En France, il existe des groupes de pression, principalement d'intérêts économiques, qui agissent ouvertement ou en coulisse. On l'a vu récemment à propos de la grippe A(H1N1). Certains "experts" auprès du gouvernement, en fait des taupes de l'industrie pharmaceutique, ont rendu-compte d'une interprétation fallacieuse des données épidémiques pour forcer la décision d'achat d'un vaccin d'efficacité non démontrée.
Aux États-Unis, les lobbies sont beaucoup plus puissants et arrogants car fondés sur l'alliance de l'argent et de la politique. Cette pratique fait partie de la culture politique américaine car elle a été imposé par les barons de l'industrie pour écarter le peuple du pouvoir et tuer dans l'œuf le spectre du socialisme [1]. Ainsi, la sélection et l'élection d'un candidat à la Présidence dépend pour beaucoup de l'appui financier des lobbies. Ce qui s'apparente à une corruption légale.
Le nombre d'agences de lobbyistes répertoriées à Washington a plus que doublé depuis 2000, passant de 16.000 à 34.000 environ en 2005.
L'argent dépensé par les entreprises et les groupes de pression pour défendre leurs causes au Congrès des États-Unis d'Amérique et auprès de l'administration est passé de 1,6 milliard de dollars en 2000 à 2,1 milliards de dollars en 2004.
Ainsi, l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) est un lobby dont le but est de garantir le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël. Proche de la droite et de l'extrême droite israélienne, ce lobby, fort 100.000 membres, invite chaque année les membres du Congrès à un grand dîner de gala. En cette année, deux tiers des sénateurs étaient présents et la moitié du Congrès. Ce qui illustre le niveau d'influence de cette organisation et de corruption des députés et des sénateurs.
En France, le CRIF s'est donné le même but et les mêmes méthodes, mais n'a pas encore la même influence car la loi ne le permet pas... jusqu'à aujourd'hui.
Imaginez un groupe qui ferait pression sur les députés et les sénateurs afin qu'ils soutiennent inconditionnellement l'Arabie saoudite par exemple. Impensable ! C'est pourtant ce que fait l'AIPAC aux États-Unis et le CRIF en France en faveur de l'État d'Israël.
Il est clair que, depuis quinze jours, le gouvernement israélien tente de faire pression directement et indirectement sur le gouvernement américain afin qu'il accepte son nouveau coup de force contre le droit international. Le moment est bien choisi car Barack Obama, très impliqué et en difficulté dans le projet de réforme de la santé, semble avoir renoncé, face aux pressions du lobby pro-israélien, à ses ambitions initiales d'une solution à deux États pour régler le conflit israélo-palestinien.
Alors que s'ouvrait, le dimanche 21 mars, le congrès annuel de l'AIPAC, Barack Obama a obtenu le vote sur le dossier clé de l'assurance-santé. Cette victoire "a démontré qu'un président qui a un but, adopte un plan de bataille et s'y tient, n'est pas facile à mettre en défaut", souligne le Los Angeles Times. En sera-t-il de même sur le dossier de la Palestine ?
C'est peu probable. Mais les temps changent. Ainsi J Street, organisation qui soutient Israël mais critique le gouvernement israélien, a publié une pleine page dans The New York Times en citant même le rapport du General David Petraeus.
IT'S TIME22/03/2010
Friendship between Israel and the United States is based on common interests and shared values. Friendship demands respect for each other's needs. And, sometimes, friendship means telling hard truths - particularly if we're going to end the Israeli-Palestinian conflict through a two-state solution.
For the U.S., it's a matter of national security. So says the commander of American forces in the region, General David Petraeus.
For Israel, it's existential - the only way Israel can remain both Jewish and democratic. So says its Defense Minister Ehud Barak.
This is no time for a business-as-usual peace process - no time for politics as usual.It's time for the Obama administration to seize the opportunity for bold leadership - putting concrete plans for a two-state solution on the table with the sustained commitment of the United States behind them.
It's time for the Palestinians to end incitement to violence.
It's time for Israel to stop allowing extremist settlers and their sympathizers to endanger not only the friendship of the United States, but also the very future of Israel.
Time is running out.
Serge LEFORT
Citoyen du Monde
Lire aussi :
• 23/03/2006, John Mearsheimer and Stephen Walt, The Israel Lobby, London Review of Books traduit par ISM.
• Mars 2006, John Mearsheimer and Stephen Walt, The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy, Harvard - Social Science.
• MEARSHEIMER John J., WALT Stephen M., Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2007 et 2009 [Extraits - Alternatives International - Arab Commission for Human Rights - ReSPUBLICA - Confluences Méditerranée - ContreInfo - Il Manifesto - EuroPalestine - L'Harmattan - La République des Lettres-Info-Palestine - La vie des idées - Libération - Objectif-info* - Rue89* - Scripto].
