24 mars 2011

Libye - Revue de presse internationale (2)


Texte de la lettre adressée par Barack Obama aux membres du Congrès sur les opérations en Libye. White House, 21/03/2011.

L'Otan divisée sur la direction des opérations en Libye, Reuters-Yahoo! Actualités, 23/03/2011.
Les États membres de l'Otan ne sont pas parvenus mercredi à un accord pour prendre la direction des opérations militaires en Libye à la place des États-Unis, en raison des réserves turques, a annoncé un diplomate de l'Alliance atlantique.

"Il n'y a aucune décision", a-t-il déclaré après trois jours de réunion des ambassadeurs des 28 membres de l'Alliance à Bruxelles.

La Turquie ne veut pas voir l'Otan prendre le commandement d'opérations susceptibles de faire des victimes civiles ou se charger de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne tandis que les avions américains, britanniques et français bombardent les forces libyennes.

"Il serait impossible pour nous de partager la responsabilité d'une opération que certaines autorités décrivent comme une croisade", a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, s'adressant à la presse à Ankara. Outre Mouammar Kadhafi lui-même, le terme de "croisade" a été utilisé par le Premier ministre russe Vladimir Poutine.
Le conflit en Libye pourrait se jouer sur la propagande, Reuters-Yahoo! Actualités, 23/03/2011.
Le maniement de la propagande jouera probablement un rôle clé dans l'issue de l'offensive lancée par les forces occidentales en Libye avec le but officiel d'y protéger les populations civiles contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi.

Parce qu'elle s'est créée au pied levé, la coalition internationale éprouve de la difficulté, quant à elle, à parler d'une seule voix pour justifier cette intervention à des opinions intérieures et arabes sceptiques sur ses objectifs réels.

Pour les Occidentaux, cette bataille est d'autant plus délicate que le mandat de l'Onu au nom duquel ils agissent - faire respecter une zone d'exclusion aérienne - les expose à un fort risque de "dommages collatéraux".

Des bavures contre la population civile par les forces chargées précisément de mettre celle-ci à l'abri des tueries de leur régime ne manqueraient pas d'être exploitées par Kadhafi à son profit.

Il en tirerait argument pour renforcer son front intérieur et enfoncer un coin parmi des alliés dont beaucoup sont déjà réticents à recourir à la force.

[Richard Holmes], expert militaire à l'université britannique de Cranfield, souligne que la coalition doit se garder de surinterpréter le mandat confié par la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu.

Elle n'a pas mandat pour recourir à des troupes au sol ou pour armer les insurgés: outre que ce serait illégal, cela lui aliénerait le soutien des États arabes modérés et susciterait un réflexe de solidarité nationaliste autour de Kadhafi.

Les alliés doivent s'employer à lancer une offensive pour convaincre le maximum de pays que leur objectif, unique et difficilement contestable, est de protéger les civils de la répression du régime de Kadhafi.
Pure propagande occidentale pour se dédouaner de toutes les compromissions passées avec le colonel Kadhafi, qui opprimait son peuple sans que les pleureuses d'aujourd'hui ne s'en émeuvent, et pour masquer les objectifs réels de la guerre.

Libye : l'Onu condamne la poursuite des violences, RIA Novosti, 23/03/2011.
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a condamné mercredi les violences qui se poursuivent en Libye entre les forces loyales au colonel Kadhafi et les rebelles, a annoncé lors d'un point de presse à New York son porte-parole Martin Nesirky.

Pourtant le porte-parole de l'Onu s'est abstenu de commenter les opérations militaires de la coalition en Libye qui font également de nombreuses victimes civiles.

Après l'intervention en Libye, où s'arrête la guerre "humanitaire" ?, Le Monde, 23/03/2011.
Nous y sommes : il s'agit d'une guerre "humanitaire". Nous lançons des opérations militaires destructrices contre un pays qui ne nous a pas attaqués, qui ne menace pas nos intérêts, autrement dit nous sommes totalement en dehors de la doctrine militaire telle qu'elle a été élaborée, en particulier par le Livre blanc sur la défense en 2007. Notre seul motif d'emploi de la force est la violation du droit humanitaire par le pays en question. Nous sommes dans un cas parfaitement pur du fameux "droit d'ingérence", concept qui triomphe paradoxalement à l'heure où son concepteur a quitté le ministère des affaires étrangères... Or, ce concept de droit d'ingérence pose de très nombreux problèmes qui ont d'ailleurs conduit à sa mise à l'écart du droit international, au profit d'une formule plus consensuelle : "La responsabilité de protéger."

Les dangers de ce droit d'ingérence, droit laissé à la discrétion des puissants pour attaquer qui ils souhaitent, ont été souvent soulignés. Le cas le plus flagrant d'ingérence dangereuse fut, en 2003, l'intervention américaine en Irak. La France fut à l'époque le pays qui s'est dressé contre cette intervention et en a souligné les effets pervers. Croit-on aujourd'hui qu'un tel principe est moins dangereux quand c'est la France qui l'applique ?

Nous menons une guerre humanitaire. Nous attaquons un régime en vertu de la conception que nous nous faisons de la dignité humaine. Bravo. Mais ce principe est-il applicable partout ? Doit-il fonder notre politique étrangère et guider toutes nos décisions ? En d'autres époques, la question pourrait être théorique mais, en ces temps de révolte arabe, elle est tout à fait concrète. Devons-nous nous préparer à agir demain en Syrie, au Yémen, en Algérie ?

Aucun commentaire: