26 mars 2011

Cantonales 2011


Les contradictions électoralistes de Lutte Ouvrière :
Le spectacle que nous offrent aujourd'hui la droite, mais surtout la gauche, met en évidence le piège de ces jeux d'alliances électoraux qui font qu'on a vite fait d'abandonner ses idées pour cautionner celles du camp qu'on combattait une semaine plus tôt. Cette formule cache un piège dont les électeurs de gauche sont à coup sûr les dupes.
Lutte Ouvrière

Les grands partis de la gauche réformiste, Parti Socialiste en tête mais allié au Parti Communiste et aux écologistes, ont joué un rôle majeur dans la montée électorale du Front National. Ils ont déçu, démoralisé le monde du travail lors de leur passage au gouvernement. Et, même dans l'opposition, ils sont incapables de proposer une perspective aux masses laborieuses, face à la dégradation de leurs conditions d'existence due aux attaques violentes du grand patronat.

De ce fait et contrairement à ce qu'ils affirment, ces partis ne peuvent pas constituer un barrage à la montée de l'extrême droite.

Par solidarité cependant avec les militants et les électeurs du Parti Communiste, victimes eux-mêmes de la politique de la direction de leur parti, le groupe Lutte Ouvrière de la ville appelle à voter, au deuxième tour des élections cantonales, pour le (la) candidat(e) du Parti Communiste, confronté à un candidat du Front National.
Lutte Ouvrière

Il ne faudrait pas oublier l'essentiel. Les élections, et celles-là en particulier, ne sont que le reflet très déformé de la réalité. Et celle que vivent les classes populaires, c'est l'exploitation durement renforcée par une crise dont les travailleurs et les classes populaires ne voient pas la fin, et qui peut connaître des aggravations brutales. Les échéances importantes ne seront sans doute pas celles que nous proposent les calendriers électoraux, mais ce sont elles que le monde du travail doit préparer.
Lutte Ouvrière

Libye - Revue de presse internationale (4)


Vidéo RIA Novosti, 25/03/2011.
Dans la nuit du 24 mars, les forces de la coalition occidentale ont effectué des frappes sur plusieurs régions de Libye. Selon les médias libyens, ces raids ont touché "des sites civils et militaires".
Le Monde, 25/03/2011.
Nasser Idriss et Youssef Queri ne pensaient pas, en partant en patrouille clandestine vers les lignes libyennes, faire une telle découverte. Leur objectif était de récupérer des corps de combattants rebelles tués par les bombardements de la veille sur la route d'Ajdabiya.
L'im-Monde ne précise pas que les bombardements d'Ajdabiya furent commis par les avions de chasse britanniques et français.
L'im-Monde nous un fait un récit basé sur l'émotion qui ressemble étrangement aux charniers de Timişoara. Il repose sur le témoignage de deux témoins qui, d'après l'im-Monde, confirmerait les histoires qui circulent parmi "les insurgés".


Libye : Washington se hâte de transférer le commandement de l'opération à l'Otan, RIA Novosti, 25/03/2011.
Les États-Unis s'empressent de transférer à l'Otan le commandement de l'opération militaire en Libye, a confié vendredi à RIA Novosti une source diplomatique européenne à Bruxelles.
"Les États-Unis veulent se retirer le plus vite possible de l'opération menée conjointement avec la France et la Grande-Bretagne et en transférer le commandement à l'Otan", a déclaré l'interlocuteur de l'agence.
Libye : l'Otan prendra les commandes dimanche ou lundi, RIA Novosti, 25/03/2011.
L'Otan prendra le commandement de l'opération militaire en Libye dimanche ou lundi, rapporte vendredi la chaîne de télévision italienne Sky TG24, se référant au ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.
Libye : opération terrestre de l'Otan en gestation (source russe), RIA Novosti, 25/03/2011.
L'Otan élabore activement un plan d'opération terrestre sur le territoire de la Libye, qui pourrait débuter fin avril, a appris vendredi RIA Novosti de source haut placée au sein du Renseignement russe.

"Les informations provenant de différentes sources indiquent que l'Otan est en train d'élaborer, avec la participation active de la Grande-Bretagne et des États-Unis, un plan d'opération terrestre en Libye. Tout indique qu'une opération au sol commencera si l'Alliance n'arrive pas grâce aux frappes aériennes à faire capituler le régime Kadhafi", a dit l'interlocuteur de l'agence.

25 mars 2011

Que la guerre est jolie !


Les bellicistes de tout poil disent toujours que la guerre sera de très courte durée et sans risques. Ils vendent d'autant plus facilement la guerre comme une simple promenade de santé qu'ils ne la font pas eux-mêmes. Ces planqués de l'arrière font la propagande, c'est-à-dire la guerre mais sans risquer d'être blessés ou tués.

Ce fut le cas en 1914 où, embrigadés par l'Union sacrée, les troupes sont parties la fleur au fusil :
Dans leur riante insouciance, la plupart de mes camarades n'avaient jamais réfléchi aux horreurs de la guerre. Ils ne voyaient la bataille qu'à travers des chromos patriotiques. […] Persuadés de l'écrasante supériorité de notre artillerie et de notre aviation, nous nous représentions naïvement la campagne comme une promenade militaire, une succession rapide de victoires faciles et éclatantes.
Jean Galtier-Boissière, La fleur au fusil, Éditions Baudinière, 1928.
Le chef d'état-major des armées françaises, l'amiral Edouard Guillaud, vend la guerre contre la Libye comme limitée dans le temps.
Interrogé sur la durée des opérations de la coalition internationale, l'amiral Guillaud a répondu : "par définition, je ne peux pas répondre à cette question, je doute que ce soit en jours, je pense que ce sera en semaine et j'espère que ce ne sera pas en mois".
Xinhua
Or, non seulement la résolution 1973 de l'ONU ne mentionne aucune durée, mais la Turquie va participer à des opérations militaires sous le commandement de l'OTAN... pendant au moins un an.
Après avoir répété qu'il était radicalement opposé à toute ingérence étrangère en Libye, le parlement turc a finalement avalisé jeudi l'envoi de cinq bâtiments de surface et d'un sous-marin au large de la Libye, pour une mission d'un an, rapporte le correspondant de RIA Novosti.
RIA Novosti
25/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Le titre est emprunté au film de Richard Attenborough.
Lire aussi : Ah, que la guerre est jolie !, Causeur.
Le 20 janvier dernier, Alain Juppé et quelques généraux ont décidé d'une résurrection : celle de L'Ecole de Guerre. Non pas que cette prestigieuse institution chargée de former la crème des officiers à la géostratégie ait disparu mais depuis 1993, elle avait été baptisée.

Il y a deux manières, finalement, d'envisager cette manip linguistique. On peut se réjouir d'un recul de l'euphémisation généralisée qui caractérise la langue française depuis que le politiquement correct s'est emparé d'elle. Ainsi, il est tout de même plus sain d'appeler un chat un chat et une guerre une guerre, surtout quand on évolue dans un monde de non-voyants procédant à des réajustements structurels de notre économie, ou si vous préférez, à des aveugles démantelant l'État-Providence.

