Revue de presse française, NouvelObs
LIBÉRATION
La vérité est que l'irresponsabilité des financiers a ruiné leur principal actif, la confiance. Alors, comme aux Etats-Unis, c'est l'argent public qui éteindra l'incendie. Pour sauver la banque, le contribuable paiera. Il en est déjà de sa poche pour un milliard dans le sauvetage de Dexia.
C'est la nationalisation qui est la moins injuste. Ainsi, les banques seront contrôlées par des autorités légitimes et l'Etat gardera la possibilité de rentrer dans ses fonds si la situation se rétablit. Toute autre solution s'apparenterait à une simple spoliation de la population au profit d'une minorité défaillante, qui resterait en place.
LA TRIBUNE
Qu'est-ce que la confiance? Une croyance ou un sentiment? Est-il raisonnable de faire confiance à ceux qui nous affirment que le système financier français est "solide, diversifié et bénéficie du soutien des autorités publiques"? Que la contagion de la crise financière ne va pas affecter nos dépôts bancaires, nos livrets, nos Sicav monétaires ou nos assurances-vie? Sur tout cela reposent la stabilité et la prospérité de notre économie. Or, depuis un an, la confiance dans le système est très gravement atteinte. Quand on voit qu'une banque refuse aujourd'hui de faire confiance à une autre banque, pourtant comparable en réputation, comment faire confiance à sa propre banque ? C'est la question, légitime, que se posent aujourd'hui les clients, particuliers ou entreprises.
LE PROGRÈS DE LYON
Qui connaît Axel Miller ? L'homme gagne à être connu. Il était le patron de la banque Dexia. Il a démissionné hier matin, estimant devoir "prendre ses responsabilités" au moment où l'Etat français et l'Etat belge injectaient plus de 6 milliards d'euros pour sauver la banque et ses clients. "Notre monde a besoin de sens, il faut retrouver quelques valeurs", a expliqué Axel Miller. Et il a quitté le siège de Dexia, à Bruxelles, sous les applaudissements du personnel... Chapeau, Monsieur Miller. Le geste est beau, on veut le croire spontané. On veut croire aussi que vous renoncerez au parachute doré de plus de 3 millions d'euros prévu par votre contrat - le contraire nous décevrait trop. Et l'on gardera de vous cette déclaration d'août dernier: "La banque est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux banquiers". On aurait aimé vous connaître plus tôt, Monsieur Miller.
L'ALSACE
Banquiers et dirigeants politiques le martelaient depuis des semaines : les mésaventures des établissements financiers américains, allemands et anglais ne passeraient pas la frontière française! A écouter nos stratèges, on avait vraiment l'impression qu'une invisible ligne Maginot protégeait le pays. Comme dans les communiqués de la drôle de guerre en 1939-40, les épargnants pouvaient dormir tranquilles. Las, la ligne Maginot a été contournée - une fois de plus -au tout petit matin, du côté de la Belgique. Il a fallu que le gouvernement injecte, en catastrophe, de l'argent dans Dexia, la banque des collectivités locales, basée à Paris et à Bruxelles. La première nationalisation bancaire depuis François Mitterrand est à mettre à l'actif du pouvoir le plus ouvertement "libéral" des dernières décennies. (...) Le gouvernement s'est porté au secours de Dexia. En fera-t-il autant pour les 30 000 ménages qui n'arrivent pas à vendre leur maison et qui risquent, comme le craint l'association française des usagers des banques, d'être pris à la gorge par leur prêt relais ? Les victimes de la crise ne sont pas forcément banquiers. Elles ne méritent pas moins de sollicitude.
LA CHARENTE LIBRE
Cette façon d'afficher haut et fort sa confiance dans notre système franco-français mais de mener dans le même temps dans le plus grand secret les opérations de sauvetage sont, si on peut dire, de bonne guerre en ces temps de panique, de volatilité extrême à la fois des cours et des opinions publiques. Reste que cet exercice de grand écart, cette mise en scène un peu forcée de la confiance, à laquelle on demande au bon peuple d'adhérer sinon d'applaudir, peut s'avérer non seulement périlleux mais contre-productif. Surtout qu'il existe un décalage entre la volonté proclamée de l'action et les moyens réels que le gouvernement a à sa disposition pour agir. La France peut certes jouer les pompiers de service. Mais si elle devait le faire, ce serait avec l'argent des contribuables, en pénalisant donc encore plus le pouvoir d'achat et la croissance et en creusant encore plus les déficits.
Revue de presse européenne, euro|topics
El País - Espagne
L'économiste américain Joseph E. Stiglitz pense qu'un nouveau système de régulation est nécessaire : "Il existe un consensus toujours plus large parmi les économistes selon lequel ce plan de sauvetage qui est basé sur le plan de Paulson, ne fonctionnera pas. Dans ce cas, l'énorme augmentation de la dette publique et la conviction que 700 milliards de dollars ne suffiront pas à sauver l'économie américaine, continueront d'affaiblir la confiance et d'accentuer l'instabilité. Mais d'un autre côté, les politiques ... ne peuvent pas se contenter de ne rien faire. Il nous reste peut-être à prier pour qu'un accord, issu du mélange toxique des intérêts propres, d'économie fausse et de bonnes idéologies produites par la crise, conduise d'une manière ou d'une autre à un plan de sauvetage qui fonctionne...
Risque politique de la crise ?, Loubnan ya Loubnan
Christian Chavagneux soutient le «plan Paulson» avec un enthousiasme qui laisse coi.
Pour se donner une idée du «pouvoir» que représentent 700 milliards de dollars, signalons que c'est une somme supérieure au montant total du budget militaire des États-Unis (651 milliards). C'est également une somme supérieure à l'ensemble des budgets militaires cumulés de tous les autres pays de la planète. Et ce serait directement géré par trois hommes nommés par Georges W. Bush (qui terminera son mandat que le 20 janvier 2009).
Bref, y a-t-il des risques politiques liés à ce plan ? Les élus américains qui rechignent à signer cet énorme transfert de pouvoir n'ont-ils que des motifs idéologiques et démagogiques, ou ont-ils quelques raisons de s'inquiéter? Y a-t-il un contre-pouvoir efficace prévu (ou même possible) face à ce pouvoir confié à trois hommes ?
Crise : quel risque en France ?, C dans l'air - France 5
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