4 septembre 2013

Monde des Mayas


Jean-Michel HOPPAN, CNRS :
  • Le calendrier maya
    Du XVIe au XIXe siècle, la domination exercée par les Espagnols entraîna chez les Mayas l’abandon presque total de leur système calendaire traditionnel. Chez certaines populations du Guatemala, n’en subsiste actuellement que le calendrier à cycles de 260 jours connu parmi les mayanistes sous le nom de tzolkin, dans le cadre d’un usage à caractère divinatoire. Cet article en explique le fonctionnement, ainsi que celui des autres rouages de l’ancien calendrier maya : le ha’ab aux cycles de 365 jours, la commémoration des katun, les "séries lunaires" et les cycles de 9 et 819 jours. Il présente également le système de notation des durées du "compte long" et des "nombres de distance", qui permettait de positionner les noms de jours donnés par rapport au jour initial de la chronologie. L’exposé de ces principes fondamentaux du système de comput maya a pour but de fournir au lecteur les éléments nécessaires au décryptage d’un exemple classique de date maya.
  • Les écritures mayas du nombre
    "Les écritures mayas du nombre" sont une synthèse des récents résultats d’analyses épistémologiques et épigraphiques d’une multitude d’écritures numérales ou numériques réalisées par les scribes mayas depuis l’époque préclassique jusqu’à celle de la conquête espagnole. Interprétées dans le cadre des numérations parlées (de type protractif et additif) et dans celui des mesures de temps, la grande diversité des données analysées conduit à une typologie de l’ensemble des formes (notamment des zéros) et des systèmes mayas d’écriture du nombre, tant dans la représentation des dates et des petites durées, que dans celle des translations temporelles et des grandes durées. Des remarques discutent ou signalent : certains usages (âge de la Lune, durée des lunaisons, pas des translations dans les almanachs, etc.), diverses interprétations (par exemple du zéro comme signe d’achèvement, d’intronisation, etc.), plusieurs distinctions mayas (ordinal/cardinal, prospectif/rétrospectif), ou encore des thèses anciennes ou des conjectures récentes (hypothèse courte, unité principale du système des mesures de temps, propriété du "zéro opérateur", éventualité d’un tun de 400 jours, passage d’un comptage en kin à un comptage en tun).
  • L’écriture figurative des Mayas
    Utilisée durant deux millénaires jusqu’au XVIIe siècle pour transcrire des discours énoncés dans des langues de la famille maya, l’écriture logo-syllabique des Mayas est une écriture dite figurative, en ce sens que la plupart des signes de son répertoire sont marqués par une iconicité signifiante : le signe n’y représente en effet pas seulement un son mais est également un pictogramme investi d’une charge sémantique, étroitement liée à son origine iconique. Ce chapitre des actes du colloque "Image et conception du monde dans les écritures figuratives" (Collège de France et Académie des Inscriptions & Belles-lettres, janvier 2008) se propose de passer en revue les principaux signes actuellement déchiffrés de l’écriture maya dans quelques classes particulièrement chargées de sens graphique : les signes de l’être humain, têtes et parties du corps, les signes d’animaux les plus emblématiques (félins, oiseaux et serpents), et signes de l’espace et du temps. L’échantillon analysé est mis en parallèle, dans les autres chapitres de l’ouvrage, avec ce que l’on observe dans d’autres écritures figuratives à travers le monde, mettant en évidence différences et points communs au sein de ces classes de signes.
  • Notice sur l’inscription d’un vase polychrome maya
    Cet article propose une transcription, avec interprétation, du texte glyphique peint sur un vase maya, que l’auteur appelle "vase à l’effigie du dieu K". Ce vase en terre cuite polychrome, de 28,5 cm de hauteur et 11,5 cm de diamètre, a été mis en vente dans une galerie parisienne en septembre 2012. Cet objet est de provenance inconnue, les circonstances de sa découverte demeurent indéterminées mais l’analyse de son inscription et la comparaison avec d’autres céramiques mayas de l’époque classique permettent d’établir qu’il s’agit d’une production de la cité de Motul de San José (El Petén, Guatemala), pour la vaisselle d’apparat du roi K’inich Lamaw Eek’ (milieu du VIIIe siècle).
  • A propos de deux inscriptions parallèles à Edzná (Campeche, Mexique)
    Dans cet article, l’auteur propose une nouvelle transcription des textes gravés sur deux stèles mayas de l’époque classique : la Stèle 21 et la Stèle 22 d’Edzná, dans l’Etat mexicain du Campeche. Cette transcription permet notamment d’interpréter différemment la datation de ces monuments monolithiques, faisant de la Stèle 22 le plus ancien monument daté dans ce site. Elle met d’autre part en évidence un toponyme qui apparaît comme ayant probablement été le nom ancien de cette cité, distinct de l’emblème connu par ailleurs pour être celui de l’entité politique à la tête de laquelle se trouvait Edzná à l’époque classique.
  • L’art de faire des tableaux dans les écritures aztèque et maya
    Le caractère figuratif des écritures mésoaméricaines implique que les peintres-écrivains aztèques et mayas devaient posséder une bonne connaissance des langues transcrites et des thèmes abordés dans les écrits, ainsi que d’avoir la capacité de savoir allier une fine conscience de la nature à un sens artistique développé, pour faire ressortir de façon suffisamment significative les traits distinctifs des images créées. De nombreux aspects du message étant sous-entendus dans ces écritures et fournis par le contexte, les peintres-écrivains ont fréquemment eu recours à la mise en tableaux, afin de mettre en place les structures formelles les plus claires possibles. Les auteurs se proposent dans cet article d’explorer comparativement les procédés mis en oeuvre dans cette stratégie, chez les Aztèques et chez les Mayas.
Lire aussi : Dossier documentaire Mexique, Monde en Question.

