6 octobre 2017

Les sciences en crise

Bibliographie sciences

Depuis quand la reproductibilité est elle un critère fondamental pour la science ? La complexité, la spécificité, la précision des méthodes rend-elle plus difficile la reproduction ? Les disciplines sont-elles égales face à ce problème ?

La semaine dernière, la revue Peer Review Week organisait la semaine de l'évaluation, le système qui régit les principales revues scientifiques, sur le thème de la transparence. Or depuis plusieurs années, de nombreux domaines de recherche, et notamment les sciences expérimentales, traversent une crise dite de la "reproductibilité". Soit l'incapacité d'aboutir à des résultats similaires en reproduisant une expérience ou une manipulation dans des conditions similaires. Quel contrôle exercer sur les publications ? Faut-il revoir la démarche expérimentale ? Ou, à l'inverse, la reproductibilité est-elle non seulement possible mais surtout nécessaire ?

Pourquoi les chercheurs ont-ils tant de mal à se reproduire ?, France Culture.

Lire aussi :
Pierre-Henri Gouyon : "Il y a une complicité de fait entre lobbyistes et scientifiques", Regards.
Benjamin SOURICE, Plaidoyer pour un contre-lobbying citoyen, ECLM, 2014 [Texte en ligne].
Dossier documentaire Sciences, Monde en Question.
Dossier documentaire Épistémologie, Monde en Question.

4 octobre 2017

L'influence de Washington sur Hollywood

Bibliographie cinéma


Les dossiers que nous avons obtenus, pour la plupart via des requêtes FOIA [Freedom of Information Act] démontrent qu'entre 1911 et 2017, plus de 800 films ont reçu un soutien du Département de la Défense, un chiffre bien plus élevé que dans les estimations publiées jusque là. Ces films comprennent des franchises à grand succès comme Transformers, Iron Man et Terminator.

A la télévision, nous avons découvert que 1 100 titres ont reçu une aide du Pentagone - 900 depuis 2005 -, de Flight 93 à Convoi de l'extrême et Army Wives.

Si nous comptons aussi des épisodes de séries comme 24, Homeland et NCIS, et l'influence d'autres organisations majeures comme le FBI et la Maison-Blanche, nous pouvons établir avec assurance pour la première fois que les différents organismes de l'appareil washingtonien ont influencé des milliers d'heures de divertissement.

Lire la suite... Entelekheia.

Lire aussi :
Erwan BENEZET, Barthélémy COURMONT, Washington et Hollywood : l'arme fatale ?, Revue internationale et stratégique, 2004.
Nolwenn MINGANT, Hollywood et le département d'Etat : une liaison dangereuse ?, Géoéconomie, 2011.

Jean-Michel VALANTIN, Hollywood, le Pentagone et Washington - Les trois acteurs de la stratégie mondiale, Autrement, 2003 réédition Hollywood, le Pentagone et le monde - Les trois acteurs de la stratégie mondiale, Autrement, 2010 [Cliothèque - Politique étrangère - Questions de communication].
Erwan BENEZET, Barthélémy COURMONT, Hollywood-Washington - Comment l'Amérique fait son cinéma, Armand Colin, 2007.
Matthew ALFORD, Tom SECKER , National Security Cinema - The Shocking New Evidence of Government Control in Hollywood, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2017 [Spy Culture - Intelligence Agencies and Popular Culture - YouTube].

Dossier documentaire Propagande, Monde en Question.
Cinémathèque, Ciné Monde.
Dossier documentaire Cinéma - Livres, Monde en Question.
Index Cinéma (Tous les dossiers), Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.

2 octobre 2017

La thèse des racines grecques et de l'identité chrétienne du monde occidental

Bibliographie histoire


On sait qu'à la parution de cet Aristote au Mont-Saint-Michel, des organes de presse éminents (Le Monde, Le Figaro, etc.) ont applaudi ce qu'ils ont appelé une thèse courageuse, alors que la plupart des médiévistes, rappelant, comme le font ci-après Jean Jolivet et Abdelali Elamrani-Jamal, que cette thèse remontait à Renan, se sont indignés qu'on puisse faire abstraction des acquis de plus d'un siècle d'études médiévales. Essayons d'abord de préciser de quelle thèse il s'agit. Là encore, il faut lire attentivement le livre et ne pas se contenter des articles qui lui ont été consacrés ou des propos modérés de la quatrième de couverture.

