9 avril 2010

Noam Chomsky à Paris


La venue de Noam Chomsky à Paris permettra aux Français de rencontrer et d'entendre l'homme dont le New York Times, un journal qui pourtant ne l'aime guère (et la réciproque est sans doute vraie), a dit qu'il était « sans doute le plus grand intellectuel vivant aujourd'hui ». Il est aussi celui qu'on a qualifié de « dissident numéro un de l'Amérique ».

Linguiste qui a révolutionné sa discipline, Chomsky est plus largement connu dans le monde pour sa critique du pouvoir, inspirée par la tradition libertaire, pour son ironie mordante envers les bonnes intentions proclamées de la politique étrangère américaine (« démocratie », « droit des peuples », etc.) et pour les critiques redoutables qu'il a toujours adressées au « clergé séculier » des intellectuels et des journalistes.

En 1964, au moment de la guerre du Vietnam, Chomsky appuie les étudiants qui refusent leur incorporation ; il refuse de payer ses impôts deux ans plus tard pour ne pas financer des opérations de guerre qu'il réprouve avec véhémence ; l'année suivante, il est arrêté à l'occasion d'une manifestation devant le Pentagone. A l'époque, il est professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et, plutôt que de prendre des risques politiques et personnels, il aurait donc pu se couler dans l'existence d'un de ces « nouveaux mandarins » dont le courage se limite à l'envoi d'un point de vue moralisant à un grand journal…

Chomsky n'a jamais hésité à épouser des causes impopulaires, dont la défense du droit d'exprimer des points de vue honnis, y compris par lui-même. Ce choix lui a valu davantage de soucis en France qu'aux Etats-Unis (où la liberté d'expression constitue un principe quasiment absolu).

Plus généralement, il a pour habitude de remuer la plume ailleurs que dans la plaie des autres : « Je suis citoyen des Etats-Unis et j'ai une part de responsabilité dans ce que fait mon pays. J'aimerais le voir agir selon des critères moraux respectables. Cela n'a pas grande valeur morale de critiquer les crimes de quelqu'un d'autre – même s'il est nécessaire de le faire, et de dire la vérité. Je n'ai aucune influence sur la politique du Soudan, mais j'en ai, jusqu'à un certain point, sur la politique des Etats-Unis » (The Guardian, 20 janvier 2001).

Au moment où le président Barack Obama bénéficie d'une grande sympathie en Europe et ailleurs, le point de vue que Chomsky exprimera à Paris sur la nouvelle administration américaine revêtira un intérêt particulier.
Colloque avec Noam Chomsky et Jacques Bouveresse le 28 mai au Collège de France
Colloque organisé par la chaire de philosophie du langage et de la connaissance (professeur Jacques Bouveresse) "Rationalité, vérité et démocratie : Bertrand Russell, George Orwell, Noam Chomsky", le vendredi 28 mai 2010, de 9 H à 18 H au Collège de France.
Programme

Conférence de Noam Chomsky le 31 mai au Collège de France
À l'invitation de l'Assemblée de professeurs, sur proposition de Jacques Bouveresse, Noam Chomsky donnera une conférence sur "Understanding and Interpreting : Language and Beyond", le lundi 31 mai 2010 à 17h au Collège de France.
"Le chemin qui va des données de l'expérience à leur interprétation et, de là, à leur compréhension est complexe. Nous pouvons distinguer plusieurs catégories de problèmes. L'une relève des sciences: perception visuelle, compréhension du langage, etc. Elle conduit à enquêter sur la nature des systèmes cognitifs, sur leur croissance et leur développement chez l'individu, et sur leur évolution au sein de l'espèce. Dans certains domaines, il existe des réponses plausibles ; dans tous, il reste de nombreux mystères. Une autre catégorie de problèmes touche aux affaires humaines et soulève des questions, explorées par Pascal, Orwell et beaucoup d'autres, sur la manière dont les intérêts, les doctrines, les institutions, les relations de pouvoir et d'autres facteurs interfèrent dans ce que nous finissons par croire - ou parfois choisissons de croire - sur le monde, sur la place qui y est la notre, sur nos responsabilités, et sur la manière dont nous les remplissons ou, souvent, ne les remplissons pas."
Programme

Lire aussi :
• Articles de et sur Noam Chomsky, Le Monde diplomatique.
Dossier documentaire & Bibliographie Noam CHOMSKY, Monde en Question.

