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27 octobre 2008

Conséquences sociales de la crise

Revue de presse française, NouvelObs
Libération
La domination mondiale des idées libérales, à l'oeuvre depuis les années 80, arrive à un crépuscule. La chute des banques et de la Bourse en sont les symboles ; la progression des injustices à l'échelle planétaire en est le facteur principal et la récession qui commence le catalyseur. Partout les idées d'intervention publique, de régulation écologique et sociale, de solidarité et de volontarisme industriel sont à la hausse. La gauche française, qui a mis si longtemps à se convertir au réalisme, se trouve prise à contre-pied. Elle se rallie sur le tard à une économie de marché qui se précipite dans la crise. Ses électeurs en tirent les conséquences. (...) les principes les plus classiques de la social-démocratie, ceux qu'on disait dépassés par la mondialisation, sont plébiscités massivement. Dans le même mouvement, l'anticapitalisme radical renouvelé par l'altermondialisme trouve des soutiens croissants. La crise déplace les lignes vers la gauche. (...) La demande de justice sociale et d'action collective (...) ne pourra déboucher sans une stratégie nouvelle et un projet inédit.
Commentaires : Libération fut un acteur particulièrement propagandiste du néo-libéralisme. Lire :
• RIMBERT Pierre, Il y a quinze ans, « Vive la crise ! », Le Monde diplomatique
• "Vive la crise" : une pédagogie de la soumission, Là-bas si j'y suis
• MALER Henri, Libération, d'un Joffrin à l'autre, Acrimed

Ouest France
Face au risque de gangrène qui menace le corps de l'économie française, Nicolas Sarkozy, est contraint (de) changer radicalement de registre. Pourfendre avec brio les errements coupables du capitalisme financier à Toulon, New York ou Pékin est une chose. Répondre, concrètement, à l'angoisse du salarié licencié sans sommation et sans justification acceptable à Niort, Saint Brieuc, ou Segré en est une autre. Stigmatiser les spéculateurs sans visage, et à l'abri dans leurs paradis fiscaux, est à la portée du premier imprécateur venu. Réparer la casse humaine et sociale provoquée par la boulimie cynique des faux monnayeurs de la finance mondiale relève d'une expertise autrement plus délicate. Quand le chômage et le pouvoir d'achat menacent de plonger vers les abysses, sous les coups d'un agresseur d'autant plus odieux qu'il est anonyme, la dénonciation des dérives ravageuses du capitalisme n'est qu'une lointaine et maigre consolation, si elle en est une. Nicolas Sarkozy va devoir abandonner sa robe d'avocat imprécateur pour enfiler le bleu de chauffe, à domicile.

L'Union
Le candidat Sarkozy avait, fin 2006, lancé le volet social de sa campagne présidentielle avec la désormais célèbre évocation de " la France qui souffre mais veut vivre debout ". (...) Presque deux ans plus tard, la France va toujours debout, mais ceux qui souffrent courbent de plus en plus l'échine. Et les répercussions de la crise financière mondiale sur l'économie réelle qui s'annoncent - qui a pu penser sérieusement que cet ouragan balaierait les gros et épargnerait les petits ? - ont de quoi faire froid dans le dos à ceux qui peinent chaque mois pour joindre les deux bouts. (...) Maintenant, les Français attendent des actes. Il fallait des milliards pour sauver les banques ? C'est fait, même à contrecoeur. alors En contrepartie, les citoyens attendent aussi des milliards pour l'emploi, le pouvoir d'achat, les retraites, la santé, l'éducation, l'entreprise, la solidarité nationale, l'aménagement du territoire, etc. Bref, pour sauver la France, un plan de la même envergure que celui concocté pour sauver les banques"


Chômage technique chez les constructeurs automobiles français, Agences - France Info
Renault, Peugeot, Citroën... Les constructeurs automobiles français sont rattrapés par la crise. Ils ont annoncé en fin de semaine dernière des périodes de chômage partiel, sur la plupart de leurs sites. Objectif : réduire la production, pour faire face au ralentissement du marché.