Mais on peut aussi se demander si cette réintroduction du mot guerre ne marque pas aussi la prise de conscience d'un monde devenu si inégalitaire qu'il est difficile d'imaginer qu'il puisse résoudre ses contradiction autrement que par de bons gros conflits bien sanglants, genre Irak ou Afghanistan. Comment il disait, Jaurès, déjà ? Ah oui : "Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage."

Ésope ou la langue des blogs


Αἴσωπος a-t-il seulement existé ? On lui attribue néanmoins la paternité de la fable comme genre littéraire dont l'œuvre fut pillée par Jean de La Fontaine. On lui attribue aussi cette fameuse anecdote :

Un certain jour de marché, Xantus, qui avait dessein de régaler quelques-uns de ses amis, lui commanda d'acheter ce qu'il y aurait de meilleur, et rien autre chose. "Je t'apprendrai, dit en soi-même le Phrygien, à spécifier ce que tu souhaites, sans t'en remettre à la discrétion d'un esclave." Il n'acheta que des langues, lesquelles il fit accommoder à toutes les sauces, l'entrée, le second, l'entremets, tout ne fut que langues. Les conviés louèrent d'abord le choix de ces mets ; à la fin ils s'en dégoûtèrent. "Ne t'ai-je pas commandé, dit Xantus, d'acheter ce qu'il y aurait de meilleur ? - Et qu'y a-t-il de meilleur que la langue ? reprit Ésope. C'est le lien de la vie civile, la clef des sciences, l'organe de la vérité et de la raison. Par elle on bâtit les villes et on les police ; on instruit ; on persuade ; on règne dans les assemblées ; on s'acquitte du premier de tous les devoirs, qui est de louer les Dieux. - Eh bien (dit Xantus, qui prétendait l'attraper), achète-moi demain ce qui est de pire : ces mêmes personnes viendront chez moi, et je veux diversifier." Le lendemain, Ésope ne fit servir que le même mets, disant que la langue est la pire chose qui soit au monde : "C'est la mère de tous débats, la nourrice des procès, la source des divisions et des guerres. Si l'on dit qu'elle est l'organe de la vérité, c'est aussi celui de l'erreur et, qui pis est, de la calomnie. Par elle on détruit les villes, on persuade de méchantes choses. Si d'un côté elle loue les Dieux, de l'autre, elle profère des blasphèmes contre leur puissance." Quelqu'un de la compagnie dit à Xantus que véritablement ce valet lui était fort nécessaire, car il savait le mieux du monde exercer la patience d'un philosophe. "De quoi vous mettez-vous en peine ? reprit Ésope. - Et trouve-moi, dit Xantus, un homme qui ne se mette en peine de rien."
Insecula

Si les médias dominants sont sous l'emprise de l'industrie de l'armement, les blogs charrient le meilleur comme le pire. Si l'ensemble est plutôt gris, le meilleur se faire rare et le pire abonde. Deux exemples récents du pire.

Les pseudo-révolutions au Maghreb et au Moyen Orient ont suscité des commentaires très éloignés des faits tels qu'on peut les appréhender à travers le miroir déformant des médias dominants. Certains voient un nouveau foyer de la révolution mondiale (version eschatologique de l'histoire) et d'autres un complot de la CIA (version policière de l'histoire).

Pendant ce temps la Chine fait toujours fantasmer. Badia Benjelloun, qui écrit habituellement sur la Palestine, a publié L'Empire du Milieu retrouve son centre sur L'Islam en France le 06/03/2011 et sur Dedefensa le 07/03/2011 [1]. La pauvre ignore que zhōng guó se traduit par "pays du milieu" et que la Chine est une République depuis 1912 !

08/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

[1] Un historien présente Badia Benjelloun comme jeune candidate du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) aux élections régionales en PACA de 2010 alors qu'elle fut candidate sur la liste EuroPalestine pour les régionales de 2004. Il s'agit certainement d'une confusion avec l'article que Badia Benjelloun a écrit sur Ilham Moussaïd et publié par Bellaciao le 11/03/2010. Dedefensa n'a pas publié ces précisions [pdf 1 - pdf 2].

Libye - Revue de presse internationale (3)


Libye : Nicolas Sarkozy, vers la trahison des intérêts de la France et de l'Europe, NewropMag, 21/03/2011.
Dès Mai 2008, dans un article intitulé Nicolas Sarkozy : vers la trahison des intérêts de la France et de l'Europe, Franck Biancheri, président de Newropeans, anticipait le comportement de Nicolas Sarkozy, dont on voit aujourd'hui l'expression parfaite avec cette opération militaire en Libye où il fait jouer à la France le rôle de simple masque d'une opération conçue et dirigée par Washington, trahissant ainsi les intérêts stratégiques de la France et de l'Europe. Tandis que le président français continue à être la dernière marionnette européenne créée dans les usines Bush/Cheney des années 2000, servant uniquement les intérêts de ses maîtres américanistes, des groupes pétroliers et de défense, contribuant à une évidente tentative de faire échouer les révolutions arabes en réintroduisant l'Occident et ses interventions militaires au milieu de ce qui est avant tout un processus populaire spontané, l'Allemagne, en s'abstenant au Conseil de Sécurité de l'ONU, a au contraire indiqué le chemin de la diplomatie à venir de l'Euroland, qui doit au plus vite entreprendre de débattre de l'avenir du monde avec les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) au lieu d'être le docile roquet de Washington.

S'il y avait la moindre vérité dans les préoccupations "humanitaires" et "démocratiques" du discours légitimant l'intervention occidentale en Libye, nous verrions la même exigence s'imposer pour le Yemen, Bahrein, Oman ... où des civils sont également tués par les forces des dictateurs au pouvoir semblables à Kadhafi.
Deux poids deux mesures, Renmin Ribao, 23/03/2011.
Les pays occidentaux appliquent depuis longtemps deux poids deux mesures. La raison fondamentale est ceci : la vertu et moralité prêchée par l'Occident comme sa conception de la valeur est valable dans le cadre des intérêts de l'État. Quand la valeur d'une conception abstraite est en contradiction avec des intérêts pratiques de l'État, la valeur abstraite n'est plus universelle et doit obéir aux intérêts de l'État. D'où deux poids deux mesures.

Cette fois-ci, dans les troubles en Afrique du nord et au Moyen-Orient, le critère de l'Occident serait plutôt "multiple" que "double". La situation locale est trop compliquée et la répartition des intérêts de l'Occident est aussi trop compliquée. Qui est à protéger, qui doit faire l'objet d'une attaque, qui peut devenir un allié et qui doit être diabolisé. Tous ces problèmes doivent être étudiés, en tenant compte des intérêts de pays occidentaux. On ne doit pas oublier que pendant la période de la guerre entre l'Iran et l'Irak, l'image de Saddam Hussein dans les médias occidentaux était presque celle d'un héros résistant au fondamentalisme. On ne devra pas oublier non plus qu'il y a trois ans, Kadhafi était encore hôte de marque du Président français.