Depuis plusieurs décennies, la pièce maîtresse de la politique moyen-orientale des États-Unis a été sa relation avec Israël. Les États-Unis viennent à la rescousse d'Israël en temps de guerre et prennent son parti dans les négociations de paix. De fait, entre 1972 et 2006, Washington a mis son veto à 42 résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU critiquant la politique israélienne. Et, chaque année, Israël continue de recevoir trois milliards de dollars d'aide américaine - un sixième de l'aide étrangère des États-Unis. Pourquoi les États-Unis fournissent-ils un soutien matériel et diplomatique aussi considérable et aussi constant à Israël ? Telle est la question à laquelle entendent répondre John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, deux universitaires américains réputés. Ils démontrent, dans ce livre extrêmement documenté, que ce soutien ne peut s'expliquer par des intérêts stratégiques communs ni par des impératifs moraux, mais qu'il est surtout dû à l'influence politique d'un lobby qui travaille activement à l'orientation de la politique étrangère américaine dans un sens pro-israélien. Même si elles sont loin de faire l'unanimité parmi les Juifs américains, les organisations du lobby pro-israélien exercent des pressions redoutablement efficaces sur le Congrès, les présidents et leur administration et ont une influence considérable sur l'université et les médias. Le lobby pro-israélien a ainsi joué un rôle clé dans la politique américaine au Moyen-Orient sous l'administration Bush au nom de la "lutte contre le terrorisme", comme en témoignent la désastreuse invasion de l'Irak, la confrontation avec l'Iran et la Syrie, ainsi que la guerre au Liban de juillet 2006. John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt montrent que cette politique n'était ni dans l'intérêt national des États-Unis ni dans celui d'Israël sur le long terme.• SIEFFERT Denis et DRAY Joss, La guerre israélienne de l'information - Désinformation et fausse symétrie dans le conflit israélo-palestinien, La Découverte, 2002 [Acrimed - Le Monde diplomatique - Là-bas si j'y suis - Périphéries - Politis].
La guerre, avant d'être une affaire militaire, est une affaire de mots. Ils ont joué un rôle majeur dans l'offensive déclenchée, le 28 février 2002, par l'armée israélienne contre les villes palestiniennes. On sait à quel point, à cette occasion, elle a placé l'information sous contrôle. Mais on sait moins que l'offensive a été préparée par un long travail de délégitimation de l'Autorité palestinienne. Cette entreprise de désinformation commence dès le lendemain de la négociation de Camp David II, en juillet 2000 : le «refus» de Yasser Arafat d'accepter la «généreuse» proposition israélienne de restitution de «97 %» des territoires occupés va devenir une vérité acceptée par l'ensemble de l'opinion internationale. Or, comme le démontrent les auteurs de ce livre, il s'agit d'un pur mensonge, suivis de bien d'autres. Pourquoi ont-ils pu être aussi largement repris par la presse mondiale, et française en particulier ? Pour répondre à cette question, les auteurs ont décrypté la presse écrite et audiovisuelle, révélant comment, au même moment, les mêmes réécritures de l'histoire ou de l'actualité immédiate apparaissent dans la plupart des médias. Et en les confrontant aux témoignages de Palestiniens qu'ils ont recueillis, ils montrent à quel point le souci d'une prétendue objectivité peut devenir un obstacle à la vérité. Loin de tout parti pris militant, ce livre salutaire est aussi un appel à la responsabilité de ceux qui manient la parole publique, pour leur rappeler que les mots et les images peuvent tuer.• SIEFFERT Denis, La nouvelle guerre médiatique israélienne, La Découverte, 2009 [Introduction].
L'opération de l'armée israélienne à Gaza, fin 2008-début 2009, a causé la mort de plus de 1300 Palestiniens, dont une grande majorité de civils et près de 300 enfants. Quel conditionnement a conduit la société israélienne à accepter de tels massacres ? Quelle perception du conflit la presse internationale, notamment française, a-t-elle contribué à diffuser, dans un contexte où l'accès à la bande de Gaza fut interdit aux journalistes pendant les vingt-deux jours de bombardements ? Denis Sieffert montre qu'un long travail a été accompli sur l'opinion israélienne et internationale pour "déshumaniser" les Palestiniens de Gaza : les mensonges sur la responsabilité dans la rupture de la trêve, la "dépolitisation" du Hamas, réduit à un mouvement terroriste, et l'occultation délibérée des effets économiques, sanitaires et humains du blocus imposé par Israël à la population de Gaza ont créé les conditions d'une nouvelle guerre médiatique, inséparable de la stratégie politico-militaire d'Israël. Ce livre reconstitue minutieusement la chronologie des événements, et il rétablit des liens de cause à effet renversés par la propagande. Il décrypte aussi les formes, souvent très subtiles, par lesquelles cette désinformation a circulé - et continue de circuler - dans les médias français.• American Israel Public Affairs Committee, Wikipédia.
• J Street Political Action Committee, Wikipédia.
Dossier documentaire & Bibliographie Sionisme, Monde en Question.
[1] Lire notamment :
• ZINN Howard, Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, Agone, 2002 [BiblioMonde].
• ZINN Howard, "Nous, le peuple des États-Unis ..." - Essais sur la liberté d'expression et l'anticommunisme, le gouvernement représentatif et la justice économique, les guerres justes, la violence et la nature humaine, Agone, 2004 [BiblioMonde].
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