20 janvier 2010

La guerre contre Gaza, un an après


Cette guerre montre le vrai visage d'Israël : racisme et haine, goût de la vengeance et soif de verser le sang

Cette guerre, peut-être plus que les précédentes, montre le vrai visage de la société israélienne. Le racisme et la haine, le goût de la vengeance et la soif de verser le sang. Les correspondants militaires soulignent à la télévision que les "inclinations des commandants" dans les «Forces de défense israéliennes» sont désormais de «tuer le maximum de personnes.» Et même si cela ne concernerait que les combattants du Hamas, ces «tendances» font froid au dos.

L'agression et la brutalité sans limite des militaires sont présentées comme des moyens d'éviter des pertes israéliennes : le rapport effrayant en matière de pertes humaines soit 100 morts palestiniens pour chaque israélien tué, ne soulève même pas de questions comme si nous avions décidé que leur sang a 100 moins de valeur que le nôtre, ce qui est la preuve de notre propre racisme.

Les gens de droite, les nationalistes, les chauvinistes et les militaristes sont les seuls à occuper les devants de la scène et ne les ennuyez pas avec les principes humanitaires et la compassion. C'est seulement à la périphérie du camp [de la guerre], qu'une protestation illégitimée, mise à l'écart et ignorée des médias, peut être entendue, une voix venant d'un petit groupe de Juifs et d'Arabes courageux.

Parallèlement à tout cela, s'élève une autre voix, peut-être la pire de toutes. C'est celles des «Juste-Hypocrites». Mon collègue, Ari Shavit, semble être leur éloquent porte-parole. Cette semaine, Shavit a écrit dans Haaretz du 7 janvier qu'«Israël doit doubler, tripler, quadrupler son aide médicale à Gaza" pour ajouter ensuite que : "l'offensive israélienne dans la bande de Gaza est justifiée ... Seule une initiative humanitaire immédiate et généreuse peut prouver que, même au cours de la guerre brutale qu'on nous a imposée, nous n'oublions pas qu'il y a des êtres humains de l'autre côté. "

Pour Shavit, qui a justifié cette guerre et qui a insisté pour qu'elle ne soit pas perdue, son prix est sans importance tout comme le fait qu'il n'existe pas de victoires dans de telles guerres injustes. Et il ose, dans le même souffle prêcher "l'humanité".

Shavit, souhaite-t-il de nous voir tuer et de tuer encore, et ensuite de nous voir mettre en place des hôpitaux de campagne et d'envoyer des médicaments pour soigner les blessés ? Il sait que la guerre contre une population impuissante, peut-être la plus démunie du monde, qui n'a nulle part où s'enfuir, ne peut être que cruelle et ignoble. Mais des gens comme lui veulent toujours s'en sortir de façon élégante.

Nous larguons des bombes sur des immeubles résidentiels, et ensuite nous allons soigner les blessés à Ichilov, nous lançons des obus sur une population réfugiée dans des écoles des Nations Unies, et nous allons ensuite rééduquer à Beit Lewinstein les personnes que nous avons rendues handicapées. Nous tirons sur des gens et ensuite nous pleurons sur leur sort, nous tuons et ensuite nous nous lamentons, nous déchiquetons comme des «machines automatiques à tuer» des femmes et des enfants, et nous devons préserver notre dignité ensuite.

Le problème est que cela ne fonctionne pas de cette façon. Cette hypocrisie auto-justificatrice est scandaleuse. Ceux qui font des appels enflammés pour plus de violence sans égard pour les conséquences de cette violence sont au moins honnêtes.

Vous ne pouvez pas tout avoir. La seule «pureté» de cette guerre est la "purification prônée par les terroristes" qui signifie l'ensemencement de terribles tragédies. Ce qui se passe à Gaza n'est pas une catastrophe naturelle, un tremblement de terre ou une inondation, pour lesquels il serait de notre devoir de tendre une main secourable à ceux qui en sont touchés, d'envoyer des équipes de sauvetage, comme nous aimons le faire avec amour.

Tout ce qui se passe actuellement à Gaza de pourri et de catastrophique est la faute des hommes, Notre Faute. L'aide ne peut être offerte par les mains tâchées de sang de ceux que l'on veut secourir. La compassion [pour les victimes] ne peut germer à partir de la brutalité [des bourreaux].

Pourtant, il y a des gens qui veulent gagner sur les deux tableaux. D'un côté, tuer et détruire sans discernement et de l'autre montrer un bon visage et une conscience propre : aller au devant des crimes de guerre sans aucun sens de la lourde culpabilité qu'ils impliquent. Cela demande du culot. Toute personne qui justifie cette guerre justifie en même temps tous ses crimes. Toute personne qui prêche pour cette guerre et qui croit en la justesse de ses tueries, n'a aucun droit de parler de moralité et d'humanité.

Il n'existe pas quelque chose qui peut être en même temps le crime et son contraire. Cette attitude est le reflet fidèle de la base [société israélienne], dédoublement de la personnalité qui nous marque pour toujours : commettre une erreur, mais se sentir pur à nos propres yeux. Tuez, détruisez, affamez, emprisonnez, humiliez mais de grâce soyez droits et ne parlez pas de bien [humanité].

Les Justes en période de guerre ne seront pas en mesure de se permettre ce luxe.

Toute personne qui justifie cette guerre, justifie tous ses crimes.

Toute personne qui la considère comme une guerre défensive doit porter la responsabilité morale de ses conséquences. Toute personne qui encourage maintenant les politiciens et l'armée à continuer cette guerre, doit aussi à porter sur son front après la guerre la marque de Caïn.

Tous ceux qui soutiennent la guerre, soutiennent aussi l'horreur.

Gideon LEVY
Info-Palestine - UJFP selon Ha'aretz

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