2 septembre 2011

Washington-Tripoli, une vieille histoire

À la fin du 15e siècle, profitant de la dynamique des conquêtes ottomanes, les Musulmans prennent le dessus. Au 16e, leur flotte subit une écrasante défaite et c'est la fin de leur entreprise de conquête du bassin méditerranéen. En revanche, au cours des 17 et 18e siècles, les navires français, espagnols et anglais, toujours dans une volonté d'expansion de leur empire, poursuivent cette guerre de course. À la fin du 18e, ces trois grandes puissances navales signent des traités en échange de tributs. Les pirates musulmans se rabattent alors sur de plus petits états comme le Danemark, la Hollande et… l'Amérique, devenu récemment un état indépendant. À peine nés, les États-Unis sont donc en conflit avec des pays situés à des milliers de kilomètres de chez eux. Toutes les premières négociations échouent. En 1803, Jefferson, troisième président des États-Unis, en obtenant du congrès les moyens matériels et législatifs, pense faire céder définitivement le pacha de Tripoli. C'est l'inverse qui se produit, la Libye appelle toutes les autres régences, à la guerre sainte contre les Américains ! Ce n'est quand 1830, avec nombre de traités signés, que prendra fin la piraterie barbaresque en Méditerranée. Débutent alors les enjeux et tractations pétrolières, dont l'accord stratégique entre le président Roosevelt et le roi d'Arabie Saoudite Ibn Saoud, et le coup d'état américain en 1953, en Iran, contre Mossadegh…
Jean-Pierre FILIU & David B., Les meilleurs ennemis - Une histoire des relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient 1. 1783-1953, Futuropolis, 2011 [Extraits - Bodoï - France Culture].


Cette BD paraît intéressante pour l'opportun rappel historique de l'intérêt des États-Unis pour la Libye et le Moyen-Orient... dès leur indépendance en 1776. Mais l'auteur du texte, "spécialiste" très médiatisé, a entretenu la légende d'Al-Qaïda en évitant de rappeler que les grandes puissances, en premier lieu les États-Unis, ont depuis les années 1950 instrumentalisé les groupes islamiques qu'elles ont armé, instruit et payé pour faire la guerre à leur place. [1]. En 2010, il faisait encore la promotion d'une organisation que l'ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE jugeait morte sur le plan opérationnel depuis 2002 [2]. Il semble que, cherchant à se recycler, il se soit inspiré de l'ouvrage de Michael B. Oren, historien israélien et ambassadeur d'Israël aux États-Unis [3].

30/08/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Écouter et lire :
• Jean-Pierre FILIU, auteur de "L'Apocalypse dans l'Islam" : "Une littérature populaire venue d'Egypte annonce l'apparition de l'Antéchrist", Oumma, 16/06/2008.
• Entretien avec Jean-Pierre FILIU, auteur des "Neuf vies d'Al-Qaida", Bakchich, 07/11/2009.
• Jean-Pierre FILIU, Les neuf vies d'AL-QAIDA, Conférences de l'IEA, 26/01/2010.
• Jean-Pierre FILIU, Intervention au colloque Le Moyen-Orient à l'heure nucléaire, Sénat, 29/01/2010.
• Jean-Pierre FILIU, Attentat manqué : Washington confirme la piste pakistanaise, Rue89, 02/05/2010.
• Jean-Pierre FILIU, spécialiste de l'islam contemporain, France 24, 03/01/2011.
• Jean-Pierre FILIU : L'Amérique se passionne pour le soulèvement arabe, Marianne, 18/02/2011.
• Jean-Pierre FILIU : "Le "printemps arabe" marque aussi la défaite d'Al-Qaida", L'Expansion, 01/04/2011.
• Jean-Pierre FILIU : "Cette mort va encourager les tendances centrifuges au sein d'Al-Qaida", Le Monde, 02/05/2011.
• Jean-Pierre FILIU, Les neuf vies d'Al-Qaïda, Fayard, 2009 réédition La véritable histoire d'Al-Qaïda, Pluriel Hachette, 2011 [France Culture - Historicoblog - Rue89 - Tolérance - Vincennes].
• Jean-Pierre FILIU, CERI - Futuropolis - Medi1Radio - Wikipédia [Dossier mis à jour par Serge LEFORT le 30/08/2011].
David B., Futuropolis - Wikipédia [Dossier mis à jour par Serge LEFORT le 30/08/2011].
Dossier documentaire Libye, Monde en Question.

[1] Lire :
• Michel FAURE et Sylvaine PASQUIER, Washington-Islamistes Liaisons dangereuses, L'Express, 2001.
• John K. COOLEY, CIA et Jihad 1950-2001 - Contre l'URSS, une désastreuse alliance, Autrement, 2002 [Le Journal des Alternatives].
1950-2001 : c'est l'histoire d'un combat, permanent, secret et multiforme, mené par les États-Unis d'Amérique contre l'Union soviétique pendant la "guerre froide". Une "guerre sainte", où, avec l'aide de l'islam le plus radical, tous les coups et toutes les alliances les plus "contre-nature" étaient autorisés.
Lieux, dates, noms, rencontres, correspondances... le génie de ce livre réside dans l'abondance des détails et des preuves concrètes qui tissent une histoire incroyable dont nous voyons aujourd'hui les conséquences et les retombées désastreuses partout dans le monde.
Centré sur la période 1979-1989, de l'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques à leur retrait, et sur le rôle de la CIA, cet ouvrage remonte dans le temps, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il met en scène des aspects peu connus de la politique étrangère américaine.
• BLUM William, Les guerres scélérates - Les interventions de l'armée américaine et de la CIA depuis 1945, Parangon, 2004.
Dossier documentaire Afghanistan, Monde en Question.
[2] Écouter et lire :
• Rapport d'information Le Moyen-Orient à l'heure nucléaire, Sénat, 25/09/2009.
• Colloque Le Moyen-Orient à l'heure nucléaire, Sénat : Vidéos - Textes, 28-29/01/2010.
• Alain CHOUET, Intervention au colloque Le Moyen-Orient à l'heure nucléaire, Sénat - ContreInfo, 29/01/2010.
• Al Qaïda : une chimère obsessionnelle selon l'ancien chef du renseignement de la DGSE, Oumma, 17/02/2010.
• Alain Chouet : "La Qaïda est morte dans les trous à rats de Tora Bora en 2002", Oumma, 15/03/2010.
• Alain CHOUET, Site de l'auteur.
[3] Lire :
• Michael B. OREN, Power, Faith, and Fantasy - America in the Middle East, 1776 to the Present, W.W. Norton & Company, 2007 [Texte en ligne - France USA Media 1/2 - France USA Media 2/2].
• Dominique CADINOT, De la barbarie au nationalisme : effets de la présence missionnaire américaine en Terre sainte (1815-1914), Cahiers de la Méditerranée n°80, 2010.
• Charles SAINT-PROT, La politique des États-Unis au Proche-Orient, Observatoire d'études géopolitiques, non daté.