8 avril 2010

Analyse du discours de Netanyahou à l'AIPAC


Le discours de Benyamin Netanyahou du 22 mars 2010 à l'AIPAC aux États-Unis n'a pas été analysé par les médias dominants. C'est en effet un discours gênant pour plusieurs raisons : les circonstances, le lieu et le contenu. Prolongeant le discours du 14 juin 2009 à l'Université Bar-Ilan de Tel Aviv [1], il l'aggrave en défiant le droit international pour imposer le fait accompli de la colonisation de la Palestine non seulement à Gaza mais aussi en Cisjordanie et principalement à Jérusalem-Est.

Les circonstances

Après la guerre contre Gaza, menée par le gouvernement de Ehud Olmert du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, Ehud Olmert a démissionné et a donc provoqué des élections anticipées.

La nouvelle assemblée, issue du scrutin du 10 février 2009, est la plus à droite de l'histoire de l'État d'Israël : Likoud (parti sioniste de la droite nationaliste représenté par Benyamin Netanyahou) remporta 27 sièges, Israel Beytenou (parti d'extrême droite fondé et représenté par Avigdor Liberman) 15 sièges, Shass (parti religieux ultra-orthodoxe représenté par Eli Yishaï) 11 sièges, Yahadut Hatorah (parti religieux orthodoxe) 5 sièges, Ihoud Leoumi (parti nationaliste d'extrême droite) 4 sièges, HaBait HaYehoudi (parti dans la mouvance du sionisme religieux) 3 sièges [2].

Le gouvernement de Benyamin Netanyahou, investi par la Knesset le 31 mars 2009, comporte les principaux représentants de la droite et l'extrême droite israélienne auxquels s'est rallié par opportunisme Ehud Barak, dernier représentant du Parti travailliste qui depuis 1977 disparaît petit à petit de la vie politique.
Ce gouvernement pléthorique, qui compte le plus grand nombre de ministres de l'histoire de l'État d'Israël, est dirigé par un cabinet restreint (7 membres) composé, dans l'ordre protocolaire, du Premier ministre Benyamin Netanyahou, du ministre des Affaires stratégiques Moshé Yaalon, du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, du ministre de la Défense Ehoud Barak, du ministre de l'Intérieur Eli Yishaï, du ministre des Renseignements Dan Meridor et du ministre sans portefeuille Benny Begin. En faisant cela, Benyamin Netanyahou parvient à prendre des décisions avant que celles-ci ne soient débattues par le cabinet de sécurité (12 membres) ou le gouvernement (30 membres) avant d'être enregistrées par le Knesset.

Le gouvernement de Benyamin Netanyahou s'est donné pour tâche de lancer une offensive contre le droit international visant à occulter le Rapport Goldstone et à faire accepter le fait accompli de la colonisation de la Palestine. Cela a été analysé par l'avocat Gilles Devers et surtout par l'israélien Jeff Halper (directeur du Comité israélien contre les démolitions de maisons). Il s'agit d'une attaque frontale du principe de Juridiction universelle. L'état d'Israël s'attribue une compétence universelle en matière de crimes contre les Juifs, mais veut interdire la réciproque concernant ses crimes contre les Palestiniens [3].

Ainsi, Le gouvernement de Benyamin Netanyahou, pariant sur une défaite de Barack Obama pour instituer le projet de loi instituant un système d'assurance public en mars et aux élections de mi-mandat en novembre, a délibérément provoqué l'administration américaine. L'annonce fracassante de la construction d'une tranche 1600 logements à Jérusalem-Est sur les 50000 prévus (Ha'aretz) visait à imposer le fait accompli de la colonisation de la Palestine au monde entier et principalement à l'allié indéfectible de l'État d'Israël, qui ne pourrait la poursuivre sans l'aide économique et militaire des États-Unis.

