4 juillet 2009

Le PCF et la question algérienne

Le 15 février 1958, la Fédération de France du FLN publiait un document intitulé Le PCF et la Révolution algérienne. On y trouvait une très violente dénonciation de la politique algérienne du Parti communiste français, accusé de n’avoir pas eu le comportement conforme aux principes dont il se réclame : internationalisme et soutien inconditionnel de la lutte anti-impérialiste des peuples coloniaux. Citant les textes officiels du Parti, la Fédération de France du FLN faisait observer qu’en 1956 encore - c’est-à-dire deux ans après le déclenchement de l’insurrection nationale en Algérie - le PC continuait à demander le maintien de l’Algérie dans l’Union française et se prononçait contre l’union de l’Algérie avec la Tunisie et le Maroc indépendants au sein d’un Maghreb arabe [1]. Le PC prenait ainsi, dans les faits, position contre le mot d’ordre au nom duquel le mouvement national algérien avait engagé la lutte armée contre le système colonial français : l’indépendance.

Quelles pouvaient être les raisons d’une attitude si ouvertement contraire aux principes léninistes dont se réclame le Parti ? Suivant le FLN, il s’agirait, non pas tant d’une absence de fermeté idéologique, de cet esprit d’opportunisme et de recul qui fait céder à la pression de l’adversaire, mais bien plutôt d’une ligne politique délibérée, appliquée, dès la Libération, de façon conséquente : l’ennemi principal étant l’impérialisme américain, le PC se donnait comme objectif stratégique essentiel de rassembler contre cet impérialisme tous ceux qui, suivant la formule du secrétaire général du parti, n’acceptaient pas de voir la France « réduite au rang de puissance secondaire » [2] ; il cherchait à réaliser un large front anti-américain englobant tous les Français, des divers partis, « toutes les couches patriotes de la nation qui veulent reconquérir l’indépendance et la souveraineté nationales » [3].
Dans cette perspective, la révolte des peuples coloniaux opprimés par la France et leur tentative de libération devaient être considérées par la direction du PC avec une certaine réserve, pour ne pas dire avec une certaine méfiance. En effet, elles ouvraient un nouveau champ d’action aux entreprises de l’impérialisme américain ; elles ruinaient d’autre part toute la stratégie du PC en faisant éclater cette alliance systématiquement recherchée avec les éléments nationalistes de la bourgeoisie française pour qui la lutte aux côtés des communistes pour une politique plus indépendante à l’égard des États-Unis signifiait d’abord et avant tout, comme il est apparu dans la bataille contre la CED (Communauté européenne de défense) [4], la défense de l’empire colonial français contre une éventuelle mainmise américaine.
Ainsi, au moment même où s’amorçait la crise dans tout l’Empire français, dernier empire colonial de type traditionnel, alors que la France s’engageait dans une chaîne ininterrompue d’actions répressives et de guerres coloniales, le parti le plus représentatif de la classe ouvrière française aurait choisi pour axe central de sa lutte, non le combat contre son propre impérialisme, mais la bataille contre un impérialisme étranger menaçant les « intérêts nationaux » du pays. La logique de cette stratégie, accordant toujours à ce qui pouvait renforcer l’indépendance française à l’égard des États-Unis la priorité absolue sur la lutte des colonies pour l’indépendance à l’égard de la France, aurait conduit le PC, dans l’affaire algérienne, sur des positions finalement plus proches de celles de la bourgeoisie française que de celles du peuple algérien en guerre pour la reconnaissance de son droit à l’existence nationale. « Le caractère premier de l’attitude du PCF quant à la question coloniale, affirmait le document de la Fédération de France du FLN, est de clamer que l’intérêt des peuples opprimés est de rester unis à la métropole. » « Le droit au divorce n’entraîne pas l’obligation de divorcer », écrit M. Thorez qui conclut à la nécessité de l’union. Cette manière de voir traduit la sous-estimation, sinon le mépris des mouvements de libération dans les colonies, et l’intention de faire d’eux une force d’appoint des mouvements français.
Avant-guerre l’union était nécessaire en Afrique du Nord à cause des « prétentions franquistes ou italiennes ». Aujourd’hui elle l’est à cause des « prétentions de l’impérialisme américain ». En 1945, en Syrie et au Liban, c’était l’impérialisme anglo-saxon qui justifiait les critiques contre le mouvement de libération. Si les contradictions entre l’impérialisme français et ses prétendus concurrents se résolvent toujours par la supériorité pour les peuples coloniaux de l’impérialisme français, alors le droit au divorce disparaît car ces contradictions ne disparaîtront qu’avec l’impérialisme colonisateur. Cela revient en fait à refuser aux colonies le droit à la séparation, donc à l’autodétermination. » Le texte ajoutait : « Cette orientation dont l’aspect chauvin et cocardier n’échappe à personne fait appel à des notions équivoques et confuses telles que "grandeur française, intérêts légitimes de la France". »
Et la Fédération de France du FLN concluait que « le décalage entre les principes théoriques dont prétend s’inspirer le PC et son comportement réel dans l’affaire algérienne, vient de ce que le PCF assume purement et simplement la politique des blocs. Le PCF n’hésite pas et n’a jamais hésité à se transformer en force d’appoint des milieux colonialistes ou néocolonialistes quand ils sont d’accord avec lui pour un regroupement parlementaire sur certains objectifs de politique extérieure ».

Quelle est la portée de ces accusations lancées par les représentants de la révolution algérienne contre les représentants du prolétariat révolutionnaire français ? Expriment-elles seulement cette défiance à l’égard des colonisateurs que fait naître chez les colonisés une oppression séculaire, et qui, de façon bien compréhensible, finit, comme le note Lénine [5], par s’étendre à la nation colonisatrice tout entière, y compris son prolétariat ? Trouvent-elles au contraire leur fondement dans les insuffisances ou les fautes réelles du PCF ? Il n’est pas possible à un communiste de ne pas affronter clairement ce problème qui, par-delà la France, intéresse tout l’avenir du mouvement ouvrier dans ses rapports avec le mouvement d’émancipation des peuples coloniaux.

Le document FLN

Le document du FLN prétend, selon ses propres termes, apporter « plus une mise au point qu’une critique négative ou passionnelle du PCF ». À cet égard, il appelle certaines remarques préalables. S’il est bien exact qu’en 1956 encore le PC restait attaché à la formule d’une « véritable union française », à la date où le texte du FLN a été publié (février 1958) le Parti avait renoncé à ce mot d’ordre. Depuis 1957, il se prononçait clairement pour le droit à l’indépendance de l’Algérie ; en avril de la même année, par la bouche de son secrétaire général, il avait enfin abandonné la définition de l’Algérie comme « nation en formation », lancée par Maurice Thorez en 1939, formule qui n’a jamais sans doute exactement correspondu à la réalité algérienne [6], mais qui, avec les progrès de l’idée d’indépendance dans les masses musulmanes après la guerre, s’en éloignait chaque jour davantage, et avait pris, dès avant 1954, une signification ouvertement démobilisatrice [7]. À partir d’avril 1957, la formule « nation en formation », que le Parti, quelques semaines auparavant, affirmait encore valable pour le présent et pour l’avenir, était rejetée et remplacée par l’expression « nation forgée dans les combats » qui, contrairement à la première, justifiait le droit de l’Algérie à l’état de nation indépendante. Certes, ces rectifications de la politique algérienne du Parti n’ont pas été explicitées ; elles ne se sont pas appuyées sur une réflexion critique à l’égard du passé. La reconnaissance et la dénonciation des erreurs commises étaient sans doute la condition nécessaire pour que la nouvelle orientation pût offrir à la fois les garanties de sérieux sur le plan théorique et d’efficacité sur le plan de l’action. Cependant, la Fédération de France du FLN ne pouvait ignorer ces changements. Son document aurait gagné à ne pas les passer sous silence et à en tenir compte dans l’expression de ses critiques.

Est-ce à dire que les communistes français doivent, comme Léon Feix, proclamer, face aux griefs du FLN : « Nous ne nous sentons pas coupables », et mettre en cause les préjugés politiques ou religieux, l’orientation nationaliste des chefs de l’insurrection algérienne ? Ce serait accepter les affirmations du même Léon Feix qui, justifiant toute la politique algérienne du Parti depuis la Libération, écrit que celui-ci s’est battu sur les positions marxistes-léninistes, qu’il n’a jamais dévié de cette ligne juste, jamais glissé sur des positions chauvines, jamais considéré « l’indépendance de l’Algérie comme inévitable plutôt que comme souhaitable » [8]. Ces affirmations sont en contradiction flagrante avec les faits. Si le Parti a tant tardé à reconnaître de façon explicite le droit de l’Algérie à l’indépendance, s’il s’est si longtemps accroché à des formules qui impliquaient la négation ou la limitation de ce droit, c’est que pendant une longue période il avait été en réalité hostile à l’indépendance de l’Algérie et s’était trouvé sur ce point en conflit avec les mouvements nationalistes algériens. Si, comme nous allons le voir, il s’est montré pour le moins réservé à l’égard de l’insurrection de 1954, c’est qu’elle était orientée dans le sens d’une indépendance qui s’opposait aux solutions qu’il souhaitait alors. Au reste, ces désaccords avec le mouvement national algérien et le refus d’envisager une solution d’indépendance s’exprimaient ouvertement dans la littérature du Parti. Rappelons l’article de Léon Feix, précisément, dans les Cahiers du communisme de septembre 1947. L’indépendance de l’Algérie n’y est pas considérée comme souhaitable, ni même comme inévitable : elle est présentée comme une solution fausse, une thèse condamnable, que les communistes doivent rejeter : « La thèse de l’indépendance immédiate de l’Algérie, préconisée par le Parti du Peuple algérien (PPA) conduirait aux pires déboires. La situation actuelle de l’Algérie, pays colonial dont l’économie a été volontairement maintenue dans un état arriéré, le ferait passer immédiatement sous la coupe des trusts américains. » Et plus loin : « Les communistes ne sauraient soutenir la fraction du mouvement national algérien qui préconise pour ce pays l’indépendance immédiate, car cette revendication ne sert pas les intérêts de l’Algérie et de la France. »

La façon dont cette orientation « théorique » se traduisait dans le comportement politique du Parti explique sans doute les raisons profondes de la défiance des nationalistes algériens à l’égard du PCF. Pour le montrer, nous rappellerons ce que fut l’attitude du Parti lors des événements de mai-juin 1945, qui firent dans le Constantinois 30 000 à 40 000 morts musulmans. C’est au cours de cette période que le Parti communiste algérien, dans son Essai sur la Nation algérienne, fait naître la prise de conscience nationale définitive du peuple algérien. Il écrit : « Après le débarquement des troupes alliées en 1942, l’essor du mouvement national s’est concrétisé en particulier par l’immense mouvement des Amis du Manifeste et de la Liberté (AML). Les épreuves communes de mai-juin 1945 ont renforcé la cohésion nationale des Algériens. » Et un peu plus loin il note que les massacres de 1945 dans le Constantinois, en consacrant pour les masses l’impossibilité de faire foi désormais aux promesses de la France, ont achevé de faire de l’Algérie une nation consciente d’elle-même. Telle est l’appréciation que porte aujourd’hui sur ces événements le Parti communiste algérien. Voyons ce que fut alors, en face d’eux, le comportement du PCF. Prenons la collection de L’Humanité de mai 1945. On est en pleine euphorie de la victoire.