Dans son introduction Sylvain Gouguenheim déclare qu'il va discuter ce qu'il appelle l'"opinion commune" : l'Europe a une dette envers le monde arabo-musulman de l'époque abbasside qui aurait assimilé l'essentiel du savoir grec, l'aurait transmis aux Européens, et ainsi serait à l'origine du réveil culturel et scientifique du Moyen Âge puis de la Renaissance ; corollairement, la pensée, la culture, l'art européens auraient pour origine, au moins partiellement, la civilisation des Abbassides. Gouguenheim souligne alors que l'opinion qu'il va s'efforcer de réfuter contredit la thèse des "racines grecques" et de l'"identité chrétienne" du monde occidental, dont on sait qu'elle n'est pas étrangère à une certaine actualité politique. Il accuse donc certains médiévistes d'avoir mis une "civilisation abbasside" en lieu et place de la civilisation grecque. Si on laisse de côté le fait qu'aucun historien sérieux n'a jamais soutenu une telle opinion, on ne peut refuser a priori une certaine légitimité au fait de la combattre malgré tout.

Mais les choses se compliquent si on compare cette déclaration d'intentions à la conclusion. Gouguenheim y oppose les civilisations chrétienne et islamique : la première "combinait l'héritage grec et le message des Évangiles, l'esprit scientifique et l'enracinement dans une tradition religieuse dont l'Église se voulait garante. L'autre était fille du livre de Dieu, du Livre incréé. Elle était fondamentalement amarrée à son axe central, le Coran". Et il ajoute qu'il existe une "structure intellectuelle propre à la foi chrétienne d'où est né le savoir européen". On comprend alors que Gouguenheim ne se propose pas simplement d'établir que les racines de la civilisation européenne sont grecques et ne doivent rien à peu près rien à la civilisation islamique, mais de montrer que, contrairement au monde occidental, le monde islamique, du fait de sa religion, ne pouvait pas intégrer le savoir grec puis le dépasser. C'est ce qu'il affirme quand il dit que "la façon dont l'héritage grec fut exploité constitue un solide critère d'identification des civilisations médiévales chrétienne et islamique". En fait sa conclusion montre que son objectif, ou l'un de ses objectifs, est finalement d'établir qu'il existe entre ces civilisations une hiérarchie qu'on peut établir à partir de "leur rapport aux textes sacrés et du degré de liberté laissé à la raison humaine".

Même si on n'éprouve pas la moindre sympathie pour un tel objectif, on peut avoir quelque curiosité pour son argumentaire ; pour qu'il réussisse une entreprise aussi risquée, on attend de l'auteur qu'il développe une démonstration habile et particulièrement serrée. Or il faut bien le reconnaître : sur le strict plan de la technique argumentative, la déception est grande.

Les silences sur les faits embarrassants, les incohérences, l'usage de concepts mal définis, les interprétations tendancieuses, les inventions pures et simples, les erreurs factuelles, pullulent. Les règles les plus communément admises du travail universitaire sont bafouées ; quant à celles de la vulgarisation, évoquée par l'auteur dans certaines interviews, elles le sont tout autant.

Nous donnons ci-dessous quelques exemples particulièrement caractéristiques de la rhétorique mise en œuvre dans Aristote au Mont-Saint-Michel. Bien entendu, nombre d'entre eux sont développés dans les contributions qui suivent, auxquelles, alors, nous renverrons pour une démonstration plus serrée.

Max LEJBOWICZ (sous la direction de), L'Islam médiéval en terres chrétiennes - Science et idéologie, Presses universitaires du Septentrion, 2009 [Texte en ligne].

Lire aussi :
Index Géographie-Histoire, Monde en Question.
Dossier documentaire Géo-Histoire globale, Monde en Question.
Dossier documentaire Histoire, Monde en Question.