L' intervention militaire ou politique de l'Occident au Moyen-Orient est souvent liée au pétrole et à la position stratégique. L'Irak a subi des attaques, à cause du pétrole. La Libye a été attaquée, aussi à cause du pétrole. Frappée par la crise financière, l'Occident cherche-t-il à lancer des obus pour garder la monnaie ou contrôler des ressources stratégiques mondiales avec le recours des forces militaires pour passer du passif à l'actif ? La réponse demande une observation continue.

Pourquoi la France s'est-elle portée au devant de la scène cette fois-ci ? Du fait de son passé historique dans ses colonies d'Afrique du nord ? Ou parce qu'elle s'était exprimée trop tôt, et qu'elle a découvert qu'elle avait tort au début, il fallait s'en tenir à sa position initiale pour l'abandonner après, quand ce serait possible, Ou bien pour les besoins des élections présidentielles ? La réponse a besoin de temps.

Les États-Unis reculent cette fois-ci au deuxième rang. On dit que c'est le résultat d'un compromis entre le réalisme du secrétaire à la défense et l'idéalisme du secrétaire d'État. Récemment, un militaire américain de haut rang a dit que le but de l'attaque militaire contre la Libye "n'est pas de changer de dirigeant". Cela laisser à réfléchir. Peut-être que les États-Unis veulent se réserver plus de choix politiques.
L'engagement en Libye trouble l'opinion américaine, L'Express, 24/03/2011.
Le temps passe, et les images quotidiennes de forces rebelles désordonnées, novices et sans commandement, sensées en finir avec Khadafi avec le seul appui aérien américain, suscitent l'anxiété de l'opinion car elles impliquent soit la victoire de Kadhafi et ses possibles représailles terroristes, soit l'engagement plus profond des États-Unis en Libye. Après l'Irak, et l'Afghanistan.

Robert Gates, secrétaire à la Défense confie lui-même, en guerrier réticent proche de la retraite, sa crainte que le "désordre au Proche-Orient n'exacerbe les différents ethnique, tribaux et sectaires".
Dmitri KOSSYREV, Robert Gates remet la Libye entre les mains du peuple libyen, RIA Novosti, 24/03/2011.
Le ministre américain de la Défense Robert Gates, en visite à Moscou, a annoncé dans une déclaration sensationnelle à l'issue de son entretien avec son homologue russe Anatoli Serdioukov que : "les opérations militaires actuelles en Libye seront considérablement réduites d'ici quelques jours", que "l'avenir de la Libye est entre les mains du peuple libyen, et que c'est à lui de décider." Le fait que cette déclaration ait été faite dans la capitale russe est certes une coïncidence. Mais même si ce n'est qu'une coïncidence, c'est un fait réjouissant. On se souvient immédiatement que Moscou n'a pas bloqué la résolution n°1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies avant tout parce que les voisins arabes de la Libye en ont été les initiateurs. Mais la Russie ne l'a pas pour autant soutenue car beaucoup de choses restaient floues, à savoir notamment comment cette résolution serait utilisée, avant tout pas les États-Unis. Et voici le résultat. Les "exécutants" de la résolution abandonnent avec une rapidité surprenante leur entreprise qui a commencé à aller de travers.

Quelle est l'opinion de la société américaine au sujet des événements autour de la Libye ? Mais c'est qu'il est préférable de donner la parole aux collègues du Washington Post sans commentaires.

"Après une seule journée d'opérations, le chef d'état-major interarmées de l'armée américaine l'amiral Mickael Mullen épuisé apparaît dans toutes les émissions, à l'exception d'Animal Planet, pour dire que l'opération qu'il n'approuvait manifestement pas pourrait se terminer ainsi : le colonel Kadhafi, dont le président américain a dit qu'il devait partir, pourrait rester au pouvoir… La Libye doit être et demeurer une mission humanitaire et il serait préférable que cette tâche soit assumée par une administration [américaine] unie qui… pourrait avancer des arguments pour ne pas s'engager dans cette affaire ou, au contraire, s'y impliquer. Au lieu de cela, l'administration avance à la fois les arguments contradictoires, pour et contre."
C'était le célèbre chroniqueur Richard Cohen.

En voici d'autres : "les objectifs américains de guerre sont indissociables de… la destruction de ce régime. Ainsi notre but est de créer un vide politique qui, on l'espère…, sera rempli de bonnes choses. Mais si les rebelles n'arrivaient pas à vaincre Kadhafi, serions-nous prêts à compenser leur insuffisance militaire par nos fournitures ? Et si la décapitation du régime du colonel libyen avait le même effet que l'élimination de Saddam Hussein, c'est-à-dire un chaos sanglant, quelles seraient nos obligations en cas de vendettas tribales que nous aurions probablement nous-mêmes provoquées ?"
C'était George Will, un autre chroniqueur tout aussi réputé.
Libye : le rôle de la Ligue arabe critiqué, Xinhua, 24/03/2011.
Face à une coalition multinationale tentant d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye par des tirs de missiles et des bombardements, le rôle de la Ligue arabe commence à susciter des critiques de plus en plus vives.

Nombre d'analystes estiment que la Ligue arabe a commis une erreur en consentant à une intervention militaire étrangère en Libye, une campagne sur laquelle pèsent les intérêts pétroliers des pays participants et qui risque d'affecter la stabilité dans la région.

L'aval de l'organisation arabe était nécessaire pour le déclenchement de l'intervention, pour qu'elle ne soit pas perçue comme une opération de l'Occident contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, ni comme une nouvelle guerre d'Irak, estime un spécialiste local.

Juste après le déclenchement de l'opération "Aube de l'Odyssée", le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré que les attaques allaient au-delà de la résolution du Conseil de sécurité sur l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye.

Des sources de médias arabes ont affirmé que M. Moussa tentait de faire marche arrière, après avoir appris qu'il y avait des victimes civiles ainsi qu'une réaction négative forte à l'égard de l'intervention militaire occidentale dans un conflit intérieur.

"Nous assistons au même scénario qu'en Irak : les forces occidentales utilisent le mandat de la Ligue arabe pour imposer une zone d'exclusion aérienne et commencent immédiatement à bombarder l'ensemble des infrastructures", a noté un diplomate africain, qui a requis l'anonymat, arguant qu'il n'était pas autorisé à s'exprimer sur ce sujet.

"L'objectif principal de ces pays vise le pétrole et la richesse de la Libye. Leurs actions vont créer des conflits entre les deux factions libyennes tout en les affaiblissant et les rendant très dépendantes de l'Occident", a-t-il ajouté.

La Ligue arabe tente de revenir en arrière sur sa position, mais l'erreur politique concernant la Libye est déjà commise, a affirmé Eli Foodai, de l'Institut Truman à Jérusalem.