1 septembre 2011

Portraits de communards 2/3


Édouard VAILLANT (1840-1915) L'homme de l'école laïque, gratuite et obligatoire (20), L'Humanité

Louis ROSSEL (1844-1871) "Avec ceux qui n'ont pas capitulé" (21), L'Humanité

Lucien HENRY (1850 - 1896) Un colonel de vingt ans au service de la Commune (22), L'Humanité

Jean-Baptiste DUMAY (1841 - 1926) L'ouvrier du Creusot face à la dynastie Schneider (23), L'Humanité

Victorine ROUCHY-BROCHER (1838-1921) Une morte vivante (24), L'Humanité

Jean ALLEMANE (1843-1935) Le communard de tous les combats (25), L'Humanité

Giuseppe GARIBALDI (1807-1882) "L'Internationale est le soleil de l'avenir !" (26), L'Humanité

Maxime LISBONNE (1839 - 1905) Le d'Artagnan de la Commune de Paris (27), L'Humanité

Gustave FLOURENS (1838-1871) Itinéraire d'un romantique révolutionnaire (28), L'Humanité

Michel BAKOUNINE (1814-1876) Aux quatre coins de l'Europe, il attise les braises révolutionnaires (29), L'Humanité

Charles BESLAY (1795-1878) Le rôle controversé du naïf bourgeois de la Commune (30), L'Humanité

Auguste BLANQUI (1805-1881) L'insurgé au fusil et à la plume d'acier (31), L'Humanité

Prosper-Olivier  LISSAGARAY (1838-1901) Écrire l'histoire des vaincus (32), L'Humanité

Pierre-Joseph PROUDHON (1809-1865) Un penseur aux origines de l'anarchisme (33), L'Humanité

Jean-Baptiste CLÉMENT (1836-1903) Soif de revanche, faim de futur (34), L'Humanité

Félix PYAT (1810-1889) Orateur hors pair aux emportements décriés (35), L'Humanité

Eugène PROTOT (1839-1921) L'avocat révolutionnaire qui n'aimait pas le 1er Mai (36), L'Humanité

Léodile BERA dite André Léo (1824-1900) Écrire, combattre, être femme (37), L'Humanité

Benoît MALON (1841-1893) Le berger penseur du « socialisme intégral » (38), L'Humanité

Gustave COURBET (1819-1877) "Je fais la guerre de l'intelligence" (39), L'Humanité

Victoire TINAYRE (1831-1895) L'enseignement comme arme révolutionnaire (40), L'Humanité

Lire aussi :
• Portraits de communards, L'Humanité.
• Prosper-Olivier LISSAGARAY, Histoire de la Commune de 1871, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Commune de Paris 1871, Monde en Question.

30 août 2011

Louis-Ferdinand CÉLINE


Céline est sans doute l'un des auteurs du XXème siècle qui a suscité à la fois le plus d'engouement et d'indignation. Personnage contesté et contestable, il n'en demeure pas moins un écrivain majeur de la première moitié du XX siècle.

Son premier roman, Voyage au bout de la nuit, qu'il publie en 1932 lui vaut une notoriété immédiate. Son style parlé, l'abondance de son vocabulaire, le foisonnement de ses personnages, son réalisme, sa violence, l'enfer ordinaire qu'il décrit, font l'effet d'une bombe.

A la fin des années trente, Céline prône la haine raciale au travers de terribles pamphlets, notamment Bagatelles pour un massacre (1937) et L'École des cadavres (1938) qui "mêlent des pages d'une confondante beauté, sur l'écriture ou la danse, à des satires d'une rare virulence contre les Juifs". Pendant la guerre il affiche un soutien public et sans ambiguïté à la collaboration, sans pour autant adhérer à un parti ou remplir de fonction officielle. Ses pamphlets lui vaudront, à la fin de la guerre, d'être rangé parmi les collaborateurs. Cette attitude fait de lui, pour longtemps, un auteur maudit. Il faudra attendre 1957, après des parutions diverses passées inaperçues, pour le voir resurgir dans l'actualité littéraire avec D'un château l'autre.

Lire aussi :
• Louis-Ferdinand CÉLINE, Romans I, Bibliothèque de la Pléiade Gallimard, 1981.
• Louis-Ferdinand CÉLINE, Romans II, Bibliothèque de la Pléiade Gallimard, 1974.
• Louis-Ferdinand CÉLINE, Romans III, Bibliothèque de la Pléiade Gallimard, 1988.
• Louis-Ferdinand CÉLINE, Romans IV, Bibliothèque de la Pléiade Gallimard, 1993.
• Louis-Ferdinand CÉLINE, À l'agité du bocal, L'Herne, 2007.
• Louis-Ferdinand CÉLINE, Lettres, Bibliothèque de la Pléiade Gallimard, 2009 [Fabula - Nonfiction].
• Louis-Ferdinand CÉLINE, Devenir Céline - Lettres inédites de Louis Destouches et de quelques autres (1912-1919), Gallimard, 2009 [France Culture].
Céline, Cahiers de L'Herne, 1963, 1965, 2008 [Lire].
D'un Céline l'autre Témoignages rassemblés et présentés par David ALLIOT, Bouquins Laffont, 2011 [BibliObs - L'Express - Le Magazine Littéraire - Nonfiction].
Ce volume réunit la quasi-totalité des témoignages consacrés à Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), dont on commémorera le 50e anniversaire de la mort en 2011.
• Louis-Ferdinand CÉLINE, Encyclopédie de L'Agora - Gallimard - Nonfiction - Site non officiel - Société d'études céliniennes - Wikipédia [Dossier mis à jour par Serge LEFORT le 29/08/2011].

Écouter aussi :
Céline vivant, Montparnasse, 1970 réédition 2007 [France Culture - A voix nue 1/5, 2/5, 3/5, 4/5, 5/5].
DVD 1 : les grands entretiens de Louis-Ferdinand Céline (1932-1969) ;
DVD 2 : autour de Louis-Ferdinand Céline.
• Céline et nous, Répliques, 19/02/2011.
• Céline : les années ont passé, la polémique demeure, France Culture, 30/06/2011.
• Céline, un pamphlétaire en guerre, Entre les lignes, 09/08/2011.

29 août 2011

Revue de presse Culture 28/08/2011

Suivre l'actualité
courir après le vent.
Penser l'actualité
marcher à contre-courant.



28/08/2011, La guerre d'Algérie, vingt cinq ans après : 1959, l'année des dupes, Fabrique de sens

27/08/2011, Thierry DISCEPOLO, La littérature est toujours propagande - autant savoir pour quoi, Agone
Extrait de la préface à Mark TWAIN, La Prodigieuse Procession & autres charges, Agone, 2011.
Apporter les bienfaits de la civilisation à notre frère assis dans les ténèbres a été une bonne affaire et nous a beaucoup rapporté. Mais les peuples assis dans les ténèbres commencent à se faire trop rares et trop timides. La plupart ont eu droit à plus de lumières qu'ils n'en avaient besoin. Nous avons été peu judicieux. Le trust Bienfaits-de-la-civilisation, s'il est administré avec sagesse et précaution, est une véritable perle. Il y a là plus d'argent et plus de territoires que dans tout autre jeu dans lequel on puisse se lancer. Mais les peuples assis dans les ténèbres sont maintenant suspicieux des bienfaits de la civilisation. Plus encore – ils ont commencé à les examiner. Ce n'est pas une bonne chose. Les bienfaits de la civilisation sont une bonne chose, et commercialement forts profitables. Tant qu'il n'y a pas trop de lumière.26/08/2011, Hommage à Steve JOBS, Blog en Question

25/08/2011, Hommage à Naji al-ALI, Palestine en Question

24/08/2011, Gérard DUSSOUY, Traité de relations internationales
Tome I. Les théories géopolitiques, L'Harmattan, 2006, Classiques des sciences sociales
Tome II. Les théories de l'interétatique, L'Harmattan, 2008, Classiques des sciences sociales
Tome III. Les théories de la mondialité, L'Harmattan, 2009, Classiques des sciences sociales

23/08/2011, Guillermo ALMEYRA, Trotsky a 71 años de su asesinato, ArgenPress
La oleada revolucionaria, en efecto, se produjo después del derrumbe del nazifascismo pues a la masiva lucha anticapitalista en Europa se unió el poderoso movimiento anticolonial que liberó a Asia y Africa del yugo de las viejas potencias imperialistas y sacudió en una parte importante de América Latina al imperialismo estadounidense. Pero las otras previsiones de Trotsky no se cumplieron pues el líder de la revolución de Octubre había subestimado los terribles efectos nefastos de la dictadura stalinista sobre los obreros y campesinos de la Unión Soviética y su despolitización y desorganización así como el papel contrarrevolucionario de los partidos comunistas sometidos al Kremlin durante y después de la guerra, cuando fueron el principal factor de la restauración de los maltrechos Estados imperialistas europeos y de la llamada coexistencia pacífica con el imperialismo estadounidense.23/08/2011, Rester humain à Gaza Livre de Vittorio ARRIGONI, Palestine en Question

22/08/2011, Murmures de la mémoire : quartier Renault-Billancourt, 1968-2008, Sur les docks

22/08/2011, Asie Pacifique 1/5 : Chine, Les Archives du continent
Un document publié pour la première fois le 30/11/1948.22/08/2011, Paris Manif Livre sous la direction de Danielle TARTAKOWSKY, Monde en Question

22/08/2011, Serge LEFORT, La Chine vue par Adam SMITH, Chine en Question

21/08/2011, Cartographier la mondialisation : l'Atlas de Sciences Po, Rumor

21/08/2011, La guerre d'Algérie, vingt cinq ans après : la Bataille d'Alger 1957, Fabrique de sens

20/08/2011, Marie-Anne PAVEAU, Signes, sexe and linguistique 4. Plaisirs à lire - La littérature pornographique, La pensée du discours

20/08/2011, Noam Chomsky et ses amis... Une imposture au sein de l'anarchisme, La Bataille socialiste

20/08/2011, Daniel GUÉRIN, Colonies S.O.S. ! (1937), La Bataille socialiste

19/08/2011, Milan Kundera publié dans La Pléiade, Ça peut pas faire de mal

19/08/2011, Calamity Jane par Grégory Monroe, Sur un Tapis volant

19/08/2011, Serge LEFORT, Hommage à Fanny RAOUL, Monde en Question

18/08/2011, Brève histoire du mouvement des Libertins, La République des Lettres

18/08/2011, La guerre d'Espagne, Les Grandes traversées

18/08/2011, Préface au Livre I du Capital (Korsch, 1932), La Bataille socialiste

18/08/2011, Serge LEFORT, La face cachée du Dalaï-Lama, Chine en Question

17/08/2011, Serge LEFORT, Lire MARX et ENGELS, Monde en Question

Lire aussi : Revue de presse Culture 2011, Monde en Question.