Le lieu

Le lobbying de l'État d'Israël via l'AIPAC pour influencer la politique américaine en faveur du politicide de la colonisation est connu. C'est un sujet tabou en France, mais ni aux États-Unis ni en Israël. Or, comme je l'écrivais le 22 mars dernier, on fantasme aussi la puissance de l'AIPAC car les temps changent... Il suffit de lire Ha'aretz pour se rendre compte que le pari du gouvernement de Benyamin Netanyahou se révèle être une fuite en avant périlleuse... pour l'avenir de l'État d'Israël.

Les temps changent, mais Benyamin Netanyahou poursuit aveuglément la politique sioniste de ses prédécesseurs depuis... 62 ans. C'est l'analyse des opposants israéliens à la colonisation Akiva ELDAR, Gideon LEVY ou Uri AVNERY. Les Israéliens vivront en sécurité le jour où leurs dirigeants accepteront de respecter les droits des Palestiniens. Point barre.

Le contenu

Le discours de Benyamin Netanyahou est un condensé de l'idéologie sioniste, qui se fonde sur une construction mythique et mystique de l'histoire d'Israël pour justifier la colonisation de la Palestine et du Golan syrien [4].

Dès l'introduction Netanyahou affirme :
Vous voyez, pour la première fois en deux mille ans, un peuple juif souverain a pu se défendre contre une agression.
On ne sait pas à quelle agression, passée ou présente et réelle ou fictive, il fait allusion. Peu importe. Il abuse de l'histoire réelle du génocide pour raconter l'histoire mythique d'un peuple dispersé et persécuté. La rhétorique de l'Holocauste lui permet de justifier les crimes de guerre commis contre le peuple palestinien car toute critique cautionnerait l'antisémitisme [5].

Cette pose victimaire lui permet de faire le lien avec la menace supposée, voire paranoïaque, de l'utilisation d'armes nucléaires que l'Iran ne possèdent pas mais que Israël possède bel et bien.
Aujourd'hui, une menace sans précédent pour l'humanité est imminente. Un régime iranien radical équipé d'armes nucléaires pourrait mettre un terme à l'ère de la paix nucléaire dont le monde a bénéficié pendant ces 65 dernières années. Un tel régime pourrait fournir des armes nucléaires à des terroristes. Il pourrait même être tenté de les utiliser, et notre monde ne serait plus jamais le même.
Pour les dirigeants israéliens, il est logique que «une menace pour Israël» soit «une menace pour le monde entier». Et qu'en est-il des menaces quotidiennes contre le peuple palestinien ? Silence. Qui ose encore poser la question ? Le chantage à l'antisémitisme fonctionne parfaitement.

C'est ainsi qu'il faut interpréter le passage qui a été repris de manière tronquée par les sites pro-sionistes :
Nous devons être jugés sur une seule et unique mesure, et les allégations à l'encontre de l'Etat d'Israël doivent être fondées sur des faits. Une des allégations qui n'est pas fondée sur des faits, c'est la tentative de décrire les Juifs comme des étrangers colonialistes dans leur propre patrie. C'est l'un des grands mensonges des temps modernes.
La manœuvres est habile, mais montre aussi que les campagnes contre l'occupation et contre l'apartheid, notamment la campagne BDS (Boycott - Désinvestissement - Sanctions) troublent les dirigeants israéliens qui tentent de dénier la réalité de la colonisation.
Les sites pro-sionistes n'ont repris qu'une partie de l'argument pour gommer l'aveu du déni de réalité : «la tentative de décrire les Juifs comme des étrangers colonialistes dans leur propre patrie» «est l'un des grands mensonges des temps modernes».

