Lundi 2 mars s'est ouverte à Charm el-Cheikh, en Egypte, une conférence pour la reconstruction de Gaza, ravagé après les trois semaines de guerre menée en début d'année par Israël, réunissant les représentants de soixante-quinze pays donateurs, qui ont promis d'apporter une aide financière pouvant s'élever à 2,8 milliards de dollars.
Un représentant de l'Autorité palestinienne appartenant au Fatah a été admis à cette conférence, mais le Hamas, qui dirige pourtant le territoire de Gaza depuis 2007, n'a pas été invité à y participer.
Les destructions causées par l'armée israélienne ont été considérables, et ce petit territoire déjà surpeuplé est devenu un champ de ruines. Outre les 1 300 Palestiniens tués, le million de tonnes d'explosifs déversés sur la bande de Gaza ont détruit au moins16 000 habitations, des écoles, des hôpitaux, des tunnels permettant de passer en Egypte. Mais en plus l'état-major israélien a systématiquement visé les infrastructures existantes, les champs cultivés ainsi que les principales industries, rasant les centrales électriques, cimenteries, usines alimentaires ou autres, stations d'épuration d'eau, etc., dans le but évident d'empêcher tout redémarrage économique avant plusieurs années, et rendant les habitants de Gaza encore plus tributaires d'une aide humanitaire extérieure pour survivre.
Or, pour l'instant, les dizaines ou les centaines de millions d'euros promis par les pays donateurs, en premier lieu les États-Unis, l'Union européenne ou des pays arabes, restent des sommes purement fictives, lancées pour faire semblant de se soucier du sort des Gazaouis, tant ces promesses sont assorties de conditions. Israël a déjà déclaré qu'il était hors de question de laisser entrer librement des matériaux de construction, justifiant sa décision par la crainte que ces produits, indispensables pour toute reconstruction, puissent servir au Hamas pour fabriquer des bunkers ou des roquettes !
Quant aux autres États donateurs présents à la conférence, ils font assaut d'hypocrisie, déclarant qu'il faudrait qu'il y ait une entente entre les différents partis palestiniens (le Fatah et le Hamas), voire entre l'État d'Israël et les Palestiniens, avant que toute aide autre qu'humanitaire soit versée aux Palestiniens de Gaza. Sarkozy a donné le ton, se permettant ainsi de leur dicter les choix qu'ils devraient faire s'ils veulent profiter de la manne des pays riches : « Tous les Palestiniens doivent se rassembler dans un gouvernement d'union derrière le président Abbas », a-t-il déclaré, ajoutant aussi que le Hamas doit rechercher « une solution politique avec Israël ». Comme si cela ne dépendait que du Hamas !
En revanche aucun État, pas même les États arabes qui, telle l'Arabie saoudite, promettent d'aider à la reconstruction de Gaza, ne parle de faire pression sur Israël. Pendant toute la durée de cette guerre, tous ont laissé l'armée israélienne bombarder la bande de Gaza, anéantir les moyens d'existence déjà réduits de la population, expérimenter des armes nouvelles sur un peuple qui n'avait pas les moyens militaires de se défendre. Les grandes puissances en particulier assistent depuis des années sans rien dire au blocus économique imposé par Israël, qui étouffe la bande de Gaza et réduit ses habitants à un état de pauvreté extrême.
Dans ces conditions, la conférence de Charm el-Cheikh risque fort de n'être qu'une mascarade de plus, où les États qui ont laissé l'armée israélienne bombarder et ruiner Gaza se seront donné bonne conscience en parlant de verser une aide, dont personne ne sait ni quand ni comment elle parviendra à la population de ce territoire.
Marianne LAMIRAL
4 mars 2009
Publié par Lutte Ouvrière.
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