4 décembre 2010

Temps de travail, temps de vie


En janvier 2010, la secrétaire générale de la FGTB Anne Demelenne relance la réduction du temps de travail (RTT) comme un des axes d'une riposte à la crise qui soit socialement équitable : puisque le travail manque, partageons-le plus équitablement.

Cette déclaration a surpris, y compris nous-mêmes. Mais le fait était là : ça faisait longtemps que l'exigence de la RTT avait déserté les agendas revendicatifs, même si elle n'avait jamais quitté les programmes.

En 1997, un des premiers numéros de Politique était précisément consacré à la RTT. A ce moment-là, le gouvernement français de Lionel Jospin dit de la gauche plurielle - qui associait notamment les socialiste et les écologistes - préparait les "lois Aubry" de 1998 et 2000 et le passage à 35 heures de la norme légale de travail hebdomadaire. pourquoi pas en Belgique ? Mais depuis, Politique n'est plus jamais revenu sur le sujet, qui passa petit à petit à l'arrière-plan.

Que s'était-il passé ? Tout d'abord, une détérioration massive des rapports de forces sociaux. Dans les secteurs de pointe du "capitalisme fordiste", lieux par excellence du compromis social-démocrate, où les avancées étaient généralement initiées pour être ensuite étendues aux autres secteurs, la mondialisation allait sortir ses effets.

Ces entreprises vont ainsi mettre en concurrence leurs différents sites de production, ce qui fera plier les travailleurs dans les métropoles industrielles, contraints pour résister au chantage à l'emploi de revenir sur les conquêtes passées. Mais, indépendamment de ce contexte extérieur, il a fallu se rendre compte que les travailleurs eux-mêmes n'étaient pas forcément demandeurs de mesures uniformes et qu'ils souhaitaient plutôt des dispositifs leurs permettant d'agencer les temps de travail - et les temps de vie - sur toute une carrière. Avec, évidemment, comme conséquence que le fractionnement des temps passés au travail rendait plus difficile la mobilisation autour d'objectifs unificateurs.

Au terme de ce Thème, le défi que pose l'articulation des temps de travail et des temps de vie semble encore plus complexe. Car l'analyse fine des expériences tentées montre que toute RTT n'est pas forcément émancipatrice. Les dernières avancées ont toujours été conditionnées par un recours accru à la flexibilité, et celle-ci induit du stress et de la désorganisation dans la vie hors travail qui est, de plus en plus et pour la plupart d'entre nous, le lieu où notre existence prend son sens. En fait, dans une économie ouverte à la plus dure des concurrences, il n'y a aucune raison pour que les exigences de flexibilité de la production coïncident avec les exigences des "citoyens-travailleurs" qui souhaitent que leurs choix de vie soient respectés. Si la pression à la rentabilité à tout prix reste ce qu'elle est, on ne voit pas comment sortir de cette tension mortifère.

Politique n°67, Novembre-Décembre 2010

Lire aussi :
• L'actualité des revues
- Ent'revues - la Revue des revues
- A plus d'un titre - Chaque vendredi
Dossier documentaire & Bibliographie Économie sociale, Monde en Question.
Dossier Guide des ressources documentaires, Monde en Question.

3 décembre 2010

Wikileaks ou le triomphe de la médiacratie

Depuis le XIXe siècle, les médias dominants publient des feuilletons pour "fidéliser" leurs lecteurs. Au XIXe siècle, le feuilleton était une œuvre littéraire prépubliée dans les journaux (Charles Dickens, Dumas père et Balzac) puis il devint un genre littéraire à part entière (Eugène Sue, Maurice Leblanc, Gustave Le Rouge et Michel Zévaco) [1]. Au XXe siècle, les médias (presse, radio et télévision) appliquent la même technique au traitement de l'information qui est entièrement fabriquée comme un récit pour divertir... le consommateur [2].

Le feuilleton commence par une rocambolesque histoire d'espionnage

Les médias dominants nous racontent tous la même histoire rocambolesque concernant l'origine des fuites qui auraient permis à Wikileaks de détenir "251 287 câbles diplomatiques" :
Dans un échange de mails avec le hacker Adrian Lamo, le soldat Manning a décrit la facilité avec laquelle il se serait procuré ces masses de données : «J'entrais dans la salle informatique avec un CD musical à la main […] puis j'effaçais la musique et je créais un dossier compressé. J'écoutais Lady Gaga et je chantonnais sur la musique, tout en exfiltrant la plus grande fuite de l'histoire des États-Unis.»
Libération
Aucun média n'a enquêté pour vérifier la véracité de ce conte alors que le soldat Bradley Manning fut arrêté en mai 2010 par l'United States Army Criminal Investigation Command et détenu dans une prison militaire de Camp Arifjan, au Koweït.