Benyamin Netanyahou a d'ailleurs poursuit en racontant l'histoire mythique de sa famille qui, excusez du peu, serait symbolique du «lien entre le peuple juif et la Terre d'Israël [Eretz Israël]» depuis 4000 ans pour justifier une fois de plus la colonisation.
Le peuple Juif construisait Jérusalem il y a 3 000 ans, et le peuple juif construit Jérusalem aujourd'hui. Jérusalem n'est pas une colonie. C'est notre capitale.
À Jérusalem, mon gouvernement a maintenu les politiques appliquées par chaque gouvernement israélien depuis 1967, y compris ceux qu'ont dirigés Golda Meïr, Menahem Begin et Yitzhak Rabin.
Naturellement, Benyamin Netanyahou ne parle pas du droit international mais du droit biblique !
Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que Jérusalem-Est, conquise par Israël en 1967 puis annexée, demeure un territoire palestinien occupé au même titre que la Cisjordanie.
AP-Yahoo! Actualités du 20/03/2010
Comme le rappelait Gideon LEVY, le gouvernement israélien est spécialiste des «écrans de fumée, faux-fuyants et dérobades». Après avoir affirmé que «Jérusalem n'est pas une colonie», Benyamin Netanyahou cherche à nous endormir en prétendant que son «gouvernement a toujours montré son engagement à la paix, tant en paroles qu'en actes».
Plus le mensonge est gros... plus Netanyahou croit qu'il passera. Il prétend que, après les bombardements de Gaza par Ehud Olmert, il aurait dit aux dirigeants palestiniens «Venez négocier la paix». La suite prouve la conception qu'il se fait de la négociation.
Je vous le demande : qu'a fait l'Autorité palestinienne pour la paix ? Vous pouvez juger par vous-mêmes. Ils ont posé des conditions préalables aux pourparlers de paix, ils ont mené une implacable campagne internationale pour saper la légitimité d'Israël, et pour promouvoir l'odieux rapport Goldstone qui accuse à tort Israël de crimes de guerre. En fait, c'est exactement ce qu'ils font maintenant à l'ONU, à la grotesque Commission des droits de l'homme.
Comme tous les colonisateurs, l'État d'Israël ne reconnaît que le colonisé couché - mort ou vivant. Il n'a rien à offrir aux Palestiniens, mais Benyamin Netanyahou exige que les colonisés acceptent sans broncher l'occupation et assimile donc toute acte de résistance au terrorisme [6]. Ses arguments sécuritaires sont ceux d'un maquignon que n'est pas prêt à payer le prix de l'occupation.

Le plus incroyable est son exigence à contrôler les frontières du Liban et la Syrie :
Nous devons nous assurer que ce qui s'est passé au Liban et à Gaza ne se reproduise pas en Cisjordanie. Permettez-moi de vous expliquer ce qu'est notre problème majeur de sécurité avec le Liban. Ce n'est pas la frontière d'Israël avec le Liban - c'est la frontière imposée entre le Liban et la Syrie par laquelle l'Iran et la Syrie font passer clandestinement des milliers et des milliers de roquettes et de missiles au Hezbollah.
Benyamin Netanyahou qui n'a pas encore compris que les temps ont changé et que la politique d'Israël au Moyen-Orient nuit aux intérêts des États-Unis. Il répète son vieux discours de gendarme des américains :
Pendant des décennies, Israël a servi de rempart contre l'expansionnisme soviétique. Aujourd'hui, il aide l'Amérique à endiguer le flot de l'islam militant.
Mais le vice-président Joe Biden et le général David Petraeus, soutenu par le secrétaire à la Défense Robert Gates, ont dit clairement que la poursuite de la colonisation nuisait aux intérêts américains et que Israël était un fardeau stratégique [7].

Conclusion

Benyamin Netanyahou, qui se présente comme l'héritier de tous les dirigeants sionistes depuis 1948, poursuit imperturbablement la fuite en avant de l'État d'Israël vers la construction du Grand Israël des prophéties bibliques.