Pour les Français, la victoire sur le nazisme signifiait la libération du territoire, les libertés retrouvées, d’importantes conquêtes sociales, un gouvernement où siégeaient des représentants de la classe ouvrière. Pour les musulmans d’Algérie, dans un état de misère et de famine épouvantables, elle allait représenter tout autre chose. Une page de l’histoire était tournée ; une autre commençait, où devait s’écrire la grande lutte des peuples coloniaux pour leur liberté. Le 12 mai, L’Humanité annonce des troubles en Algérie, spécialement à Sétif ; elle signale « le rôle de quelques éléments provocateurs au sein de la population algérienne [...] ; la population affamée a été poussée à des violences par des provocateurs bien connus de l’administration. » Le 13, un communiqué du gouverneur général de l’Algérie met en cause « des éléments d’inspiration et de méthodes hitlériennes ». Regrettant que toute la responsabilité soit rejetée sur les musulmans, l’organe central du PC commente : « Qu’il y ait, parmi eux, quelques hitlériens, c’est d’autant plus évident que le chef pseudo-nationaliste Bourguiba était en Allemagne au moment de la capitulation hitlérienne et vient d’arriver dans un pays d’Afrique du Nord. » Le 15, L’Humanité réitère : « Les agents provocateurs sont parfaitement connus de l’administration algérienne » Le 16, une note du ministère de l’Intérieur, reproduite dans la presse, rejette la responsabilité des événements sur le PPA et sur l’AML. L’Humanité commente : « Le communiqué accuse les Amis du Manifeste d’avoir poussé à la révolte. En supposant qu’il y ait du vrai dans cette affirmation, pourquoi donc le gouvernement général a-t-il autorisé la parution du journal de cette organisation (Égalité) dont nous possédons le numéro du 4 mai ? Le directeur des affaires indigènes tient donc à ce qu’on fasse appel à la révolte. » Le 19 mai, L’Humanité prend la défense des musulmans, du moins de ceux des campagnes, en ces termes : « Les musulmans des campagnes [...] n’ont pas pris la moindre part aux agissements d’une poignée de tueurs à gages dont les chefs sont connus comme mouchards. » Et elle indique la solution : « Ce qu’il faut, c’est punir comme ils le méritent les tueurs hitlériens ayant participé aux événements du 8 mai et les chefs pseudo-nationalistes qui ont sciemment essayé de tromper les masses musulmanes, faisant ainsi le jeu des 100 seigneurs dans leur tentative de rupture entre les populations algériennes et le peuple de France. » Le 20 mai, le comité central du PCF, réuni en session extraordinaire, s’adresse au Parti communiste algérien. Selon lui, les événements montrent que « les provocations des 100 seigneurs de la terre, des mines et de la banque, disposant d’agents directs ou inconscients dans certains milieux musulmans qui se prétendent nationalistes, ont pu être déjouées partout où le PC algérien possède des organisations puissantes. Le PC algérien remplit ainsi sa grande tâche de rassembler les populations algériennes sans distinction de race ni de religion dans la lutte contre les traîtres et les diviseurs et dans une alliance étroite avec le peuple de France contre l’ennemi commun, le fascisme. »

Le 29 mai, L’Humanité signale l’assassinat par la police du camarade Ladjali Mohamed Saïd secrétaire de la section communiste de la Casbah d’Alger. Elle ajoute que, ce camarade « ayant été trouvé porteur de documents importants des Amis du Manifeste, organisation pseudo-nationaliste dont les tueurs ont participé aux événements de Sétif et d’ailleurs », il ne peut s’agir que d’une pure provocation.

Le 31 mai, sous le titre « Arrestations en Afrique du Nord », elle écrit : « On apprend l’arrestation après les événements du département de Constantine, de Ferhat Abbas, conseiller général, président du comité des Amis du Manifeste. Une mesure identique a été prise à l’égard du Dr Saadane, membre du comité directeur de la même organisation. Il est bien que des mesures soient prises contre des dirigeants de cette association pseudo-nationaliste dont les membres ont participé aux tragiques incidents de Sétif. Mais il reste beaucoup à faire. »

Syrie et Liban

À la même date, en première page, L’Humanité annonçait d’autres troubles, en un autre point de l’empire colonial français : à Damas. Là, les événements allaient, quelques jours plus tard, conduire à l’indépendance de la Syrie et du Liban. Quelle interprétation l’organe central du Parti communiste donnait-il des premiers craquements ébranlant les bases du colonialisme français dans le Proche-Orient ? Rapportant les dépêches d’agence signalant que, le mardi 29 mai 1945, la gendarmerie syrienne et la population avaient attaqué la garnison française, L’Humanité proposait à la classe ouvrière française l’explication suivante : « Des informations concordantes émanant de diverses sources permettent d’affirmer que des éléments doriotistes agissant dans divers milieux et de divers côtés ont joué un rôle particulièrement important dans ces regrettables événements. » Est-ce pour ce type d’analyse que Léon Feix revendique le mérite de la fidélité au marxisme-léninisme ? La question peut être posée, car la direction du Parti ne fera pas preuve de beaucoup plus d’imagination, en 1954, devant le déclenchement de l’insurrection algérienne. [...] Tout naturellement, L’Humanité se réfère pour en informer ses lecteurs aux événements de 1945. Sous le titre : « Graves événements en Algérie », et en énumérant les nombreuses actions armées qui montrent qu’il s’agit d’une insurrection militaire organisée, elle écrit : « On se souvient qu’en 1945 les provocations colonialistes aboutirent dans cette région à des massacres faisant plusieurs dizaines de milliers de victimes algériennes. » Le 3 novembre, elle reproduit une déclaration du Bureau politique du Parti communiste algérien demandant « la recherche d’une solution démocratique qui respecterait les intérêts de tous les habitants de l’Algérie sans distinction de race ni de religion et qui tiendrait compte des intérêts de la France ». Le même jour, le MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) de Messali Hadj demandait, lui, pour les Algériens, « le droit à disposer d’eux-mêmes conformément à la Charte de l’ONU. » Le 5, la dissolution du MTLD est prononcée par le gouvernement. Le 9, L’Humanité publie une déclaration du PCF sur les événements d’Algérie : « En de telles circonstances, fidèle à l’enseignement de Lénine, le Parti communiste français, qui ne saurait approuver le recours à des actes individuels susceptibles de faire le jeu des pires colonialistes, si même ils n’étaient pas fomentés par eux, assure le peuple algérien de la solidarité de la classe ouvrière française dans sa lutte de masse contre la répression et pour la défense de ses droits. » On voit que, depuis la Libération, le Parti n’a pas manqué de continuité dans l’interprétation très particulière qu’il a donnée du léninisme dans les questions coloniales ! Mais il faut citer la suite. Le congrès d’Ivry ayant fixé la question déterminante pour toute la politique française jusqu’au congrès suivant, il fallait bien faire entrer l’insurrection algérienne dans le cadre préfabriqué des résolutions alors adoptées ; peut-être aussi avait-on l’espoir que la vertu des mots et des formules suffirait à préserver une alliance déjà condamnée avec ces éléments de la bourgeoisie nationaliste avec lesquels on avait lutté contre le réarmement allemand. La déclaration du Parti continue donc imperturbablement : « Les travailleurs s’opposeront d’autant plus vigoureusement à la politique férocement colonialiste pratiquée en Algérie et dans toute l’Afrique du Nord qu’elle est étroitement liée à la politique de réarmement du militarisme allemand. Elle tend à faciliter l’implantation de l’impérialisme germanique sur le sol africain [...]. »

Tels sont quelques éléments du dossier concernant les critiques adressées par la Fédération de France du FLN au PCF. On jugera s’ils permettent aux dirigeants du Parti de considérer qu’ils ont la conscience tout à fait tranquille.

Jean-Pierre Vernant
1959
Vacarme
Lire aussi :
• Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.
• Bibliographie Racisme, Monde en Question.

[1] La même année, L. Feix écrit dans les Cahiers du communisme : « Certains dirigeants nationalistes préconisent la fusion des trois pays au sein d’un Maghreb arabe ou musulman, depuis le Maroc jusqu’au Pakistan [...]. Il est naturel que les Algériens, les Tunisiens, les Marocains éprouvent les uns pour les autres des sentiments fraternels [...]. Mais cela ne justifie pas une communauté politique contre laquelle jouent tant d’éléments historiques, géographiques, économiques et autres. Une autre voie est possible, ou mieux, encore possible, pour les peuples de l’Afrique du Nord : la voie de l’Union française. »
[2] L’Humanité, 18 février 1954. Tout l’article est dans le style suivant : « Les propos sur la prétendue impuissance française visent à affaiblir le sentiment national, la fierté nationale de notre peuple, à pervertir l’âme de nos jeunes gens dont on veut faire les esclaves dociles des milliardaires américains. » À ce jeu, ce n’est jamais Thorez, c’est de Gaulle qui gagne.
[3] « Thèses pour le XIle congrès », L’Humanité, 21 avril 1954.
[4] Les Soustelle, les Debré et autres gaullistes alors au pouvoir avec lesquels le Parti avait mené la campagne contre la CED ne cachaient pas les raisons de leur hostilité au projet d’armée européenne : seule une armée française autonome pouvait permettre d’intervenir librement en cas de troubles dans les colonies. L’Humanité du 18 février 1954 écrivait : « Il faut faire échec aux néfastes accords de Bonn et de Paris qui consacreraient la renaissance du militarisme allemand et la fin de l’armée nationale française. » C’est le second aspect qui intéressait d’abord les gaullistes.
[5] Lénine, Thèses sur les questions nationale et coloniale.
[6] Comme le montre le document du FLN, p. 6-8, et comme il ressort aussi, malgré les précautions de forme, de l’étude publiée par le Parti communiste algérien sous le titre Essai sur la Nation algérienne (juillet 1958).
[7] Le Parti communiste algérien situe entre les années 1942-1945 ce qu’il appelle la naissance de la nation algérienne. Cette naissance n’ayant été reconnue par le PCF, avec les conséquences qui en découlent, qu’en avril 1957, le Parti, qui prétend avoir toujours raison le premier et trop tôt, n’a donc eu que douze à quinze ans de retard sur la question qui devait se révéler déterminante pour toute la politique française.
[8] Réponse de Léon Feix à la résolution de la cellule Sorbonne-Lettres (voir infra, p 553-565 reprochant à la direction du Parti d’avoir marqué un très grave retard à porter ces problèmes devant les masses et considéré l’indépendance de l’Algérie comme inévitable plutôt que comme souhaitable. Léon Feix rejeta en bloc toutes ces critiques (France nouvelle, 22 janvier 1959).

Qui arme Israël et le Hamas ?

Patrice BOUVERET, Pascal FENAUX, Caroline PAILHE, Cédric POITEVIN, Qui arme Israël et le Hamas ? - La paix pass(é)e par les armes ?,
Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix, 2009


« La guerre la plus brutale qu’Israël ait jamais entreprise ». C’est ce qu’écrivait le 20 janvier 2009 le quotidien israélien Ha'aretz au lendemain de l’opération Plomb durci.

Après cette « guerre de Gaza », bien des questions se posent. D’où viennent ces armes qui offrent à l’Etat hébreu son écrasante supériorité militaire ? Pourquoi un tel recours à la force ? Qu’en est-il du respect des lois de la guerre ?

Le présent ouvrage cible les questions militaires et humanitaires - au-delà des événements de Gaza - et tout particulièrement la problématique des transferts d’armements vers Israël.
Premier fournisseur : les Etats-Unis dont l’incommensurable aide militaire est inscrite dans des accords solides.
Suit l’Union européenne qui reste une source d’approvisionnement secondaire - avec la France en numéro un et la Belgique en quatrième place - mais dont la signification politique ne peut être éludée.
Il évoque également les armes du Hamas, artisanales pour la plupart, dont l’utilisation indiscriminée contre des populations civiles israéliennes est à la fois condamnable et contre-productive.

Le livre explore ensuite les origines de ce qu’on est bien obligé de nommer la « violence d’Etat » israélienne. Et d’expliquer qu’une certaine culture de la forteresse assiégée a fini par produire une société convaincue de sa vulnérabilité face à un environnement hostile et donc du bien-fondé de ses guerres.

Viennent enfin plusieurs rapports d’organisations internationales (Amnesty International, Human Rights Watch, Comité international de la Croix-Rouge) qui jugent sévèrement les pratiques de Tsahal, et aussi celles du Hamas.

