Depuis la chute du communisme en 1991, la Géorgie apparait comme un double symbole géopolitique : d’une part comme celui de l’avancée américaine en zone post-soviétique, d’autre part, comme celui du déclin de la puissance russe dans sa zone de domination historique. Globalement, la Géorgie est le symbole de l’extension post-guerre froide de la sphère euro-atlantique, doublement centrée sur la compression de la puissance russe et le contrôle des ressources énergétiques. Cela s’inscrit, sur long terme, dans une stratégie américaine structurellement anti-russe et visant à réduire l’influence eurasienne de Moscou par l’intégration des ex-républiques soviétiques.
Aujourd’hui, cet Etat post-soviétique se retrouve au cœur d’une lutte pour le contrôle de l’Eurasie, zone stratégique pour la domination du monde.
La Géorgie apparait véritablement comme un pivot géopolitique dans la stratégie américaine du “rôle back” (reflux) de la puissance russe, prônée par Brzezinski.
La Géorgie (avec l’Ukraine et l’Azerbaïdjan) espère bientôt intégrer le bloc occidental par le biais des institutions de l’UE et de l’Otan. Et c’est surtout cette intégration à l’Otan que redoute Moscou, dans la mesure où elle élargirait la zone d’intervention potentielle de l’Otan - bras armé de l’Amérique - aux portes de la Russie.
En définitive, c’est le statut post-impérial de la Russie qui se joue. Depuis la phase post-communiste, la Russie cherche d’une part à s’insérer dans le nouvel Ordre mondial qu’elle espère “plus juste” et d’autre part, à reconstruire son identité internationale. Mais face à l’hostilité américaine, elle veut garder un droit de regard sur son espace périphérique, source potentielle d’instabilités politique et sécuritaire. Cela explique et justifie son acharnement à défendre les causes ossète et abkhaze, au nom de principes moraux supérieurs et ce, quels qu’en soient les coûts. Sa survie, et son retour comme grande puissance, en dépendent.
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22 septembre 2008
Revue de presse Géorgie-Adjarie-Abkhazie-Ossétie
GÉRONIMO Jean, Géorgie : le point de non retour, Mondialisation
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