28 avril 2010

Les mutineries de 1917

Au printemps 1917 des mutineries secouent l'armée française sur le front. Elles n'avaient pas jusqu'alors donné lieu à une étude détaillée des mutins eux-mêmes, dans le surgissement de l'événement, lorsqu'ils s'organisent spontanément, manifestent, voire envisagent de "marcher sur Paris". Dans les débats entre historiens sur les raisons de la ténacité des combattants, l'ouvrage apporte une pièce manquante, à travers la restitution au plus près de la rupture inouïe de l'obéissance et du consensus. Les mutineries s'inscrivent dans la continuité des refus de guerre esquissés et inaboutis depuis 1914. Dès lors que le conflit s'installa, après la bataille de la Marne, dans la durée, on vit se développer à l'échelle individuelle des stratégies d'évitement de la remontée aux tranchées et au danger, les aspirations au retour rapide au foyer, le doute jeté sur la rhétorique patriotique, les propos critiques et revendicatifs de soldats qui n'oubliaient pas qu'ils étaient aussi des citoyens. André Loez redonne toute leur place aux hésitations des soldats, partagés entre dégoût du conflit et impératif du devoir ; aux incertitudes des officiers, entre désarroi et sévérité ; à la force de l'institution militaire, brièvement défiée ; et à la difficile action collective dans le cadre improbable d'une armée en campagne.

LOEZ André, 14-18 Les refus de la guerre - Une histoire des mutins, Folio Gallimard, 2010 Annexes en PDF - Entretien [canempehepasnicolas - L'annuel des idées - La vie des idées - Le Monde - Libération].
Lire aussi :
• André LOEZ, BiblioMonde - CRID 14-18 - CRISES
• La Grande Guerre, toujours présente, La vie des idées
• Mutineries de 1917, Wikipédia
• ROUSSEAU Frédéric, La guerre censurée - Une histoire des combattants européens de 14-18, Points Seuil, 2003.
Frédéric Rousseau raconte la Grande Guerre comme on ne le fait pas d'ordinaire : à hauteur d'homme. Une question centrale s'impose à nous, quatre-vingts ans plus tard : comment ont-ils fait ? Comment ont-ils tenu ? Contre les interprétations vertueuses mettant trop facilement l'accent sur le patriotisme, l'auteur avance des explications plus terre-à-terre mais plus authentiques. Les «poilus» ont tenu - du moins ceux qui ont survécu à l'immense massacre - parce qu'ils étaient mis en condition de tenir : contraints, surveillés, punis par les conseils de guerre, éventuellement passés par la armes. Mais cela ne peut être qu'une partie de l'explication. L'auteur analyse un certain nombre de ressorts psychologiques - comme l'esprit de corps, l'admiration du chef, etc. - qui, au total, composent une anthropologie de l'homme en guerre.

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