Lire aussi :
• Qui participe au massacre des libanais et des palestiniens ?, Loubnan ya Loubnan
• Bibliographie Palestine/Israël

3 juillet 2009

Racisme de l'État d'Israël

Ariel Attias, le ministre israélien de l'habitat, a déclaré que "les Juifs et les Arabes ne peuvent pas vivre ensemble", rapporte vendredi le Jerusalem Post. Ariel Attias a évoqué le danger de "perdre la Galilée" si la population arabe-israélienne continue de "s'étendre" dans le nord. "Les Arabes n'ont pas d'endroit où vivre, alors ils achètent des appartement dans des quartiers juifs, ce qui cause des tensions", affirme le ministre.

Le JDD

Commentaires : L'État d'Israël possède 93% des terres à l'intérieur de la ligne verte, seule frontière internationalement reconnue. Ces terres, volées aux Palestiniens en 1948, ne peuvent être achetées par les Palestiniens citoyens de l'État d'Israël.
Lire : DIECKHOFF Alain (sous la direction de), L'État d'Israël, Fayard, 2008.

Sarkozy a raison : Lieberman doit partir

La demande du président français Nicolas Sarkozy au Premier ministre Benjamin Netanyahu de remplacer Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères, met à jour une triste vérité. À l'heure actuelle, Israël n'a pas un vrai ministre des Affaires étrangères. La communauté internationale refuse de parler à un homme politique qui est considéré comme raciste, suite à la campagne menée par son parti Israel Beytenou, contre les citoyens arabes au cours de la récente campagne électorale à la Knesset. Il n'y pas d'autre manière d'interpréter la comparaison de Sarkozy entre Lieberman et Jean-Marie Le Pen politicien français d'extrême-droite.

Les réactions de colère du ministère des Affaires étrangères après le commentaire de Sarkozy, diffusé lundi sur la chaîne 2 en Israël, à savoir qu'il s'était ingéré dans les affaires intérieures d'Israël, ne sont pas pertinentes.

La France n'a pas imposer un boycott officiel de Lieberman, Sarkozy ne l'a pas non plus condamné publiquement - il a seulement transmis un message à Netanyahou en privé. Il est donc difficile de soutenir que Sarkozy s'est comporté d'une manière peu diplomatique.

Il est plus important de se concentrer sur l'essentiel, sur les dommages en cours des intérêts diplomatiques d'Israël résultant du mandat de Lieberman au ministère des Affaires étrangères. Sarkozy n'était pas le premier à exprimer son insatisfaction avec le fait que le chef d'Israel Beytenou soit élevé au sommet de la diplomatie d'Israël.

Les pays arabes refusent de parler avec Lieberman en raison de ses menaces et de ses propos grossiers sur le passé de l'Egypte et de son président.

Lorsque Lieberman a été invité récemment à Washington, l'administration américaine a exprimé son mécontentement en lui préférant le ministre de la Défense Ehud Barak, qui a été invité à rencontrer le président Barack Obama. Les prédécesseurs de Lieberman au ministère des Affaires étrangères, Tzipi Livni (Kadima) et Silvan Shalom (Likoud), ont également été invités à des réunions avec le président au cours de leurs visites à Washington. Mais pas lui.

La bizarre tentative de Lieberman d'offrir une alternative politique diplomatique, dont la principale caractéristique est le renforcement de la coopération stratégique avec la Russie comme contrepoids à l'administration Obama, s'est effondré dès le début. Avant d'inviter Lieberman à Moscou, les Russes ont envoyé leur ministre des Affaires étrangères à une réunion avec le chef du Hamas Khaled Meshal.

À la lumière de la situation internationale complexe à la veille de la reprise des négociations avec les Palestiniens et peut-être aussi avec la Syrie, Israël a besoin de tout le soutien de la communauté internationale. Il est impératif de remplacer Lieberman par un autre ministre des Affaires étrangères, qui bénéficiera d'une politique d'ouverture dans les capitales du monde.

01/07/2009
Ha'aretz
Traduction de Serge LEFORT

Palestine, Rien ne nous manque ici

Adila LAÏDI-HANIEH (sous la direction de), Palestine, Rien ne nous manque ici, Revue Ah !, 2008


Palestine rien ne nous manque ici, ou La banalité combative : Où l'humour, l'autocritique, la mémoire, la découverte d'identités multiples, la résistance individualiste, entêtée, inscrite dans une pratique quotidienne de liberté sont les nouvelles armes d'un exercice quotidien en dignité. Ce livre est le premier à penser une Palestine contemporaine de manière introspective, multidisciplinaire et critique, telle que vécue et perçue par des artistes et intellectuels Palestiniens et non Palestiniens internationalement confirmés et émergents, a travers des textes en majorité inédits - dont trois nouveaux textes de Mahmoud Darwich.

Lire aussi :
• Adila Laïdi Hanieh première invitée, El Watan
• Dossier Résistance à la colonisation de la Palestine
• Bibliographie Palestine/Israël

Amnesty International accuse Israël de crimes de guerre à Gaza


Les forces israéliennes ont tué des centaines de civils palestiniens et détruit des milliers de maisons de la Bande de Gaza dans des actes qu'Amnesty International assimile à des crimes de guerre dans le premier rapport détaillé publié jeudi de l'organisation de défense des droits de l'homme sur le conflit de janvier dernier.

Amnesty avait exhorté l'Etat hébreu à s'engager publiquement à ne pas faire usage de son artillerie ou encore de projectiles au phosphore blanc sur les secteurs à forte densité de population. Amnesty avait également demandé aux dirigeants du Hamas d'ordonner l'arrêt des tirs de roquettes sur les civils israéliens, attaques que l'organisation qualifie également de crimes de guerre.

Amnesty -qui avait accusé Israël de crimes de guerre dès la fin du conflit le 18 janvier dernier- souligne qu'il reste des "questions perturbantes" notamment de celle de savoir pourquoi les armes de précision utilisées par Tsahal telles que des obus de char ou encore des missiles ont "tué autant d'enfants et d'autres civils".

Amnesty accuse également Tsahal d'avoir utilisé des armes au phosphore, de s'être servi de Palestiniens comme "boucliers humains" et d'avoir fréquemment empêcher des civils de recevoir des soins et de l'aide humanitaire.

Le mode des attaques israéliennes et le nombre élevé de pertes civiles "indiquent un comportement dangereux, un mépris pour la vie des civils et leurs biens et une incapacité permanente pour distinguer les cibles militaires des populations civiles", accuse notamment Amnesty International.

Selon les responsables sanitaires à Gaza et les organisations de défense de droits de l'homme, plus de 1.400 Palestiniens dont plus de 900 civils ont été tués au cours des trois semaines de l'offensive israélienne "Plomb durci". Israël fait état d'un bilan plus proche de 1.100 morts et affirme que l'immense majorité de ces morts étaient des militants mais refuse d'en fournir la liste.

Amnesty précise que quelque 300 enfants et des centaines d'autres civils non armés figurent parmi les morts. Treize Israéliens ont également perdu la vie dont trois civils tués dans un tir de roquette.

L'armée israélienne s'est refusée à tout commentaire sur ce rapport d'Amnesty International.

AP-Yahoo! Actualités

L'armée israélienne s'est livrée à des actes de "destructions gratuites", visant des civils Palestiniens, lors de son offensive dans la bande de Gaza en décembre et janvier, affirme Amnesty International.

Dans un rapport de 117 pages consacré aux 22 jours de combats, l'organisation humanitaire précise également que les tirs de roquettes des militants du Hamas contre Israël constituaient des "crimes de guerre".

Amnesty affirme n'avoir trouvé aucune preuve que des civils ont été volontairement utilisés par les combattants du Hamas comme des boucliers humains, comme l'affirmait l'armée israélienne.

Au total, ce conflit a entraîné la mort de 1.400 Palestiniens, dont 300 enfants et des centaines de civils, des chiffres en accord avec ceux avancés par le ministère de la Santé à Gaza et le Centre palestinien des droits de l'homme.

L'armée israélienne avait évalué à 1.196 les pertes palestiniennes dont 295 civils. Au cours de cette intervention, 13 Israéliens ont été tués dont trois civils.

"La plupart des destructions étaient gratuites et délibérées", estime Amnesty dans son rapport. "Elles ont été conduites dans des circonstances qui confirment qu'elles n'étaient pas justifiées par des impératifs militaires."

L'état-major israélien a réagi en disant que l'armée avait agi conformément aux règlements internationaux. Il a accusé les auteurs du rapport d'ignorer "les efforts fournis par les forces de défense israéliennes pour limiter autant que possible les dommages aux non-combattants".

"PRUDENCE"

"Dans de nombreux cas, les forces de défense israéliennes ont fait preuve de prudence, notamment en avertissant la population civile avant une attaque", ajoute Tsahal.

"Les forces israéliennes ont dirigé leurs attaques uniquement contre des cibles militaires", affirme l'état-major.

Une enquête ouverte par l'état-major israélien avait conclu à l'absence de crimes tandis que l'Etat hébreu a refusé de coopérer avec une enquête diligentée par les Nations unies.

Amnesty précise que les roquettes tirées par les combattants du Hamas ont rarement fait des victimes et ont surtout provoqué des mouvements de panique parmi les populations.

Ils n'en restaient pas moins des actes "aveugles et illégaux au regard du droit international".

Amnesty accuse le Hamas et d'autres groupes armés d'avoir mis en danger la vie des civils palestiniens en tirant des roquettes et en cachant des armes à proximité d'habitations.

L'organisation humanitaire affirme n'avoir recueilli aucune preuve montrant que "le Hamas et les autres groupes armés obligeaient des civils à demeurer à l'intérieur ou à proximité de bâtiments utilisés par leurs combattants."

Aucune preuve n'a été trouvée que ces civils étaient retenus contre leur gré dans des immeubles ou dans des quartiers sous le contrôles des insurgés.

Un porte-parole du Hamas a estimé que le rapport d'Amnesty ne mettait pas suffisamment l'accent sur les "crimes" commis par Israël.

"Ce rapport met sur un pied d'égalité l'agresseur et la victime et ne tient pas compte du droit international, qui consacre la résistance à une occupation", a-t-il dit.

Le rapport affirme en revanche qu'en plusieurs occasions des soldats israéliens se sont servis de civils palestiniens, y compris d'enfants comme de "boucliers humains" en les contraignant à rester à proximité de "maisons qu'ils utilisaient comme positions militaires".

Reuters-Yahoo! Actualités

Lire aussi :
• L'impunité pour les crimes de guerre commis à Gaza et dans le sud d'Israël annonce de nouvelles souffrances pour les civils, Amnesty International
• Israël et territoires palestiniens occupés, Amnesty International
• Occupation, Colonialism, Apartheid?, PDF par Conseil pour la Recherche en Sciences Humaines (HSRC)

2 juillet 2009

Sans-papiers

Alors que le PCF lance une croisade contre les musulmanes et que la CGT fait la chasse aux travailleurs sans-papiers, ce qui donne du grain à moudre à Marine Le Pen, il est utile de s'interroger sur la question des sans-papiers [1].

Cimade, Votre voisin n’a pas de papiers - Parole d'étrangers, La Fabrique, 2005
Forte de son expérience, la Cimade a décidé de réaliser ce livre destiné avant tout à donner la parole à celles et ceux qu’elle accueille tous les jours. Ils nous racontent leurs difficultés, leurs espoirs, leurs déconvenues, et souvent leur désespoir.
Ces personnes sont des étrangers que nous croisons tous les jours. Ils sont nos voisins, vivent à nos côtés, travaillent dans nos villes sans que nous soupçonnions les difficultés qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne quand il s’agit pour eux de faire valoir leurs droits. Pourtant, tous les jours, la presse, la radio, la télévision nous parlent de ces hommes et de ces femmes, soit en s’apitoyant sur leur sort, soit pour affirmer qu’ils posent des «problèmes».

