19 mars 2011

Peuples en danger


Napoléon le petit est parti en guerre contre son ancien pote le colonel Kadhafi, le sinistre dictateur en Libye. Pendant ce temps-là, ses autres potes peuvent massacrer leur peuple en silence - au Bahreïn et en Arabie saoudite par exemple. Le "droit d'ingérence" relooké "responsabilité de protéger" ne s'applique pas dans les monarchies pétrolières du Golfe. Qu'on se le dise !

Le NouvelObs a recensé les maigres informations qui filtrent des manifestations au Maghreb et au Moyen Orient :
Bahreïn - Les autorités ont annoncé avoir détruit le monument qui se trouve sur la place de la Perle dans le centre de Manama, devenu un symbole de la contestation. L'opposition a bravé l'interdiction de manifester et des milliers de personnes se sont rassemblées près de la capitale.

Arabie Saoudite - Le roi Abdallah a assuré dans un discours télévisé que les forces de sécurité étaient prêtes à faire face à "tous ceux qui envisageraient de porter atteinte" au royaume, annonçant également une série de décrets royaux sur des subventions sociales.

Yémen - Plus de 41 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées par des tirs contre une manifestation réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh vendredi à Sanaa, selon des sources médicales. Le président a décrété l'état d'urgence.
L'opposition a dénoncé "un massacre". Selon des témoins, des partisans du régime ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants depuis les toits des habitations proches de la place de l'Université, où se tient un sit-in depuis le 21 février.
L'article sur le Bahreïn passe sous silence l'intervention militaire des Forces du Conseil de coopération du Golfe, qui comprend outre le Bahreïn, l'Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, les Emirats Arabes Unis et le Oman - certainement les plus grandes démocraties du monde.

Pendant ce temps-là, la colonisation de la Palestine s'accélère par le biais de constructions de centaines de logements en territoire palestinien selon le droit international :
"La commission ministérielle chargée des implantations a décidé hier (samedi) la construction de quelques centaines d'unités de logements à Gush Etzion, Maale Adoumim, Ariel et Kyriat Sefer", a annoncé le bureau de Benjamin Netanyahu dans un communiqué.

Ces quatre colonies sont parmi les plus peuplées de Cisjordanie et font partie de ce que les responsables israéliens appellent des "blocs d'implantations" qui doivent, selon eux, être annexés dans tout accord de paix avec les Palestiniens.

Le dirigeant de Yesha, la principale organisation de colons, Danny Dayan, s'est félicité de "ce petit pas dans la bonne direction", en appelant Benjamin Netanyahu à approuver d'autres permis de construire en Cisjordanie occupée.

AFP-NouvelObs

Toute guerre a des motifs économiques camouflés derrières les motifs politiques affichés, qui sont des arguments de propagande. Or, "la Libye compte six terminaux pétroliers. Seulement l'un d'entre eux (Zuwàra) se trouve dans la région de Tripoli, les cinq autres sont situés dans l'Est du pays, tout comme les champs de pétrole et de gaz".

19/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi : No to imperialist intervention in Libya!, WSWS.

18 mars 2011

Libye, Bahreïn, Arabie saoudite... Israël


La France sarkosyste (droite et gauche confondue [1]) est à l'origine de la déclaration de guerre contre le dictateur libyen, hier encore le protégé par le clan au pouvoir dans l'hexagone. Cette guerre, comme beaucoup d'autres, nous est vendue comme "une opération militaire à but humanitaire".

Cette "responsabilité de protéger" rappelle étrangement la "responsabilité de civiliser" des puissances occidentales. Cette responsabilité de protéger - nouvelle version en novlangue du "droit d'ingérence" qui sentait trop le souffre colonial - ne fut pourtant pas appliquée aux Palestiniens, victimes d'un massacre en décembre 2008 et janvier 2009 perpétré par l'État d'Israël. Cette responsabilité de protéger ne s'applique pas non plus aujourd'hui aux populations du Bahreïn par exemple, victimes de la répression d'une coalition militaire des pays du Golfe pour tuer dans l'œuf toute contestation. Les États-Unis se contentent d'appeler "à la retenue" c'est-à-dire à tuer en silence. Quant à la situation en Arabie saoudite, c'est le black-out total [2].