3 septembre 2013

Hommage à Alice GUY


Alice Guy est la première femme cinéaste, mais pas le premier metteur en scène, ce titre revenant à Georges Méliès. Par contre, elle le fut incontestablement chez Gaumont entre 1900 ou 1902 et 1907.

Connue en France sous le nom d’Alice Guy et aux États-Unis sous celui d’Alice Blaché, le nom de son mari, ou celui d’Alice Guy-Blaché, elle fut oubliée puis redécouverte.

L’essentiel des connaissances la concernant a longtemps reposé sur son autobiographie (1976) et la biographie de Victor Bachy (1993) car les histoires du cinéma se résument à de pauvres informations :

Le premier film de Gaumont, Les méfaits d’une tête de veau, réalisé par Alice Guy.
Ce film fut réalisé par Ferdinand Zecca en 1903 selon Gianati et en 1904 selon Sadoul et McMahan.
Maurice BARDÈCHE et Robert BRASILLACH, Histoire du cinéma 1. Le cinéma muet, Denoël et Steele, 1935 réédition Livre de poche, 1964 p.12

[Léon Gaumont] entreprit l’enregistrement de petites bandes, dont sa secrétaire Alice Guy assumait la responsabilité. La première de ces bandes, quelque peu enfantine, fut La fée aux choux. Cette production se développa rapidement, Alice Guy abordant des sujets moins sommaires, empruntés au répertoire littéraire et théâtral ou à l’histoire ; certains de ces sujets, comme La Esmeralda et surtout La Passion, firent sensation.
L’auteur ne donne aucune date. La fée aux choux fut réalisé en 1900 et apparaît dans le catalogue Gaumont en 1901.
C’est sous la direction d’Alice Guy qu’était née la production de films dans les studios Gaumont, aux Buttes-Chaumont.
Vers 1900 Gaumont fait construire une petite verrière pour tourner les films, puis en 1905 les studios où Alice Guy tourna l’essentiel de ses films jusqu’en 1907.
René JEANNE et Charles FORD, Histoire illustrée du cinéma 1. Le cinéma muet 1895-1930, Robert Laffont, 1947 réédition Marabout 1966 p. 22, 31

Victorin Jasset fut appelé par Gaumont à collaborer avec Alice Guy pour diverses mises en scène.
Secrétaire de Léon Gaumont à partir de 1894, Chargée par lui de la mise en scène de ses studios après 1898. Réalise notamment, 1900 : La fée aux choux […]
La première femme metteur en scène, Alice Guy contribua beaucoup à élaborer le style qui caractérisa jusqu’à 1920 la firme Gaumont, et son œuvre aux États-Unis fut considérable.
Georges SADOUL, Histoire du cinéma français 1890-1962, Flammarion, 1962 réédition 1981 p.16, 193

1898 – Films de l’année : en France, La Passion (Alice Guy).
1901 – Autres films de l’année : en France, Folies masquées, Hussards et grisettes, (Alice Guy).
1902 – Autres films de l’année : en France, Sage-femme de première classe, (Alice Guy).
1903 – Films de l’année : en France, Les chats boxeurs (Alice Guy).
1906 – Films français,, La naissance, la vie et la mort du Christ (Alice Guy et Victorin Jasset), J’ai un hanneton dans mon pantalon (Alice Guy).
L’auteur présente bien Alice Guy comme une réalisatrice, mais ne cite que quelques films et selon une chronologie peu sûre. Alice Guy fera très tardivement son entrée dans l’Encyclopædia Universalis.
Philippe d’HUGUES, Almanach du cinéma 1. Des origines à 1945, Encyclopædia Universalis, 1992 p.31, 34, 35, 37, 43

L’hagiographie remplaçant aujourd’hui l’oubli d’hier, tout le monde répète les mêmes propos sans jamais les vérifier. Il faut attendre 2010 pour qu’un historien croise les données publiées avec des sources diversifiées :

Le travail de Maurice Gianati pour établir la filmographie d’Alice Guy est assez exemplaire du point de vue méthodologique puisqu’il croise histoire et archéologie. Tout a été passé au peigne fin, format de pellicule, catalogues, presse, correspondances personnelles et courriers professionnels pour établir une filmographie qui aujourd’hui semble être la plus proche de la réalité. Si ce travail fait apparaître que Méliès est "l’inventeur" du film de fiction, Alice Guy n’en est pas moins la première femme cinéaste du monde et apparaît comme l’instigatrice de la politique de production de la maison Gaumont 1905-1907 avant de partir avec son mari le réalisateur Herbert Blaché (1882-1953) s’installer aux États-Unis, où le couple fut chargé par Léon Gaumont de la promotion du chronophone.
Conférence (2010)Livre (2012)

