de nouvelles colonies ou confisquer des terres à cette fin mais il faut permettre aux habitants des implantations de vivre normalement", a-t-il affirmé, excluant l'arrêt de la construction dans les colonies existantes pour répondre aux besoins de la "croissance naturelle" de leur population.

Près de 300.000 Israéliens vivent dans les colonies de Cisjordanie.

AFP

Racisme colonial en Israël

Une Française née à Bethléem veut pouvoir atterrir en Israël

Les voyageurs qu'Israël considère Palestiniens ne sont pas autorisés à atterrir à l'aéroport Ben Gourion à Tel Aviv. Y compris quand ils affirment qu'il n'ont pas le moindre papier palestinien mais, par exemple, un passeport français.

Pour eux, c'est direction Amman, en Jordanie, puis un taxi vers les territoires palestiniens. Un paradoxe aux yeux de nombreux expatriés originaires de Gaza ou de Cisjordanie : l'État hébreu ne reconnaît ni l'État palestinien, ni la citoyennenté qui va avec, mais a inscrit dans ses registres douaniers la provenance des voyageurs palestiniens.


Au bureau de la Palestine à Paris, on précise que c'est depuis 2002 et la deuxième Intifada que l'accès à Ben Gourion est barré aux Palestiniens, qu'ils aient un passeport français ou pas.

Rue89

Une nouvelle qui vient d'être autorisée à la publication : grâce aux efforts déployés par l'Agence juive, 16 Juifs yéménites (en tout, trois familles), échappés clandestinement, ont atterri ce dimanche en Israël.

Guysen

Les guerres sans fin

Benjamin Stora, Les guerres sans fin, Stock, 2008

Au début de mon travail sur la mémoire dans ces années 1990, je pensais naïvement que la tâche principale de l’historien était de « retrouver » la mémoire pour écrire l’histoire, en permanence dévoiler la connaissance des faits qui avaient été enfouies, dissimulées, reconstruites. Ce travail historique paraissait de l’ordre de l’évidence : le progrès dans la connaissance passait par l’accroissement du volume du savoir des choses, qui ont été soit manipulées par l’État, soit (auto)censurées par les acteurs. C’était clair et les livres étaient écrits pour cela. Au fur et à mesure du développement de l’écriture de La gangrène et l’oubli, ou de la réalisation des Années algériennes, je me suis aperçu que c’était un petit peu plus compliqué. Les sociétés, en fait, avaient besoin d’oublier. Et l’oubli fonctionne aussi de manière positive. Pour se reconstruire, se fabriquer une identité, une société pratique une sorte d’oubli nécessaire. Les principaux acteurs (ou victimes) de la tragédie ne peuvent pas vivre en état perpétuel de frénésie mémorielle. C’est une illusion que de vouloir absolument imposer, sans cesse, comme une sorte de tyrannie, la mémoire retrouvée. Il existe des plages, des séquences, des moments d’histoire où l’oubli est normal. Un oubli peut être légitime : il n’est pas possible de vivre sans cesse en étant dans la guerre, l’adversité, la recherche de l’adversaire, la vengeance. Il faut faire avec l’oubli, et le travail des historiens doit se faire avec cela.