Aucun média ne s'est préoccupé de savoir si Bradley Manning avait donné son accord à leur publication des fuites qui le condamnera à 52 ans de prison pour "transfert de données secrètes sur son ordinateur personnel et ajout de logiciel non autorisé sur un système informatique confidentiel" et "communication, transmission et envoi d'information traitant de sécurité nationale à une source non autorisée" [3]. Les médias ne s'encombrent pas du principe de précaution - éviter une conséquence indésirable - quand il nuit à leurs intérêts financiers.

Un feuilleton fondé sur le mensonge

Contrairement à ce prétendent les médias dominants et que tout le monde répète sans le vérifier, Wikileaks n'a pas mis en ligne les "251 287 câbles diplomatiques fuités des États-Unis" qu'il détiendrait.
"Dévoilé – comment l'Amérique voit le monde", titre Der Spiegel. Tout comme The New York Times, The Guardian, Le Monde et El País, l'hebdomadaire allemand publie quelques-uns des 250 000 documents de la diplomatie américaine révélés par le site Wikileaks le 28 novembre.
Presseurop
Mensonge, mensonge, mensonge car ni Wikileaks ni les médias dominants n'ont publié à ce jour la totalité des "251 287 câbles diplomatiques".
Au stade actuel de la publication des 251 287 télégrammes diplomatiques détenus par Wikileaks, leur consultation n'est pas franchement problématique. En effet, le site a décidé de publier les mémos au compte goutte et, pour l'instant, seuls 243 (pas 243 000, hein, juste 243) sont actuellement consultables.
Écrans Libération
L'intrique du feuilleton ne tient pas au contenu, qui n'apporte rien de nouveau, mais au procédé de mise en scène de sa publication.

Un feuilleton agrémenté par de pseudo-révélations

Les médias dominants n'ont publiés qu'une sélection d'une sélection, c'est-à-dire pas grand-chose. Alors que d'après Wikileaks l'Irak est le pays le plus discuté (15 365 câbles dont 6 677 en provenance d'Irak), les médias dominants publient en priorité des anecdotes sans intérêts sur les chefs d'État et focalisent ces soi-disantes révélations sur les relations entre l'Iran et Israël (qui ne savait pas que l'Iran représentait l'axe du Mal ?) et sur les relations supposées entre la Chine et la Corée du Nord (qui ne savait pas que la Corée du Nord représentait l'axe du Mal ?).

Il faut être naïf ou ignorant de la réalité des relations internationales pour croire que le discours diplomatique se réduirait à un discours politiquement correct et qu'en coulisse les diplomates ne sauraient pas s'exprimer plus crûment.

Les notes que Le Monde nous présente comme des faits réels ne sont que les opinions de diplomates, chacun tentant de bluffer l'autre. On peut publier des milliers de mémos, qui disent tous la même chose sur l'Iran et la Corée du Nord, sans qu'aucun ne soit le début de commencement d'une preuve sur le fondement de l'opinion répétée à satiété.

Un feuilleton contrôlé par cinq médias

Cette publication, sous la forme d'un feuilleton mondialisé, est une arnaque car elle est entièrement contrôlée, filtrée et conditionnée par cinq médias dominants (New York Times, Der Spiegel, The Guardian, El Pais et Le Monde). Ces médias appartiennent tous, comme par hasard, aux puissances occidentales qui furent les puissances colonisatrices du monde à partir du XVIe siècle.

Le discours de Wikileaks est un discours mensonger et démagogique :
les documents donneront aux citoyens dans le monde entier une vue sans précédents sur les activités à l'étranger du gouvernement américain.
Wikileaks
Ce discours est complaisamment relayé par les cinq médias mondiaux, qui ont formé un oligopole, car il leur sert d'alibi pour faire accepter la dictature de leur "position dominante" [4]. Ce petit détail devrait faire réfléchir tous ceux qui croient encore naïvement que Internet serait un espace de liberté.