Benyamin Netanyahou reste enfermé dans les schémas idéologiques et stratégiques des années 1950 et s'accroche à la colonisation et à l'occupation militaire de la Palestine et du Golan.

Benyamin Netanyahou s'entête à refuser que le droit international s'applique à l'État d'Israël, mais exige qu'il s'applique à l'Iran.

Benyamin Netanyahou, avec la droite et l'extrême droite israélienne dont les religieux ultra-orthodoxes, n'a aucun projet pour son pays sinon le maintenir dans un état de guerre permanente.

05/04/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• Address by PM Netanyahu at the AIPAC Policy Conference, AIPAC - Prime Minister's Office - Ha'aretz
• Allocution du Premier Ministre Benjamin Netanyahou à la Conférence de l'AIPAC
- Traduction 1 Debriefing - Un écho d'Israël
- Traduction 2 CRIF - JSS News
- Extraits Ambassade d'Israël en France
Chronique de la Colonisation de la Palestine 2010 Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Sionisme, Monde en Question.

[1] L'Université Bar-Ilan de Tel Aviv, qui prétend établir "des ponts entre études religieuses et laïques", est de fait sous la coupe des religieux. La publicité du site avoue qu'elle "permet aux étudiants de s’engager activement dans un vaste choix de programmes universitaires et identitaires" et "les études de judaïsme sont obligatoires".
[2] Sources :
• Élections 2009 : les principaux partis politiques israéliens, Un écho d'Israël.
• Élections législatives israéliennes de 2009, Wikipédia.
[3] Lire aussi :
• Droits de l’homme - Les aléas de la juridiction universelle, RFI.
• Crimes de guerre à Gaza et juridiction universelle en Espagne... et en Israël, Info-Palestine.
[4] Lire :
• Netanyahou guerrier du sionisme, Monde en Question.
• SAND Shlomo, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008 [ContreInfo - France 2 - Le Monde diplomatique - LDH-Toulon - Monde en Question].
[5] Lire : FINKELSTEIN Norman G., L'industrie de l'Holocauste - Réflexions sur l'exploitation de la souffrance des Juifs, La Fabrique, 2001.
[6] Lire :
• 14/06/2009, Discours de Benyamin Netanyahou, Monde en Question.
• 15/06/2009, Réactions au discours de Netanyahou, Monde en Question.
• 17/06/2009, Analyse du discours de Netanyahou, Monde en Question.
[7] Lire :
• 20/03/2010, AVNERY Uri, L’arme ultime, Gush Shalom - AFPS
Et maintenant, de façon évidente et tout à fait soudaine, la coupe est pleine. Obama, son vice-président et ses principaux collaborateurs condamnent le gouvernement Nétanyahou avec une sévérité croissante. La Secrétaire d’État Hillary Clinton a posé un ultimatum : Nétanyahou doit interrompre toute activité de colonisation, y compris à Jérusalem-Est ; il doit accepter de négocier sur tous les problèmes qui sont au coeur du conflit, y compris Jérusalem-Est et au-delà.
Cette semaine, Petraeus a délivré un message sans équivoque : après avoir passé en revue les problèmes de sa zone de responsabilité - qui comprend, entre autres, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran, l’Irak et le Yémen - il a évoqué ce qu’il a appelé “les causes à la racine de l’instabilité” dans la région. En tête de liste venait le conflit israélo-palestinien.
[...] la plupart des Juifs américains sont prêts à tout faire - vraiment tout - pour le gouvernement d’Israël. À une exception près : ils ne feront rien qui puisse porter atteinte à la sécurité des États-Unis. Lorsque le pavillon de la sécurité est hissé, les Juifs, comme tous les Américains, se mettent au garde-à-vous et saluent.
Si Obama décide de riposter et de mettre en oeuvre son arme ultime – l’accusation qu’Israël met en danger les vies des militaires américains – cela aurait des conséquences catastrophiques pour Israël.
• 22/03/2010, Israël renforce Al-Qaida, Monde en Question
