LE COURRIER PICARD
Les marchés boursiers n'en sont déjà plus à la crise des banques ; ils n'en sont plus à un manque de confiance. Ils en sont maintenant à une panique généralisée, à un raz-de-marée dont on ne sait où il va s'arrêter. La stratégie aujourd'hui est de tout mettre à l'abri, comment à l'approche d'un cyclone. C'est que, cette fois, la crise n'est plus due à un sentiment diffus de méfiance. Elle s'appuie sur des données objectives, qui sont du coup d'autant plus inquiétantes, et qui démontrent que la récession est bel et bien là. Le mécanisme est implacable : les banques souffrent, et souffriront encore. (...) La catastrophe enregistrée ces jours derniers sur les places boursières risque donc de n'être qu'un hors d'oeuvre de ce qui nous attend dans tous les domaines de la vie économique.
L'UNION
Prétexter que l'annonce d'une récession justifie la nervosité persistante des marchés est la dernière pitrerie des bouffons. Cela fait longtemps que les décideurs en sont conscients et s'entendent sur le diagnostic. Même s'ils ont l'art de manier la langue de bois, ce qui leur a interdit d'employer le mot qui douche les espérances, ils n'en pensent pas moins.
L'EST REPUBLICAIN
Personne n'ose encore prédire la fin du séisme. Mais sur les ruines fraîches d'un monde déjà vieux, la bataille des mots en “isme” se prépare. En clôture du sommet de Bruxelles, Nicolas Sarkozy a réitéré son appel à une refondation du système financier mondial. Décidé à porter l'avantage européen face à une administration Bush fantôme, le chef de l'Etat veut sans tarder réunir un cénacle extraordinaire à New York, capitale du désastre. Première victime annoncée : l'ultra-libéralisme et sa croyance absolue dans l'autorégulation des marchés. On voit mal comment l'Union européenne n'imposerait pas sa conception, faite de contrôles et de garde-fou. (...) Le tsunami financier doit être une occasion de pousser l'intégration via un vrai gouvernement économique. La route s'annonce longue.
Nervosité sans précédent des marchés face à une crise appelée à durer, AFP - Yahoo! Actualités
Les “hedge funds” (les fonds spéculatifs) sont au banc des accusés, avec leurs actifs évalués à 1.800 milliards de dollars. "Une partie de cette industrie est en train de mourir, peut-être la moitié", insiste Eric Galiègue: "Et ils liquident leurs actifs en catastrophe, dans une peur animale".
Loin d'être passagère, la récession provoquée dans les pays riches par la crise financière "durera plus d'un an, entre un an et un an et demi", a affirmé vendredi le chef du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Kemal Dervis.
Et "le plus dur reste à venir", ont renchéri les économistes de BNP Paribas à Paris.
Les Etats-Unis envisagent un plan de relance économique qui pourrait être adopté avant même l'entrée en fonction du prochain président en janvier.
La présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a demandé au Congrès de se réunir juste après la présidentielle du 4 novembre pour étudier un plan pour "reconstruire l'Amérique", d'un montant de 150 milliards de dollars.
Face à cette crise, les appels se multiplient pour une réforme profonde du système financier international, à l'image de ce qui avait été décidé à Bretton Woods en 1944. Et les Européens demandent un sommet associant le G8 et les grands pays émergents.
Quant aux représentants des patronats français, allemand, anglais, italien et américain, réunis vendredi à Paris, ils ont vigoureusement défendu le libre-échange, appelant les Etats à cesser leurs interventions dans l'économie une fois la crise internationale passée.
La crise fait aussi des heureux. Ainsi, le milliardaire américain Warren Buffett multiplie actuellement les coups boursiers: "A court terme, les mauvaises nouvelles (économiques) sont les meilleures amies de l'investisseur. Elles vous permettent d'acheter au rabais", expliquait-il vendredi.