28 août 2011

Revue de presse Libye 28/08/2011

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28/08/2011, Les islamistes chez les rebelles libyens, Dedefensa
On trouve dans The Independent on Sunday du 28 août 2011 ample confirmation de l'identité du chef des rebelles à Tripoli, comme le signalait Pépé Escobar le 27 août 2011. On trouve d'autres précisions sur la présence (importante, de l'ordre de 30%) d'islamistes dans les rangs des rebelles libyens.
28/08/2011, Une guerre et des débiteurs, Le Quotidien d'Oran
La guerre en Libye n'a rien à voir avec le pétrole. C'est ce qu'on disait à Paris et à Londres. Et ceux qui, sans avoir la moindre once de sympathie pour Kadhafi, osaient mettre en avant l'enjeu pétrolier dans le grand engagement des Occidentaux pour la «liberté» des Libyens passaient pour des rabat-joie. Ou pire, pour des défenseurs des dictatures.
Il y avait pourtant quelques éléments factuels évidents. En 2007, alors que Mouammar Kadhafi, encore ami, plantait sa tente dans les jardins d'un grand hôtel parisien et au milieu des flatteries qui avaient suscité des sarcasmes indignés dans la presse française, on avait évoqué des contrats de plus de 10 milliards de dollars. Paris n'avait rien obtenu, sinon une exhibition grotesque du Guide en goguette. Et si Kadhafi est devenu un affreux dictateur après avoir été l'invité officiel de la République, cela a certainement quelque chose à voir. Et désormais, la France, qui n'a que des amis en Libye, de Benghazi à Tripoli, peut espérer la totale pour Total, sans compter les programmes de reconstruction et de fournitures d'équipements pour la future nouvelle armée libyenne... Ainsi vont les affaires dans le monde des marchés armés.
Les nouveaux dirigeants libyens, même provisoires, l'ont promis : ils seront généreux avec ceux qui les ont aidés. La morale politique de l'Occident, formule qui ressemble furieusement à un oxymore, est ainsi clairement déclinée : les beaux principes sont particulièrement utiles quand il s'agit de justifier le commerce. Et qu'est-il de plus élevé et de plus noble que le pétrole dans le champ des intérêts stratégiques ?
Avec la survie d'Israël, dernière frontière idéologique, l'approvisionnement énergétique est le centre des préoccupations impériales. L'OTAN, qui a démontré ce que valent les résolutions de l'ONU, inaugure un rôle nouveau, celui de chevalier blanc de la guerre mondiale pour l'or noir. En tout cas, le message est d'une limpidité impitoyable : les amitiés de l'Occident ne durent que le temps de leurs intérêts. Le ci-devant Guide de la Jamahiriya, habitué à ce que ses clients endurent ses foucades, doit en méditer l'amère leçon. Le pétrole, qui a construit son régime inepte, est précisément ce qui a précipité sa chute. L'histoire montrera si la guerre humanitaire pour les hydrocarbures peut déboucher sur un régime viable et efficace pour le malheureux peuple libyen. Et si les dépenses assumées par les Occidentaux dans leur guerre contre Kadhafi seront compensées - et au-delà - par les nouveaux dirigeants qui sont effectivement débiteurs.
Cette guerre confirme en tout état de cause que les dépenses d'armements de la Libye de Kadhafi n'auront servi à rien, sinon à améliorer les comptes des intermédiaires, et que l'impérialisme, en proie à l'une de ses crises les plus graves depuis des décennies, n'hésite pas à recourir aux armes quand il le juge rentable. La guerre est toujours menée au nom de la paix du monde et de l'ONU, qui n'est plus qu'une instance d'enregistrement. Tout autant que l'invasion de l'Irak, la guerre en Libye doit être évaluée à cette aune strictement matérielle. Le peuple libyen s'est débarrassé de son tyran, c'est un progrès incontestable. L'histoire montrera rapidement si la Libye s'est pour autant débarrassée de la domination.
27/08/2011, Domenico LOSURDO, Sept points sur la Libye, Le Grand Soir
Désormais même les aveugles peuvent être en mesure de voir et de comprendre ce qui est en train d'arriver en Libye :
1. C'est une guerre promue et déclenchée par l'OTAN qui est en cours.
2. Il s'agit d'une guerre préparée depuis longtemps.
3. Cette guerre n'a rien à voir avec la protection des droits humains.
4. Voulue pour des motifs abjects, la guerre est menée de façon criminelle.
5. Barbare comme toutes les guerres coloniales, la guerre actuelle contre la Libye démontre comment l'impérialisme se fait de plus en plus barbare.
6. Non moins barbare que la guerre a été la campagne de désinformation.
7. De même que la nature belliciste de l'impérialisme ne change pas, ainsi ses techniques de manipulation révèlent de significatifs éléments de continuité.
L'auteur n'apporte pas de preuves convaincantes à l'appui de sa dénonciation mécanique d'une guerre coloniale.
26/08/2011, Libia y los intelectuales - equivocación moral y colapso intelectual, ArgenPress
El artículo de Atilio Borón, ¿"Libia: Sangre, sudor y lágrimas"? confirma la tendencia de otros intelectuales destacados como Ignacio Ramonet, Samir Amin o Immanuel Wallerstein de analizar los acontecimientos en Libia tendenciosa y ahistóricamente para justificar prejuicios a la vez vulgares y pretenciosos. En sus escritos sobre Libia todos estos escritores demuestran dos cosas fundamentales - comparten la versión imperialista de los sucesos en Libia y escriben como si fuera apropiado en este momento pretender a algún tipo de lucha anti-imperialista teórica y moralmente superior.