Article11
HNS-info
Spectacle, Votre voisin n’a pas de papier, Assez d' Humiliation ! - PDF

Miguel BENASAYAG, Angélique DEL REY et des militants de RESF, La chasse aux enfants - L'effet miroir de l’expulsion des sans-papiers, La Découverte, 2008
Cet ouvrage est un signal d’alarme lancé par les philosophes Miguel Benasayag et Angélique del Rey, et des membres du Réseau Éducation sans frontières (RESF), confrontés quotidiennement à la réalité de la traque des sans-papiers et de leurs enfants scolarisés en France. Il montre que la politique discriminatoire dont ces derniers sont l’objet a des conséquences beaucoup plus profondes qu’il n’y paraît, puisque c’est la société tout entière qui est traumatisée quand elle est amputée de certains de ses membres : les violences faites aux migrants étant des atteintes à ce qu’ils sont et non à ce qu’ils font, elles provoquent de profonds chocs psychologiques.

Cela vaut en particulier pour les camarades de classe des « enfants chassés », confrontés à d’insupportables contradictions quand les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité sont bafouées au nom d’une certaine conception de l’ordre et de la tranquillité sociale, lorsque des enseignants, des responsables d’établissements ou des parents doivent s’opposer ouvertement aux agents de la force publique qui procèdent aux arrestations ou aux expulsions, quand l’autorité scolaire ou parentale doit contredire une autorité censée assurer la sécurité de tous.

Nourri de nombreux témoignages sur les violences de la « chasse aux enfants » et l’engagement de militants de RESF, ce livre montre que cet engagement au nom de la solidarité active, maintenant pénalisée, relève, au-delà de la conscience morale, beaucoup plus fondamentalement de la possibilité réelle de vivre ensemble.

Article11
La vie des idées
Réseau Education Sans Frontières

Collectif, Feu au centre de rétention - Des sans-papiers témoignent, Libertalia, 2008
Au cours des six mois qui ont précédé l’incendie du centre de rétention de Vincennes, le 22 juin 2008, les migrants « retenus » ont multiplié les actes de résistance, refusant de manger, d’être comptés, déchirant leurs cartes, brûlant leurs chambres, affrontant la police. Six mois de luttes collectives durant lesquels nous n’avons cessé de leur téléphoner et de recueillir le récit de leurs révoltes.

Alors que Brice Hortefeux vient d’annoncer la réouverture du centre de rétention quelques mois seulement après l’incendie, la lecture des témoignages des ex-retenus est plus que nécessaire.

Au fil des pages, il apparaît clairement que l’incendie de Vincennes et la révolte des enfermés étaient inévitables. Le décès d’un retenu tunisien le 21 juin, à qui l’administration refusait les soins appropriés, a été l’élément déclencheur. Ce que les sans-papiers de Vincennes nous disent pourrait tout aussi bien avoir été recueilli ailleurs, dans l’un des nombreux camps d’internement pour migrants érigés par les pays riches afin de contrôler les mouvements des populations pour mieux les exploiter. 
À la suite de la révolte collective qui a abouti à la destruction de cette prison spéciale pour étrangers, six personnes ont été interpellées. Elles sont aujourd’hui détenues à Fresnes et à Fleury-Mérogis, dans l’attente de leur jugement. Les bénéfices de ce livre seront entièrement consacrés à leur défense.

Article11
LMSI (Première partie)
LMSI (Deuxième partie)

Lire aussi :
• Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.
• Bibliographie Immigration, Monde en Question.
• Bibliographie Racisme, Monde en Question.

[1] Revue de presse :
• 24/06/2006, «Ils sont rentrés et ont balancé les lacrymo», Libération
• 24/06/2006, La CGT évacue de force les sans-papiers, Rue89
• 25/06/2006, «Maintenant, ce sera les CRS ou les papiers», Libération
• 25/06/2006, Très dur avec les faibles, si doux avec les puissants - Honte à toi, camarade cégétiste !, Article11
• 26/06/2006, Sans-papiers : en plein Paris, la rue pour dortoir, Rue89
• 29/06/2006, Pour ceusses - les naïfs… - qui nourriraient encore quelques illusions sur la CGT, Article11

La Cour suprême d'Israël

La Cour suprême d'Israël a ordonné, mercredi 1er juillet, d'aggraver l'acte d'inculpation contre un officier et un soldat qui, sur ordre, avait tiré à bout portant une balle caoutchoutée sur un Palestinien menotté et les yeux bandés. Les trois juges de la Cour suprême ont estimé que l'inculpation pour "conduite inappropriée", passible uniquement de sanction administrative, ne correspondait pas à la gravité des faits retenus.
"Ils s'agit d'un acte cruel qui mérite une punition en rapport", ont déclaré les juges dans leurs attendus.

La Cour a en conséquence exigé du procureur militaire qu'il aggrave le chef d'inculpation, selon une source judiciaire. Le lieutenant-colonel Omri Borberg est accusé d'avoir ordonné à un sergent de tirer à bout portant une balle caoutchoutée dans la jambe d'un Palestinien, qui venait d'être interpellé en juillet lors d'une manifestation à Nilin, en Cisjordanie.

B'Tselem, association israélienne de défense des droits de l'homme qui avait rendu publique l'affaire en diffusant une vidéo de l'incident, avait qualifié la décision de l'armée de "honteuse" et demandé une enquête criminelle contre les deux accusés. Les faits, qui ont eu lieu le 7 juillet, avaient été filmés par une adolescente palestinienne. Les images montrent le soldat en train de tirer sur la jambe d'un homme arrêté, menotté et les yeux bandés, alors que le lieutenant-colonel le tient par le bras.

Ashraf Abou Rahma, 27 ans, légèrement blessé, avait été soigné sur place. Il avait été brièvement arrêté alors qu'il participait à l'une des nombreuses manifestations protestant contre la construction de la barrière de séparation en Cisjordanie.

Vidéo traduite en français, You Tube

1 juillet 2009

Israël refoule l'aide humanitaire pour Gaza

La marine israélienne a refoulé un petit ferry transportant des fournitures médicales et des militants pacifistes étrangers qui tentait de gagner Gaza malgré le blocus imposé au petit territoire palestinien, a annoncé mardi un porte-parole des passagers.

L'armée israélienne n'avait pas confirmé dans l'immédiat.

Dans un communiqué, le Mouvement Gaza libre, qui a organisé le voyage, précise que le navire "Spirit of Humanity" est parti du port chypriote de Larnaca lundi à destination de Gaza avec trois tonnes de fournitures médicales.

Parmi les 20 passagers, figurent l'ancienne parlementaire américaine Cynthia McKinney, la lauréate du prix Nobel de la paix Mairead Corrigan Maguire et d'autres militants pacifistes de Grande-Bretagne, d'Irlande, de Bahreïn et de Jamaïque.

"Il y a un patrouilleur près de nous et on nous a dit que si nous ne rebroussions pas chemin ils ouvriraient le feu", a précisé Derek Graham, un militant irlandais témoignant par téléphone cité sur le site Web du mouvement.

Le Mouvement Gaza libre a organisé cinq voyages en bateau vers Gaza depuis août 2008, bravant le blocus qu'Israël a imposé au petit territoire palestinien depuis sa prise de contrôle par le Hamas en juin 2007.

Deux autres voyages avaient été stoppés par les navires de guerre israéliens durant l'offensive israélienne de décembre-janvier dans la bande de Gaza. Aucun des passagers n'avait été blessé.

AP-Yahoo! Actualités

Lire aussi :
• L'actualité vue par Free Gaza Movement, LePost.
• Le Groupe La paix pour la Palestine, LePost.

Nétanyahou-Sarkozy-Lieberman

Editorial, Sarkozy is right - Lieberman must go, Ha'aretz.

Sarkozy aurait conseillé à Nétanyahou de renvoyer Lieberman, selon des responsables israéliens, AP-Yahoo! Actualités.
Nicolas Sarkozy, qui a reçu Benyamin Nétanyahou la semaine dernière à l'Elysée, lui aurait conseillé de renvoyer son controversé ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, selon de hauts responsables israéliens. A la suite de ces informations, le Premier ministre israélien a réaffirmé mardi son "entière confiance" au chef de la diplomatie de l'Etat hébreu.

Des sources gouvernementales israéliennes, qui ont requis l'anonymat, ont confirmé mardi les informations de la télévision israélienne qui rapportait que le président français s'en était pris durement à l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, chef du parti Israel Beitenou, lors de son entretien avec Benyamin Nétanyahou mercredi dernier à Paris.

"Si les choses attribuées au président français sont vraies, alors cette ingérence du président d'un pays démocratique respecté dans les affaires d'un autre pays démocratique est très grave et intolérable", a dénoncé le porte-parole du chef de la diplomatie israélienne Tzahi Moshe dans un communiqué.

Le cabinet de Benyamin Nétanyahou a de son côté fait savoir dans un communiqué publié après sa rencontre avec les ambassadeurs de l'Union européenne mardi, qu'"au regard de récentes informations, il était important pour lui de souligner qu'il avait une entière confiance dans le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman".

"Le Premier ministre a ajouté qu'il sait que le ministre des Affaires étrangères Lieberman est complètement engagé en faveur de la paix et la sécurité et qu'il est un membre important du gouvernement élu de l'Etat démocratique d'Israël", ajoute le communiqué qui ne confirme ni ne dément les informations de la télévision israélienne.

Le porte-parole de Benyamin Nétanyahou Nir Hefetz a déclaré sur la radio de l'armée israélienne que "le Premier ministre n'a pas l'impression d'avoir besoin de conseils sur son gouvernement de sources extérieures".

L'Elysée n'a pas souhaité commenter ces informations. Lors du point de presse au Quai d'Orsay, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères Romain Nadal a renvoyé les journalistes au communiqué publié après l'entretien entre MM. Sarkozy et Nétanyahou. "C'est ce compte rendu qui reflète le contenu de cet entretien", a-t-il expliqué, notant que le nom du chef de la diplomatie israélienne n'y était pas mentionné.

Selon l'une des sources officielles, Avigdor Lieberman a demandé à ses subordonnés de ne pas commenter davantage ces informations, afin d'éviter des tensions diplomatiques.

Selon ces sources, Nicolas Sarkozy aurait conseillé à Benyamin Nétanyahou de se "débarrasser de cet homme" et le remplacer par la modérée Tzipi Livni, ancienne ministre des Affaires étrangères. Le Premier ministre aurait répondu au dirigeant français qu'en privé, Avigdor Lieberman, "parle différemment" que dans ses discours politiques, mais Nicolas Sarkozy aurait rétorqué qu'en privé, le président du Front national Jean-Marie Le Pen est "un homme très gentil", ajoutait-on de mêmes sources.

La nomination de l'extrémiste Avigdor Lieberman à la tête de la diplomatie israélienne avait été mal reçue par la communauté internationale en raison de ses positions intransigeantes sur le processus de paix israélo-palestiniens et ses provocations verbales dénoncées comme racistes.

Sarkozy embarrasse Nétanyahou, Yahoo! Actualités - Libération.
Nicolas Sarkozy, en particulier depuis son discours l'an dernier à la Knesset, est l'ami d'Israël. On ne s'attendait donc pas à ce qu'il en vienne à comparer Avigdor Lieberman, le très extrémiste et raciste chef de la diplomatie de l'Etat hébreu, à Jean-Marie Le Pen. C'est ce qui a le plus choqué, du ministère des Affaires étrangères aux médias israéliens, y compris le quotidien de référence Haaretz, qui consacre sa une à l'affaire.