Goldman Sachs : une influence potentielle sur le plan de renflouement ?, Chronique Agora
Le gang Goldman -- plusieurs dirigeants de Goldman Sachs sont aux plus hauts postes financiers de la planète -- peut désormais décider de la composition du secteur financier américain. Vous ne le croirez pas -- nous avons nous-même du mal à le croire -- mais Gretchen Morgenson a déclaré dans le New York Times que la décision de sauver AIG avait été prise par un très petit groupe. Non seulement un récent directeur de Goldman était présent -- Hank Paulson -- mais le PDG actuel de la firme, Lloyd Blankfein, y était aussi -- le seul représentant de Wall Street. L'article continuait en expliquant que Goldman Sachs avait pas mal d'argent en jeu dans AIG -- environ 20 milliards de dollars.
Caisse d'Epargne : trois traders avaient parié sur une hausse de la Bourse, NouvelObs.com
Trois traders sont responsables de la perte de 600 millions subie par la Caisse d'Epargne. Ils ont parié sur un "rebond de la Bourse" juste avant qu'elle ne chute brutalement le 6 octobre et qui ne sont pas arrivés à se "refaire", a raconté vendredi 17 octobre à l'AFP un proche de l'Ecureuil.
"Ils ont joué le rebond de la Bourse et la baisse de la volatilité" des marchés, mais les Bourses ont chuté lundi 6 octobre.
Commentaires : Les traders jouent les millions des épargnants comme au casino.
La ministre de l'Economie Christine Lagarde s'était déclarée dans la journée, "particulièrement frustrée et découragée" par l'annonce d'une perte de 600 millions d'euros à la Caisse d'Epargne, qui n'arrive pas "au meilleur moment".
Commentaires : La réaction de la ministre de l'Economie est un encouragement aux traders à jouer encore et encore pendant que...
«Nous, Africains, sommes dans la cale en train de nous noyer», Libération
L’Europe veut parachever la libéralisation des économies africaines. Vous allez nous imposer des partenariats pour pouvoir inonder nos marchés de biens manufacturés qui vont ruiner le peu d’industrialisation que nous avons dans un contexte où les matières premières ne sont pas correctement rémunérées. Vous allez nous imposer la culture des OGM (organismes génétiquement modifiés, ndlr) et des agro-carburants. Vous allez exiger de nous, comme vous l’avez fait du Maghreb, de surveiller vos frontières. Et vous allez obtenir tout cela de nos dirigeants qui ne consultent pas leurs peuples.
Face à la crise, nous sommes tous des naufragés, mais vous européens, vous êtes des passagers de première classe alors que nous, Africains, sommes dans la cale en train de nous noyer. Vous avez conduit le monde dans le mur et refusez d’entendre les cris de détresse des migrants.
La crise, prétexte idéal pour imposer le travail le dimanche, Rue89
En panne d’idées, les commentaires sur le Net des promoteurs de cette dérégulation supplémentaire accusaient de tous les maux de la terre et, tour à tour, les 35 heures, les syndicats archaïques, les vendeurs sur la Toile qui sont pourtant les mêmes enseignes, les mêmes empêcheurs de déréguler en rond.
Avec la crise financière qui a démontré l’importance d’un cadre légal, ces arguments ont d'abord fait flop. Mais, miracle de la stratégie de communication, cette même crise financière a ensuite servi de prétexte à l’idée d’aller chercher la croissance en travaillant le dimanche. Il ne s’agit plus de créer des emplois, mais d’éviter leur destruction.
La réalité est bien différente : la proposition de Richard Mallié ne contient même pas le doublement du salaire avancé comme argument. Luc Chatel se fait d’ailleurs fuyant, puisqu’il répond simplement au journaliste qu’elle prévoit des majorations, là où Xavier Bertrand semble mettre en avant le doublement du salaire.
Une conférence de presse sur le Sommet d'Asie-Europe donnée à l'ambassade de France, Le Quotidien du Peuple
Selon M. Ladsous (l'ambassadeur français en Chine), la lutte contre la crise financière sera au premier plan du Sommet d'Asie-Europe. Il s'agit de la première conférence où les dirigeants des pays asiatiques et européens se réuniront pour discuter des moyens à adopter pour lutter contre la crise financière mondiale.