S'il s'agissait vraiment de l'assistance à peuple en danger, via des opérations militaires contre son gouvernement, pourquoi la limiter aux révoltés de Benghazi ?
Récemment, la chaîne Euronews a diffusé un reportage produit par la télévision italienne, où il était question d'un martyr de la révolution. Un homme de Benghazi a chargé son véhicule d'explosif et a percuté le portail de la base militaire gouvernementale. Grâce à ce sacrifice, les rebelles ont envahi et détruit le bastion de la tyrannie. Les proches du héros sont profondément attristés, mais sont fiers qu'une personne qui leur est proche soit tombée pour la liberté. L'auteur du reportage présente artistiquement cette histoire touchante.

Cela suscite une question naturelle. Si on nous propose d'admirer ce kamikaze courageux, pourquoi les partisans des mêmes idées qui accomplissent exactement les mêmes actions en Palestine, en Irak, en Afghanistan, et auparavant par exemple au Liban, sont-ils qualifiés de terroristes, d'extrémistes et de fanatiques ? Quitte à soutenir la lutte des peuples pour la liberté, indépendamment de leur perception de cette liberté, pourquoi faire une exception pour quelqu'un ?

RIA Novosti [3].
18/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Note du 19/03/2011 : Lundi 21 mars, le Mexique célèbre le printemps et la naissance de Benito Juárez (jour férié). Ce président reste dans l'histoire nationale le héros de la résistance à l'envahisseur - les troupes françaises de Napoléon III - dont la défaite est célébrée le 5 mai (jour férié). Or, l'expédition militaire au Mexique de Napoléon III fut motivée politiquement pour mettre fin au désordre qui régnait dans ce pays. C'est la version du "droit d'ingérence" à l'époque de l'Empereur des Français.

Lire aussi :
• Libye : la France va participer aux frappes imminentes, Le Figaro.
• Résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, Wikipédia. Les références proviennent exclusivement des médias dominants. Il manquait le texte de la résolution en provenance de l'ONU !
• La résolution 1973 sur la Libye met en avant la « protection des civils », Bruxelles2.
• Texte du projet de la Résolution 1973 [Original en Anglais], ONU.
• Texte de la Résolution 1973 [Traduction officielle en Français], ONU.

[1] Revue de presse :
• La gauche française s'aligne derrière Sarkozy‎, Libération - Parlement européen.
• Hubert Védrine : "La résolution sur la Libye est historique", NouvelObs.
[2] Revue de presse :
• Les troupes du CCG arrivent à Bahreïn pour maintenir l'ordre, Xinhua, 14/03/2011.
• Bahreïn : opérations contre les manifestants anti-gouvernementaux, Xinhua, 16/03/2011.
• Obama appelle les rois d'Arabie saoudite et de Bahreïn à la retenue, Xinhua, 16/03/2011.
[3] Fedor Loukianov, rédacteur en chef du magazine Russia in Global Affairs, anime une chronique "Un monde changeant" présentée ainsi : La Russie est-elle imprévisible ? Peut-être, mais n'exagérons rien : il arrive souvent qu'un chaos apparent obéisse à une logique rigoureuse. D'ailleurs, le reste du monde est-t-il prévisible ? Les deux dernières décennies ont montré qu'il n'en était rien. Elles nous ont appris à ne pas anticiper l'avenir et à être prêts à tout changement. Cette rubrique est consacrée aux défis auxquels les peuples et les États font face en ces temps d'incertitude mondiale.

Le Fatah et le Hamas unis contre les Palestiniens


Alors que les peuples arabes du Maghreb et du Moyen Orient se révoltent contre leurs gouvernements y compris dans la sombre monarchie d'Arabie saoudite, rempart des puissances occidentales, les Palestiniens des bantoustans de Cisjordanie et du ghetto de Gaza ne peuvent manifester non du fait de l'armée d'occupation mais de celui du Fatah et du Hamas qui gèrent l'occupation israélienne [1].
Les manifestations de solidarité avec le peuple égyptien ont été impitoyablement réprimées tant dans la Bande de Gaza contrôlée par le Hamas qu'en Cisjordanie qui est sous contrôle de l'OLP.
Il y a quelques jours le Hamas a physiquement brisé une manifestation de solidarité avec l'Egypte. Selon Human Rights Watch et Spiegel Online, six femmes et dix hommes ont été arbitrairement arrêtés et matraqués.
En Cisjordanie, l'Autorité palestinienne, dirigée par le président Mahmoud Abbas, a imposé une interdiction totale de manifester en solidarité avec l'Egypte.
WSWS, 10/02/2011
Pour détourner l'attention l'Autorité palestinienne va organiser des élections, reportées depuis janvier 2010, et le Hamas appelle à un gouvernement d'unité nationale [2]. Les deux organisations sont d'accord sur une chose : empêcher toute contestation de leurs privilèges d'intermédiaires entre l'occupant et l'occupé. C'est pourquoi ils maintiennent la fiction de négociations en vue de l'hypothétique création d'un futur État palestinien... sur quelques fragments de la Palestine mandataire.