Hace poco opinamos que los intelectuales de la izquierda internacional tienen poco que ofrecer a los pueblos que luchan por su emancipación del imperialismo occidental. Lo que autores como Atilio Borón y Samir Amin han escrito sobre Libia confirma esa apreciación. Como mucha gente aquí en Nicaragua incluyendo el Frente Sandinista de Liberación Nacional, nosotros nos solidarizamos con Muammar Ghaddafi y su pueblo en su batalla contra la OTAN.
Mundo en Cuestión está de acuerdo con el primer párrafo, pero NO con el segundo. Sostener el pueblo de Libia conra la OTAN no significa sostener Ghaddafi - a contrario. Leer: Les impasses de Wallerstein, Les égarements de Wallerstein (I), Les égarements de Wallerstein (II).
26/08/2011, Les impertinences du scénario, Dedefensa
La "victoire" commence à s'abîmer dans le désordre. Ainsi les événements de Libye nous montrent-ils un scénario qui ne semble pas correspondre à celui qui était écrit lorsque fut lancée l'offensive "finale" sur Tripoli. En termes de communication, la situation montre une tendance inquiétante, avec la possibilité désormais que la perception générale, notamment celle du brave public de nos démocraties, bascule d'une "victoire" sans (trop de) bavures à un "désordre type-irakien". Cette question de perception est vitale, notamment pour déterminer les positions des directions politiques, et modifier complètement l'argument de la situation libyenne, – de la poussée révolutionnaire irrésistible, nécessairement vertueuse, au désordre des "rebelles" incapables de se discipliner tandis que s'organise une autre résistance qui pourrait avoir un aspect populaire.
Richard Norton-Taylor (le Guardian du 25 août 2011) croit distinguer dans l'intervention libyenne un nouveau schéma interventionniste, avec les acteurs suivants : la logistique et le soutien aérien offensif de l'OTAN, c'est-à-dire des pays de l'OTAN intéressés dans l'intervention, tout cela très voyant et tonitruant ; dans ces pays, il ne faut plus vraiment compter les USA, qui se tiennent "sur le siège arrière", n'ayant plus guère de goût pour les interventions ; il y a aussi les interférences avec les interventions terrestres non officiellement reconnues (forces spéciales notamment), venues des mêmes pays de l'OTAN, mais aussi d'un nouvel acteur : l'ensemble des pays arabes du Golfe, ainsi engagés dans la croisade du "printemps arabe", justement pour étouffer le "printemps arabe"…
Pendant que son frère David nous informe, le 26 août 2011 dans The Independent, à propos de la situation incertaine et inextricable à Tripoli, Alexander Cockburn donne à Russian Times une analyse générale (le 26 août 2011). Cockburn rapporte la vision pessimiste évidente, – c'est-à-dire la vision normalement informée : guerre "pour le pétrole", acteurs divers et très divisés, l'opération actuelle devant conduire à une longue période d'insécurité et d'instabilité, avec le message principal pour tous les pays concernés qu'ils ont intérêt, – comme l'a fait la Corée du Nord, – à développer des armes nucléaires parce que seuls l'arme nucléaire, – comme le montre le cas de la Corée du Nord justement, – vous met à l'abri de l'habituelle "intervention humanitaire"…
Un point important à observer est l'extraordinaire insistance des USA pour se tenir hors de toute implication sérieuse dans les affaires en cours, notamment la "chasse à Kadhafi", où Français et Britanniques sont par contre fort impliqués et sans aucune intention de le dissimuler.
Ainsi, les USA se trouvent-ils en retrait (habiles tireurs de ficelles, affirment certains, selon un raisonnement du type "chaos créateur"), en étant tout de même impliqués, comme on l'a vu au Congrès. Ceux qui plaident pour la thèse de l'habileté type "tireurs de ficelle" connaissent bien peu de chose à la psychologie et à l'hubris américanistes (ce qui est la même chose). Le résultat réel, en profondeur, de la situation actuelle, c'est d'acter symboliquement, non pas le déclin mais l'effondrement de la puissance US. On nous opposera des chiffres (avec raisons : les USA ont assuré en soutien 16% des sorties offensives, seconds juste derrière les Français) [...] Que nous importe, à nous, le 16% des missions si la bannière étoilée n'est pas visible partout, si le président Obama ne fait pas des discours enflammés à la gloire de la guerre, et ainsi de suite. Tout se passe alors, comme si les USA étaient absents du conflit et laissaient le leadership aux autres.
26/08/2011, L'Asie de l'Ouest et l'Afrique du Nord font face à une réorganisation difficile, Renmin Ribao
La réalité dans les pays d'Asie de l'Ouest et d'Afrique du Nord impliqués dans les agitations est différente, mais les problèmes communs de ces pays sont ceux-ci : depuis longtemps, la plupart des pays connaissent un développement très déséquilibré sur les plans politique, économique et social, le pas de la réforme et les systèmes concernés sont nettement en retard par rapport au développement de notre époque. Beaucoup de pays maintiennent encore des structures politiques, économiques et sociales tribales, bien qu'ils aient acquis l'indépendance nationale depuis longtemps. Des facteurs traditionnels et modernes sont mêlés dans le régime politique des pays. Les agitations survenues depuis le début de cette année montrent que les populations de ces pays expriment, d'une manière extrême, leurs besoins impérieux pour le changement de régime politique et de mode de développement social. Cela peut également être considéré comme faisant partie du processus historique de développement politique et social des pays de la région.
