2 février 2013

Shadow Dancer, un récit manipulateur


James Marsh, ballade le spectateur sur de nébuleuses fausses pistes pour conclure par un coup de théâtre. Ce film sent l’embrouille dès le début quand Collette abandonne son sac qui est immédiatement découvert. La suite est aussi invraisemblable que confuse :

Elle se fait miraculeusement cueillir par les services secrets à la sortie d’un souterrain qui aboutit dans un quartier totalement désert.
Elle accepte trop facilement le chantage de Mac, un agent secret du MI5 : espionner sa propre famille pour ne pas passer 25 années en prison.
Elle revient en Irlande comme de rien n’était. Aucun membre de l’IRA ne l’interroge ni sur l’attentat avorté ni sur sa libération.
Elle cache grossièrement le bipeur dans une chaussette.
Mac débarque à son bureau en Irlande dans un hélicoptère de l’armée.
Elle se fait de nouveau arrêter puis libérer sans que personne ne se pose de questions.
Mac se fait manipuler par sa chef, une executive woman inutilement sexy.
Elle appelle Mac d’une cabine publique, quasi nue sous un imperméable rouge vif, alors que les indépendantistes irlandais pratiquent un catholicisme rigoriste
Elle est soupçonnée par Kevin, son chef, qui abandonne son interrogatoire sans raison apparente.
Mac gare sa voiture à quelques mètres de leur rendez-vous sur une plage déserte où ils sont d’autant plus visibles.
Après plusieurs scènes confuses, elle embrasse Mac à pleine bouche sans qu’on sache pourquoi.
Après plusieurs autres scènes aussi confuses qu’inutiles, la voiture de Mac, piégée par l’IRA, explose. Sourire de satisfaction de Colette.

Ce film n’est pas un thriller car l’intrigue est quasi nulle, sans tension ni rebondissement. Il n’est pas un film politique car on ignore tout des enjeux du conflit entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne. Les protagonistes (des services secrets ou de l’IRA) agissent comme des marionnettes. Il n’est pas non plus un film psychologique car à aucun moment Collette ne semble déchirée entre fidélité et trahison. Si la prise de vue peut séduire, la mise en scène est trop molle pour convaincre. Ainsi, la dernière scène surgit comme un coup de théâtre… manipulateur.

02/02/2013
Serge LEFORT
Citoyen du Monde


James MARSH, Shadow Dancer, 2012, AlloCinéWikipédiaDossier de presseTélécharger VOSTFR.

Critiques :
Abus de ciné
Le réalisateur aborde ainsi le sujet difficile et engagé de l’Histoire de l’Irlande du Nord avec malheureusement un scénario et une intrigue mous, qui peine à décoller.
Les actes militants ne montrent aucun nationalisme et font passer le contexte social au second plan, laissant au premier plan une simple histoire d’espionnage à l’intrigue réduite.
Les actes militants ne montrent aucun nationalisme et font passer le contexte social au second plan, laissant au premier plan une simple histoire d’espionnage à l’intrigue réduite.
A voir – A lire
[…] le niveau de compréhension géopolitique du récit reste au contraire volontairement brouillé, insondable.
Si la scène d’ouverture présente Shadow dancer comme un « faux » film psychologique, le récit en fait un « faux » film d’espionnage, car le nœud véritable ne réside pas dans le fait de savoir « qui » est derrière l’intrigue, ou « qui » tire les ficelles.
Blog de Marvell
Manipulant le spectateur à sa guise, elle [Andrea Riseborough] compose un personnage très énigmatique même si elle est omniprésente à l’écran.
Certains lui reprocheront une certaine contemplation pouvant facilement se noyer dans les flots de l’ennui […]. La faute à un rythme en berne […].
A vrai dire, on a souvent plus l’impression d’être dans un épisode d’une série que d’un vrai film.
Dommage aussi que le contexte politique tortueux de Shadow Dancer ne soit finalement qu’un prétexte et ne soit jamais vraiment marqué comme pouvait l’être le Ken Loach : Le Vent se lève sur le même sujet (mais pas à la même époque).
Blog de Wildgunslinger
Ce film navigue entre plusieurs genres : drame, espionnage, action, thriller.
Sans jamais parvenir à choisir un style, une curieuse sensation de langueur se dégage rapidement de ce long-métrage, assez ennuyeux et mou.
James Marsh échoue à exposer une organisation crédible, handicapé par des personnages improbables, par une organisation des membres de l’IRA qui agit avec beaucoup trop d’amateurisme.
Aucune ambiance ne se dégage de ce film, morne et sans saveur. On se rapproche même presque du téléfilm de luxe.
Ca Dépend Des Jours le webzine culturel versatile
Malheureusement, à refuser de trop explorer la confrontation entre la jeune femme et son inquisiteur [Kevin], le film laisse le spectateur à la porte de ce qui aurait pu être un grand et beau thriller. De fait, le spectateur n’entre jamais dans les rouages de l’IRA, dans la réalité de ce que ce mouvement signifie vraiment, tant pour les Anglais que pour les Irlandais, et ne perçoit du mouvement révolutionnaire que son corollaire.
Le passeur critique

