27 février 2011

Diplomatie coloniale


Kouchner - Sarkozy - Ben Ali

Boris Boillon a été contraint de présenter des excuses aux Tunisiens à la télévision nationale, samedi, après avoir choqué de nombreuses personnes dans le pays en employant un ton agressif lors de sa première rencontre avec la presse.

Une journaliste a demandé de préciser ses propos à l'ambassadeur qui venait de déclarer que selon lui "la France est mal placée pour donner des leçons dans le domaine de l'état de droit et dans le domaine de la démocratie".

"Non, je ne peux pas expliciter, je dis ce que j'ai à dire et n'essayez pas de me coincer avec des trucs à la con. Voilà, la France n'a pas de leçons à donner, il y a un peuple tunisien qui a montré de manière exceptionnelle, de manière pionnière au 21e siècle ce que c'est que la e-révolution", a-t-il répondu.

"Moi, je ne suis pas là pour faire de la polémique, je ne suis pas là pour créer des problèmes, je suis là, mais pour créer des solutions, donc n'essayez pas de me faire tomber sur des trucs débiles. Franchement, vous croyez que j'ai ce niveau-là, vous croyez que je suis dans la petite phrase débile ?", a-t-il ajouté.

Environ 500 Tunisiens ont manifesté devant l'ambassade de France pour réclamer son départ, dénonçant "son manque de diplomatie" et "son agressivité" lors de cette rencontre avec la presse, a constaté une journaliste de l'AFP.

AFP-France 24

À peine nommé, Boris Boillon, le nouvel ambassadeur de France à Tunis, a donné le ton.

Au lieu du collier de jasmin et des youyous qu'il espérait peut-être, il a été accueilli par des questions de journalistes tunisiens sur Michèle Alliot-Marie, sa ministre, et les rapports déplacés de celle-ci avec des hommes du clan Ben Ali. Et ces questions l'ont visiblement sérieusement agacé... Sarkozyste sur le fond et dans la forme, il a vulgairement envoyé promener tout le monde, arrogance et mépris à l'appui, accusant les uns de tenter « de le faire tomber sur des trucs débiles », rétorquant aux autres : « Vous croyez que j'ai ce niveau-là ? », et tournant le dos à une dernière en lui lâchant, en arabe et grossièrement, « Assez ! »

Pourtant, en acceptant le poste, il acceptait aussi l'encombrant paquet-cadeau des relations entre ses amis et ceux du dictateur tunisien, et les questions étaient plus que légitimes ! Mais qu'attendre d'autre d'un ancien conseiller diplomatique (!) de Sarkozy qui, nommé ambassadeur en Irak en 2009, n'a vu dans ce pays ravagé par la guerre que « le marché du siècle : 600 milliards de dollars », soulignant le rôle positif de l'intervention militaire américaine.

Pour ce qui est de « prendre un nouvel élan, en s'appuyant sur une nouvelle ambition partagée », selon les mots du porte-parole du ministère des Affaires étrangères lors de la nomination de Boris Boillon, cela semble compromis. Suite à son attitude, près de 500 personnes manifestaient devant l'ambassade de France à Tunis, réclamant son départ et brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Casse-toi, pauvre Bouillon » ou encore « Dégagez, petit Sarko ! »

Ce champion de diplomatie s'était aussi répandu, il y a peu, en louanges concernant le dictateur libyen Khadafi, qui d'après lui avait « fait son autocritique » car « dans sa vie on fait tous des erreurs ». Peut-être l'habile Alliot-Marie pourra-t-elle envisager de le nommer ambassadeur... à Tripoli ?

Lutte Ouvrière

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