La Ligue arabe n'a pas évalué attentivement l'environnement stratégique à long terme de la région lorsqu'elle a accepté l'intervention occidentale, ont indiqué des observateurs arabes.

Abu Yousef, un chercheur à Ramallah, estime que l'Occident tente de provoquer un changement de régime plutôt qu'un processus démocratique.

24 mars 2011

Frappes aériennes sur Gaza


Le 21 mars, l'État d'Israël lance cinq raids aériens contre Gaza en "représailles" à trois tirs de mortiers.
Le 22 mars, l'État d'Israël lance des raids aériens contre Gaza qui touchent des civils, dont trois enfants.
Le 23 mars, l'État d'Israël lance de nouveaux raids aériens contre Gaza qui détruisent notamment des installations électriques.

Lire aussi :
• Pendant qu'on parle de la Libye... Frappes aériennes sur Gaza, CAPJPO - EuroPalestine, 23/03/2011.
• "L’escalade militaire israélienne contre Gaza et l’impunité d’Israël", CAPJPO - EuroPalestine, 23/03/2011.
• Pourquoi ne montrent-ils pas la sauvagerie israélienne ?, CAPJPO - EuroPalestine, 24/03/2011.

Les sciences humaines en question


Au printemps 2009, les chercheurs et les enseignants du supérieur se mobilisent contre la réforme impulsée par le gouvernement qui vise à refondre complètement le paysage de la recherche. Au-delà d'un réflexe corporatiste, cette mobilisation met à jour un aspect sinistre de l'état de la recherche en France, et plus particulièrement des sciences humaines : ce qui préoccupent les chercheurs de sciences sociales n'intéresse pas grand monde. Leur action est peu relayée par les médias et est mal comprise par la société. De ce contexte est née la volonté d'entamer une réflexion sur l'utilité des sciences sociales dans notre société. Mais cette réflexion se devait d'aller au-delà de la simple réflexion : "à quoi ça sert ?" pour proposer des clés de lecture répondant à la question : "comment on s'en sert ?". Pour cela des journées d'étude ont été organisées afin de problématiser le dialogue entre chercheurs et non chercheurs. La question de la recherche appliquée est centrale dans une société qui demande des retours sur investissements rapides. Ainsi en est-il de la question de l'articulation entre savoir scientifique et connaissance ordinaire et des passerelles possibles entre recherche et milieu professionnel.

À quoi servent les sciences humaines ? (II), Tracés Hors-série, Novembre 2010 [Liens Socio].

Lire aussi :
• Les nouveaux programmes de sciences économiques et sociales : une remise en cause historique, mais de quoi au juste ?, AGORA / sciences sociales.
• « Nous refusons la liquidation des Sciences économiques et sociales », AGORA / sciences sociales.
• Les sciences économiques et sociales sont elles menacées de "liquidation" ? Une réponse d'Alain Beitone, AGORA / sciences sociales.
• Humains non humains : comment repeupler les sciences sociales, La Fabrique de l'humain.
• À quoi servent les sciences humaines ? (I), Tracés Hors-série, Novembre 2009 [Liens Socio].
• Sophie HOUDART et Olivier THIERY, Humains non humains - Comment repeupler les sciences sociales, La Découverte [Revue d'anthropologie des connaissances].
Objets techniques, procédures, règlements, animaux, végétaux, œuvres d'art, divinités, matériaux, molécules, nanoparticules, architectures... Comment enquêter sur la pluralité des rôles que jouent pour les humains ces divers « non-humains » ? Comment explorer et décrire le vaste registre des relations que les individus et les collectifs humains entretiennent avec cette foule hétéroclite ? Ces individus et ces collectifs ne se font-ils pas notamment au travers de ces relations, ne sont-ils pas constitués, pour une part, par ces relations elles-mêmes ?
Plus que quarante auteurs appartenant à des générations, des disciplines et des courants théoriques variés proposent dans ce livre de montrer comment il est empiriquement possible de « repeupler » les sciences humaines et sociales en explorant la gamme des relations entre humains et non-humains par les moyens de l'enquête ethnographique de terrain.
L'ensemble offre au grand public, aux étudiants et aux chercheurs un panorama inédit du résultat de certains renouvellements intervenus dans le paysage des sciences humaines et sociales francophones depuis une trentaine d'années.
• À quoi servent les sciences humaines ?, Sciences Humaines Hors-série n°25, Juin/Juillet 1999.
Dossier documentaire & Bibliographie Sociologie, Monde en Question.

• L'actualité des revues
- Ent'revues - la Revue des revues
- A plus d'un titre - Chaque vendredi
Dossier Guide des ressources documentaires, Monde en Question.

Libye - Revue de presse internationale (2)


Texte de la lettre adressée par Barack Obama aux membres du Congrès sur les opérations en Libye. White House, 21/03/2011.

L'Otan divisée sur la direction des opérations en Libye, Reuters-Yahoo! Actualités, 23/03/2011.
Les États membres de l'Otan ne sont pas parvenus mercredi à un accord pour prendre la direction des opérations militaires en Libye à la place des États-Unis, en raison des réserves turques, a annoncé un diplomate de l'Alliance atlantique.

"Il n'y a aucune décision", a-t-il déclaré après trois jours de réunion des ambassadeurs des 28 membres de l'Alliance à Bruxelles.

La Turquie ne veut pas voir l'Otan prendre le commandement d'opérations susceptibles de faire des victimes civiles ou se charger de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne tandis que les avions américains, britanniques et français bombardent les forces libyennes.

"Il serait impossible pour nous de partager la responsabilité d'une opération que certaines autorités décrivent comme une croisade", a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, s'adressant à la presse à Ankara. Outre Mouammar Kadhafi lui-même, le terme de "croisade" a été utilisé par le Premier ministre russe Vladimir Poutine.
Le conflit en Libye pourrait se jouer sur la propagande, Reuters-Yahoo! Actualités, 23/03/2011.
Le maniement de la propagande jouera probablement un rôle clé dans l'issue de l'offensive lancée par les forces occidentales en Libye avec le but officiel d'y protéger les populations civiles contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi.

Parce qu'elle s'est créée au pied levé, la coalition internationale éprouve de la difficulté, quant à elle, à parler d'une seule voix pour justifier cette intervention à des opinions intérieures et arabes sceptiques sur ses objectifs réels.

Pour les Occidentaux, cette bataille est d'autant plus délicate que le mandat de l'Onu au nom duquel ils agissent - faire respecter une zone d'exclusion aérienne - les expose à un fort risque de "dommages collatéraux".

Des bavures contre la population civile par les forces chargées précisément de mettre celle-ci à l'abri des tueries de leur régime ne manqueraient pas d'être exploitées par Kadhafi à son profit.

Il en tirerait argument pour renforcer son front intérieur et enfoncer un coin parmi des alliés dont beaucoup sont déjà réticents à recourir à la force.

[Richard Holmes], expert militaire à l'université britannique de Cranfield, souligne que la coalition doit se garder de surinterpréter le mandat confié par la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu.