La rhétorique orwélienne

Il faut dire et redire que seuls ces cinq médias dominants ont accès à l'ensemble des données de Wikileaks et qu'ils les distillent en accord avec les autorités américaines et selon un calendrier planifié en commun.

Il y a un précédent à cette imposture, présentée comme une avancée de la démocratie, c'est celui des archives du Vatican. La bibliothèque du Vatican possède des documents historiques de première main, notamment sur la colonisation des Amériques, qui ne sont pas accessibles même aux chercheurs. Or, le Vatican a eut l'idée géniale de créer un site intitulé "Archives Secrètes Vaticanes", qui ne contient qu'une infime sélection soigneusement contrôlée, filtrée et conditionnée des archives authentiques [5].

L'im-Monde procède de la même façon en nous présentant Julian Assange comme "un apôtre de la transparence intégrale" [6]. Le pire est dans l'argumentation qui suit :
Mais à partir du moment où cette masse de documents a été transmise, même illégalement, à WikiLeaks, et qu'elle risque donc de tomber à tout instant dans le domaine public, Le Monde a considéré qu'il relevait de sa mission de prendre connaissance de ces documents, d'en faire une analyse journalistique, et de la mettre à la disposition de ses lecteurs.
Le Monde
Ainsi, "à partir du moment où cette masse de documents [...] risque de tomber à tout instant dans le domaine public", il fallait que L'im-Monde et ses compères se l'approprient pour la contrôler, la filtrer, la conditionner et finalement la vendre.

L'im-Monde prétend que cette opération marketing est la "démocratie" :
Enfin, ce n'est pas un hasard si ces nouvelles révélations émanent des États-Unis, le pays le plus avancé technologiquement et, d'une certaine manière, la société la plus transparente, plutôt que de Chine ou de Russie.
Le Monde
Scandons donc tous en chœur avec Le Monde : "La liberté, c'est l'esclavage" et "L'ignorance, c'est la force" [7].

02/12/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
Dossier documentaire & Bibliographie Médias, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Propagande, Monde en Question.

[1] Roman-feuilleton, Wikipédia.
[2] Serge LEFORT, Du récit au récit médiatique, Monde en Question, 29/07/2009.
Lire aussi : Serge LEFORT, Storytelling, Monde en Question, 28/07/2009.
[3] Bradley Manning, Wikipédia.
Lire aussi la version anglaise plus complète.
[4] Oligopole, Wikipédia.
[5] Archives Secrètes Vaticanes, Vatican.
[6] Pourquoi "Le Monde" publie les documents WikiLeaks, Le Monde, 28/11/2010.
[7] Georges ORWELL, 1984 [1949], Gallimard, 1972.

2 décembre 2010

Politique nucléaire de deux poids deux mesures

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a accusé les États-Unis d'adopter une politique de deux poids deux mesures sur les questions nucléaires et la prolifération.

L'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a rapporté un article du journal de Singapour Straits Times qui a confirmé que les États-Unis ont aidé Israël à développer des armes nucléaires ces dernières années.

"Le fait que les États-Unis aient aidé avec zèle Israël dans le domaine nucléaire techniquement et matériellement et qu'ils aient protégé et contribué délibérément à cela prouve que les États-Unis sont les complices et assistants d'Israël dans son processus d' armement nucléaire", a rapporté la KCNA.


La contribution des États-Unis à l'accession d'Israël aux armes nucléaires est "une preuve évidente" de l'injustice de la politique double que mènent les Américains en ce qui concerne les questions nucléaires, a ajouté le média.

Cependant, les États-Unis ont catégorisé les autres pays, notamment l'Iran et la RPDC, dont les activités nucléaires ont des fins pacifiques de "criminels nucléaires".

Une telle politique de deux poids deux mesures est une rupture grave du principe d'impartialité dans le domaine nucléaire, a souligné la KCNA, ajoutant que le plan américain de construire "un monde sans armes nucléaires" n'est donc "rien d'autre qu'une diversion pour couvrir ses ambitions de dominer le monde avec le nucléaire et de tromper la population mondiale".

L'agence de presse officielle de la RPDC a conclu que les États- Unis sont à blâmer pour la menace nucléaire et le danger de la prolifération nucléaire dans le monde.