Général David Petraeus commandant en chef du CENTCOM : Les tensions israélo-palestiniennes se transforment souvent en violence et en confrontations armées à grande échelle. Le conflit provoque un sentiment anti-américain, à cause de la perception du favoritisme des États-Unis à l'égard d'Israël. La colère arabe sur la question palestinienne limite la puissance et la profondeur de nos relations avec des gouvernements et des peuples dans l'AOR [zone de responsabilité du CENTCOM] et affaiblit la légitimité des régimes modérés dans le monde arabe. Pendant ce temps là Al-Qaida et d'autres groupes militants exploitent la colère pour mobiliser. Le conflit offre également à l'Iran une influence dans le monde arabe via ses clients, le Hezbollah libanais et le Hamas.
• 24/03/2010, HALIMI Serge, Coup de froid entre les États-Unis et Israël, Le Monde diplomatique
Plus fondamentalement, l’analyse régionale des États-Unis ne coïncide pas avec la politique actuelle de la droite et de l’extrême droite israéliennes.
Les nouvelles constructions à Jérusalem ou en Cisjordanie, a répété Mme Clinton dans son discours devant l’Aipac, portent atteinte au climat de confiance nécessaire et à la perspective de négociations auxquelles les deux parties [Israël et Palestine] se proclament attachées. Et ces constructions ont pour conséquence de rendre visible le désaccord entre les Etats-Unis et Israël, que d’autres parties dans la région espèrent exploiter. Cela entame la capacité unique dont disposent les États-Unis, celle de jouer un rôle essentiel dans le processus de paix. Notre crédit dépend en effet dans une certaine mesure de notre capacité à pouvoir saluer les deux parties lorsqu’elles font montre de courage. Et, quand nous ne sommes pas d’accord, à le faire savoir sans hésiter.
Le 16 mars, témoignant devant la commission des affaires armées du Sénat, le général David Petraeus, commandant des forces américaines dans une région qui va de l’Egypte au Pakistan (et qui couvre donc à la fois l’Irak et l’Afghanistan), a eu ce propos qui n’est pas passé inaperçu : La poursuite des hostilités entre Israël et quelques-uns de ses voisins met en cause notre capacité à défendre nos intérêts. […] Le conflit [au Proche-Orient] alimente un sentiment antiaméricain lié à une perception de favoritisme des États-Unis envers Israël. La colère arabe née de la question palestinienne limite la puissance et la profondeur du partenariat américain avec les gouvernements et les peuples de la région, en même temps qu’elle affaiblit la légitimité des régimes arabes modérés. Al-Qaida et les groupes militants tirent parti de cette colère afin de mobiliser de nouveaux appuis. Le conflit au Proche-Orient favorise l’influence de l’Iran dans le monde arabe à travers ses clients le Hezbollah libanais et le Hamas.
• 26/03/2010, ELDAR Akiva, Netanyahu and Obama are at point of no return, Ha'aretz
Pendant que Netanyahou recevait son ovation à la conférence de l'AIPAC, Obama et ses conseillers ont préparé une convention tout à fait différente, celle de la Ligue arabe qui se réunira à Tripoli samedi.
Les messages, venant de Riyad et de Amman à la Maison Blanche, sont très clairs : si vous ne bridez pas vos amis israéliens, Téhéran ne sera pas la seule capitale du Moyen-Orient où brûlera des drapeaux américains.
Robert Gates, secrétaire à la Défense, a résolument soutenu le général David Petraeus, le premier militaire américain à décrire Israël comme un fardeau stratégique.
Netanyahou avait l'espoir de gagner du temps jusqu'aux élections du Congrès en novembre, qui coïncideront avec la date limite fixée pour le gel des colonies. Mais les jeux favoris de Netanyahou (jouer avec la communauté juive et le Congrès contre la Maison Blanche et le département d'État) ne fonctionnent plus. Obama a décidé que sa coalition modérée au Moyen-Orient est plus importante que l'extrémiste de Nétanyahou. C'est un point de non retour.