21 septembre 2010

Le spectre de la pauvreté

Plus d'un Français sur deux a connu ou a été sur le point de connaître un jour la pauvreté et une très large majorité estime que leurs enfants font face à un risque de pauvreté bien plus grand, montre un sondage publié lundi.


Les Français considèrent que l'on est pauvre lorsqu'on dispose d'un revenu net inférieur à 1.003 euros par mois, selon cette étude annuelle Ipsos pour le Secours populaire français (SPF), un montant plus élevé que le seuil de pauvreté officiel de 910 euros.

Interrogés sur leur situation personnelle, une majorité de sondés (53%) disent avoir été proches de connaître la pauvreté. Parmi eux, 33% affirment l'avoir affrontée et 20% ne pas l'avoir connue.

"Nous assistons en ce moment à un raz-de-marée de la misère. Ce sondage est le reflet de ce qui se passe réellement dans la vie", a déclaré le président du SPF, Julien Lauprêtre, lors d'une conférence de presse de présentation des résultats.

"Nous avons de plus en plus de personnes âgées, de familles monoparentales et de travailleurs pauvres. Nous avons aussi un phénomène nouveau, des petits artisans, petits commerçants", victimes de la crise économique, a-t-il ajouté.

Si les personnes aux revenus modestes (55%) ou peu diplômées (70%) restent surreprésentées parmi ceux qui ont connu ou connaissent la pauvreté, l'institut Ipsos relève une hausse de la part des 35-44 ans et des hommes, frappés par l'aggravation du chômage ces deux dernières années.

La crainte de tomber dans la pauvreté est encore plus forte lorsqu'il s'agit des enfants. Selon cette étude, 84% des Français estiment que les générations à venir seront plus exposées au risque de pauvreté que la leur, dont 53% pensent que ce risque est "beaucoup plus élevé".

Les jeunes âgés de 18 à 30 ans témoignent de ces craintes. A la question de savoir quel sentiment domine lorsqu'ils pensent à leur situation actuelle et à venir, 50% répondent: l'angoisse.

Ce sentiment est le plus souvent cité, devant la colère (38%) et l'impatience (38%). Seuls 25% des 18-30 ans se disent confiants. Le désespoir est cité par plus d'un jeune Français sur cinq (21%).

S'ils se disent globalement satisfaits de leur situation, les 18-30 ans font part d'un mécontentement assez élevé dans deux domaines: la situation professionnelle (24%) et le niveau de vie (33%). Les jeunes sont les durement touchés par le chômage, qui concernait 23,3% des 15-24 ans au second trimestre.

Ce sondage sur les Français et la pauvreté a été réalisé les 9 et 10 juillet auprès d'un échantillon de 1.021 personnes représentatif de la population âgée de 15 ans et plus.

Celui sur les 18-30 a été mené entre le 9 et le 24 juillet auprès de 611 jeunes issus d'un échantillon représentatif de 2.895 Français âgés de 15 ans et plus.

Reuters-Yahoo! Actualités

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