Les organisations pro-palestiniennes se taisent sur la collaboration ou dénoncent les compromissions de l'Autorité palestinienne en dissimulant celles du Hamas. Beaucoup d'organisations pro-palestiniennes sont devenues "porteurs de valises" du Hamas [3]. En attendant d'approfondir cette question, voici un exemple parmi d'autres du soutien inconditionnel au Hamas de la part du Comité Action Palestine :
L'élément politique essentiel de l'année 2008 est la répression massive des résistants palestiniens en Cisjordanie, notamment ceux du Hamas, par les forces de sécurité de l'Autorité Palestinienne : 515 prisonniers politiques sont détenus par celle-ci, l'emploi de la torture est généralisé. La collaboration avec l'ennemi sioniste a quasiment été officialisée par le clan au pouvoir en Cisjordanie. Ses forces de sécurité sont équipées et entraînées par les Américains. Un article récent publié dans le journal israélien Yediot Aharonot décrit parfaitement la collaboration très étroite entre les appareils sécuritaires israéliens et palestiniens, pour maintenir la clique dirigeante actuelle en Cisjordanie, après la fin du mandat officiel d'Abbas en janvier 2009. Le Hamas est devenu l'ennemi commun d'Israël et de l'Autorité Palestinienne. La détermination de cette dernière semble maximale pour éliminer le Hamas mais aussi réprimer le peuple palestinien si la situation l'exige. Les massacres de Gaza en février 2008 ne l'ont aucunement dissuadé de continuer les "négociations" avec les sionistes.

Cette trahison a atteint le point de non-retour : en août 2008, Abbas remettait en question le droit au retour en déclarant : "Je ne peux pas demander qu'Israël accepte tous les réfugiés, mais ça ne veut pas dire qu'aucun d'entre eux ne rentrera". Une lettre ouverte adressée à Abbas, et signée par 72 organisations (dont tous les partis politiques palestiniens, Fatah compris), rappelle notamment que ce droit est non négociable. Aucun dirigeant palestinien n'a la légitimité de le négocier au nom des réfugiés. Toutefois, malgré cette unité sur la défense du droit au retour, les divisions politiques demeurent très profondes. Il ne peut d'ailleurs en être autrement. Pour simplifier, il faut distinguer d'un côté ceux qui soutiennent la résistance comme le Hamas et le Jihad Islamique et, de l'autre, ceux qui soutiennent globalement la politique répressive et collaborationniste de Abbas. L'allégeance du leadership du FPLP à Abbas est totale, signe que ce parti autrefois leader de la résistance armée, a abandonné ses principes fondateurs. Des divisions sont également présentes au sein du Fatah où une polarisation croissante se développe entre le camp des nationalistes, fidèles à Yasser Arafat et le camp des pragmatiques, bénéficiaires d'Oslo et qui collaborent ouvertement avec l'occupant sioniste; les premiers considérant, à juste titre, les seconds comme des traîtres.
11/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde
Lire aussi :
• Manifestations unitaires palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie, Reuters-Yahoo! Actualités - AFP-Google, 15/03/2011.
Répondant à un mot d'ordre diffusé sur le réseau social Facebook, plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens ont manifesté mardi à Gaza et quelque 4.000 autres en Cisjordanie pour une réconciliation entre les mouvements rivaux Hamas et Fatah.
En fin de manifestation, des heurts ont opposé à Gaza quelques 2.000 manifestants à un demi-millier de miliciens du Hamas, qui tentaient de les disperser à coups de bâton, a rapporté un protestataire. On ignore s'il y a eu des blessés.
A Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne d'Abbas, où quatre mille personnes ont répondu à l'appel à manifester, Abbas a réitéré son invitation au Hamas à accepter le déroulement d'élections législatives et présidentielle simultanément à Gaza et en Cisjordanie, ce que le mouvement islamiste refuse.
Chronique Colonisation de la Palestine 2011, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël - Un seul État, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Résistance à la colonisation de la Palestine, Monde en Question.