Elle n'a pas mandat pour recourir à des troupes au sol ou pour armer les insurgés: outre que ce serait illégal, cela lui aliénerait le soutien des États arabes modérés et susciterait un réflexe de solidarité nationaliste autour de Kadhafi.

Les alliés doivent s'employer à lancer une offensive pour convaincre le maximum de pays que leur objectif, unique et difficilement contestable, est de protéger les civils de la répression du régime de Kadhafi.
Pure propagande occidentale pour se dédouaner de toutes les compromissions passées avec le colonel Kadhafi, qui opprimait son peuple sans que les pleureuses d'aujourd'hui ne s'en émeuvent, et pour masquer les objectifs réels de la guerre.

Libye : l'Onu condamne la poursuite des violences, RIA Novosti, 23/03/2011.
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a condamné mercredi les violences qui se poursuivent en Libye entre les forces loyales au colonel Kadhafi et les rebelles, a annoncé lors d'un point de presse à New York son porte-parole Martin Nesirky.

Pourtant le porte-parole de l'Onu s'est abstenu de commenter les opérations militaires de la coalition en Libye qui font également de nombreuses victimes civiles.

Après l'intervention en Libye, où s'arrête la guerre "humanitaire" ?, Le Monde, 23/03/2011.
Nous y sommes : il s'agit d'une guerre "humanitaire". Nous lançons des opérations militaires destructrices contre un pays qui ne nous a pas attaqués, qui ne menace pas nos intérêts, autrement dit nous sommes totalement en dehors de la doctrine militaire telle qu'elle a été élaborée, en particulier par le Livre blanc sur la défense en 2007. Notre seul motif d'emploi de la force est la violation du droit humanitaire par le pays en question. Nous sommes dans un cas parfaitement pur du fameux "droit d'ingérence", concept qui triomphe paradoxalement à l'heure où son concepteur a quitté le ministère des affaires étrangères... Or, ce concept de droit d'ingérence pose de très nombreux problèmes qui ont d'ailleurs conduit à sa mise à l'écart du droit international, au profit d'une formule plus consensuelle : "La responsabilité de protéger."

Les dangers de ce droit d'ingérence, droit laissé à la discrétion des puissants pour attaquer qui ils souhaitent, ont été souvent soulignés. Le cas le plus flagrant d'ingérence dangereuse fut, en 2003, l'intervention américaine en Irak. La France fut à l'époque le pays qui s'est dressé contre cette intervention et en a souligné les effets pervers. Croit-on aujourd'hui qu'un tel principe est moins dangereux quand c'est la France qui l'applique ?

Nous menons une guerre humanitaire. Nous attaquons un régime en vertu de la conception que nous nous faisons de la dignité humaine. Bravo. Mais ce principe est-il applicable partout ? Doit-il fonder notre politique étrangère et guider toutes nos décisions ? En d'autres époques, la question pourrait être théorique mais, en ces temps de révolte arabe, elle est tout à fait concrète. Devons-nous nous préparer à agir demain en Syrie, au Yémen, en Algérie ?

23 mars 2011

Hommage à Stanley KUBRICK


La Cinémathèque française présentera l'intégralité des films de Stanley Kubrick. Grand démiurge du cinéma, Kubrick a construit une œuvre qui semble à première vue composée d'éléments hétérogènes : film noir (L'Ultime Razzia), science-fiction (2001 : l'Odyssée de l'espace), anticipation sociale (Orange mécanique), reconstitution historique (Barry Lyndon), épouvante (Shining), film de guerre (Full Metal Jacket). Mais tous ces titres, quel que soit leur genre d'appartenance, constituent une réflexion visionnaire, profonde et désabusée, sur l'Homme, ses rapports avec la science et la technique, son évolution et son identité même.
Cinémathèque française

La Cinémathèque française consacre exceptionnellement deux étages à une exposition dédiée à l'oeuvre de Stanley Kubrick. Créée par le Deutsches Filmmuseum à Francfort, en 2004, son commissaire en est Hans-Peter Reichmann. Le visiteur est invité à y découvrir l'univers du cinéaste en long, en large et en lumière ; le plateau, le décor et l'envers du décor se révèlent à travers une généreuse collection composée de pièces issues des Stanley Kubrick Archives, ainsi que d'éléments reconstitués : storyboards, photographies, plans de tournages, maquettes, costumes, décors etc.
Cinémathèque française - AlloCiné - France Culture

Pour la première fois, on va pouvoir entendre longuement la voix de Stanley Kubrick. Si le metteur en scène, en effet, a donné peu d'entretiens (il n'appréciait guère cet exercice mais consentait à le pratiquer parcimonieusement au moment de la promotion de ses films), ses témoignages oraux sont encore plus rares.
AlloCiné - A voix nue [émissions à podcaster] - Michel Ciment : regards sur Stanley Kubrick


Lire aussi :
• Kubrick, une vie simple pour un cinéaste de génie, Les Inrocks, 20/03/2011.
• Les films de Kubrick que nous ne verrons jamais, L'Express, 22/03/2011.
• Stanley Kubrick, AlloCiné - IMDb - Télérama - Wikipédia.
• Un monde autour de Stanley Kubrick, Kubrick.
• Les sentiers de la gloire, AlloCiné - Cinémathèque française - Critikat - Wikipédia - Zéro de conduite.
Dossier documentaire & Bibliographie Cinéma, Monde en Question.

Libye - Revue de presse internationale (1)


Intervention en Libye : derrière la communication de guerre, Revue de presse internationale, 21/03/2011.
Le monde d'Obama est celui de la tergiversation, de l'incertitude... et l'Europe doit maintenant apprendre ce monde là ...écrit ce matin une plume du Financial Times britannique. Alors que les premiers missiles s'abattent sur la Libye... le président américain suit scrupuleusement son agenda... il est en visite au Brésil où d'après la Fohla de Sao Paulo il annonce que la démocratie brésilienne est un exemple à suivre... Un décalage étrange ? Interroge le FT qui répond : non ! Car tout cela est savamment organisé... les frappes libyennes ne sont pas la guerre d'Obama c'est une guerre européenne... et donc une guerre sans leader... et sans coupable direct.
Le révélateur libyen, Géopolitique, 22/03/2011.
La France irrite et inquiète ses propres alliés. A l'initiative et l'avant-garde de l'intervention en Libye, elle est maintenant contestée, au sein de l'Union européenne comme de l'Alliance atlantique, par de nombreux pays qui souhaiteraient, pour des raisons diverses, lui enlever le contrôle qu'elle exerce de fait sur cette opération.