J’ai essayé progressivement à partir de là d’instaurer une sorte de distinction, entre cet oubli légitime, nécessaire, évident et un oubli organisé par les États, visant à échapper à la justice, à éviter le châtiment. Il existe deux types d’oubli : l’oubli de la société, légitime pour pouvoir vivre, et puis un oubli très pervers, très organisé. Et progressivement je me suis aperçu que les deux oublis s’appuyaient et s’adossaient l’un à l’autre. Parfois les oublis décidés par les États rencontraient un écho dans la société qui les acceptait. Car la société n’était pas en état d’insurrection permanente contre l’État. Et ce dernier pouvait d’autant mieux occulter qu’il savait pouvoir s’adosser sur l’acquiescement des sociétés tentées de vivre en « oubliant ». Des dissimulations organisées pouvaient parfois rencontrer une adhésion. Les réveils de mémoire, et les mises en accusation de l’État n’étaient pas constants. La fameuse formule : « A l’époque on ne savait pas, tout était caché, alors qu’on s’est toujours battu pour la vérité », n’est pas tout à fait vraie. Et il est illusoire de croire que les gens vont se battre à perpétuité sur des histoires de crimes passés. Les moments où la mémoire se réveille ne sont pas si fréquents finalement. Le travail historique consiste précisément à voir quand, et comment, ils se produisent. Et pourquoi la société accepte-t-elle de vivre avec des mensonges ? Pourquoi continue-t-on d’avancer avec tous les secrets que l’on porte dans sa tête ? Pourquoi à un moment donné on n’accepte plus ? Pourquoi faut-il divulguer ce secret, pourquoi faut il qu’on le reconnaisse ? A un moment donné, la mémoire se réveille, parce que la société a changé, ne supporte plus le poids des drames anciens, et qu’il y a eu des batailles, des reconnaissances, des seuils franchis dans l’espace public. Alors, l’État ne peut plus conserver la même attitude.

Cette question des « deux oublis » renvoie à la responsabilité de l’historien entre écrire l’histoire, et éviter que l’écriture de l’histoire serve à fabriquer des vengeances. Procéder par électrochocs, sans tenir compte de « l’oubli nécessaire », sans recoupements, sans vérifications, risque de réactiver des histoires piégées, minées, dont on ne perçoit pas les effets. Les historiens travaillent sur la mémoire et la restitution du temps dissimulé, mais aussi sur les mécanismes de l’oubli. Les sociétés ne peuvent vivre en état perpétuel d’exaltation et de frénésie : si trop d’histoires douloureuses encombrent le présent, l’avenir s’annonce difficile. Les sociétés fonctionnent donc dans une dialectique subtile entre mémoire et oubli. En même temps, l’occultation du passé obère à sa manière le présent et le futur. L’amnésie peut fonctionner comme une bombe à fragmentation. Si les haines, les rancœurs restent trop longtemps confinées dans l’espace privé, elles risquent d’exploser dans l’espace public plusieurs dizaines d’années plus tard. Pour ne pas avoir assumé le passé dans sa complexité, celui-ci explose dans le présent de manière anarchique, désordonnée, échappant à tout contrôle.

Tout ce travail compliqué de cicatrisation des mémoires blessées renvoie aussi, peut-être, au nécessaire temps de « guérison », sorte de période de latence qui correspond à une intensification des refoulements de souvenirs difficiles. Le temps d’attente dans l’écriture du travail historique paraît aussi s’établir en relation avec la protection de la vie privée des individus. Concernant par exemple la guerre d’Algérie en France, il n’est que de voir le destin des harkis qui ont combattu aux côtés de la France. Ils ont été très nombreux et certains sont toujours vivants. On connaît le problème moral qui se rattache à cette question et touche au bas mot 100 000 hommes. Le travail historique et le devoir de transparence, par l’ouverture d’archives encore brûlantes, se heurtent ici au souci de citoyens voulant protéger leur vie privée, voire leur vie tout court. En d’autres termes, l’ouverture des archives permet-elle d’écrire une histoire sereine ou sert-elle à raviver des vengeances passées, à réactiver des blessures toujours apparentes, non cicatrisées ? Dans ce sens, peut-il y avoir correspondance entre le temps d’apaisement des passions et le temps d’une possible ouverture des archives, étatiques ou mémorielles ?

Benjamin Stora
LDH-Toulon
Lire aussi : Bibliographie & Dossier documentaire Colonialisme, Monde en Question.

21 juin 2009

Avraham Burg


Avraham Burg, l'ancien président de la Knesset, a une nouvelle fois émis des propos très controversés contre Israël. Ce dernier a déclaré que la politique du pays est inspirée ''par une conception raciste, fasciste et nationaliste à l'extrême''.
Guysen

Lire aussi :
• Dossier Avraham BURG
• Dossier Résistance à la colonisation de la Palestine
• Bibliographie Palestine/Israël