Au départ, il y a une conversation un peu complice, lors d'une rencontre à l'Elysée, le mercredi dernier, entre Sarkozy et Benyamin Nétanyahou, deux hommes qui se connaissent bien et s'apprécient. Et ce conseil sans doute amical, donné devant témoins, du président français à son hôte : «Débarrasse-toi de lui [Lieberman, ndlr] et prends à la place Tzipi Livni [la chef de l'opposition]. Avec elle et Ehud Barak [le ministre travailliste de la Défense], tu pourras faire l'Histoire.» Ces propos ont provoqué la colère dans l'entourage du chef de la diplomatie israélienne. «Si ce qui est attribué au président français est exact, il s'agit d'une immixtion d'un président d'un Etat démocratique respecté dans les affaires d'un autre pays démocratique, une chose grave et inacceptable», a enragé hier, un conseiller de Lieberman. «Nous espérons qu'au-delà des positions politiques de chacun, tous les partis en Israël condamneront une intervention aussi grossière d'un Etat étranger dans nos affaires intérieures.» Tous les partis, non, puisque Ahmed Tibi, un député arabe israélien, membre de la Liste arabe unie, a félicité le président français : «La communauté internationale commence à prendre en compte le danger fasciste»,représenté par Avigdor Lieberman.

30 juin 2009

De la burqa au string

Au risque d'énoncer des évidences, il paraît utile de rappeler à tous ceux qui mènent une croisade contre le vêtement nommé burqa que :
Un vêtement est un objet, en général en tissu, voilant une partie du corps.
La première fonction sociale du vêtement est de protéger la pudeur en voilant certaines parties du corps.
La deuxième fonction sociale du vêtement est de marquer l'appartenance à un sexe, une classe et/ou un groupe et une culture.
Le vêtement a une histoire qui résulte de l'évolution de chaque culture et des interférences, choisies ou imposées, avec d'autres cultures.
S'insurger du fait qu'un vêtement voile, en partie ou totalement, le corps revient à prôner le nudisme qu'aucune société n'a pratiqué et ne pratique sinon de manière ponctuelle et codifiée (camps de nudistes par exemple).

Une révolution vestimentaire s'est produite en Europe à la moitié du XIVe siècle quand les vêtements masculin et féminin commencèrent à se différencier. À partir de cette époque les hommes ne portent plus la robe sauf les hommes du clergé.
Une deuxième révolution vestimentaire s'est produite en France à la fin du XVIIIe siècle quand les sans-culotte abandonnèrent la culotte et les bas au profit du pantalon qui est devenu le standard du vêtement masculin en Occident.

Les autres cultures n'ont pas suivi la même évolution ni au même rythme, même si une classe d'hommes et de femmes ont copié les normes occidentales dans leurs relations d'affaires. C'est le cas par exemple au Japon, où le vêtement occidental est utilisé à titre professionnel et le vêtement traditionnel dans la vie courante surtout familiale.


Au nom de quoi imposerait-on une norme vestimentaire aux musulmanes et à elles seules ? Pas au nom des principes républicains, de la laïcité ou la libération de la femme, mais au nom de l'impérialisme colonial européen qui a refusé d'accorder la citoyenneté française aux populations conquises et leur a appliqué le Code de l'indigénat c'est-à-dire la loi coranique.
D’après le senatus consulte du 14 juillet 1865 [restera en vigueur jusqu’à la loi du 7 mai 1946] : « L’indigène musulman est français ; néanmoins il continuera à être régi par la loi musulmane. » [1]
L'impérialisme colonial européen a aussi construit les stéréotypes d'un Orient pour imposer son schéma de pensée : Occident civilisé / Orient barbare. Le fantasme a pris corps notamment dans l'imaginaire érotique d'une fascination/répulsion de la femme voilée. La peinture du XIXe siècle reflète cette obsession, qui fut le justification de la représentation picturale de la nudité (choquante à l'époque).

Aujourd'hui les catho-laïco-féministes partageraient-ils les mêmes obsessions ? Rêveraient-ils secrètement de voir les musulmanes à poil ou en string ? C'est ce qu'illustre une blogueuse :


Une femme aux seins nus représente notre République
et c'est donc le contraire d'une femme voilée !

Serge LEFORT
30/06/2009

Sélection bibliographique :
Vêtement
• BARTHES Roland, Le bleu est à la mode cette année, IFM, 2001
• BOURDIEU Pierre, La distinction - Critique sociale du jugement, Minuit, 1979
• LAURENT Jacques, Le nu, vêtu et dévêtu, Gallimard, 1979
• POIRIER Jean (sous la direction de), Histoire des mœurs I - Les coordonnées de l'homme et la culture matérielle, Gallimard, La Pléiade, 1990
• POIRIER Jean (sous la direction de), Histoire des mœurs II - Modes et modèles, Gallimard, La Pléiade, 1991
• POIRIER Jean (sous la direction de), Histoire des mœurs III - Thèmes et systèmes culturels, Gallimard, La Pléiade, 1991
Culture coloniale
• BLANCHARD Pascal et LEMAIRE Sandrine (dirigé par), Culture coloniale - La France conquise par son Empire 1871-1931, Mémoires n°86, Autrement, 2003
• BLANCHARD Pascal et LEMAIRE Sandrine (dirigé par), Culture impériale - Les colonies au cœur de la République 1931-1961, Mémoires n°102, Autrement, 2004
• BLANCHARD Pascal et BANCEL Nicolas (dirigé par), Culture post-coloniale - Traces et mémoires coloniales en France 1961-2006, Mémoires, Autrement, 2006
• GRUZINSKI Serge, La colonisation de l'imaginaire : Sociétés indigènes et occidentalisation dans le Mexique espagnol XVIe-XVIIIe siècle, Gallimard, 1988
Orientalisme
• BUISINE Alain, L'Orient voilé, Zulma, 1993
• POULET Régis, L'Orient : généalogie d'une illusion, Presses Universitaires du Septentrion, 2002 [La revue des ressources]
• SAÏD Edward, L'orientalisme - L'Orient créé par l'Occident, Seuil, 1980
Lire aussi :
• Bibliographie Vêtement, Monde en Question.
• Bibliographie Voile & Burqa, Monde en Question.
• Revue de presse Burqa (2009), Monde en Question.
• Revue de presse Voile (2004), Monde en Question.
• Bibliographie Colonialisme [Orientalisme], Monde en Question.

[1] Références :
• Un code pour les indigènes, LDH-Toulon
• Le code de l'indigénat dans l'Algérie coloniale, LDH-Toulon
• Indigénat, Wikipédia

Revue de presse Burqa

Cette revue de presse rassemble les opinions contradictoires de gauche et de droite - féministes comprises - sur la question de la burqa.

17/06/2009, Texte de la proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête sur la pratique du port de la burqa ou du niqab sur le territoire national, André Gerin - PDF

18/06/2009, "Une burqa ? Non, je ne sais pas où trouver ça", Rue89
A Paris, Rue89 n'a pas trouvé de boutiques vendant le voile dissimulant corps et visage qu'un groupe de députés veut interdire.

18/06/2009, ROGER-PETIT Bruno, Des députés contre la burqa ? Et pour les bonnes sœurs catholiques, on fait quoi ?, LePost

Cette commission d'enquête se pencherait-elle également sur le sort des religieuses catholiques cloitrées dans les couvents, le corps également recouvert de tissus épais ne donnant à voir (léger plus par rapport à la burqa) que l'ovale de leur visage ? Ou bien une fois encore, n'examinerait-on, et ce, à des fins qui pourraient être perçues comme exclusivement stigmatisantes, que les cas extrêmes issus d'une application démesurée des préceptes religieux musulmans ?

Un pays de tradition judéo-chrétienne se permettrait de s'ériger en normateur de la bonne ou mauvaise façon d'exercer une religion, oubliant au passage de s'intéresser à des cas issus de sa tradition et parfaitement similaires. Qui nous dit que les centaines de religieuses enfermées dans des couvents (Carmélites, Clarisses...) le corps à peine moins voilé que si elles portaient une burqa, sont des femmes qui seraient plus libres que les musulmanes adeptes de la burqa ? Au nom de quoi ? Au nom de qui juger ?

19/06/2009, Revue de presse : débat sur le port du voile, NouvelObs
LE PROGRES DE LYON
Francis Brochet
"André Gérin aura au moins réussi cela: faire à nouveau parler de lui à Paris, et redonner un mégaphone à Jean-Marie Le Pen, qui a repris hier ses diatribes contre la "bande des quatre". Mais comment imaginer qu'il aurait pu en être autrement, avec cette proposition d'une commission sur la "burqa" et ces femmes complètement voilées que l'on croise dans nos rues... Il en est ainsi depuis au moins un quart de siècle: la France a mal à son immigration. Elle hésite sans cesse entre intégration et rejet, entre assimilation et ségrégation, parce que rien n'est jamais tout à fait simple en ce domaine - sauf pour Messieurs Gérin et Le Pen. Pour Monsieur le Préfet du Rhône, aussi, qui a jugé nécessaire et urgent d'expulser un jeune Marocain de 20 ans, en France depuis six ans, qui venait d'obtenir son CAP de plâtrier. On dit pourtant que la France manque d'apprentis-plâtriers."

L'ALSACE-LE PAYS
Marie-Lise Perrin
"Contrairement à la question du port du voile à l'école, qui portait atteinte à la laïcité héritée de Jules Ferry, il s'agit dans ce cas d'adultes qui ont le droit de porter autant de couches de tissu qu'ils le souhaitent pour se promener. C'est bien ce que font les religieuses catholiques sans qu'aucun élu ne s'en émeuve. Y aura-t-il bientôt un taux de couverture du visage autorisé, au-delà duquel il sera interdit d'aller ? La cagoule de ski du petit dernier est-elle réglementaire ? Les larges RayBan et la casquette que notre président aime à porter pour faire son jogging ne sont-elles pas trop couvrantes ? Bon courage à ceux qui souhaiteraient légiférer sur le sujet. Derrière la burqa se cachent en fait bien d'autres questions que celle de la laïcité : celle de l'égalité entre les hommes et les femmes - elle ne semble pas habituellement empêcher nos élus de dormir - mais aussi celle de la peur du fondamentalisme religieux en général, et musulman en particulier. Fadela Amara, qui prône une interdiction du voile intégral pour lutter contre ce fondamentalisme, se trompe pourtant d'adversaire. C'est derrière le voile, dans la tête des gens, que les mentalités peuvent changer."

19/06/2009, Une loi anti-burqa : républicain ou démago?, Libération - France Info
Un débat relancé au sein même du gouvernent avec des positions divergentes de Fadela Amara à Eric Besson ou encore Xavier Darcos. Le port de cette tenue est-il une offense, une agression à l’encontre du statut de la femme ? La France est-elle capable de prendre des mesures législatives contre la burqa ? En réalité, quels sont les bons moyens pour lutter ou interdire ce signe religieux musulman sur la voie publique ?
La République peut-elle aller contre la liberté de choix de tout un chacun ?

21/06/2009, Docteure Michèle Dayras [SOS-Sexisme], Non à l’apartheid vestimentaire des Francaises musulmanes, Sisyphe.
La déferlante du voile en Occident traduit la poussée de l’Islam politique pour lequel le premier pays à conquérir demeure notre République, dont la laïcité fait la spécificité.

Ignorant cette offensive intégriste réelle et planifiée, le gouvernement défend le multiculturalisme et le maintien des particularismes, au risque de nous conduire vers une société différentialiste à l’anglo-saxonne qui mettrait en péril les droits et les acquis des françaises. Et de nombreuses associations de lutte contre les discriminations se montrent pro-voile, niant de façon éhontée le sexisme de cette pratique.

Le principe démocratique d’ « égalité entre les femmes et les hommes » ne doit-il pas primer celui de « liberté individuelle » dont se gargarisent les intégristes qui vivent ici ?