01/12/2010
Chine informations

Les ventes d'armes prospèrent malgré la crise


Récemment, les États-Unis ont annoncé une vente d'armes modernes d'une valeur de 60 milliards de dollars à l'Arabie Saoudite, une des plus grandes ventes d'armes réalisées par les États-Unis à ce jour. Que ce soit lors de la crise financière ou actuellement, en période de reprise économique solide, les ventes d'armes ont prospéré au fil des années. Selon un rapport récemment publié par l'institut de Stockholm International Peace Research, ces dernières années, le nombre de ventes d'armes à l'échelle mondiale n'a cessé d'augmenter et les États-Unis et la Russie sont les deux grands gagnants.

Les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne et la France, les quatre plus grands pays exportateurs d'armes du monde

Les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne et la France, ces quatre plus grands pays exportateurs d'armes du monde ont engrangé d'énormes bénéfices économiques avec les ventes d'armes.

Toujours selon le rapport, le chiffre d'affaires des exportations d'armes des États-Unis a atteint 38,1 milliards de dollars, soit le plus grand du monde entier, ce qui a créé un nouveau record. La Russie s'est classée à la 2e place avec un chiffre d'affaires de 10,4 milliards de dollars en 2009, grâces à ses armes avancées, de bonne qualité et bon marché. En tant que pays européen de vieille tradition militaire, la France est toujours un géant du marché des exportations d'armes. Selon le rapport publié le 6 octobre 2010 par le ministère de la défense du pays, le chiffre d'affaires des ventes d'armes de la France a augmenté de 13% en 2009 par rapport à celui de 2007 et de 2008, créant le nouveau record du siècle pour se classer à la 4e place des pays exportateurs d'armes les plus grands du monde, suivant les États-Unis, la Russie et la Grande-Bretagne.

Le mois dernier, peu après l'annonce étonnante de la vente d'armes d'une valeur de 60 milliards de dollars à Arabie Saoudite par les États-Unis, la Russie a déclaré publiquement qu'elle exécutera un contrat signé avec la Syrie en 2007 dont la valeur s'élève à 300 millions de dollars. Selon le contrat, la Russie va livrer à cette dernière 72 missiles « Yakhont P-800 ».

90% des grandes commandes d'armes ont été faites par des acheteurs asiatiques

Parmi les grandes commandes d'armes à l'échelle mondiale, celles faites par les acheteurs asiatiques en ont représenté 90%. L'Inde constitue ces dernières années un des acheteurs principaux de l'Asie. Elle demande des navires de guerre, des sous-marins, des avions militaires, des chars de combat et autres armes modernes à tous les vendeurs possibles et a signé sans cesse de grandes commandes d'armes, que convoitent les commerçants d'armes internationaux. Les États-Unis, l'Europe et la Russie se sont tous disputés le marché indien, en transférant même certaines technologies modernes à l'Inde pour se procurer des commandes.

En entrant dans l'année 2010, en tant que plus grand pays exportateur d'armes, les États-Unis ont déjà vendu des armes à Taiwan, à l'Inde, au Koweït, à Israël et au Mexique, etc, alors que le président russe Medvedev effectuera en décembre une visite en Inde et lui proposera une importante offre d'armes.

Selon la presse russe, lors de la visite de Medvedev en Inde, les deux parties signeront officiellement une entente sur la recherche et le développement d'avions militaires de la 5e génération, selon laquelle la Russie livrera d'ici 10 ans 250-300 avions militaires de 5e génération et 45 avions de transport militaire.

Par ailleurs, le Moyen-Orient constitue un autre grand marché d'armes où les États-Unis et la Russie sont en concurrence. Ce n'est pas simplement pour l'argent mais aussi pour des intérêts stratégiques et l'influence.

25/11/2010
Renmin Ribao

1 décembre 2010

Permis de tuer !


Hortefeux justifie l'emploi de l'arme contre un malien :
Un Malien de 38 ans est mort dans la nuit de lundi à mardi à Colombes après avoir reçu deux décharges du pistolet Taser pendant son interpellation.

"L'alternative au Taser dans le monde entier, c'est l'arme à feu, et là précisément il n'y a pas eu d'utilisation d'arme à feu. Il n'y a pas d'autre alternative au Taser", a assuré le ministre de l'Intérieur.

