C'est le 10 février que doivent avoir lieu les élections législatives anticipées en Israël. Les sondages donnent vainqueur le parti de droite Likoud, dont le dirigeant, Netanyahou, vient de s'engager, une fois au gouvernement, à « renverser le régime du Hamas à Gaza ». Kadima, le parti de l'actuel Premier ministre Olmert, arriverait en seconde position et ne verrait donc pas sa chef de liste Tsipi Livni occuper le poste de celui-ci.
La campagne électorale a été occupée en grande partie par les trois semaines de guerre meurtrière contre la population de Gaza. Et le cessez-le-feu n'a pas fait cesser les déclarations belliqueuses des uns et des autres : la fanfaronnade électorale de Netanyahou succède à une prise de position d'Olmert en Conseil des ministres sur « une réponse dure qui sera disproportionnée », si des tirs visent le sud d'Israël. Cet assaut de déclarations concurrentes prend prétexte des quelques roquettes qui ont été tirées depuis la bande de Gaza, sans avoir causé de victimes ni de dégâts, la mort récente d'un soldat israélien ayant été causée par l'explosion d'une charge dont on ne sait pas même l'origine. Les raids israéliens n'ont d'ailleurs, eux non plus, pas cessé.
Il n'y a pourtant rien d'étonnant à ce que la situation dans son ensemble reste explosive à Gaza. Le bilan de l'agression israélienne est atterrant : 1,5 million de Gazaouis ont reçu, du 27 décembre au 18 janvier, un million de tonnes de bombes et explosifs sur un territoire de 360 km². Près de 1 300 Palestiniens, dont les trois quarts de civils (énormément de femmes et d'enfants), ont été tués, plus de 4 000 blessés, des milliers d'habitations détruites, ainsi que la plupart des infrastructures, des bâtiments collectifs, et des centaines d'hectares de terres cultivées dévastés. Les habitants, meurtris, privés de soins, de nourriture et d'eau, subissent toujours un blocus que le gouvernement israélien non seulement refuse de lever mais tente même d'aggraver en détruisant quelques-uns des tunnels construits sous la frontière avec l'Egypte. Lesquels sont d'ailleurs aussitôt reconstruits, malgré les conditions dangereuses, car ces tunnels permettent l'acheminement de vivres, de médicaments, et par le petit commerce qu'ils créent, fournissent un travail à des Gazaouis privés de ressources.
Ce blocus hermétique, par lequel l'armée israélienne vient par exemple de bloquer et de renvoyer une station d'eau potable envoyée par la France, dure en réalité depuis près de trois ans, depuis la victoire du Hamas lors des élections législatives à Gaza. Quant à la politique d'agression du gouvernement israélien, après le paroxysme de ces semaines de guerre, elle continue au travers de la colonisation qui se poursuit et s'est même accélérée en 2008. Le mouvement pacifiste La Paix Maintenant a dénoncé la croissance du nombre de colons, qui augmente chaque année bien plus que l'ensemble de la population en Israël. L'argument de la « croissance naturelle » de cette population, qu'il faudrait bien loger, ne trompe personne, d'autant plus que les partisans parmi les plus radicaux de la poursuite de la colonisation, tel Netanyahou, s'engagent à... ne pas faire évacuer de force la centaine de colonies « sauvages » que Sharon avait promis de faire disparaître en Cisjordanie. Il s'agit bien là de l'affirmation d'une politique. D'autres zones de colonisation sont programmées et même aménagées, et la croissance continue du nombre de colons autour de Jérusalem Est constitue une preuve tangible qu'Israël s'oppose par tous les moyens, y compris géographiquement, à la constitution d'un État palestinien continu, même restreint à la Cisjordanie et à Jérusalem Est.
Quant aux résultats de ces élections législatives, dont pour le moment deux des trois partis politiques arabes sont écartés, au motif qu'ils « soutiendraient les groupes terroristes et refuseraient de reconnaître le droit d'Israël d'exister », ils ne semblent pas, si l'on en croit les sondages, ouvrir la moindre porte à une modification de la politique des gouvernements successifs qui vise à anéantir tout espoir des Palestiniens à un État, et à des conditions de vie décentes. Et, au passage, à anéantir toute perspective pour la population israélienne, juive et arabe, de sortir elle aussi, enfin, de cette situation de guerre permanente.
Viviane LAFONT
04/02/2009
Publié par Lutte Ouvrière.
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