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6 avril 2003

Kouchner en guerre... contre l'extrême gauche

Dans l'émission Mots croisés du 31 mars, qui avait pour titre « Guerre des religions, terrorisme... L'onde de choc » (tout un programme), Bernard Kouchner s'est clairement positionné aux côtés de Jean-François Coppé, porte-parole du gouvernement, et de Sir John Holmes, ambassadeur de Grande-Bretagne qu'il courtisait, contre l'extrême gauche.

Ce triste médecin des médias, en mal de reclassement (dans une autre émission, il avait fait étalage de son CV et annoncé qu'il était « disponible »), a non seulement osé affirmer que « derrière l'antiaméricanisme se cache l'antisémitisme », mais il s'en est pris aussi violemment à Olivier Besancenot. Il a repris à son compte « l'équation » posée par Patrick Klugman, président de l'Union des étudiants juifs de France : « On dit, nous luttons contre les américains, donc contre l'impérialisme, donc contre le sionisme, donc... contre les juifs ».

Extrait du dialogue :

  • Kouchner : Eux aussi ont autorisé, par l'excès d'un certain raisonnement gauchiste, ces dérapages.
  • Besancenot : Toutes les organisations, parce qu'elles sont responsables, se sont réunies pour faire le ménage. Parce que l'antisémitisme, le racisme, je le redis ce soir, ne peut pas être dans le camp de la paix.
  • Intermède Coppé
  • Kouchner : Je voulais dire à Olivier Besancenot que ce qu'il a dit non seulement n'est pas convaincant, mais très dangereux et très partial. Vous avez fini par dénoncer Bush, bravo. Mais vous n'avez pas dénoncé Ben Laden. Vous n'avez pas dénoncé Saddam Hussein. Il faut, Olivier Besancenot...
  • Besancenot : Soyez sérieux...
  • Kouchner : Non, je ne veux pas être sérieux. Je veux être plus que sérieux, je vous le demande... Dans une même phrase dénoncez-le au moins.
  • Arlette Chabot change de sujet


Une fois de plus, Besancenot n'a pas profité de la tribune offerte par une émission de télévision pour dénoncer la guerre coloniale de Sharon en Palestine et de Bush en Irak, pour se solidariser avec les peuples palestiniens et irakiens, pour dénoncer les provocations sionistes dans les manifestations à Paris et le racisme contre les arabes. Au contraire, il a cédé à l'odieux chantage d'organisations juives réactionnaires en leur donnant des garanties « pour faire le ménage », c'est-à-dire interdire les références au conflit israélo-palestinien.

« Le camp de la paix », auquel il participe, sert finalement les intérêts de l'impérialisme américain selon la logique de la division du travail : les armées anglo-américaines détruisent les infrastructures du pays (notamment l'approvisionnement en eau potable pour contraindre la population à passer des heures à chercher de l'eau et à la purifier ou à la quémander auprès des troupes d'occupation), les entreprises américaines se partagent déjà les contrats les plus juteux de la « reconstruction » et les autres pays se partageront, via l'ONU, les miettes de « l'aide humanitaire ».

Serge LEFORT
5 avril 2003