Ce ne serait pas très grave si ne s'ajoutaient à cela trois inquiétudes. La première est celle des plus atlantistes des Européens qui ne veulent pas que l'Europe joue par elle-même un rôle militaire, en simple coordination avec les Américains, car ils craignent que cette affaire libyenne ne puisse devenir un moment de l'autonomisation de l'Europe en matière de Défense et n'ouvre un processus d'affirmation de l'Union sur la scène internationale dont ils ne veulent pas parce qu'elle pourrait précipiter, à leurs yeux, un éloignement entre les deux rives de l'Atlantique. C'est pour cela que la Grande-Bretagne, bien qu'elle ait pris l'initiative aux côtés de la France de réveiller l'ONU, souhaite désormais que le commandement de l'opération soit passé à l'OTAN. Beaucoup des pays nordiques sont sur la même position. L'Italie l'est également, parce qu'elle ne supporte pas que la France mène le jeu en Libye alors que ce pays est une ancienne possession italienne. Face à ces pressions en faveur d'un passage de relais à l'OTAN, la France est ainsi largement isolée bien qu'elle fasse valoir, à juste titre, que les opinions arabes accepteraient difficilement que ce soit l'Alliance atlantique qui intervienne au Maghreb et non plus des pays volontaires.

La deuxième inquiétude est celle de l'Allemagne qui non seulement voit la France reprendre un poids politique qu'elle lui avait lentement ravi depuis son unification mais continue de contester la légitimité même de cette opération qu'elle ne voudrait guère voir réussir après avoir refusé de la soutenir.

Quant à la troisième inquiétude, elle est celle de la Turquie qui admet mal que l'influence grandissante qu'elle avait acquise à l'Est et au Sud de la Méditerranée soit relativisée par les sympathies que la France s'y assure. La Turquie voudrait donc elle aussi que l'OTAN dont elle est membre reprenne le contrôle de cette opération afin d'avoir son mot à dire. La confusion est grande. La France devra lâcher du lest mais l'opération se poursuit.
Monde arabe, Libye : les premiers enseignements des attaques militaires, Les Enjeux internationaux.
Pour la Libye, la résolution 1973 a pour buts de protéger les populations, d'ériger une zone d'exclusion aérienne, de renforcer l'embargo sur les armes et d'étendre le gel des avoirs de responsables libyens.
Trois jours après le début des attaques, que veulent les forces intervenantes dans le ciel et sur mer, que peuvent-elles, qu'obtiennent-elles et avec quels moyens ?
Quels aléas majeurs, compte tenu des forces en présence ?
La réponse de Jean-Louis Dufour, présenté comme consultant international ce qui ne veut rien dire, est éloquente "Le grand problème c'est la réponse à votre question parce qu'on n'en sait pas grand-chose". Il va pourtant parler pendant 7 minutes 28 secondes de plus... dans le vide.

La situation menace de s'enliser en Libye, Reuters-Yahoo! Actualités, 22/03/2011.
Les États-Unis, redoutant d'être attirés dans un nouveau conflit qui s'ajouterait aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, ont souligné qu'aucune action spécifique ne serait entreprise pour renverser le colonel libyen.

"A moins que quelque chose d'inhabituel ou d'inattendu survienne, nous pourrions observer une diminution de la fréquence des attaques", a déclaré le général Carter Ham, qui dirige actuellement les opérations depuis le centre de commandement américain Afrique (Africom) à Stuttgart.
Il est significatif que Robert Gates, secrétaire à la défense des États-Unis, ne veuille pas aller au-delà de la résolution de l'ONU - du moins officiellement. Lire : Gates Says Targeting Qaddafi Goes Beyond UN Resolution on Libya, Bloomberg.
Le président Barack Obama, questionné sur l'intervention lors d'une visite au Chili, a pour sa part assuré que les États-Unis cèderaient rapidement ce commandement. "C'est une question de jours, pas de semaines", a-t-il dit alors que les républicains expriment de plus en plus ouvertement leurs critiques contre l'opération.
Une quinzaine de démocrates aussi expriment leur opposition à cette guerre de trop alors les guerres d'Irak et d'Afghanistan sont en cours. Lire : Liberal Democrats in Uproar over Libya Action, Common Dreams.
Les pays engagés dans la coalition insistent pour dire qu'ils ne fournissent pas de soutien aérien rapproché aux rebelles ou cherchent à détruire l'armée libyenne, mais s'en tiennent à la protection des populations civiles prévue par la résolution 1973.
L'argument de "protection des populations civiles" ne tient pas après les bombardements qui n'épargnent pas la population civile et surtout du fait de l'exclusion d'une intervention terrestre.

Critiques croissantes à Washington contre l'opération en Libye, Reuters-Yahoo! Actualités, 22/03/2011.
Contrairement à la guerre en Afghanistan, l'opération menée en Libye par les États-Unis sous mandat des Nations unies suscite un nombre de critiques croissant de la part des républicains.

La présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Ileana Ros-Lehtinen, a déploré que le président Barack Obama n'ait pas clairement expliqué au peuple américain en quoi la sécurité nationale du pays était menacée par la Libye.

"S'en remettre aux Nations unies et engager nos effectifs militaires pour faire appliquer le mandat de la communauté internationale crée un dangereux précédent", a-t-elle estimé.
Les Républicains ne sont pas tant contre la guerre en Libye que contre le commandement des forces militaires de l'ONU et principalement l'alliance franco-britannique. Ils militent pour un commandement des États-Unis via l'OTAN.

"L'engagement de l'Otan serait contre-productif" [interview de l'ancien conseiller à la Défense de Lionel Jospin], Nouvel Obs, 22/03/2011.
D'ailleurs, on a l'impression que les pays arabes se désolidarisent un peu des actions menées...
La Ligue arabe a une position officielle qui n'a pas été remise en cause. Amr Moussa, le secrétaire générale a juste mis un bémol pour dire "attention on ne vous a pas donné un blanc seing". Ce n'est pas de la désolidarisation. C'est un petit signal.

Pourtant il n'y a pas ou peu d'appui militaire de sa part...
Sa présence symbolique et politique suffit. Dès lors que la zone d'exclusion aérienne est établie, que les forces de Kadhafi sont affaiblies, on n'a pas besoin d'un dispositif plus important. Ce n'est pas la guerre du Golfe, ni du Koweït. C'est pour donner de l'importance à la coalition internationale. Là où la solidarité avec les pays arabes, y compris en moyen militaire, peut être essentielle, c'est parmi les pays voisins qui peuvent éventuellement apporter une aide humanitaire.
Que la Ligue arabe émette des réserves sur les opérations militaires en cours ne trouble pas l'ancien conseiller à la Défense de Lionel car le plus important est qu'elle fasse partie de la coalition, qui souhaite renverser le colonel Kadhafi, en échange du silence et de la non intervention dans les affaires de l'Arabie saoudite, du Bahreïn et autres démocraties du Moyen Orient qui composent la Ligue arabe.
L'ancien conseiller à la Défense de Lionel fait un lien explicite entre en moyen militaire et une aide humanitaire. Dont acte.
Le but inavoué serait donc la chute du colonel Kadhafi ?
Bien sûr, mais ce n'est pas ce qui est inscrit dans la résolution de l'ONU. C'est un mandat implicite dans la manière dont on a posé les termes du débat, en termes d'ultimatum à Kadhafi. Si ce n'est pas dans la résolution, c'est dans toutes les têtes, surtout celles des Français, des Britanniques et des Américains.
L'ancien conseiller à la Défense de Lionel avoue que le but de cette guerre n'est pas de protéger les populations civile, mais bien de renverser le colonel libyen. Que cet objectif ne soit pas la résolution 1973 de l'ONU importe, comme il le dit cyniquement puisqu'il "est dans toutes les têtes".

