Les jeux olympiques de Beijing d'août 2008 auront eu pour objectif de faire rentrer la Chine dans le système international du XXIème siècle en tant que grande puissance partenaire. Cependant, la préparation de l'événement, avec de nombreuses crises régionales et internationales, aura permis de déceler plus facilement les failles géopolitiques actuelles du pays. De plus, la participation de la Chine à de nombreuses crises externes et internes de manière quasi-simultanée (Corée du Nord, Soudan, Zimbabwe, Tibet, Birmanie, Sichuan, Xinjiang), et les relations diplomatiques évolutives avec ses principaux partenaires (Taïwan, Japon, Russie, Etats-Unis, UE, UA et Unasur), auront transformé la position géostratégique de la Chine au cours du premier semestre 2008. Dire que cette année est charnière pour la Chine, marquant le début d'une nouvelle ère, avec l'affirmation de la présence d'un géant géopolitique, à l'échelle mondiale, et non plus seulement régionale, n'est donc pas une exagération. Cependant, les actions géopolitiques (au sens large) menées par la Chine actuelle ne peuvent être dissociées de sa longue et complexe histoire. Nombre de réflexes politiques actuels découlent du "géojuridisme intérieur" et de la géoéconomie.
Ce billet a pour objectif de décrire les différents niveaux d'analyse géopolitique nécessaires pour comprendre la Chine, qu'il soient nationaux (un pays, cinq systèmes, onze langues, et les crises identitaires), régionaux (avec six zones de tension, une stratégie de gestion des détroits de la région, une diaspora chinoise conséquente dans la sous-région, et un phénomène d'intégration en cours avec l'ASEAN Plus Trois, l'OCS, l'ASEM et l'APEC), et internationaux (les intérêts chinois sont mondiaux et se font sentir dans toutes les crises internationales de ce début de siècle). Contrairement à une idée répandue, la Chine n'use pas uniquement de son hard power, mais plutôt d'un soft power, dont elle se sert pour élargir son influence mondiale, et s'ouvrir progressivement aux pratiques internationales, en gardant l'option de revenir en arrière sans jamais devoir remettre en cause l'assise du pouvoir politique post-communiste... (en cas de crise, si les occidentaux, les démocrates des zones spéciales, les forces non étatiques des "zones autonomes", et/ou les nouvelles puissances financières du pays la poussent trop loin, ou à l'inverse, si les contre-pouvoirs du parti communiste résistent). Phénomène de plus en plus visible, la réintégration de la Chine dans le système international (dont son histoire nationale et régionale si particulière l'avaient tenu à l'écart au cours du dernier demi-siècle), remet au devant de la scène sa géopolitique singulière (avec ses composantes géoéconomiques et géojuridiques) et les phénomènes identitaires régionaux (ou nationaux, ethniques, religieux, selon la perspective). Une analyse détaillée de ces phénomènes permettra de prévoir les multiples évolutions de ce géant géopolitique. La réintégration de ces facteurs dans l'analyse géopolitique intérieure, avec une gestion globale de la question des "nationalités" et des "régions autonomes", sans buter exclusivement sur la question tibétaine, usant des différents acteurs régionaux, permet d'envisager une politique étrangère européenne cohérente envers la Chine, celle d'un partenariat stratégique (dans les domaines de la sécurité régionale, alimentaire, sanitaire, environnementale, énergétique, financière, de l'administration publique et des coopérations en tous genres) et non pas uniquement d'une concurrence stratégique (sécuritaire, commerciale, et monétaire); une politique étrangère européenne faite de hard power et soft power, réalisme et multilatéralisme, et usant pleinement les acteurs étatiques, régionaux, et non-étatiques prônant des réformes (démocratiques, sociales, environnementales et de gestion des minorités) sans déstabilisation de la puissance chinoise, avec toutes les conséquences imprévisibles que cette dernière impliquerait.
Géopolitique et géostratégie d'une puissance mondiale qui se dévoile: la Chine du début du XXIème siècle, Quindi.
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