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31 janvier 2013

James Bond II


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James Bond 07 Diamonds Are Forever – Les diamants sont éternels, AlloCinéTélécharger DVD FRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 08 Live and Let Die – Vivre et laisser mourir, AlloCinéTélécharger DVD FRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 09 The Man with the Golden Gun – L’homme au pistolet d’or, AlloCinéTélécharger DVD FRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 10 The Spy Who Loved Me – L’espion qui m’aimait, AlloCinéTélécharger DVD FRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 11 Moonraker, AlloCinéTélécharger DVD FRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 12 For Your Eyes Only – Rien que pour vos yeux, AlloCinéTélécharger DVD FRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 13 Octopussy, AlloCinéTélécharger DVD FRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 14 A View to a Kill – Dangereusement vôtre, AlloCinéTélécharger DVD FRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 15 The Living Daylights – Tuer n’est pas jouer, AlloCinéTélécharger DVD VOSTFRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 16 Licence to Kill – Permis de tuer, AlloCinéTélécharger DVD VOSTFRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 17 Goldeneye, AlloCinéTélécharger DVD VOSTFRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 18 Tomorrow Never Dies – Demain ne meurt jamais, AlloCinéTélécharger DVD VOSTFRTélécharger HD 720 VOSTFR
James Bond 19 The World Is not Enough – Le monde ne suffit pas, AlloCinéTélécharger DVD FRTélécharger HD 720 VOSTFR
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28 janvier 2013

Django, déchaîné et grand-guignolesque


Les amateurs gloseront à perte de vue sur les références implicites ou explicites de Django Unchained car Quentin Tarantino est cinéphile avant d’être cinéaste. Du plus au moins explicite, je relève l’humour de Sergio Leone (Il buono, il brutto, il cattivo – Le bon, la brute et le truand) et l’esthétique manichéenne de Takashi Miike (Sukiyaki Western Django).

L’action se situe en 1858, soit deux ans avant la guerre civile aux États-Unis (1861-1865). Or, Quentin Tarantino, comme beaucoup de cinéastes américains (Lincoln), semble ignorer l’Histoire. Deux exemples :

Il filme une longue scène d’hommes pourchassant Django déguisés comme des membres du Ku Klux Klan, fondé le 24 décembre 1865.

Il filme Jamie Foxx avec de superbes lunettes de soleil, commercialisées pour la première fois aux États-Unis en 1929 par Foster Grant.

Les deux premières heures du film se voient sans déplaisir grâce à l’interprétation de Christoph Waltz plus qu’à la mise en scène qui traîne en longueur. Le meilleur moment reste celui du marchandage entre Dr King Schültz (Christoph Waltz) et Calvin J. Candie (Leonardo DiCaprio) qui se conclue par la mort des deux protagonistes. Quentin Tarantino montre habilement les deux attitudes extrêmes du Noir-collabo (Stephen, style La case de l’oncle Tom) et du Noir-résistant (Django, style Malcom X solitaire), mais qui ronge son frein dans l’espoir que Schültz réussisse à racheter sa femme. La majorité (peu montrée) accepte son sort sans broncher, ce qui donne du grain à moudre à la théorie raciste du gène de la servitude.

Les dernières quarante-cinq minutes, centrées sur la vengeance personnelle de Django, tombent dans le grand-guignolesque d’hectolitres de sang giclant jusqu’au plafond et le narcissisme du héros – même son cheval parade comme au cirque. Du coup on oublie que l’abolition de l’esclavage fut octroyée aux Noirs par les Blancs et que la ségrégation raciale, qui sévit aux États-Unis jusqu’à la fin des années 1960, perdure aujourd’hui sous la forme d’une ségrégation sociale. Ainsi, alors que les États-Unis ont le taux d’incarcération le plus élevé du monde (surtout depuis le durcissement opéré par l’administration Reagan dans les années 1980), 50% des détenus sont Noirs et 25% Latinos.


La question noire n’intéresse pas Quentin Tarantino qui l’utilise comme prétexte pour glorifier le mythe américain du self-made-man qui réussit… par la violence. Violence gratuite en l’occurrence puisque Django ne se soucie pas du sort des autres Noirs qu’en fin de compte il méprise.