Evidemment, ce processus ne s'achèvera pas, avec la chute de dirigeants et le changement du pouvoir. Du fait que les problèmes politiques et sociaux dans la région d'Asie de l'Ouest et d'Afrique du Nord se sont produits dans le développement social, culturel et historique de la région, beaucoup de problèmes concernant les aspects plus profonds et plus variés et qui ont surgi dans le processus de changement de mode ne pourront pas être réglés avec la seule fin de l'ancien régime.
Le processus de développement politique et social dans la région d'Asie de l'Ouest et d'Afrique du Nord est déjà arrivé à un nouveau carrefour. Le développement futur est une preuve pour les dirigeants et les peuples des pays de la région. Quand bien même ils ne sont pas préparés aux changements subits de l'heure actuelle. Ces pays qui ont connu des agitations n'ont pas encore établi d'objectifs constructifs nets, ni produit une direction faisant autorité. Mais on peut affirmer que là bas, il faudra une plus grande patience, une plus grande tolérance et un plus grand esprit créateur. Il faudra une pensée politique toute neuve et un esprit de solidarité transcendant les limites politiques, religieuses et ethniques.
26/08/2011, En Libye, il n'y a pas eu de victoire des "rebelles", Info-Palestine
On a l'impression que l'histoire bégaie. En fait, nous sommes plutôt dans une nouvelle phase de l'impérialisme occidental qui s'est assigné la mission absolument stratégique de contenir l'expansion chinoise ou de tout autre concurrent pour la domination du monde. Ce qui se joue ici, c'est la pérennité du leadership des Etats Unis et on pourra dire que ces derniers n'ont pas été déçus par leurs supplétifs européens. Ce n'est quand même pas pour rien que les Occidentaux ont fait ce qu'il fallait pour tenir à l'écart l'Union Africaine après avoir mis en avant une Ligue Arabe discréditée servant de vitrine diplomatique aux monarchies rétrogrades du Moyen Orient.
26/08/2011, Traversée de l'ouest de la Libye dévastée par des reporters de Xinhua, Xinhua
Pour les journalistes étrangers qui sont chargés de couvrir le conflit en Libye, les difficultés auxquelles ils font face sont temporaires et donc supportables. Mais pour les Libyens, qui sont encore confrontés à un avenir incertain et à la tâche ardue de réparer leurs maisons ravagées et de panser leurs plaies intérieures, c'était l'enfer.
26/08/2011, Diana JOHNSTONE, Démocratie et dictateurs - Le Diable est dans les Détails, Le Grand Soir
L'idéologie actuelle qui justifie les guerres d'agression est fondée sur une dichotomie simpliste entre la démocratie et les dictateurs. Les gens qui, en Occident, soutiennent les guerres ont déplacé le centre de la loi internationale des Nations unies vers un club bien plus restreint de "démocraties" qui seules possèdent une "légitimité". Le centre de ce club est le monde anglo-saxon, plus Israël, l'Union Européenne et le Japon. Cette "communauté internationale" de démocraties est supposée posséder le droit moral unique de décider quand le dirigeant de n'importe quel pays qui se situe en dehors de leur cénacle peut-être dénoncé comme un dictateur et renversé à l'aide d'une campagne de bombardements par l'OTAN.
[...]
Je me suis abstenue d'écrire sur ce sujet pendant des années, parce que je pense ne pas en connaître assez à propos de la Libye. Mais, maintenant, je vois d'autres personnes, qui en savent encore moins que moi, argumenter avec force pour que l'OTAN soutienne des rebelles dans une guerre civile dont les motifs et les conséquences réelles sont obscures.
Ma première conclusion est de faire remarquer que le simple fait qu'un pays ne soit pas une démocratie de style occidental ne signifie pas que tout ce qui s'y passe est "dicté" par un "dictateur". Le terme "dictateur" sert à renforcer la paresse des médias et des politiciens, qui ne se donnent pas la peine d'analyser les complexités d'une société qui ne leur est pas familière.
Ma deuxième et dernière conclusion c'est que nous en Occident n'avons ni le droit ni la capacité de "réparer" ces sociétés peu familières telles que la Libye, que nous rejetons comme étant des "dictatures". Alors que la crise financière risque d'amener le niveau de vie dans une partie de l'Occident en dessous de ce qu'il était dans la Libye de Kadhafi avant que l'OTAN n'intervienne, notre "démocratie" occidentale risque d'être graduellement réduite à n'être plus qu'une excuse idéologique pour attaquer, ravager et piller d'autres pays.
25/08/2011, Jean-Jacques LAMY, Libye : en marche vers la démocratie ?, Lutte Ouvrière
Les Sarkozy, Obama et Berlusconi, en dépit de leurs professions de foi en faveur de la démocratie, ne se font apparemment pas beaucoup d'illusions. Plus la victoire des insurgés sur les troupes de Kadhafi se rapproche, et plus les déclarations des dirigeants occidentaux se font prudentes, voire inquiètes, sur la suite des événements de l'après-Kadhafi.
Mais ce n'est pas le sort de la population libyenne, dans les semaines, les mois et les années qui viennent, qui les préoccupe. S'ils sont intervenus contre Kadhafi, s'ils ont plus que contribué à le chasser, ce n'est pas pour débarrasser le peuple libyen d'un dictateur mégalomane et sanguinaire, mais dans la perspective d'accéder pour les uns, ou de conforter pour les autres, leur mainmise sur les ressources du pays en pétrole, en gaz. Ce qui les inquiète, c'est le risque de créer dans le pays, comme en Irak, une situation d'instabilité qui gêne leurs pillages.