Il semble que personne ne sache exactement comment conduire cette guerre. Les uns (essentiellement la France et la Grande-Bretagne) s'agitent pour faire la guerre sans avoir les moyens de la gagner, les autres (principalement les États-Unis) ne veulent pas s'enliser dans les sables de Libye sous un commandement de l'ONU et ne peuvent diriger la guerre via l'OTAN sans s'aliéner l'Europe, la Ligue arabe et surtout les populations du Maghreb et du Moyen Orient. D'où la valse-hésitation entre les tirs massifs de Tomahawk d'une part et le projet de transfert du commandement de l'opération vers les Européens - "une question de jours, pas de semaines" selon Obama.

La confusion règne aussi en Russie entre le premier ministre russe Vladimir Poutine et le président Dmitri Medvedev. Lire :
• Libye : pas d'ambigüité au sommet de l'État russe (Poutine), RIA Novosti, 22/03/2011.
• Libye : la position officielle de la Russie est celle de son président, RIA Novosti, 22/03/2011.
• Medvedev exige des "appréciations précises" de la situation en Libye [Vidéo], RIA Novosti, 22/03/2011.
• La Libye serait-elle à l'origine d'un schisme au sein du tandem russe ?, RIA Novosti, 22/03/2011.
• Poutine reproche à Washington sa façon d'utiliser la force armée [Vidéo], RIA Novosti, 22/03/2011.
• Libye : Medvedev réprouve la référence de Poutine aux "croisades", RIA Novosti, 21/03/2011.
• Poutine reproche aux États-Unis la façon dont ils utilisent la force, RIA Novosti, 21/03/2011.
• Libye : la résolution onusienne, un appel à la croisade selon Poutine, RIA Novosti, 21/03/2011.

22 mars 2011

Rébellion armée en Libye


Cette guerre, vendue comme "une opération militaire à but humanitaire" pour sauver un peuple en danger, s'apparente davantage à un soutien militaire à la rébellion armée pour chasser le colonel Kadhafi du pouvoir.

Revue de presse

Vidéo AFP, 27/02/2011
L'AFP a accompagné dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 février des rebelles libyens armés qui patrouillent à Benghazi (est de la Libye) pour assurer la sécurité. Ils portent un brassard avec le drapeau libyen de l'indépendance.

Afrique, 13/03/2011
Des déclarations non confirmées de la presse font état de la présence de milliers de combattants payés en provenance majoritairement des pays de l'Afrique de l'Ouest, du Nord et de l'Afrique de l'Est, indiquant qu'ils ont été acheminés quelques jours avant le début des émeutes survenues dans les autres villes du pays à l'exception de la capitale, Tripoli.

Vidéo AFP, 19/03/2011
Des lanceurs de roquettes multiples, un flot d'hommes en armes, équipés de kalachnikovs ou de mitrailleuses lourdes: les rebelles ont répondu à l'appel de l'Etat major de la rébellion pour aller combattre les troupes de Mouammar Kadhafi à Al-Magrun, une localité situé à 80 km de Benghazi.

Le Point, 19/03/2011
Selon le Wall Street Journal, les rebelles libyens ont commencé à recevoir des armes d'Égypte. Ces armes seraient essentiellement des fusils d'assaut et des munitions que les rebelles achèteraient, toujours selon le quotidien. Il cite un homme d'affaires libyen établi au Caire, Hani Souflakis, qui servirait d'"agent de liaison" entre les rebelles et le gouvernement égyptien depuis le début de la rébellion, à la mi-février. Celui-ci a déclaré au Wall Street Journal : "Les Américains ont donné le feu vert aux Égyptiens pour nous aider. Ils ne veulent pas intervenir directement, mais les Égyptiens n'auraient rien fait sans ce feu vert."

Si cette information se vérifiait, elle confirmerait le rôle secret déjà joué dans le passé par l'Égypte, quand il s'était agi d'aider le camp occidental. Durant les années 1980, elle avait ainsi accepté, à la demande de la DGSE, de céder à la rébellion afghane luttant contre l'Armée rouge des missiles antichars Milan dont elle disposait dans ses arsenaux. En échange de ce bon procédé, elle avait reçu de la France des missiles Milan neufs, et d'un modèle plus récent. Dans ces mêmes années, deux agents de la DGSE avaient été tués lors d'un accident à bord d'un C-130 Hercules égyptien, qui livrait clandestinement des armes françaises à la rébellion tchadienne de Hissène Habré en lutte contre le gouvernement de Goukouni Oueddeï.

D'aucuns assurent que quelques unités spéciales étrangères seraient présentes dans la région de Benghazi.

Le Point, 19/03/2011
Même si Kadhafi est un bouffon tyrannique, est-on bien inspiré d'aller se mêler des affaires libyennes ?

Par ces temps d'unanimisme belliqueux, il ne fait pas bon jeter le doute sur la légitimité de l'intervention dans les sables libyens. Allons-y tout de même. Car cette croisade aérienne pose de sérieuses questions qu'il n'est pas très sain d'éluder.

Première question : l'Occident a-t-il vocation à venir en aide aux peuples en révolte, à imposer la démocratie par la force des armes ?
Il ne peut y avoir deux poids, deux mesures. Il faut, dans ce cas, impérativement intervenir au Yémen où des dizaines de manifestants ont été tués ces derniers jours. À Bahreïn aussi bien sûr, où la majorité chiite veut se débarrasser du pouvoir sunnite qui l'opprime. Il convient de mettre en demeure l'Arabie saoudite, sous peine de sanctions, de cesser ses ingérences chez son voisin. Riyad, comme Abu Dhabi, a dépêché des troupes pour y rétablir un ordre injuste et contesté. Si, demain, le peuple algérien se soulève contre la clique qui met le pays en coupe réglée, que fera-t-on ? On bombardera Alger ?

Deuxième question : une fois Kadhafi balayé (Inch Allah !), comment sera gouvernée la Libye ?
Celle-ci est un patchwork de tribus amalgamées artificiellement en 1951 par l'addition de la Tripolitaine, de la Cyrénaïque et du Fezzan. Des chercheurs assurent que la cohésion tribale est en forte diminution en raison de l'urbanisation qui a entraîné un mélange des populations. Voire. Des traditions ancrées dans les mentalités depuis des siècles ne disparaissent pas comme un vent de sable. Le Conseil de transition mis en place à Benghazi est un curieux cocktail d'ex-caciques du régime, de "bourgeois" éduqués, de chebabs (jeunes). Son président est un ancien ministre de la Justice de Kadhafi, son chef d'état-major un ancien ministre de l'Intérieur. Ils ont évidemment cautionné les crimes du système et sont probablement éligibles à la Cour pénale internationale. Les chebabs ont rarement lu Tocqueville et ne sont pas, non plus, uniquement animés par le souci de défendre les droits de l'homme. Le danger, en fait, est de voir la Libye transformée en une nouvelle Somalie.