[1] Lire aussi :
• Amira HASS, Palestinian security suppressing West Bank fervor over Egypt protests, Ha'aretz, 07/02/2011.
• Pourquoi l'Autorité palestinienne est mise à mal, L'Express, 16/02/2011.
[2] Références :
• Pourquoi l'Autorité palestinienne est mise à mal, L'Express, 16/02/2011.
• Hamas et Fatah, vers une réconciliation ?, Guysen News, 06/03/2011.
• Gaza : le Hamas mobilise pour "l'unité palestinienne", Romandie News, 11/03/2011.
[3] Sélection d'articles sur l'Autorité palestinienne :
• 21 articles, CAPJPO - EuroPalestine
• 28 articles, CCIPPP.
• 64 articles, Info-Palestine.
• 2790 articles, International Solidarity Movement.
• 827 articles, Palestine Solidarité.
Sélection d'articles sur le Hamas :
• 621 articles, CAPJPO - EuroPalestine.
• 50 articles, CCIPPP.
• 64 articles, Info-Palestine.
• 2930 articles, International Solidarity Movement.
• 6680 articles, Palestine Solidarité - Dossier Hamas baptisé "Mouvement de la résistance islamique", Palestine Solidarité.

17 mars 2011

Vive le nucléaire !

Europe Écologie - Les Verts (Daniel COHN-BENDIT, Éva JOLY, etc.) ont voté pour le nucléaire au Parlement européen. Texte adopté le Mercredi 25 novembre 2009 à la Conférence de Copenhague sur le changement climatique :
[Le Parlement européen] souligne que le passage, à l'échelle internationale, à une économie à faible intensité de carbone conférera à l'énergie nucléaire un rôle important dans le bouquet énergétique à moyen terme ; souligne toutefois que les questions relatives à la sûreté et à la sécurité du cycle du combustible nucléaire doivent être abordées de façon adéquate à l'échelle internationale afin de garantir un niveau de sûreté aussi élevé que possible.
Parlement européen

À l'échelle européenne, 49 Verts ont voté pour et 4 se sont abstenus - 3 Français (José BOVÉ, Karima DELLI, Catherine GRÈZE) et 1 Grec (Michail TREMOPOULOS).

15/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• Les faits de base sur les centrales nucléaires du monde, Xinhua, 16/03/2011.
• Dossier nucléaire, Xinhua.
• Pourquoi je ne suis pas (trop) inquiet pour les réacteurs nucléaires japonais, AgoraVox, 14/03/2011.
• Entre silence et mensonge - Le nucléaire, de la raison d'état au recyclage "écologique", La Revue Internationale des Livres et des Idées n°14, novembre-décembre 2009.
• Eliseo VERON, Construire l'événement - Les médias et l'accident de Three Mile Island, Minuit, 1981.
Dossier documentaire & Bibliographie Eliseo VERON, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Crise & Gestion de crise, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.

16 mars 2011

À la recherche de la Palestine


Septembre 1993 : l'image de la poignée de main entre Yasser Arafat et Itzhak Rabin fait le tour du monde. C'est le début du processus d'Oslo. Septembre 2000 : la Cisjordanie et Gaza s'embrasent. Le caractère illusoire de la rhétorique du « processus de paix » est révélé au grand jour. Janvier 2006 : le Hamas, organisation hostile aux accords signés depuis 1993, remporte les élections législatives. Les Palestiniens réaffirment leur rejet de la prétendue paix d'Oslo. 2011 : c'est "l'impasse".

Ces événements sont connus. Ce qui l'est moins, c'est la logique qui sous-tend l'évolution de la question palestinienne depuis 18 ans. Elle permet pourtant de comprendre que « l'impasse » était prévisible, et ce dès 1993. Ce livre n'entend pas analyser de manière exhaustive cette logique, mais plutôt l'éclairer afin de mieux pouvoir appréhender le présent et questionner l'avenir : la parenthèse d'Oslo se referme, l'État palestinien indépendant n'aura été qu'une promesse et une nouvelle réalité s'impose.

Les chroniques, interviews et analyses regroupées dans cet ouvrage ont été rédigées entre 2007 et 2011. Elles offrent au lecteur un panorama de la société palestinienne, ainsi que des clés de compréhension originales des dynamiques politiques à l'œuvre en Cisjordanie et à Gaza. De la crise historique du Fatah à la question de la "résistance non violente", en passant par la vie quotidienne et ses anecdotes significatives, ce livre aborde des thématiques variées et propose une approche singulière et sans concession de la question palestinienne, au-delà des clichés, de l'aveuglement idéologique et du refus de se confronter aux faits.