21/06/2009, Alain GRESH, Enfin, la représentation nationale se mobilise contre... la burqa, Les blogs du Diplo
Le pays est entré dans sa plus grave récession depuis la seconde guerre mondiale. Les chômeurs, en nombre croissant, submergent le Pôle emploi dont les moyens ont été réduits. Les électeurs ont massivement déserté les élections européennes et exprimé leur défiance à l’égard des politiques incapables de répondre à leurs attentes. Sensible à toutes ces critiques, les députés ont décidé de réagir et, dans un sursaut d’unité nationale, sous la houlette du communiste André Gérin, ont décidé de répondre à l’appel du pays : 58 d’entre eux, en grande majorité de droite, ont décidé d’appeler à la création d’une commission d’enquête sur le défi majeur de notre époque : le port de la burqa en France.

Cette polémique est un feu de paille, elle ne durera peut-être pas, mais on peut être sûr qu’elle ressurgira d’ici un mois, deux mois ou plus... Comme les Une des hebdomadaires sur l’immobilier ou sur le classement des hôpitaux (des écoles, des villes, etc.), l’islam fait partie désormais de ces « marronniers » qui reviennent régulièrement et qui ont l’avantage de remplir du papier sans demander beaucoup de travail. Nombre d’intellectuels éminents sont déjà prêts à fournir à la presse les points de vue et les libres opinions qui appellent à la résistance contre le fascisme islamique.

Au début des années 1980, les milices de Rifaat El-Assad, le frère du président syrien, dévoilaient les femmes dans les rues de Damas. Pourquoi ne pas créer de telles milices en France dont la tâche, en plus du dévoilement des femmes musulmanes pourrait être :
• d’arracher les perruques des femmes juives traditionalistes que les maris obligent à se raser la tête ;
• d’arracher les tenues des bonnes soeurs qui osent se promener en habit traditionnel (rappelons-nous cette défaite de la laïcité, quand la presse française interviewait soeur Emmanuelle portant un foulard...) ;
• enfin, de vérifier que la longueur des jupes des jeunes filles de toutes confessions est conforme à l’idée que nous, les hommes, nous nous faisons du droit des femmes à leur corps...

22/06/2009, "En France, la liberté pour tous, sauf pour les musulmans !", Le Monde
C'est un non-débat, par Rani Boukhelifa
Pour ce qui est de la burqa, c'est un non-débat, qu'on me dise combien de cas sont recensés en France avant de fustiger une fois de plus les musulmans. La vraie question à régler est celle de l'intégration et la "dépaupérisation" des populations immigrées "de couleur" à la société française. Il faudrait pour cela que les institutions françaises se remettent en question et mettent un peu d'humilité et d'humanité dans leur gestion de ce problème... un peu à l'image du Canada, qui sera en 2009 la première destination d'immigration au monde.

Extrême serait le port de la burka, extrême est l'interdiction de la porter, par ToufikLa
France ne sortira pas grandie de ce débat stérile qui ne fait que stigmatiser une partie de la population. Qu'avons-nous à gagner de cette interdiction si ce n'est que renforcer l'exclusion de ces femmes qui n'oseront plus sortir de chez elle ? Est-ce cela l'objectif annoncé ? La France a-t-elle si peur de ces femmes ? Et réfléchissons un instant sur la loi contre le voile à l'école : quel en fut le résultat si ce n'est l'ouverture d'écoles confessionnelles musulmanes ? Est-ce cela l'esprit républicain ?

Et pourquoi pas interdire le string ?, par La Gata Negra
Interdire la burqa ? Pourquoi pas aussi la casquette, le string... Je suis étonnée de voir que le gouvernement n'ait pas mieux à faire que de légiférer sur ce sujet. Dans nos quartiers, peuplés de "racaille" et qu'il était prévu de "karcheriser", il y a tant à faire en matière d'éducation, de santé, d'emploi... La République ne penserait à nous que pour entraver nos libertés ?

23/06/2009, « La burqa n'est pas la bienvenue en France », l'Humanité
Fermement, solennellement, le président de la République affirme : « La burqa n’est pas la bienvenue en France. » On ne peut, dit-il, « accepter dans notre pays des femmes prisonnières derrière les grillages, coupées de toute vie sociale, privées de toute identité ». Emboîtant le pas à bon nombre de musulmans, Nicolas Sarkozy rappelle que la burqa « n’est pas un signe religieux, c’est un signe d’asservissement, c’est un signe d’abaissement ».

23/06/2009, La gauche se déchire sur le voile, Le JDD
Alors que la droite avance en ordre de bataille contre la burqa et que les députés viennent de mettre en place une mission d'information, la gauche, elle, peine à adopter une position claire. Tiraillée entre le féminisme, la laïcité et la lutte contre l'islamophobie, elle essaie d'éviter le piège de la stigmatisation des musulmans sans occulter pour autant les violences faites aux femmes.

Bref, entre les partis de gauche comme en leur sein, les désaccords s'entrelacent. Même le mouvement féministe est complètement divisé sur la question. A l'occasion du débat sur la laïcité, en 2003, quand il s'agissait d'interdire le hijab dans les écoles de la République, une nouvelle organisation avait même vu le jour, le Collectif des féministes pour l'égalité (CFPE). Revendiquant une approche différente de celle des "petites blanches" du CNDF (Collectif national pour les droits des femmes, organe traditionnel du mouvement féministe qui condamnait le port du voile), les Féministes pour l'égalité défendaient le droit à l'éducation pour toutes. "Après le vote de la loi en 2004, les filles n'ont pas retiré leur foulard, témoigne Loubna*, musulmane, prof dans un lycée de banlieue et membre du CFPE. Les parents ont retiré les filles des bahuts pour les mettre dans des écoles confessionnelles, elles se sont mariées jeunes, ont rejoint des associations musulmanes... En réalité, on les a enfermées dans une microsociété musulmane". La loi de 2004 n'aurait donc rien réglé, au contraire: "il y a de plus en plus de filles qui portent le voile", affirme Loubna. Leur interdire de se montrer en public revient à les enfermer davantage encore, non à les émanciper.

"Ce n'est pas en arrachant son voile à une nana qu'on va la libérer, ça ne marche pas comme ça l'émancipation, ironise Suzanne, militante au NPA, c'est du faux féminisme, de l'islamophobie déguisée". Pour Loubna aussi, interdire à une femme de porter le voile relève d'un féminisme aux forts relents colonialistes: "l'émancipation, ce n'est pas forcément porter un bikini, explique-t-elle, est-ce qu'une femme blanche apprécierait qu'on vienne lui dire: 'je trouve qu'avec ton string tu es prisonnière du diktat de la femme qui doit être belle et à poil'? Je ne crois pas". D'après elle, les femmes choisissent de porter le voile, en signe d'émancipation. Parfois pour dérober leur corps au regard des hommes qui les considèrent comme des objets sexuels. Quelques unes sont même beaucoup plus libérées qu'on veut bien le croire: "je connais des femmes voilées beaucoup moins complexées que moi sur l'IVG ou l'homosexualité", jure-t-elle. "A titre personnel, je suis contre la burqa et je ne comprends pas qu'on puisse en mettre une, précise-t-elle encore, mais je m'interdis d'empêcher qui que ce soit d'en porter. Si une femme choisit d'en mettre une, je défends sa liberté de choix". C'est aussi la position que semble défendre l'eurodéputée du Front de gauche, Marie-Christine Vergiat: "un féministe doit se demander ce que pense la femme concernée et non vouloir décider à sa place (...) C'est avec un prisme analogue que les Occidentaux ont voulu faire le bonheur des pays du sud à leur place..." écrit-elle sur Facebook -où le débat fait rage.

23/06/2009, Cagoule, burqa et paternalisme : premiers matériaux pour un débat, Ex Utero
Comme les putes, les voilées, quand elles ne font pas ce qu'elles ne veulent pas, ne savent pas ce qu'elles n'ont pas à faire. D'où l'utilité de penser pour elles, vu qu'on veut faire leur bien. Un point commun ? Ce sont des femmes donc des individus trop cons pour penser par eux-mêmes. Donc des individus poussés par leurs frères, pères, macs et autres proches masculins. Parfois même, c'est toute la masculinité d'un système qui est derrière elles. Mais heureusement grand maman ours veille au grain, et fera une loi si nécessaire.

23/06/2009, Quand la “burqa” faisait vendre, Al Kanz

Affiche publicitaire de l’époque coloniale

Il y a chez l’Européen cristallisation d’une agressivité, mise en tension d’une violence en face de la femme algérienne. Dévoiler cette femme, c’est mettre en évidence la beauté, c’est mettre à nu son secret, briser sa résistance, la faire disponible pour l’aventure. Cacher le visage, c’est aussi dissimuler un secret, c’est faire exister un monde du mystére et du caché. Confusément, l’Européen vit à un niveau fort complexe sa relation avec la femme algérienne. Volonté de mettre cette femme à portée de soi, d’en faire un éventuel objet de possession.

Cette femme qui voit sans être vue frustre le colonisateur. Il n’y a pas réciprocité. Elle ne se livre pas, ne se donne pas, ne s’offre pas. L’Algérien a, à l’égard de la femme algérienne, une attitude dans l’ensemble claire. Il ne la voit pas. Il y a même volonté permanente de ne pas apercevoir le profil féminin, de ne pas faire attention aux femmes. Il n’y a donc pas chez l’Algérien, dans la rue ou sur une route, cette conduite de la rencontre intersexuelle que l’on décrit aux niveaux du regard, de la prestance, de la tenue musculaire, des différentes conduites troublées auxquelles nous a habitués la phénoménologie de la rencontre.

L’Européen face à l’Algérienne veut voir. Il réagit de façon agressive devant cette limitation de sa perception. Frustration et agressivité ici encore vont évoluer de façon permanente.

Frantz Fanon, L’an V de la révolution algérienne, [1959] La Découverte, 2001

24/06/2009, Lluís Uría, La burqa et la République, Courrier international
En lançant le débat sur le voile intégral, Nicolas Sarkozy risque de stigmatiser une nouvelle fois les musulmans de France, alors que la loi de 2004 sur le port du voile à l’école n’a jamais sérieusement été évaluée.

Les Français sont aussi volontiers donneurs de leçons que peu enclins à accepter les observations des autres. Surtout si ces remarques sont prononcées avec un accent anglo-saxon. Dans son discours du Caire, Barack Obama a ainsi fustigé la volonté occidentale de dicter aux femmes la façon dont elles doivent se vêtir ; ces propos ont été reçus avec une froideur éloquente dans la patrie de la laïcité et de l’égalitarisme à outrance, où le voile [hijab] est interdit dans les écoles publiques depuis 2004, au même titre que tout signe religieux ostentatoire. Loin de se demander si l’interdiction du port du voile dans l’enseignement public a atteint l’objectif recherché, une soixantaine de députés de tous bords veulent aller encore plus loin : ils proposent qu’une commission étudie le port de la burqa [vêtement qui couvre entièrement le corps] et du niqab [voile couvrant le visage, sauf les yeux].

Aucun argument, si irréfutable paraisse-t-il, ne saurait se soustraire à la contradiction. [...] Faudrait-il également interdire le voile dans la rue comme on l’a fait à l’école ? Et si c’était le cas, doit-on se limiter au voile des musulmanes ou y inclure le foulard que portent les catholiques intégristes ? Et que dire alors du vêtement des juifs orthodoxes ? Va-t-on interdire les chapeaux à large bord, les habits noirs, les kipas et les papillotes ?

Aujourd’hui, le voile n’a plus droit de cité dans les écoles publiques. Mais l’interdiction est loin d’avoir mis fin à cette pratique. Les plus traditionalistes, les intégristes, ont retiré leurs filles de l’école publique. Certaines étudient chez elles via l’enseignement à distance, d’autres sont inscrites dans des établissements privés, soit islamiques, soit catholiques – oui, vous avez bien lu –, où le port du voile n’est pas interdit. Qui va désormais enseigner à ces jeunes filles ces chères valeurs laïques ? Qui va les instruire dans les principes républicains ? Qui va leur apprendre que la burqa et le niqab sont des vêtements exécrables qui les nient en tant qu’individus ?

