Alors même que la violence resurgit à Jérusalem suggérant qu'une troisième Intifada pourrait bientôt éclater, le général David Petraeus commandant en chef du CENTCOM a fait aujourd'hui une sérieuse mise en garde devant le Comité des Forces Armées du Sénat des États-Unis sur l'impact plus large d'un conflit qui est à l'épicentre des hostilités au Moyen-Orient depuis la création d'Israël.
En faisant cette mise en garde, Petraeus – certainement le plus influent même si ce n'est pas le plus haut responsable dans l'armée américaine – répétait une déclaration qu'il avait faite presque un an auparavant. La seule différence entre ce qu'il a dit en avril 2009 et ce qu'il a dit aujourd'hui, c'est qu'il sait maintenant à l'évidence qu'Al-Qaida est renforcée par ce conflit.
Il a dit aujourd'hui :
Les hostilités persistantes entre Israël et certains de ces voisins représentent des défis évidents pour notre capacité à faire avancer nos intérêts dans l'AOR (zone de responsabilité du CENTCOM). Les tensions israélo-palestiniennes se transforment souvent en violence et en confrontations armées à grande échelle. Le conflit provoque un sentiment anti-américain, à cause de la perception du favoritisme des US à l'égard d'Israël. La colère arabe sur la question palestinienne limite la puissance et la profondeur de nos relations avec des gouvernements et des peuples dans l'AOR et affaiblit la légitimité des régimes modérés dans le monde arabe. Pendant ce temps là Al-Qaida et d'autres groupes militants exploitent la colère pour mobiliser. Le conflit offre également à l'Iran une influence dans le monde arabe via ses clients, le Hezbollah libanais et le Hamas.Si une telle déclaration avait été faite en dehors de la scène politique américaine, elle pourrait être considérée comme une expression plutôt fade de ce qui est depuis longtemps évident. Mais venant des lèvres d'un général célèbre, considéré par un grand nombre comme un futur potentiel président, ces mots font l'effet d'une bombe.
Les néo-conservateurs et le lobby pro-israélien [AIPAC] ont œuvré très dur et pendant longtemps pour obscurcir l'impact régional profondément corrosif d'un conflit que les dirigeants israéliens successifs n'ont pas voulu régler ou ont été incapables de régler. D'autres, qui auparavant ont dit ce que Petraeus dit actuellement, ont soit été rejetés accusés d'être mal informés, ou qualifiés d'anti-israéliens ou insidieusement d'antisémites.
Aucune de ces accusations ne peut coller à Petraeus. En fait, si le lobby pro-israélien était suffisamment téméraire pour essayer de s'en prendre à un général américain qu'on considère parfois comme un Eisenhower de notre époque, le lobby prendrait l'énorme risque de se voir menacer de ce qui l'effraie le plus : être qualifié d'anti-américain.
16/03/2010
Paul WOODWARD
War In Context
Lire aussi :
• 16/03/2010, David Petraeus' Report, United States Senate Armed Services Committee.
• 17/03/2010, U.S. general: Israel-Palestinian conflict foments anti-U.S. sentiment, Ha'aretz.
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