Julien SALINGUE, À la recherche de la Palestine - Au-delà du mirage d'Oslo, Editions du Cygne, 2011.

Militant de la Ligue Communiste Révolutionnaire et des Jeunesses communistes révolutionnaires, militant du mouvement de solidarité avec la Palestine, enseignant et doctorant en science politique, secrétaire du Cercle des Chercheurs sur le Moyen-Orient (CCMO), Julien Salingue est spécialiste de la question palestinienne. Ses recherches portent notamment sur le système politique palestinien contemporain. Depuis 2001, il s’est rendu régulièrement en Cisjordanie et, dans la mesure du possible, à Gaza. L’essentiel de ses travaux sont consultables sur son blog.

Lire aussi :
• Lettre d'information n°5, BDS France, 14/03/2011.
Dossier documentaire & Bibliographie Julien SALINGUE, Monde en Question.
• L'actualité des livres
- Centre National du Livre
- Veille littéraire CNL
Dossier Guide des ressources documentaires, Monde en Question.

L'Arabie saoudite envahit le Bahreïn


Des troupes de l'Arabie saoudite sont entrées au Bahreïn le 14 mars sans que les médias dominants n'y accordent une grande importance car ils focalisent l'attention sur le tremblement de terre, le tsunami et surtout la "menace nucléaire" au Japon. C'est plus vendeur et cela permet aussi aux charognards de l'humanitaire de faire des affaires. Il suffit de comparer le nombre d'articles consacrés au Bahreïn et au Japon pour s'en rendre compte. Quant à l'Arabie saoudite, elle ne semble même pas exister.

Face à ce silence assourdissant, la compilation d'articles de la presse anglaise (The Independent et The Guardian), publiée par Dedefensa, est utile même si ce site ne se donne pas la peine de traduire les extraits (copier-coller bas de gamme). Les commentaires factuels qui les accompagnent tranchent avec la vision catastrophique de l'histoire et même la vision eschatologique et donc biblique de l'histoire de Philippe Grasset, qui est un disciple du très réactionnaire comte Joseph de Maistre.

15/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• L'avenir du printemps arabe se joue au Bahreïn, Le Quotidien d'Oran.
• Les troupes du CCG arrivent à Bahreïn pour maintenir l'ordre, Xinhuan.
Serge LEFORT, Analyse du discours de Obama, Monde en Question.

15 mars 2011

Les charognards de l'humanitaire

Profitant du tremblement de terre et du tsunami au Japon, les charognards de l'humanitaire envahissent nos boîtes à lettres avec ce type de publicité :


15/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• Serge LEFORT, Tsunami médiatique, Chine en Question.
• Serge LEFORT, Que penser de l'accident nucléaire au Japon ?, Chine en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Aide humanitaire - Colonialisme humanitaire, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Crise & Gestion de crise, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Propagande, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.

14 mars 2011

L'économie des médias


Poursuivant l'analyse de l'évolution des médias, revenons sur un fait passé quasiment inaperçu. Libération, qui fut le premier quotidien des médias dominants en accès libre sur Internet, a cessé d'être en accès libre et gratuit à partir du 25 février 2011. Ce changement de cap est symbolique d'une évolution de l'économie des médias. Beaucoup s'apprêtent à "tuer la poule aux oeufs d'or".

Mediapart, créé par François Bonnet, Gérard Desportes, Laurent Mauduit et Edwy Plenel en 2008, a pour ambition d'être "un journal d'information de référence, indépendant et participatif". Autrement dit les quatre mousquetaires ambitionnent, comme Iznogood, d'être calife à la place du calife (Mediapart à la place du Monde). C'est ainsi qu'ils se sont associés à Julian Assange.
L'astuce financière est de faire payer non seulement les lecteurs mais aussi les rédacteurs qui, en adhérant, entrent "dans un club, dans un réseau social et dans une communauté". Que deviennent les droits d'auteur dans cette affaire juteuse... pour les dirigeants du club BCBG ?

Le Monde s'est inspiré de cette formule d'abord en réservant aux seuls abonnés les commentaires de ses articles, puis l'hébergement d'un blog et enfin, consécration suprême, le droit d'écrire des chroniques.
Contrairement à son émule, Le Monde est bourré de publicités écrites et audiovisuelles dont il est difficile d'échapper. Les cochons de lecteur payent pour s'en gaver et les abonnés payent pour avoir la liberté d'écrire dans un support plus connu qu'un blog lambda - les plus narcissiques espérant être un jour sélectionnés par la rédaction. Que deviennent les droits d'auteur dans cette juteuse affaire ?

