Les États-Unis ne feront pas obstacle à Israël si l'État hébreu juge nécessaire une action militaire pour éliminer la menace nucléaire iranienne, car c'est un pays souverain, a déclaré dimanche le vice-président américain Joe Biden.
Les États-Unis "ne peuvent pas dicter à un autre pays souverain ce qu'il peut ou ne peut pas faire", a déclaré M. Biden sur la chaîne de télévision ABC. L'État hébreu peut déterminer par lui-même "ce qui est dans son intérêt et ce qu'il décide vis-à-vis de l'Iran ou tout autre pays".
"Que nous soyons d'accord ou non, ils ont le droit de le faire. Tout pays souverain a le droit de le faire", a-t-il ajouté. "Si le gouvernement (de Benyamin) Nétanyahou décide d'agir différemment de ce qui est fait actuellement, cela relève de leur droit souverain. Le choix ne nous appartient pas."
AP-Yahoo! Actualités
Selon une dépêche de l'AFP, publiée le 7 juillet, les États-Unis n'auraient pas donné le feu vert à Israël pour attaquer l'Iran.
Le président américain Barack Obama a affirmé mardi que les États-Unis n'avaient "absolument pas" donné leur feu vert à Israël pour attaquer l'Iran afin de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire, dans une interview à la chaîne de télévision CNN.
Interrogé sur le fait de savoir si les États-Unis avaient donné leur feu vert à Israël pour une éventuelle attaque de l'Iran, M. Obama a répondu "absolument pas. C'est très important, je suis aussi clair qu'il est possible de l'être" sur ce sujet.
Mais... "Le vice-président Joe Biden l'a dit catégoriquement : nous ne pouvons dicter à d'autres pays la conduite à tenir en matière de sécurité", a relevé le président américain qui se trouve à Moscou depuis lundi.
AFP
L'agence israélienne Guysen semble croire à version Obama.
Le département d'État américain a déclaré dans un communiqué paru lundi, que la déclaration de Joe Biden selon laquelle Israël devait décider d'elle-même des solutions à prendre contre la menace nucléaire iranienne, ne pouvait être considérée comme un « feu vert » américain pour une attaque militaire israélienne sur l'Iran.
« Nous n'allons certainement pas donner notre feu vert pour quelque attaque militaire que ce soit, mais Israël est un pays souverain et nous n'allons pas lui dicter ce qu'il doit faire », a expliqué le porte-parole du département d'État Ian Kelly.
Le communiqué indique que les États-Unis « partagent avec Israël leur profonde inquiétude sur le programme nucléaire iranien ».
Guysen
L'agence russe RIA Novosti reste perplexe.
Moscou est surpris par les propos du vice-président américain Joe Biden sur un éventuel emploi par Israël de la force armée contre l'Iran, a déclaré mardi le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères (MID) Andreï Nesterenko.
"Nous sommes pour le moins étonnés par les propos du vice-président américain Joe Biden. Nous estimons qu'ils sont en contradiction flagrante avec les approches déclarées par le président américain Barack Obama concernant le règlement de la situation autour du programme nucléaire iranien, et notamment la disposition des États-Unis à engager le dialogue avec Téhéran afin de rechercher une solution à ce problème par des moyens politiques et diplomatiques", a indiqué le porte-parole de la diplomatie russe.
RIA Novosti
Que penser de ce double langage ? Non seulement entre Biden et Obama, mais aussi de Obama lui-même. Philippe Grasset minimise cette affaire :
Le mythe resurgi d'une attaque contre l'Iran, que nous avons subi pendant trois longues années, l'est ici à partir de circonstances complètement fortuites bien plus que de fuites ou de pressions maladroites. C'est le pur produit du système de communication, enchaînant le thème sensationnel associé à “la politique de l'idéologie et de l'instinct” qui a prévalu officiellement pendant huit années, additionné au caractère d'un homme prompt à un peu trop parler. C'est un signe intéressant que l'extrémisme constant, ce “gauchissement” (vers la droite extrême, pour ceux que l'étiquetage passionne) systématique du discours et des options, est d'abord le produit de l'automatisme de la communication, qui est une sorte d'idéologie en soi. Il semble que tout le monde a paniqué dans cette affaire, y compris les Israéliens qui ont fait passer vite fait le message, par le Washington Times, qu'ils ne demandaient aucune autorisation d'attaquer à Washington, – impliquant par là qu'ils la demanderaient s'ils devaient attaquer, comme, apprend-on de source officielle israélienne cette fois, Olmert l'a fait auprès de Bush.
La chose (l'Iran) semble donc tenir à cœur à Obama, par conséquent la politique qu'il tente de mener depuis quelques mois, qu'il semble vouloir poursuivre malgré les événements depuis les élections présidentielles du 12 juin. Son intervention est abrupte et ne s'embarrasse pas de protocole. Le Absolutely not prétend répondre à la question “avez-vous donné votre feu vert à Israël pour une attaque?”, ce qui nous fait comprendre qu'effectivement la chose pourrait être demandée, ou a été demandée, ou même devrait être demandée. Pour l'instant, malgré les événements d'Iran, il semble hors de question d'appuyer de quelque manière que ce soit sur l'option militaire, même pour faire pression sur l'Iran. En soi, la réaction d'Obama est un message puissant pour l'Iran, qu'il ait été conçu de cette façon ou non, – et probablement ne l'a-t-il nullement été.
Dedefensa
Joe Biden a donné le feu vert à Israël pour attaquer l'Iran le 5 juillet. Barack Obama n'a refusé le feu vert que le 7 juillet et depuis Moscou, où il discute de la question des armes nucléaires. Pourquoi a-t-il réagi si tardivement ?
En utilisant le double-langage de la carotte et du bâton avec l'Iran, Barack Obama ne risque-t-il d'encourager la fuite en avant d'une guerre préventive déclenchée par le gouvernement de Benjamin Nétanyahou ?
Qu'en est-il de la volonté de Barack Obama de s'impliquer en faveur de la question palestinienne ? Ses atermoiements avec Israël ne sont-ils pas l'aveu de l'acceptation du fait accompli de la colonisation, qui rend impossible la création d'un État palestinien viable ?
Serge LEFORT
07/07/2009
Note du 08/07/2009 Lire aussi : Feu vert ou faux pas ?, Dedefensa.
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