Du côté des puissances impérialistes, les réunions sur l'avenir de la Libye se multiplient. Comme l'écrivent Les Échos, « c'est la mobilisation générale lancée par les pays occidentaux pour encadrer et accompagner la révolution libyenne ». Et les instances de l'Otan ont commencé à discuter de la forme que pourrait prendre l'installation d'une présence militaire occidentale dans le pays...
25/08/2011, Stella CALLONI, Guerra colonial contra Libia, Tlaxcala
La perversión de agencias estadounidenses y europeas y sus subordinados en el mundo al llamar "guerra civil" a lo que está sucediendo en Libia, demuestra cómo se convirtió una intervención colonial contra un país, del que Estados Unidos y sus socios quieren apoderarse por diversas razones de intereses, en una "rebelión" interna que "humanitariamente" debía ser ayudada.
25/08/2011, Robert FISK, Attention au syndrome irakien, Presseurop
L'euphorie serait prématurée, car l'Occident est condamné à commettre en Libye les mêmes erreurs qu'en Irak, estime Robert Fisk. Et si Kadhafi reste introuvable, une guérilla sapant l'autorité des nouveaux maîtres du pays sera inévitable.
La présence massive de diplomates occidentaux, représentants des géants du pétrole, mercenaires occidentaux grassement payés et militaires français et britanniques (qui tous prétendent être là en tant que simples "conseillers", pas en tant que participants) forme à Benghazi une véritable zone verte. Il n'y a peut-être pas (encore) de remparts autour d'eux, mais ce sont ces hommes-là qui, de facto, gouvernent la Libye par l'intermédiaire de divers héros et voyous libyens qui se présentent comme les maîtres politiques locaux.
25/08/2011, Carlo SANTULLI, Libye : l'heure d'un bilan critique, Affaires-strategiques
Malgré l'armement des "rebelles" et le bombardement massif du pays, les résultats sur le terrain ont été un désastre : six mois de massacres inutiles. La population locale ayant clairement rejeté le CNT ("rebelles") et l'OTAN, l'intervention a tourné à l'escalade guerrière et à la catastrophe humanitaire. Les milliers de morts et les dizaines de milliers de réfugiés qu'on s'était inventés sont désormais réels : c'est nous qui l'avons massacré, "son propre peuple". Au bout de six mois d'échec, après avoir barbarement bombardé les villes et les infrastructures civiles du pays, l'OTAN et le Qatar ont lancé une opération d'agression militaire de grande envergure à l'encontre de la capitale, Tripoli. Elle s'est soldée par un carnage, des annonces triomphalistes (y compris la fausse capture de deux fils de Kadhafi, Saïf Al-Islam et Mohammed, et le meurtre imaginaire de leur frère Khamis, donné pour mort quatre fois depuis février dernier), et un résultat inexistant sur le terrain : ni l'OTAN, ni le CNT ne contrôlent la Libye à ce jour. Pour ajouter le sordide au tragique, on a vu les "leaders" de l'"intervention humanitaire" de l'OTAN commencer à discuter du partage du pétrole libyen dès le 23 août. Mais si le spectacle ignoble du partage du butin pétrolier sous les décombres et les cadavres de l'"intervention humanitaire" démasque les nouveaux "French doctors", il montre aussi l'impréparation derrière cette hâte pathétique car les "rebelles", à force de se rapprocher jour après jour de Tripoli, puis de son centre, sont aujourd'hui à mille lieues de contrôler le pays.
L'échec de l'intervention libyenne pèsera sur l'histoire de la France, et sur les valeurs qu'elle est censée incarner. Les faits ont confirmé que le CNT est un assemblage hétéroclite dominé par des islamistes proches d'Al-Qaïda et des éléments parmi les plus réactionnaires de l'ancien apparat kadhafiste. Il est incapable de gouverner la Libye et, même à l'Est (en Cyrénaïque), il ne contrôle pas les tribus. L'oppression des femmes (isolées par une palissade en plein Benghazi !) et la disparition des services publics ont été ses seules réalisations en six mois de "pouvoir". A supposer même, ce qui est de plus en plus invraisemblable, que le système politique incarné par Kadhafi (assurant la gestion du pays par un équilibre intertribal) finisse un jour proche par être vaincu, le CNT n'est pas en mesure de se faire obéir par les tribus et de contrôler le pays : l'improbable défaite de Kadhafi se solderait elle-même par un échec.
Plus profondément, la défaite de l'OTAN en Libye est une défaite morale et politique de la France et du modèle "démocratique" occidental. Elle a confirmé, après la folie irakienne, que nos "démocraties" peuvent se révéler plus totalitaires (avec la propagande criminelle publique sur les bombardements de manifestants par Kadhafi, après celle sur les armes de destruction massive en Irak) et plus guerrières (avec l'agression d'un pays et l'escalade meurtrière devant sa résistance, en Libye comme en Irak) que les dictatures.
25/08/2011, Jacques BORDE, Libye : Bataille pour Tripoli - La nuit des dupes, Geostrategie
Les combattants en question ont un teint de peau moins mat que le Libyen moyen. D'où ma question : sont-ce bien des Libyens ? Ou, plus probable, des non-régnicoles ! C'est-à-dire des combattants étrangers (mercenaires, contractors, forces spéciales occidentales, etc).