La difficulté de réaliser une filmographie fiable (titre et date) tient à plusieurs raisons :
  • Le générique d’un film, indiquant les personnes qui ont participé à la création de l’œuvre, n’apparut que très progressivement à partir des années 1910 et s’imposa à partir des années 1930 avec l’apparition du star system.
  • Jusqu’en 1907, les films étaient vendus aux exploitants itinérants. En 1909, les sociétés de productions européennes et américaines décidèrent de cesser la vente des films et de les louer uniquement aux exploitants en salle. La plupart des films antérieurs à cette date échouèrent donc dans les brocantes puis à la poubelle.
  • À partir des années 1930 sont créées les cinémathèques nationales pour assurer la conservation et la restauration des films. Elles ne seront efficientes que dans les années 1970 après la création de l’American Film Institute (1967) et l’Anthology Film Archives (1970).
  • Le support des films est très fragile. La majorité des films, réalisés jusqu’en 1951, a été fabriquée sur une pellicule à base de nitrate, extrêmement inflammable. La pellicule acétate est nettement moins inflammable, mais se décompose. La seule solution pour sauver un film est alors d’en tirer une copie.
Pour toutes ces raisons, on estime que seulement 90 à 85% des films muets et un pourcentage important de films sonores d’avant 1950 sont irrémédiablement perdus.

Les féministes ont créé la légende d’une victime parce que femme – sempiternel discours qui déresponsabilise les femmes de leur destin – sans avoir lu Alice Guy. Elle ne revendiqua que la place qu’elle a aujourd’hui grâce à la découverte de films perdus :

Je ne revendique que le titre de première femme metteur en scène auquel je fus seule, pendant 17 ans, a avoir droit. La seconde femme metteur en scène fut une Americaine, Mrs. Smalley qui a travaillé d’abord sous nos ordres à Flushing pour le parlant.
Lettre d’Alice Guy à Louis Gaumont le 5 janvier 1954.

Parmi tous les films disponibles via YouTube celui-ci est particulièrement important car il montre Alice Guy en train de diriger la mise en scène (film dans le film) d’une phonoscène dans les studios Gaumont construits en 1905.


Alice Guy a réalisé beaucoup de films sur la danse. Celui-ci (non daté) s’inspire de Loïe Fuller, célèbre à l’époque pour les voiles qu’elle faisait tournoyer dans ses chorégraphies.


09/09/2013
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Bibliographique :
Serge LEFORT, Dossier documentaire Alice GUY, Monde en Question.
Générique
• Nora THOES, Damian PÉREZ, The Film before the Film, Vimeo.
Ce court-métrage retrace en une dizaine de minutes l’évolution du générique de film au cours de l’histoire du cinéma. L’occasion de rendre hommage à ses précurseurs et au travail de certains de ses maîtres.
Alexandre TYLSKI, Le générique de cinéma – Histoire et fonctions d’un fragment hybride, Presses Universitaires du Mirail, 2009.
Cet ouvrage de synthèse comporte une partie historique retraçant l’évolution des génériques, des débuts du cinématographe à nos jours. La partie théorique propose quant à elle une réflexion de fond sur le rôle joué par le générique de film, tout en fournissant au lecteur des références bibliographiques solides.
Conservation et restauration des films
• Liens Conservation des films, BNF.
• Bibliographie Conservation et restauration des films, Reto Kromer.
• Conférences Conservation et restauration des films, Canal-U.

Lire aussi :
Revue de presse Cinéma 2013, Monde en Question.
Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.

2 septembre 2013

Hommage à Michel PICCOLI


Acteur dans plus de 200 films depuis 1949. Après des débuts au théâtre, on le remarque dans les années 1950 chez Renoir (French Cancan), Pierre Chenal (La bête à l’affut, Rafles sur la ville) avant qu’il ne s’impose définitivement la décennie suivante. Buñuel lui restera fidèle avec Le journal d’une femme de chambre, Belle de jour, Le charme discret de la bourgeoisie. Godard lui confie un des rôles principaux du Mépris, avec Brigitte Bardot. Il devient le modèle de l’homme mûr chez Marco Ferreri (Dillinger est mort, La grande bouffe), Claude Sautet (Les choses de la vie, Max et les ferrailleurs). Il y invente des personnages où, derrière une apparente quiétude, se cache le vertige de la folie. Il compose par ailleurs, chez les grands poètes du cinéma contemporain (Manoel de Oliveira, Leos Carax), des figures inoubliables et incroyablement diverses.

du 4 septembre au 4 octobre 2013, La Cinémathèque française.

Dossiers :
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Lire aussi :
Revue de presse Cinéma 2013, Monde en Question.
Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.