Nouvel Obs

Le maire PS excuse a priori la police :
Le maire PS de la ville a recommandé la prudence sur le lien avec cette arme. "Il est indispensable d’attendre les conclusions de l’enquête de l’IGS (Inspection générale des services, "police des polices") et de l’autopsie qui, seule, permettra de déterminer les causes du décès", a déclaré le maire, Philippe Sarre, dans un communiqué.

"Car rien dans les faits actuellement connus ne permet de tirer des conclusions sur la responsabilité des forces de police, ni même sur le lien avec l'utilisation du Taser", a-t-il ajouté.

"Je déplore bien évidemment ce décès", dit aussi le maire. "J’en appelle à la sagesse et à la responsabilité de chacun pour éviter toutes rumeurs infondées" et "comprends qu’à l’occasion de cet incident dramatique, la question de l’utilisation du Taser soit à nouveau posée".

Nouvel Obs
Lire aussi : Les réactions à la mort d'un Malien après deux décharges de Taser, Nouvel Obs.

Wikileaks fait du bruit... pour rien

Les médias dominants prétendent que "WikiLeaks met à nu la diplomatie américaine" :
Le contenu de 250.000 câbles diplomatiques américains dévoilés par le site WikiLeaks a été publié dimanche 28 novembre par les grands titres de la presse mondiale, révélant les dessous de la diplomatie des États-Unis.
NouvelObs, 29/11/2010
Or ces mêmes médias ne publient que des anecdotes sans intérêts sur les chefs d'État et focalisent ces soi-disantes révélations sur l'Iran alors que l'Irak est le pays le plus cité dans ces documents.
Ainsi, l'im-Monde ne rate pas une occasion pour faire sa propagande anti-iranienne :
On savait les régimes arabes inquiets à la perspective de voir l'Iran se doter de l'arme atomique. On ne les savait pas terrorisés à ce point par la République islamique et, jour et nuit, obsédés par la marche au nucléaire entreprise par cette dernière. C'est, parmi bien d'autres, l'un des points les plus passionnants que livre la lecture des documents rendus publics depuis le 28 novembre par le site WikiLeaks et cinq journaux internationaux, dont Le Monde.
Le Monde, 01/12/2010
Or, la preuve qu'il avance n'en est pas une :
Nul ne le dit mieux que le roi Abdallah d'Arabie saoudite, cité dans un télégramme de décembre 2005. Il se plaint amèrement de la situation créée par le président Bush en Irak et observe : "Alors que dans le passé les États-Unis, l'Arabie saoudite et Saddam Hussein s'entendaient sur la nécessité de contenir l'Iran, la politique américaine a donné l'Irak à l'Iran comme un cadeau sur un plateau d'argent."
Trotsky avait promis, en tant que commissaire du Peuple aux Affaires étrangères, qu'il publierait tous les documents diplomatiques après avoir signé les accords de Brest-Litovsk. Il a démissionné sans rien faire.

Contrairement à ce que tout le monde répète, WikiLeaks n'a pas mis en ligne les "251 287 câbles diplomatiques fuités des États-Unis" qu'il détiendrait. La publication se fait au compte goutte et elle est entièrement contrôlée et filtrée par cinq médias dominants : New York Times, Der Spiegel, The Guardian, El Pais et Le Monde [1].
WikiLeaks ment donc quand il affirme :
les documents donneront aux citoyens dans le monde entier une vue sans précédents sur les activités à l'étranger du gouvernement américain.
Enfin, le discours sur le thème "il y existe des individus droits et courageux au sein du gouvernement, qui croient en la transparence et en une politique étrangère plus éthique" est un discours démagogique.

01/12/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

[1] WikiLeaks : Le Monde défend le sérieux des conditions de publication, NouvelObs, 29/11/2010.
Lire aussi :
• WikiLeaks : où chercher les mémos ?, Big Browser - Blog Le Monde, 29/11/2010.
• Où consulter les mémos de WikiLeaks ?, NouvelObs, 30/11/2010.
• Wikileaks entame la publication de câbles diplomatiques US confidentiels, Wikileaks.

30 novembre 2010

Haïti occupé par l'humanitaire militaire

Des corps décharnés sur des paillasses, des êtres humains gisant par terre et mourant du choléra, des hommes, des femmes, portant sur leur dos le corps malade de leur enfant ou de leur compagnon : les images qui parviennent d'Haïti suscitent la compassion, mais plus encore l'indignation.