De la crise financière à la crise sociale, Boulevard Exterieur
Le directeur général du BIT Juan Somavia se montre pressant : « Nous avons besoin d’une action rapide et coordonnée des gouvernements pour prévenir une crise sociale ». Après la crise financière puis la crise économique, la crise sociale ? Ces derniers temps, une succession de rapports et études de fond venant de tous horizons se sont penchés sur les évolutions des structures sociales sous l’effet du marché et de la dérégulation. Comme si la crise avait fait ressurgir les craintes que de fortes tensions sociales en germe depuis des années éclatent aujourd’hui. Les conclusions ne sont guère optimistes.
Article court, mais documenté.


Jean Ziegler : pour un "tribunal de Nuremberg" de la crise, Rue89
Le nouveau livre (Haine de l’Occident) de celui qui est aujourd’hui membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l‘homme de l’ONU, est un ouvrage dense, étayé de faits recueillis durant son activité à l’ONU.

Et Ziegler de resituer les quatre systèmes de domination de l’Occident au long des siècles: les conquêtes, l’esclavage et la traite, la colonisation et enfin "l’actuel ordre du capital occidental globalisé". Ces dominations terribles, auxquelles on ajoutera les actuels refus de repentance, de réparations et la confiance toujours indélébile du Nord envers l’idéologie libérale, c’est ce qui, pour Ziegler, a irrémédiablement rouvert la blessure.

La crise, pour Ziegler, c’est la révélation des "haines raisonnées". Des haines réfléchies, travaillées au Surmoi, et débarrassées des intégrismes dogmatiques. Qui viennent d’un "refus organisé et collectif à l’ordre meurtrier du monde". Ce peut être la victoire d’une rupture mémorielle (victoire électorale de Morales, premier président indien depuis 500 ans en Bolivie, pays essentiellement indien). Ou "une force historique qui va changer le monde".

Certes, la crise financière perpétue, cyniquement, la mainmise du libéralisme sur le monde, puisque ce système tente de s’établir comme son propre remède.

"La haine de l’Occident", ce ne sont pas que des chiffres, des faits et des cris. C’est, aussi, des ponts entre économie, militantisme et culture. Ce n’est pas le moindre des mérites du Suisse, ici, que de sans cesse illustrer ses bilans et ses dénonciations avec des penseurs, ou des poètes.

Écouter ou lire :
• La Haine de l’Occident - Entretien avec Jean Ziegler , Là-bas si j'y suis
• "La Haine de l'Occident", de Jean Ziegler : les fâcheuses approximations du Savonarole suisse, Le Monde
• Commentaires (payants) d'abonnés du Monde
• La haine de l'Occident : les raisons de ce désamour, IRIS
• Des temps de haine, A vue d'esprit — Radio Suisse Romande
• La haine de l'Occident (1), Contre-Feux
• La haine de l'Occident (2), Contre-Feux


Les conditions de travail aujourd’hui, Fondation Copernic
Entretien de Michel Gollac (sociologue au CREST et au Centre Maurice-Halbwachs) et Serge Volkoff (directeur de recherches au Centre d’études de l’emploi et animateur du Centre de recherches ergonomiques sur l’âge et les populations au travail, CREAPT) réalisé par Hélène Degoy, Louis Weber et Laurent Willemez.

Le travail change : évolutions techniques et organisationnelles, nouvelles formes d’emploi et de gestion des carrières. Quelles sont les conséquences de ces évolutions sur la santé physique et mentale des salariés, au long de leurs parcours professionnels ? Quels sont les principaux facteurs de diversité des conditions de travail, entre catégories sociales, entre grands secteurs de l’économie, entre les âges et les sexes ? Va-t-on vers une amélioration des conditions de travail sous l’effet du progrès technique ou vers une détérioration générale ? Michel Gollac et Serge Volkoff, dont l’ouvrage Les conditions de travail aujourd’hui vient d’être actualisé et réédité (coll. Repères, La Découverte, 2007), répondent ici à nos questions.

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