25/06/2009, Alain DUHAMEL, Versailles, un bonapartisme de crise, Libération
L’idéologie, surtout, ne trompe pas. Il s’agit de commander mais aussi de convaincre et d’entraîner. D’où une volonté affichée de dialogue, de consensus et d’union. Plus de mots qui fâchent, dérangent et dissonent. Nicolas Sarkozy le proclame lui-même, il ne revendique plus de «laïcité positive» ou de «discrimination positive». Il préfère annoncer que la burqa n’est pas la bienvenue sur le territoire de la République, sachant parfaitement que tel est le point de vue de la grande majorité des Français. Il réaffirme hautement, avec les mots de toujours, les vertus de la laïcité, de l’intégration et de la solidarité.

25/06/2009, Catherine Kintzler, Burqa et niqab : contre la dépersonnalisation indifférenciée, Rue89
[...] sur quel fondement appuyer une telle mesure ?
L'argument de la laïcité, ordinairement avancé, est en porte-à-faux. Celui de l'oppression des femmes se révèle, à l'analyse, plus fragile qu'il n'y paraît pour asseoir un interdit. Reste la question du masque, du déni d'identification et surtout, au-delà, celle de la dépersonnalisation indifférenciée qui atteint l'idée même du citoyen.

25/06/2009, Il n’y aura pas de loi sur la burqa, Causeur
Que nous a donc dit ce soir-là le ministre de l’Immigration, qui venait à peine d’être reconduit dans ses fonctions ? Qu’il était opposé à une loi sur le port de la burqa, parce qu’il jugeait un tel texte techniquement inapplicable et politiquement inopportun.

Le 18 juin dernier, Besson déclarait déjà sur Europe 1 : «Il n’est pas opportun de relancer une polémique. La loi a déjà énoncé un certain nombre de règles du vivre ensemble, elle dit qu’on ne peut pas porter le voile dans un certain nombre d’administrations, de services publics ainsi qu’à l’école. Un équilibre a été trouvé en France et il serait dangereux de le remettre en cause.»

Que dès le lendemain [Congrès à Versailles], le ministre de l’Immigration explique qu’il est défavorable non seulement à cette loi, mais à ce qu’on en parle, et ce dans un gouvernement où il n’est pas d’usage, et c’est peu de le dire, de prendre le contrepied des engagements présidentiels ne signifie qu’une seule chose : il n’y aura pas, et au moins du vivant de ce quinquennat, de loi sur la burqa. En vérité, le président n’en veut pas, pas plus que ses futurs opposants “de gauche” à la prochaine présidentielle.

25/06/2009, Robert Ménard, Les intégristes de tous bords portent leur voile sur les yeux, Mediapart
Rien de mieux, en effet, pour détériorer un peu plus encore les rapports entre Occident et monde arabe. Pour alimenter chez les musulmans le sentiment que le deux poids, deux mesures est un réflexe et une sale habitude dès que la religion est en cause. Et de nous rappeler, entre autres exemples pour appuyer leur démonstration sur notre volonté de «stigmatiser l'islam», que si certains se sont inquiétés de voir des associations islamistes revendiquer des heures réservées aux femmes dans les piscines municipales, les mêmes ne s'en étaient pas offusqués quand des juifs loubavitchs l'exigeaient aussi.

[...] comment savoir si l'étoffe est consentie ou répressive ? Devra-t-on mobiliser les forces de police, soumettre chaque suspecte à un interrogatoire, dépêcher des psychologues, psychiatres, psychanalystes, expertiser et contre-expertiser, saisir la justice, demander aux tribunaux de trancher comme on le fait de plus en plus dès qu'une pensée, une attitude ou un bout de tissu échappe à la norme ? Nos élus devront répondre à ces questions.

25/06/2009, Le débat sur la burqa est ridicule, Chrétienté
Tout aussi ridicule que celui sur l’interdiction des cagoules dans les manifestations. Le décret interdisant le port de cagoules dans les manifestations a été publié samedi dernier, en pleine polémique sur la burqa. On accumule ainsi des textes qui ne servent à rien. Car la loi française interdit explicitement, depuis toujours, le port de tout ce qui masque le visage, sauf en période de carnaval. La loi interdit donc depuis toujours le port de cagoules et de niqabs ou de burqas. Si l’on ne veut pas voir de cagoules ni de burqas, il n’y a qu’à appliquer la loi… A ma connaissance, seul Jean-Marie Le Pen a rappelé ce fait, qui montre que le débat est sans objet.

Néanmoins il s’est instauré aussi dans la mouvance nationale. Oubliant que la loi interdit déjà les vêtements qui cachent le visage, certains pensent qu’il faut une loi spécifique, au nom de la défense de l’identité française. On connaît l’opinion de Jean-Marie Le Pen sur la question, il l’a maintes fois exprimée : l’augmentation du nombre de femmes voilées montre aux yeux de tous la progression de l’immigration sur notre territoire. Cette opinion prend aujourd’hui un relief particulier. Car ces députés qui ne veulent plus voir de niqabs ni de burqas n’ont aucune intention de défendre l’identité française. Ce sont des immigrationnistes. Et leur but est précisément, sous couvert d’une «laïcité» qui sert à tout, de cacher la progression de l’immigration la plus islamiste et de l’islam le plus radical. [...]

Si l’on interdit aux femmes de porter le niqab, elles ne le feront plus, mais elles seront toujours là. Or il vaut mieux savoir à qui l’on a affaire, dans ce cas comme de façon générale. [...] Les femmes dépouillées de leur niqab seront toujours islamistes, et même davantage encore puisqu’elles se sentiront persécutées. C’est le type même du faux problème auquel on veut apporter de fausses solutions à partir de faux principes. Le vrai problème est celui de l’immigration islamique."

25/06/2009, Burqa un faux débat ou comment détourner l'attention des problèmes sociaux, Alternative libertaire
Les musulman-es sont stigmatisé-es parce que ils et elles sont massivement des prolétaires d’ascendance migratoire et coloniale, et parce qu’il existe tout aussi massivement en France une culture chrétienne dominante et particulièrement prégnante.

La burqa et le niqab sont indéfendables. Surtout s’ils sont revêtus sous la contrainte. En même temps, il est idéologiquement hors de question de se baigner dans le même marigot islamophobe que celles et ceux qui se délectent d’y patauger afin de maquiller leur racisme anti-arabe en vertu laïque.

26/06/2009, Burqa en débat, Le Monde
Prohiber par la loi le port de la burqa ou du niqab soulèverait, en effet, deux questions plus qu'épineuses. D'une part, au nom de quel argument ou de quel principe interdire à des femmes majeures une tenue vestimentaire, quelle qu'elle soit, dans l'espace public, sauf à confondre le législateur français avec une assemblée d'oulémas ? Ce qui a été décidé pour les établissements scolaires, précisément parce qu'il s'agissait des jeunes et de l'école, trouve, là, sa limite. D'autre part, sauf à imaginer une détestable ou ridicule police des moeurs, comment appliquer une telle interdiction, si le choix en était fait ?

26/06/2009, Didier Pourquery, La cagoule et la burqa, rien à voir !, Le Monde
Nicolas Sarkozy, chanoine de Latran qui aime l'ordre, n'aime pas les cagoules dans les manifs. Quant aux signes religieux ostentatoires, il est contre. Ainsi, depuis 2004 il est contre le port du voile à l'école (du moins quand Barack Obama n'est pas dans les parages), au nom de la laïcité. Mais, on le sait, ledit chanoine a une drôle de conception de la laïcité dès qu'il s'agit de flatter le Vatican. Pour la burqa donc, histoire de ne pas perdre la face, il a soutenu l'idée d'une mission d'information parlementaire. C'est sage. L'interdiction, toujours possible sur le papier, se heurterait n'en doutons pas à de redoutables difficultés d'application de la loi.

26/06/2009, Une burqa faussement simple, Les Echos
Une loi interdisant le port de la burqa dans la rue ne pourrait donc se fonder sur le principe de laïcité. Si elle invoquait le principe de dignité, encore faudrait-il expliquer en quoi le port de ce vêtement est plus indigne que la manière dont la femme est représentée dans certains films ou magazines. Et si la loi invoque le principe de liberté, comment s'assure-t-on que le port de ce vêtement est imposé et non un choix libre ? Enfin, si l'on prend cette mesure d'interdiction générale, comment éviter l'effet pervers qui conduirait certaines de ces femmes à s'enfermer dans leur domicile et à s'isoler encore davantage de la société moderne ?

26/06/2009, Cette burqa qui cache la forêt…, Algérie-focus
La burqa ne serait après tout, que l’arbre qui cache la forêt de la crise, des délocalisations, des licenciements, du chômage galopant, du pouvoir d’achat en berne, de la visite du premier ministre israélien Netanyahou à Paris et tutti quanti…

A la fin, on est tenté de conclure que la burqa ne cache pas seulement le visage et le corps de la femme, elle cache surtout les vrais desseins des politiques et leur manque de solutions aux véritables problèmes qui laminent la société française…

27/06/2009, Jean-François Copé, Acte 2 du quinquennat : les trois défis pour préparer l'après-crise, Slate
Les Français ont le moral en berne... Alors que la crise est source d'inquiétude et d'angoisse dans beaucoup de familles, on sent notre communauté nationale fragilisée. Tantôt à la recherche de boucs émissaires. Tantôt à la recherche d'elle-même. Pourtant, pour traverser les épreuves, nous avons besoin d'un France rassemblée.

Qu'on soit Français issu de l'immigration récente ou ancienne ou bien Français depuis des générations, nous devons chacun nous poser la question suivante : comment renforcer notre communauté nationale?

Pour y répondre, il faut rappeler le projet français: construire un destin commun entre tous les citoyens, quels que soient leurs origines, leur histoire, leur couleur de peau ou leur nom de famille. Ce projet ne s'appelle pas seulement liberté mais aussi égalité et fraternité. C'est peut-être ce qui différencie la France d'autres démocraties libérales.

Assumons-le et essayons de prolonger ensemble l'aventure nationale, avec générosité et ouverture. Mais sans naïveté par rapport à des pratiques qui remettent en cause des fondements du vivre ensemble. Je pense par exemple au port de la burqa, qui me choque profondément. Elle est à mes yeux une atteinte insupportable à la dignité de la femme. Les parlementaires se sont saisis de cette question à travers une mission d'information. Il ne s'agit pas de légiférer dans l'urgence mais de réfléchir à l'articulation entre la liberté - celle de s'habiller comme on l'entend -, l'égalité - notamment entre l'homme et la femme - et la fraternité, - qui est incompatible avec le repli sur soi et le refus du contact avec l'autre dans l'espace public.

Sans esprit polémique, ni crispation, nous devons ouvrir ce débat le plus largement possible. Il est l'occasion pour les Français de réfléchir ensemble sur le vivre ensemble dans une société moins homogène que par le passé. Au cœur de la crise, construire une France unie est plus que jamais indispensable.

27/06/2009, Olivier CHAVAZ, Burqa : un débat biaisé, Le Courrier
[...] les chercheurs ne possèdent pas, à l'heure actuelle, de données fiables sur le phénomène. Quelle est son ampleur ? Aucune idée. Quelles sont les raisons qui conduisent des musulmanes à revêtir le voile intégral ? La contrainte ? Le repli identitaire ? L'affirmation d'une différence ? Aucune certitude, seulement des hypothèses. Evoquer, dans ces conditions d'ignorance, le bannissement de la burqa revient à se livrer à une guerre idéologique qui se répercutera négativement sur l'ensemble de la communauté musulmane. Une de plus, est-on tenté d'ajouter.

Mais si des limites se révèlent nécessaires, il serait alors judicieux de convaincre ceux qui sont censés les respecter plutôt que de promulguer des lois aux relents de «choc des civilisations». Comment les musulmans ne ressentiraient pas comme une stigmatisation supplémentaire le fait de leur imposer un code vestimentaire ? Ne feignons pas d'ignorer que les inégalités économiques, toujours plus révoltantes, forment la principale menace sur nos sociétés. Bien davantage que tous les extrémismes religieux réunis.