La catastrophe humaine que connaît aujourd'hui Haïti était une catastrophe annoncée. Elle est la deuxième en cette année, dix mois après le tremblement de terre qui a dévasté le pays et sa capitale, faisant plus de deux cent mille victimes.

Devant l'émotion internationale que cela a suscitée, les dirigeants des grandes puissantes avaient juré la main sur le cœur qu'ils aideraient à reconstruire le pays. De Clinton à Sarkozy, ils ont fait un petit tour sur l'île dévastée pour promettre de l'argent, les yeux fixés sur les caméras. Une fois passée cette émotion, on a remballé les caméras et on a laissé la population, une des plus pauvres de la planète, seule face aux conséquences du tremblement de terre.

Les milliards promis sont restés des promesses. Et les médecins et infirmières des ONG, débordés face au choléra, ont beau implorer : il n'y a pas assez de personnel soignant, il n'y a pas assez de lieux pour soigner, et il n'y a pas de moyens de transport pour permettre aux malades d'atteindre rapidement les centres de soins. Il n'y a même pas assez d'argent pour des médicaments qui ne coûtent pas trop cher. Si le choléra tue vite, c'est aussi une maladie facile à soigner, il continue pourtant à tuer.

Lutte Ouvrière
Les puissances occidentales sont responsables de ces morts en particulier les États-Unis, qui ont profité du séisme pour occuper l'île, et les humanitaires, qui accompagnent les militaires, sont complices [1].

France Culture a organisé une journée politiquement correct sur Haïti. Ainsi, la revue de presse internationale était animée par Pierre Godson non seulement parce qu'il est journaliste et éditeur de l'agence en ligne AlterPresse mais surtout parce qu'il est noir. En bon chien de garde il a consacré l'essentiel de sa revue de presse aux élections en Haïti... [2]

28/11/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• Articles Haïti, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Haïti, Monde en Question.
• Articles Colonialisme Humanitaire, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Aide humanitaire - Colonialisme humanitaire, Monde en Question.

[1] Serge LEFORT, L'armée américaine occupe Haïti, Monde en Question.
[2] Revue de presse internationale de Godson Pierre, Revue de presse internationale.
Autres émissions :
• Une journée à Port-au-Prince, France Culture.
• La relation au monde caraïbe, Les Enjeux internationaux [voir les liens en bas de page].
• Une moitié d'île : le rapport à la République dominicaine, Les Enjeux internationaux.
• L'aide internationale : entre nécessité et dépendance, Les Enjeux internationaux.
• L'ONU en Haïti : de l'ingérence à la MINUSTAH, Les Enjeux internationaux.
• Haïti entre les États-Unis et la France, Les Enjeux internationaux.
• Haïti (1/5) : "Punta Cana – les Abricots : un rêve de paradis", Sur les docks [rediffusion].
• Haïti (2/5) : "Dajabon, une frontière pour deux", Sur les docks [rediffusion].
• Haïti (3/5) : "Les Frères de Saint-Jacques dans la tourmente", Sur les docks [rediffusion].
• Haïti (4/5) : "Welcome Gentils Yankees !", Sur les docks [rediffusion].
• Haïti (5/5) - "Haïtiens : être ou ne pas être ?", Sur les docks [rediffusion].
• 24 heures en Haïti, Les Nouveaux chemins de la connaissance [voir la bibliographie en bas de page].
• Emission spéciale Haïti, Questions d'époque.
• Thème Amérique, France Culture.

29 novembre 2010

Marx, mode d'emploi


Entretien avec Daniel Bensaïd autour de son livre Marx, mode d'emploi, Là-bas si j'y suis 1/2, 2/2
Dans les années 80, en pleine offensive néolibérale, le magazine Newsweek pouvait titrer, triomphalement : "Marx est mort." Mais les spectres ont la peau dure. Et Marx est de retour. En ces temps de crise fracassante du capitalisme et de grande débandade idéologique, on le redécouvre. Même le très libéral conseiller de l'Elysée, Alain Minc, s'est déclaré un jour "marxiste" - sans rire - en matière d'analyse économique. Mais qui fut Marx ? Qu'a-t-il vraiment dit ?
Lire aussi :
• L'actualité des podcasts
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• Hommage à Daniel Bensaïd, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Marxisme, Monde en Question.