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3 octobre 2008

Crise ou crises ?

Revue de presse française, NouvelObs
LE PROGRES DE LYON
Ca y est, le gros mot est lâché: récession. Du bout des lèvres, certes, et seulement par l'Insee. Il n'empêche, on y est. L'Insee annonce le même jour une hausse du chômage. Et pour ceux qui douteraient encore, qui auraient l'illusion d'observer de loin la dépression des autres, Jean-Claude Trichet enfonce le clou: la crise est d'une ampleur jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale. Récession, chômage, guerre... Les mots s'empilent et s'entrechoquent, les mots font peur.


Récesssion, un mot tabou, Le Monde - Dailymotion
Récesssion, C dans l'air - France 5
«Récession» ? Où ça ?, Libération
Le gouvernement et la majorité UMP ont tenté hier soir de minimiser les chiffres de l’Insee prévoyant une baisse de 0,1 point au troisième trimestre, après 0,3 point de baisse au deuxième trimestre, synonyme de récession – la récession est le plus souvent définie par au moins deux trimestres consécutifs de recul du PIB.


REBOUR Thierry, Crise ou crises ?, Cafés Géographiques
Depuis quelques mois, l’économie mondiale est entrée dans une phase de crise. Tout a commencé aux Etats-Unis par la crise immobilière dite des subprimes, laquelle s’est propagée vers l’Europe assez rapidement. Une forte inflation, en particulier des matières premières, coexiste avec une déprime paradoxale des prix industriels apparemment d’origine structurelle. En outre, des crises financières récurrentes qui vont de bulles spéculatives en krach secouent les indicateurs économiques mondiaux depuis plusieurs dizaines d’années.
En réalité, il s’agit de l’interaction de plusieurs crises au tempo différent :
une dépression longue qui touche essentiellement les pays développés depuis plus de 40 ans, où prix et volumes divergent à long terme ;
une crise de surproduction (ou/et de sous-consommation), conséquence de la précédente, liée à un ajustement par le bas des revenus du travail dans le monde à cause de la concurrence internationale entre pays de niveau de développement très différent ; enfin une crise financière, de court terme mais dont les racines sont pluridécennales et dont la conséquence se manifeste par un surinvestissement sur les marchés des matières premières, en particulier les marchés à terme.

La crise courte inflationniste qui résulte en partie de la crise des subprimes est, en fin de compte, une conséquence à long terme de la Crise des pays développés. C’est la logique inverse de la dynamique économique dans une partie du monde et dans l’autre qui en est la cause. Dans les pays développés, où le capital tente de contrecarrer les rendements décroissants par une baisse des volumes, la conséquence ultime en est pénurie et inflation. Dans les pays en voie de développement, les rendements croissants mêlés aux inégalités provoquent surproduction et déflation. La stratégie de fuite du capital des pays développés vers les pays sous-développés - en réponse à la crise longue des premiers - fait ainsi s’affronter deux logiques économiques strictement inverses. Aucune politique économique néo-classique n’est plus alors capable d’inverser ce processus.


RAMONET Ignacio, La crise du siècle, Mémoire des luttes
Le croulement de Wall Street est comparable, dans la sphère financière, à ce qu’a représenté, dans le champ géopolitique, la chute du mur de Berlin. Un changement de monde et un tournant copernicien. Selon Paul Samuelson, Prix Nobel d’économie : « Cette débâcle représente pour le capitalisme ce que la chute de l’URSS a été pour le communisme. » Une phase s’achève qui avait commencé, en 1981, par la formule de Ronald Reagan : « L’Etat n’est pas la solution, c’est le problème. »

L’administration néolibérale du président Bush a été contrainte de renier ce dogme. Et de faire appel, massivement, à l’intervention de l’Etat. Les principales entités de crédit immobilier, Fannie Mae et Freddie Mac, ont été nationalisées.

On fait payer aux pauvres les excentricités irrationnelles des banquiers, en les menaçant, au cas où ils rechigneraient à payer, de les appauvrir davantage.
Malgré les réticences du Congrès, l’Administration américaine ne regarde pas à la dépense à l’heure de venir à la rescousse des « banksters » (banquiers gangsters). Il y a quelques mois, le président Bush a refusé de signer une loi qui offrait, pour un montant de 4 milliards d’euros, une couverture médicale à neuf millions d’enfants pauvres. « Une dépense inutile. », selon lui. Aujourd’hui, pour aider les ruffians de Wall Street, rien ne lui semble suffisant. C’est le monde à l’envers : le socialisme pour les riches, et le capitalisme sauvage pour les autres.

Une telle débâcle se produit à un moment de vide théorique total des gauches européennes. Qui se retrouvent dépourvues de « plan B » pour tirer parti de la déconfiture. En particulier la social-démocratie, elle-même largement contaminée par les thèses néolibérales, et qui semble en état de choc, prise au dépourvue par la crise.


Eclairage : la France, l'économie et la financiarisation depuis 1970, La Forge - Think Tank
Celia FIRMIN, économiste, revient dans cet article sur la financiarisation du capitalisme en France et en Europe à l’oeuvre depuis les années 70. Un éclairage indispensable dans le contexte de la crise actuelle de ce capitalisme financier.


Bienvenue à bord du Titanic financier !, Là-bas si j'y suis
Entretien avec Frédéric Lordon autour de la crise venue d’Amérique qui s’approche à grands pas de l’Europe. Mais, comme le nuage de Tchernobyle, elle contournera bien sûr l’Hexagone !

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