Dedefensa, blog animé par le journaliste Philippe Grasset, fut d'abord en accès libre et gratuit, puis payant et est revenu le 01/03/2011 à la formule accès libre et appel à donation. C'est si compliqué à suivre qu'il y a une rubrique dédiée à cette question. Entre temps, le 10/01/2010, Philippe Grasset a créé la rubrique Ouverture libre "destinée aux abonnés et donateurs qui souhaitent faire une intervention sous une forme élaborée" (les commentaires restant pour l'instant en accès libre). On se rapproche de la version club de Mediapart.

Le Monolecte, blog animé par Agnès Maillard, est en accès libre et gratuit et sans publicité. Depuis le 05/06/2009, elle a lancé un "appel aux dons" pour "maintenir la force d'écriture" c'est-à-dire "pour vivre". Voilà une explication claire et compréhensible. Mais il semble qu'il soit difficile de vivre de sa plume hors des sentiers balisés y compris sur Internet malgré les faibles frais de production grâce à la baisse du coût d'un abonnement (30€ par mois) et au partage de ressources (WordPress par exemple).

Wikipédia, dont le contenu est alimenté gratuitement par des bénévoles motivés par le partage, fait périodiquement des campagnes de dons sans qu'on sache à quoi ils servent.

Les médias dominants justifient le paiement de l'information - payée par la publicité, par les auteurs-abonnés et par les lecteurs - en usant et abusant de l'argument de la qualité. Argument risible quand on sait que l'essentiel de leur contenu est le résultat d'un copier-coller des dépêches d'agence (AP, Reuters, AFP, etc.), disponibles en accès libre et gratuit sur Yahoo! Actualités, et le reste de la publicité rédactionnelle. Rappelons que L'im-Monde, qui bavait contre la presse dite gratuite d'une main, la finançait de l'autre.

Il existe un modèle alternatif pour des médias de qualité, celui des revues scientifiques disponibles en accès libre et gratuit selon le modèle freemium :
Ce modèle a été développé par les entreprises du Web qui ne pouvaient ou ne voulaient pas miser sur la publicité et souhaitaient s'inscrire dans la logique du libre accès. Il est appliqué avec succès par FlickR, le célèbre site de partage de photographies, et par Skype, le logiciel de téléphonie. Son modèle est simple : en étant gratuits, les services gagnent des millions d'utilisateurs et un faible pourcentage de ces utilisateurs est intéressé par des fonctionnalités Premium, payantes, qui financent la totalité de la plateforme. C'est le sens du mot freemium, qui associe free (gratuit) et Premium (payant pour des fonctionnalités avancées).
OpenEdition
En France, il existe trois portails de revues en sciences humaines :
Cairn
Persée (menacé de fermeture : argumentaire et pétition, mises au point contradictoires)
Revues.org

10/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• Pourquoi la réutilisation des données publiques à des fins commerciales doit être gratuite, LiberTIC.
• Pierre MOUNIER, De l'édition électronique ouverte à OpenEdition », L'édition électronique ouverte.
• Marin DACOS, Pierre MOUNIER, L'édition électronique, La Découverte, 2010 [Blogo-Numericus].
• Articles "opendata", LiberTIC.
• Articles "données publiques", InternetActu.
Serge LEFORT, L'information n'est pas à vendre, Monde en Question.
Dossier Guide des ressources documentaires, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Agences de presse, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Médias, Monde en Question.

13 mars 2011

Préoccupation face à la violence contre le mouvement social au Chiapas


Le Service International pour la Paix (SIPAZ) exprime sa forte préoccupation face à la nouvelle escalade de violence et de répression à l'encontre du mouvement social et des défenseurs des droits humains au Chiapas. Un communiqué du Réseau pour la Paix daté du 28 février dernier fait référence à ce contexte de détérioration et souligne l'absence de volonté politique et/ou de capacité de la part du gouvernement étatique quand il s'agit d'intervenir dans les conflits existants, ainsi que sa tendance à éviter de les aborder ou à chercher des "solutions" à court terme, et lorsque cela s'avère impossible, à recourir à la répression contre les groupes opposés à sa politique. Les événements récents à San Sebastian Bachajón, Tonalá et Mitzitón semblent illustrer ces tendances qui ont renforcé la polarisation et qui pourraient engendrer des conséquences encore plus graves.

Lire la suite... SIPAZ