L'article d'Elie Cohen "Faut-il sauver Detroit ?", publié par Telos, est édifiant. Il semble plaider pour un "sauvetage urgent" de Ford, GM et Chrysler par l'État (ce qui est contraire au dogme néo-libéral) :
Le séisme industriel, social et politique que provoquerait une faillite des "big 3" (Ford, GM et Chrysler) plaide pour un sauvetage urgent. Qui pourrait accepter d'un cœur léger la destruction à terme d'un million d'emplois, une perte de revenus de 150 milliards de dollars et une explosion du chômage dans le Michigan l'Indiana et l'Ohio ? Les dirigeants industriels et syndicaux font même valoir qu'au delà des pertes de revenus et d'emplois bien rémunérés et bien couverts socialement c'est l'ensemble du secteur manufacturier qui serait en péril. Et d'ajouter que pour un emploi manufacturier dans l'automobile, ce sont au total 10 emplois induits dans l'industrie, les services l'immobilier qui sont en cause.
Puis, après avoir détaillé les raisons de la faillite de Ford, GM et Chrysler aux États-Unis, il préconise une aide de l'État, mais pour "mener à bien" un plan de licenciements pudiquement appelé "restructuration" (le comble du cynisme) :
Ce sombre bilan industriel milite donc clairement pour laisser les big 3 faire faillite et bénéficier du régime du Chapter 11 pour mener à bien leur restructuration. [...]
Fermer une usine sur deux pour éliminer les surcapacités, effacer le surcoût social (GM a deux fois plus de retraités à sa charge que de salariés actifs), supprimer au moins une marque sur deux, réduire drastiquement le réseau de distribution, redonner leur liberté aux filiales étrangères performantes peut être réalisé bien plus efficacement à l'abri des protections du Chapter 11 qu'en faisant survivre des entités économiques et des managements faillis dans leur forme actuelle.
Les économistes sont des gens curieux, qui hurlent avec les loups alors qu'ils prétendent faire des analyses que leur science ne leur permet pas de faire. Dans ces temps de crise, on consulte un économiste comme autrefois la Pythie. A défaut de s'exprimer en vers, ils - du moins certains d'entre eux - occupent les médias de préférence télévisuelles. Ce sont toujours les mêmes, non parce qu'ils ont une compétence particulière, mais parce qu'ils sont certainement plus aptes que d'autres à dire une chose et son contraire.
• Les disqualifiés, par Frédéric Lordon, Le Monde diplomatique.
• Paroles d'experts, Le Monde diplomatique.
Aux États-Unis comme en Europe, la population semble tétanisée par la peur de la crise. En Chine, les travailleurs se révoltent :
Tout a commencé par une dispute sur les salaires dans cette fabrique de jouets du sud de la Chine, mais l'incident a vite tourné à l'émeute quand des ouvriers licenciés aidés par des chômeurs ont retourné une voiture de police, saccagé l'usine et démoli les ordinateurs des bureaux.
[...]
"Quand les temps sont difficiles au plan économique, un petit incident peut prendre de l'ampleur" notait un cadre du parti communiste, Guo Chenming, chargé de contrôler la situation à l'extérieur de la fabrique.
Les ouvriers ont commencé à perdre patience mercredi, quand le propriétaire hongkongais de l'usine, Kader Holding, a annoncé qu'il allait licencier 216 travailleurs migrants sur les 6.500 personnes employées par l'usine. Quelque 80 ouvriers de longue date ont estimé qu'ils étaient trompés sur leur prime de départ, et ont mobilisé 500 personnes, principalement des amis et des chômeurs, d'après Guo.
Les travailleurs ont affronté les gardes de sécurité, retourné le véhicule de police, brisé les phares des motos de la police, et forcé le passage pour entrer dans l'usine, toujours selon Guo. La compagnie ajoute qu'ils ont détruits 10 ordinateurs.
AP - Yahoo! Actualités.
Voir sur Google maps la carte des suppressions d'emplois annoncés depuis septembre 2008 en France.
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