Les combattants en question arborent des treillis centre-europe britanniques ET des cagoules. À noter que c'est la première fois que je vois ce type de treillis sur des images en provenance du front libyen. De là à supposer que des combattants en armes portant des treillis brits ET des cagoules soient, selon toute probabilité, des membres des SAS ou SBS de Sa Très Gracieuse Majesté, consommateurs réguliers de ces effets en opération…
Si bien sûr. De nombreuses vidéos montrent, sans guère de doutes possibles, des contractors US combattant aux côtés des rebelles. Repassez-vous des images des déploiement des US Special Forces lors de la conquête de l'Afghanistan, vous verrez !… Et leur nombre risque d'augmenter dans la mesure où, de manière générale, les Américains – qui, pour d'évidents objectifs de prédation économique, vont revenir en force en Libye – laissent rarement à d'autres le soin d'assurer la sécurité de leurs ressortissants et biens. Ce qui ne sera pas sans poser de problèmes.
Et si je vous cite l'ouvrage de Scahill sur Blackwater, ça n'est pas, bien sûr, par hasard. Une des pistes les plus sûres pour sucer – avidement et habilement – le sang des Libyens va être de leur facturer leur (in)sécurité au prix fort en faisant débarquer massivement leurs Sociétés militaires privées. Évidemment, celles-ci, prospérant sur la misère des pays où elles débarquent, seront les dernières à avoir intérêt à ce que la Libye retrouve sa prospérité d'avant-guerre. Et je ne vous parle pas de l'État-providence qu'avait mis en place Kadhafi. Avec un peu de chance, feu-la-Jamahiriya sera une pale copie de la Tunisie. En plus pauvre ! Au pire, une géhenne entre l'Afghanistan et la Somalie…
25/08/2011, Manifeste du Conseil Tribal Libyen, Silvia Cattori
"Par cette lettre au sommet extraordinaire Africain, se réunissant à Addis Abebas, les notables des tribus de l'Est de la Grande Jamahiriya confirment leur total rejet de ce qui est appelé le Conseil de Transition à Benghazi qui n'a pas été nommé ni élu par les représentants des tribus mais plutôt imposé par l'OTAN.
Ce qui est appelé le Conseil de Transition de Benghazi nous a été imposé par l'OTAN et nous le rejetons complètement. Est-ce la démocratie d'imposer des personnes par la force des armes aux gens de Benghazi, beaucoup d'ente elles n'étant même pas Libyennes ou issues de tribus libyennes mais viennent de Tunisie et d'autres pays.
Le Conseil Tribal affirme sa totale coopération avec l'Union Africaine et ses suggestions visant à aider à empêcher l'agression contre le peuple libyen…
Le Conseil Tribal condamne l'agression croisée contre la Grande Jamahiriya exécutée par l'OTAN et les forces arabes régressives ce qui constitue une importante menace contre les civils libyens alors qu'ils continuent à les tuer alors que l'OTAN bombarde des cibles civiles…
Nous n'acceptons pas et nous n'accepterons pas d'autorité autre que celle que nous choisirons par notre volonté libre c'est-à-dire par le Congrès du Peuple et les Comités des Peuples et la direction populaire sociale, et nous nous opposerons par tous les moyens à disposition aux rebelles de l'OTAN et à leur massacre leur violence et leur mutilation des cadavres."
25/08/2011, Manlio DINUCCI, A Tripoli les « rebelles » des forces spéciales OTAN, Silvia Cattori
Des forces spéciales de Grande-Bretagne, France et Qatar, écrit le New York Times (23 août 2011), sont en train de fournir un appui tactique aux forces rebelles et des conseillers de la CIA aident le gouvernement de Benghazi à s'organiser. Des commandos britanniques et français, confirme un officier supérieur de l'OTAN, sont sur le terrain avec les rebelles à Tripoli. Et, à la question de savoir si des agents de la CIA y sont aussi, l'officier répond qu'il en est certainement ainsi.
Tandis qu'elle poursuit ses attaques aériennes pour aplanir la route aux rebelles, l'OTAN conduit sur le terrain une guerre secrète pour s'assurer que, dans la Libye de l'après-Kadhafi, le pouvoir réel serait dans les mains des puissances occidentales, flanquées par les monarchies du Golfe. Dans ce cas les forces spéciales hisseront le drapeau du peacekeeping ("maintien de la paix") et porteront des casques bleus.
24/08/2011, Atilio BORON, ¿Libia: Sangre, sudor y lágrimas?, ArgenPress
El CNT, en suma, es un bloque reaccionario y oportunista, integrado por islamistas radicales, socialistas " (estilo Zapatero o Tony Blair"), nacionalistas (sin nación, porque Libia no lo es) y, como señala el analista internacional Juan G. Tokatlian, "bandidos, empresarios, guerrilleros y ex militares" para ni hablar del faccionalismo tribal y étnico que ha marcado desde siempre la historia de ese territorio sin nación que es Libia. Por eso no existen demasiadas razones para suponer que el CNT inaugurará un período democrático. Sus miembros no tienen mejores credenciales que Gadaffi y pesa sobre ellos la irredimible infamia de haber invitado a las potencias imperialistas a bombardear sus ciudades y aldeas para viabilizar su derrocamiento. Por eso, lo más probable es que una vez derrotado el régimen las sangrientas luchas intestinas y la ingobernabilidad resultante tornen inevitable para las potencias imperialistas entrar en otro pantano, como Irak y Afganistán, para establecer un mínimo de orden que permita organizar su rapiña. Desgraciadamente, lo que le espera a Libia no es la democracia sino un turbulento protectorado europeo-norteamericano y, como dijera Winston Churchill de su país en tiempos de la Segunda Guerra Mundial, sangre, sudor y lágrimas.
Lire aussi :
Revue de presse Libye, Monde en Question.
Dossier documentaire Libye, Monde en Question.