Troisième question : la solidarité du monde arabe avec la coalition est-elle solide ?
Rien n'est moins sûr. Kadhafi est considéré entre Nil et Euphrate comme un fou irresponsable. Mais les frappes occidentales doivent être judicieusement dosées. Car à la moindre bavure, c'est la catastrophe. Le spectacle de civils ou même de militaires libyens pulvérisés par l'aviation alliée passant en boucle sur les antennes d'Al Jazeera aurait des effets ravageurs.

Les expéditions militaires commencent toujours bien, la fleur au fusil. La suite est plus compliquée à gérer.

Lire aussi : La campagne de Libye de Nicolas Sarkozy, Le Point, 11/03/2011.

Vidéo AFP, 21/03/2011
Les forces rebelles ont tenté d'entrer lundi 21 mars dans la ville d'Ajdabiya, à 160 km au sud de Benghazi. Arrivées au portes de la ville, ils ont été repoussés par des chars appartenant à l'armée de Mouammar Kadhafi.

La gauche s'est embarquée dans cette galère

Mondialisation, 08/03/2011
Le Gang au complet est de retour : les partis de la gauche européenne (inclus les partis "modérés"communistes européens ) les "Verts" avec José Bové maintenant allié à Daniel Cohn Bandit qui a toujours soutenu les guerres de l'OTAN, différents groupes Troskystes et bien sûr Bernard Henry Levy et Bernard Kouchner tous appelant à une sorte d"'intervention humanitaire" en Libye ou accusant la gauche d'Amérique Latine dont les positions sont bien plus sensées d'agir comme des "idiots utiles" pour le "Tyran libyen".

C'est difficile pour des citoyens ordinaires de savoir exactement se qui se passe en Libye car les médias occidentaux se sont complètement discrédités en Irak en Afghanistan au Liban et en Palestine et les sources d'informations alternatives ne sont pas toujours crédibles non plus. Cela bien sûr n'empêche pas la gauche pro guerre d'être absolument convaincue de la vérité des pires informations sur Kadhafi comme elle l'était il y a douze ans sur Milosevic.

La gauche européenne a complètement perdu le sens de ce que cela veut dire de faire de la politique. Elle n'essaie pas de proposer des solutions concrètes aux problèmes et est seulement capable d'adopter des positions morales dénonçant en particulier de façon grandiloquente les dictateurs et les violations des droits de l'homme. La gauche social démocrate suit la droite avec au mieux quelques années de retard et n'a pas d'idées personnelles. La gauche "radicale" réussit souvent à dénoncer à la fois les gouvernements occidentaux de toutes les manières possibles et à demander que ces gouvernements interviennent militairement partout dans le monde pour défendre la démocratie. Leur manque de réflexion politique les rend particulièrement vulnérable aux campagnes de désinformation et en fait des supporters des guerres US-OTAN.

Investig'action, 16/03/2011
Les ONG d'obédience pétrolifères (FIDH, AI, HRW) entrent en scène. Elles donnent un chiffre de 6.000 morts. Aussitôt, les médias reprennent ce chiffre et le répètent afin que l'émotion atteigne effectivement son paroxysme et y reste. Ces organisations dites de défenses des droits de l'homme vont revoir ensuite ce chiffre à la baisse. Quelques heures après avoir parlé de 6.000 personnes massacrées, le nombre de victimes passe à 2.000 personnes, puis, elles seront de 3.000. Même quand les images de télévision (France24) montrent comment les combats se déroulent et qui sont les rebelles, on persiste à dire que ce sont des populations civiles qui sont massacrées. Le vendredi 4 mars 2011, sur la RSR (radio suisse romande), un habitant d'une ville sous contrôle rebelle a déclaré que les pilotes de l'armée nationale ne bombardent pas les populations civiles.

Le peuple libyen, comme tout autre peuple, a le droit indiscutable de se débarrasser des dirigeants qui ne lui sont pas favorables. Mais ce droit est à lui seul. [...] Les Libyens savent ce qui est de leur devoir. Ils le font déjà avec la pleine conscience des difficultés liées à toute lutte pour la liberté. Ils n'ont pas besoin d'une "assistance humanitaire" qui "dégage" Kadhafi et le remplace par un roitelet obéissant qui livre quasi gratuitement - et cela a déjà commencé - les puits de pétrole et d'autres ressources du pays à Total, Texaco, Shell, BP, Exxon Mobil...ainsi qu'à des entrepreneurs de la misère des peuples. C'est à dire un "démocrate" comme les cousins aiment à en avoir près des ressources dont ils s'emparent. Les peuples n'en ont que faire des "libérations" réalisées par le devoir d'ingérence humanitaire des cousins d'Amérique et d'Europe.

Les égarements de Wallerstein (I)


Le dernier commentaire d'Immanuel Wallerstein traite de la Lybie et la gauche mondiale. Il s'aventure à faire des prévisions qui, deux jours plus tard, se révèlent totalement erronées.
[...] il n'y aura pas d'engagement militaire majeur du monde occidental en Libye. Leurs déclarations publiques ne sont que des rodomontades destinées à impressionner leurs opinions. Il n'y aura pas de résolution du Conseil de sécurité car la Russie et la Chine ne suivront pas. Il n'y aura pas de résolution de l'OTAN car l'Allemagne et quelques autres ne suivront pas. Même la position anti-Kadhafi militante de Sarkozy rencontre des résistances en France.
Et par-dessus tout, l'opposition aux États-Unis à une action militaire vient de l'opinion publique et, plus important, de l'armée.
Que de naïveté et que d'informations erronées de la part de celui qui est tant admiré pour la perspicacité de ses analyses par le microcosme altermondialiste !

Le pire est dans le fait que Wallerstein considère Hugo Chavez comme un représentant de la gauche en Amérique latine qu'il oppose aux "porte-paroles de la gauche mondiale au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique, en Europe et même en Amérique du Nord". Il se garde bien d'expliciter qui sont, pour lui, ces mystérieux représentants de la gauche mondiale et surtout d'expliciter ce que signifie la gauche mondiale. On nage dans la confusion !

Le message d'Immanuel Wallerstein est clair : la gauche mondiale, dont il fait parti, est prête à appuyer la rébellion armée contre le colonel Khadafi au nom des droits de l'homme ! C'est exactement ce qui a eu lieu. L'histoire de la gauche est l'histoire de trahisons réalisées au nom de l'Union sacrée par des intellectuels aussi inconsistants politiquement que Immanuel Wallerstein.

20/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi : Dossier documentaire & Bibliographie Immanuel WALLERSTEIN, Monde en Question.