La crise économique vue de Chine, Aujourd'hui la Chine
Chute des marchés boursiers, panique à tous les étages... La crise financière américaine s'est répandue comme une trainée de poudre dans le monde. Au milieu de la tempête, les acteurs chinois continuent, eux, d'afficher leur calme.
Commentaires : Réalité ou intox ? Beaucoup d'articles, publiés en Europe et aux USA, montrent que le capitalisme chinois se porte bien : La Compagnie financière de Rothschild s'allie avec la Bank of China, Radio86 - Tout sur la Chine.
La crise financière, un mois déjà, L'Express
La faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre, a déclenché une véritable panique sur les marchés boursiers. Un mois plus tard, le calme n'est toujours pas revenu sur les Bourses. Et la crise financière se propage à l'économie réelle.
Commentaires : Le feuilleton de l'automne scénarisé par les médias.
MONNET Éric, Le retour de la Grande Dépression ?, Nonfiction
Libération et Le Monde ont tous les deux publié la semaine dernière des dossiers éclairants ; le premier faisant appel à l'historien Patrice Baubeau, le second proposant une comparaison avec cinq crises majeures du Xxe siècle (la panique bancaire de 1907 aux USA, le krach de 1929, la faillite des caisses d'épargnes des USA en 1987, l'éclatement de la bulle immobilière en Europe au début des années 1990, et la crise japonaise des années 1990). D'autres crises auraient pu apparaître dans cette étude - l'hyperinflation allemande de la république de Weimar, la crise mexicaine de 1994, la crise asiatique de 1997- puisque le capitalisme n'a cessé d'être rythmé par de tels chocs qui se distinguent tous par une crise financière suivie d'une récession économique. Les crises sont même évidemment antérieures au capitalisme – bien que plus rares et sous formes différentes- ; l'émission "La Fabrique de l'Histoire" sur France Culture est consacrée toute cette semaine aux crises financières, de l'empire romain à 1929.
Mais il est beaucoup plus risqué de prétendre établir des points communs avec le passé en ce qui concerne les conséquences de la crise sur l'économie mondiale. Le présent est très différent des périodes précédentes de crise sur le plan institutionnel, politique et économique : l'ampleur mondiale et multisectorielle de la crise actuelle peut en effet la rapprocher de la crise de 1929, mais le développement des systèmes de protection sociale notamment, et la concertation politique internationale empêchent d'imaginer des conséquences identiques.
• Tout d'abord, la crise actuelle est manifestement une des plus grave connue, du fait de son ampleur (nombre de banques en situation de faillite, montant des pertes) et de sa dimension internationale.
• Il convient cependant de mettre en avant quelques arguments qui rendent très peu probable une réédition dramatique de la Grande Dépression. [...] Aujourd'hui, les leçons de ces erreurs ont été en partie tirées, et les États et les banques centrales semblent beaucoup plus à même d'intervenir pour éviter le pire, même si aucune solution miracle n'émerge pour relancer le système.
• Les conséquences de cette crise seront donc probablement moins sévères, au niveau mondial, que celles de la crise de 1929. Mais la récession économique pourra avoir des effets très divers selon les pays, en fonction de l'état du marché du travail, du système de production, de la capacité d'innovation ou d'intervention publique. Sur le plan international, les conséquences risquent également d'être très différentes. Cette crise survient alors même que les États-Unis, pour la première fois depuis 1945, ne sont plus à même de soutenir à eux seuls le système financier mondial. Il n'y a plus de puissance hégémonique autour de laquelle un nouveau Bretton Woods pourrait être construit. Cette crise remet fondamentalement en cause un modèle de croissance que les États-Unis ont incarné. D'une certaine manière, l'occident connait aussi peut être une crise idéologique ; pour certains comme Joseph Stiglitz, le référent historique le plus judicieux pour comprendre la situation actuelle est ainsi la chute du mur de Berlin (cf l'entretien avec le Huffington Post). Les pays émergents, en premier lieu la Chine, pourraient être les grands gagnants de ces évènements. Sur ce point, la dimension historique de la crise actuelle est autant essentielle qu’insaisissable, et le passé offre peu de prise.
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