28/01/2013
Serge LEFORT
Citoyen du Monde


Quentin TARANTINO, Django Unchained, 2012, AlloCinéWikipédiaTélécharger VOSTFR.

Lire aussi :
• Sergio LEONE, Il buono, il brutto, il cattivo) – Le bon, la brute et le truand, 1966, AlloCinéWikipédiaTélécharger VOSTFR.
• MIIKE Takashi, Sukiyaki Western Django, 2007, AlloCinéWikipédiaTélécharger VOSTFR .
• Steven SPIELBERG, Lincoln, 2012, Monde en Question.

• Ku Klux Klan, Wikipédia.
Le Ku Klux Klan (appelé souvent par son sigle KKK ou également le Klan), fondé le 24 décembre 1865, est une organisation suprématiste blanche protestante des États-Unis. Classée à l’extrême-droite sur l’échiquier politique américain, elle n’a cependant jamais été un parti politique, mais une organisation de défense ou de lobbying des intérêts et des préjugés des éléments traditionalistes et xénophobes de certains Blancs protestants, les White Anglo-Saxon Protestant (WASP) en tant que la communauté « ethnico-religieuse ».
• Lunettes de soleil, Wikipédia [Dossier mis à jour par Serge LEFORT le 27/01/2013].
Depuis les temps préhistoriques, les Inuits portent des masques en ivoire qui bloquent les rayons du soleil réfléchis par la neige. En Chine, des lunettes en quartz fumé furent utilisées dès le 12ème siècle pour protéger les yeux contre l’éblouissement.
• Foster Grant, Wikipedia.
Foster Grant’s 1960s sunglasses ad campaign « Who’s that behind those Foster Grants?, » by the Geer, Dubois advertising agency, included celebrities Peter Sellers, Louis Jourdan, Carroll Baker, Claudia Cardinale, Elke Sommer, Anita Ekberg, Vittorio Gassman, Anthony Quinn, Mia Farrow, Robert Goulet, Julie Christie, Woody Allen, OJ Simpson, Raquel Welch, Terence Stamp, and Vanessa Redgrave.
• Ségrégation raciale aux États-Unis, Wikipédia.
• Liste des pays par population carcérale, Wikipédia Cliquer sur l’onglet « Taux d’incarcération » pour classer par ordre croissant ou décroissant.
• Prison aux États-Unis, WikipédiaHuman Rights Watch.
Les minorités raciales et ethniques continuent d’être représentées de manière disproportionnée au sein du système de justice pénale. Les Blancs et les Afro-Américains commettent des délits liés aux stupéfiants dans des proportions plus ou moins équivalentes, et les Afro-Américains ne représentent qu’environ 13% de la population américaine ; pourtant, en 2009, ils constituaient environ 33% de toutes les arrestations pour infractions liées aux stupéfiants. Des taux d’arrestation plus élevés entraînent forcément des taux d’incarcération plus élevés. Ainsi, 45% des individus incarcérés dans les prisons d’État pour infractions liées aux stupéfiants en 2009 étaient afro-américains ; 27% seulement étaient blancs.

• Grand-Guignol, Wikipédia.
Spécialisée dans les pièces mettant en scène des histoires macabres et sanguinolentes, elle a par extension donné son nom au genre théâtral, le grand-guignol et à son adjectif grand-guignolesque. Le terme est devenu avec le temps péjoratif et désigne désormais, plus généralement, des situations exagérées, abusant d’effets spectaculaires démesurés.

Revue de presse Cinéma 2013, Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.

Mali - Revue de presse


Extraits de la Revue de presse :

C’est finalement le 10 janvier 2013 que la France est entrée en guerre au Mali. La communication du gouvernement français, reprise sans questionnement par les principaux médias, tend aujourd’hui à légitimer par tous les moyens et tous les arguments cette nouvelle intervention militaire française sur le sol africain et son rôle de « gendarme de l’Afrique ». Pour Survie, association qui dénonce depuis longtemps l’ingérence et la domination de la France envers ses anciennes colonies africaines, il est important de rappeler quelques éléments de contexte et d’analyse critique sur cette intervention française, sans minimiser l’ampleur de la crise que connait le Mali.
[...]
En conclusion, la crise malienne et cette nouvelle intervention militaire française en Afrique révèlent l’échec de 50 années de « coopération » avec l’Afrique : armées incapables de protéger leurs populations, chefs d’État médiateurs de crises eux-mêmes putschistes, accords de défense et bases militaires qui ont perpétué le rôle de gendarme de l’Afrique que la France s’est historiquement octroyé. On ne peut que constater l’incapacité des institutions africaines et multilatérales à organiser la moindre opération de sécurisation dans la région sans avoir recours au poids lourd français, qui a tout fait pour se rendre incontournable. Ces événements appellent une fois de plus à une remise en cause de l’ensemble du cadre des relations franco-africaines.
Survie