27/06/2009, Voile, niqab et burqa : symboles d'oppression des femmes, Lutte Ouvrière
La pratique qui consiste à voiler intégralement le corps de la femme la réduit à un fantôme ambulant, invisible et donc inaccessible au regard d'autrui. La burqa ou le niqab ne sont plus des symboles d'enfermement mais constituent l'enfermement lui-même, une véritable prison ambulante. La femme n'a alors plus le droit d'exister dans l'espace public. Mais, pour violents qu'apparaissent la burqa et le niqab, le voile lui-même revient à considérer la femme comme un objet appartenant aux hommes. C'est une marque d'infériorité imposée qui consacre la soumission de la femme en tant qu'objet sexuel, sommé de se protéger sous peine de mériter l'agression. Sa seule vocation serait celle d'une reproductrice devant se consacrer à son mari, à ses enfants et aux tâches domestiques.

28/06/2009, Alain GRESH, Iran et burqa, Les blogs du Diplo
Quoi qu’il en soit, les deux « sujets » qui ont fait l’actualité ces derniers jours, ont effectivement, un point commun : l’islamophobie. On peut, et on doit, considérer la burqa comme une régression ; on peut, et on doit, dénoncer la fraude massive qui a marqué l’élection présidentielle iranienne. Mais on peut le faire sans tomber dans l’amalgame, ni considérer que nous sommes entrés dans une troisième guerre mondiale contre l’islam ou que nous devons nous unir contre « le fascisme islamique ».

Un des arguments les plus souvent repris par ceux qui défendent une loi est que les hôtes de la France, ceux que nous accueillons, doivent se soumettre aux lois de la République. Ou alors, qu’ils s’en aillent !

Drôle de conception, quand on sait qu’une grande partie de ces hôtes sont des Français, certains même des Français de souche. Mais, à supposer même qu’ils soient tous naturalisés, proposerons-nous, comme en 1940 sous Vichy, de déchoir ces femmes (et seulement elles) de leur nationalité, sous prétexte qu’ils ont, comme le disait l’extrême droite dans les années 1930 de tous ces métèques, un « faux nez français » ?

Je ne reviendrai pas ici sur le problème de l’égalité hommes-femmes qui est le prétexte avancé pour une nouvelle loi. Juste pour rappeler que, dans notre pays, nous sommes loin de l’égalité, que les femmes, aussi bien les « Françaises de souche » que les autres, subissent de nombreuses violences et discriminations qu’il faut combattre sans défaillance. Et que, trop souvent, la situation des femmes musulmanes est un prétexte pour oublier la situation des autres femmes.

28/06/2009, La mission parlementaire à pied d’œuvre cette semaine, La Croix
Le principe du recours à la loi, qui divise au sein même du gouvernement, n’est pas acquis d’avance. La jurisprudence a d’ailleurs déjà posé un certain nombre de balises. Ainsi le Conseil d’État a-t-il récemment admis que les autorités puissent refuser la naturalisation d’une femme portant la burqa. En revanche, un office HLM qui refuse un logement – espace de vie privé – pour ce motif risque d’être attaqué pour discrimination. En avril, Le Canard enchaîné a révélé qu’une telle décision avait été prise à Vénissieux, la commune d’André Gerin.

29/06/2009, Burqa : la France se voile-t-elle la face ?, Tribune des Droits Humains
S’engouffrant dans la brèche en Suisse, Christophe Darbellay, le président du PDC [Parti démocrate-chrétien, centre], a souhaité qu’un débat y ait lieu aussi. Pour l’instant, la plupart des politiciens qui se sont exprimés dans la presse trouvent une interdiction contre-productive, le nombre de femmes entièrement voilées étant dérisoire en Suisse - il s’agit surtout de quelques Saoudiennes et musulmanes du Golfe fortunées qui déambulent en été sur les quais de Genève.

Alors, la burqa est-elle dangereuse ? Elle peut l’être pour Mahdi Jahandar, un chercheur iranien qui a réalisé un film sur la place de la Vierge Marie dans la religion musulmane. Pour ce spécialiste du dialogue interreligieux, il ne faut pas se voiler la face : « Dans les sociétés occidentales, pouvoir identifier le visage d’une personne sur les documents d’identité est indispensable à la sécurité. Certains attentats en Iraq ont été commis par des femmes, ou des hommes, qui se cachaient sous la burqa. »

Il n’y a pas de montée de l’intégrisme en France. C’est l’avis de Khadija Mohsen, chercheuse à l’Institut français des relations internationales, pour qui on ne peut pas associer burqa et terrorisme. « Il faut voir au cas par cas ce que le voile intégral représente pour ces femmes, analyse-t-elle. Beaucoup de choses ont été dites sur la soumission de la femme, mais nous vivons dans un monde globalisé où les modes sont influencées par les télévisions satellitaires. On importe ce comportement vestimentaire comme on a importé le jean. »

La spécialiste des questions de sécurité reconnaît que la burqa renvoie à quelque chose de négatif, associé au terrorisme, « mais certaines vont poser des bombes en jean. On n’est pas face à un mouvement global, mais à des cas isolés qu’il ne vaut pas la peine de stigmatiser. »

Justement, une mission parlementaire pour mieux comprendre le phénomène ne serait-elle pas opportune ? Elle ne le croit pas : « Sur quoi va-t-elle déboucher ? Et qui va débattre ? Si ce sont des féministes et des gens sensibles aux droits de l’homme, on ne va pas avancer. Il faudrait pouvoir interroger ces femmes elles-mêmes. » Le mieux est donc de les laisser vivre en paix, sans prétexter leur manque de socialisation : des tas de femmes vivent recluses, dépriment, mais on ne s’en occupe pas. « Ces femmes ne sont pas dans l’espace public. Elles ne peuvent ni enseigner, ni travailler, ni représenter la République française. Mais chaque fois que la classe politique est en crise, on focalise sur le voile. » conclut-elle.

29/06/2009, Jean-Marc Salvet, Se voiler l'esprit, Cyberpresse
Ni le droit français, ni le droit européen ne permettraient qu'une loi interdise de porter un vêtement, fut-il un voile intégral, au parc ou à la boulangerie du coin.

Sans compter que ce n'est pas ainsi que l'objectif d'intégration serait atteint. En chassant ces femmes de tout l'espace public, on les enfermerait chez elles.

Contrairement à ce que certains prétendent, d'ailleurs, aucun État n'a légiféré en ce sens. Ni l'Italie, où des femmes portent le voile intégral à Rome et à Milan, ni aucun autre pays européen. Ce sont des municipalités qui ont édicté des règlements, lesquels ne sont généralement pas appliqués - quand ils ne sont pas annulés par les tribunaux.

29/06/2009, Abdennour Bidar, Aucune justification religieuse à la burqa, Le Monde
Il s'agit d'un voile intégral, formé d'une ou deux pièces qui recouvrent la totalité du corps, le visage compris, ne laissant voir que les yeux - le regard étant même le plus souvent dissimulé par une grille de tissu ou un voile plus fin. Il faut donc distinguer la burqa du simple voile (hidjab), qui ne couvre que la tête et parfois les épaules de certaines musulmanes, laissant le visage découvert, et qui peut être noué soit derrière la tête, soit devant. Il y a voile et voile.

La burqa ne peut donc se prévaloir d'aucune justification historique, ni dans le Coran ni dans les moeurs traditionnelles de la plupart des peuples musulmans. C'est une innovation dont le caractère islamique est plus que discutable et dans laquelle de très nombreux musulmans ne se reconnaissent pas. Ils en souffrent et sont les premiers à se désoler qu'une fois de plus certains musulmans donnent une image caricaturale de leur culture, entretenant les pires stéréotypes à son sujet.

[...] il ne faudrait pas que ce débat - nécessaire parce qu'il conduit l'islam à affronter ses propres démons, mais dont il faut relativiser la gravité ou l'urgence parce qu'en France il ne s'agit que d'une pratique ultraminoritaire - jette l'opprobre sur tous les types de port du voile, et que l'islam se retrouve stigmatisé comme religion misogyne.

[...] l'affaire est en réalité complexe. On ne peut souhaiter que deux choses : qu'elle soit l'opportunité pour les musulmans de manifester leur opposition très majoritaire à cette pathologie de leur culture ; qu'elle permette ensuite à la société française de prendre la mesure de la diversité des façons d'être musulman et de se débarrasser d'une représentation monolithique de l'islam - que la vision des burqas risque en effet d'aggraver.


29/06/2009, Des créateurs apportent une touche de glamour aux traditionnelles abayas, AFP
Cette tenue traditionnelle portée par des millions de femmes musulmanes sur leurs vêtements couvre tout le corps sauf le visage, les mains et les pieds, dessinant des silhouettes noires aux contours flous qui se ressemblent toutes.

Une uniformisation qui ne plaît guère aux femmes d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis aussi amatrices de mode que les "fashionistas" occidentales et assez fortunées pour fréquenter les maisons de couture dont elles constituent une bonne partie de la clientèle.

"J'ai constaté que les femmes portaient des vêtements de créateurs mais que dehors, elles devaient les couvrir", explique la directrice générale de Saks Fith Avenue en Arabie saoudite, Dania Tarhini. Cette Libanaise a eu l'idée de demander à une vingtaine de créateurs de mode de créer des abayas pour que les femmes "les portent avec plaisir, pas seulement par obligation".

29/06/2009, L’abaya, bienvenue en France, Libération
Mais cette collection est aussi - et surtout - une question de business, un nouveau marché aux pays des pétrodollars. Les riches Saoudiennes portent déjà des sacs Dior et des robes Prada. Pourquoi pas une abaya siglée ?

29/06/2009, Le voile bleu de l'intolérance, Le Figaro
Si le port de la burqa se répand en France, alors plus un soldat français ne doit risquer sa vie en Afghanistan. La burqa, ce n'est pas un voile bleu qui couvre une femme musulmane de la tête aux pieds, c'est un drapeau, celui d'«une présence concrète du fondamentalisme sur notre sol», dit Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la Ville. La burqa, dit-elle encore, c'est «le cercueil dans lequel on enferme les libertés fondamentales des femmes». Si on laisse cette pratique se propager chez nous, au nom de quoi irait-on la combattre, les armes à la main, chez les talibans ? Derrière ce voile bleu ne se dissimule pas une femme ni une foi mais une violence politique. Dans les provinces qu'ils ont reconquises au Pakistan ou en Afghanistan, les talibans n'ont pas seulement généralisé la burqa mais rétabli la lapidation et fermé les écoles de filles.

29/06/2009, Serge LEFORT, Chacun est libre de porter tel vêtement que bon lui semble, Monde en Question
On retrouve la même coalition hétéroclite et les mêmes arguments dans l’affaire du voile et celle de la burqa. La coalition rassemble des membres de tous les partis et de toutes les organisations d’Arlette Laguiller à Jean-Marie Le Pen, mais pas la majorité de chaque camp. Les arguments, qui puisent dans les valeurs du politiquement correct : principes républicains, laïcité et libération de la femme, sont des habillages sémantiques du racisme ordinaire et du nouvel ordre moral.

L’agitation médiatique sur le voile et la burqa réunit dans la confusion la plus totale ceux qui veulent intégrer et ceux qui veulent exclure. Cette alliance contre-nature se réalisa sous la IIIe République pour mener une politique coloniale au nom de la civilisation.

Les belles déclarations sur les principes républicains, la laïcité et la libération de la femme égarent les militants et les militantes qui se battent pour ces causes qui deviennent des alibis pour imposer une croisade contre les musulmans et un nouvel ordre moral.

Lire aussi :
• Revue de presse Voile, Monde en Question.
• Bibliographie Voile & Burqa, Monde en Question.
• Bibliographie Vêtement, Monde en Question.
• Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.
• Bibliographie Racisme, Monde en Question.