The « war on terror » is a self-perpetuating war precisely because it endlessly engenders its own enemies and provides the fuel to ensure that the fire rages without end. But the sloganeering propaganda used to justify this is so cheap and easy – we must kill the Terrorists! – that it’s hard to see what will finally cause this to end. The blinding fear – not just of violence, but of Otherness – that has been successfully implanted in the minds of many western citizens is such that this single, empty word (Terrorists), standing alone, is sufficient to generate unquestioning support for whatever their governments do in its name, no matter how secret or unaccompanied by evidence it may be.
---
La « guerre contre le terrorisme » est une guerre qui se perpétue indéfiniment, précisément parce qu’elle engendre sans cesse ses propres ennemis et fournit le carburant pour que les incendies fassent rage sans fin. Malgré les slogans de la propagande utilisés pour justifier que ce n’est pas cher et facile – il faut tuer les terroristes ! – il est difficile de savoir ce qui va finalement provoquer la fin. La crainte aveugle – et pas seulement de la violence, mais de l’altérité – qui a été implanté avec succès dans les esprits de nombreux citoyens occidentaux est telle que ce seul mot vide (terroristes), à lui seul, suffit à générer un soutien inconditionnel à ce que font les gouvernements en leur nom, que ce soit en secret ou sans preuves.
Glenn GREENWALD, The Bombing of Mali Highlights all the Lessons of Western Intervention, The Guardian

Aujourd’hui, la France qui prétendait tout d’abord n’intervenir que pour bloquer les groupes armés au Nord, a revu ses buts de guerre et continue une phase offensive de sa guerre au Mali. Divers motifs militaires et politiques à l’opération Serval rendent cette opération critiquable.
Conformément aux objectifs de l’association Survie, ce document se concentre sur le rôle de la France au Mali et aborde de façon moins approfondie le rôle des autres acteurs clé de la crise. Il ne s’agit pas de les dédouaner ou de faire porter à la France l’entière responsabilité de la crise au Mali. Il s’agit de décrypter le rôle qu’a joué la France dans la genèse de cette crise et le jeu diplomatique qu’elle a mené pour une intervention militaire dont elle est aujourd’hui la principale force, à la lumière des enjeux français dans la zone. Notre analyse nous conduit à de très vives inquiétudes concernant l’évolution de l’intervention militaire française au Nord du Mali et ses conséquences. Nous avons rassemblé ces points de contexte et inquiétudes à travers le développement d’arguments détaillés ci-dessous.
Depuis le mois de juillet 2012, la France a promu une intervention militaire au Nord du Mali contre les groupes armés se revendiquant d’un islam radical qui l’occupent actuellement, afin de recouvrer l’intégrité du territoire malien, de lutter contre le terrorisme et du fait de la situation humanitaire catastrophique pour les personnes sur place et pour celles qui ont fui la zone. Les autorités françaises ont assuré pendant des mois qu’elles n’assumeraient qu’un « soutien logistique » à l’intervention africaine qui serait mise en œuvre. Pour ce faire, la France a participé à la marginalisation du rôle des acteurs maliens et a joué de son influence auprès des instances régionales (comme la CEDEAO, utilisée comme un faire-valoir) et internationales, alors qu’un certain nombre d’États de la zone et d’autres puissances internationales étaient très mitigés sur une intervention.
Survie considère que l’intervention de la France est contestable et inquiétante, du fait de son histoire et de sa posture de domination vis-à-vis de ses anciennes colonies dont le Mali, de ses accointances avec les pires régimes de la région, des désastres liés à ses interventions militaires en Afrique qui ont toujours visé à soutenir des dictateurs ou ses propres intérêts contre la volonté des peuples, et de son incapacité manifeste à prendre en compte les risques d’une intervention pour les Maliens et la région.
En réalité, pour Survie, la guerre que conduit actuellement la France au Mali s’inscrit dans la droite ligne de la politique qu’elle mène en Afrique depuis cinquante ans – une ingérence diplomatique, économique et financière et un interventionnisme militaire au service d’intérêts français, pour laquelle les décisions sont prises, comme à son habitude, sans réel débat entre l’exécutif et le Parlement et encore moins avec la population de la France.
Dossier Survie

Lire :
Revue de presse Mali 2013, sélection d’articles (Français – Anglais – Espagnol), Monde en Question.
Dossier documentaire Colonialisme, Monde en Question.