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21 mars 2011

Démagogie du catastrophisme


Le Japon est un archipel volcanique situé au carrefour de quatre plaques tectoniques (nord-américaine, pacifique, philippine et eurasienne) dont les trois îles principales sont traversées longitudinalement par une ligne de faille tectonique.
Depuis longtemps le Japon a appris à vivre avec le risque sismique car des milliers de secousses telluriques d'intensité variable (de 4 à 9 sur l'échelle de Richter) sont ressenties chaque année et sont accompagnées de raz-de-marée (tsunami) d'intensité également variable.

Le denier séisme survenu au Japon a provoqué un tsunami médiatique qui a occulté celui survenu en Chine. Presque tous les commentaires des médias dramatisent l'événement comme dans l'affaire de la grippe AH1N1. Rares sont les commentaires factuels qui ne versent pas dans l'hystérie et mettent l'événement en perspective. Signalons celui de Tristan Vey Un séisme historique dans une zone sismique complexe, 11/03/2011), du géographe Philippe Pelletier (Le Tôhoku : une région rurale exposée au risque sismique, 13/03/2011) et de la presse chinoise (Que penser de l'accident nucléaire au Japon ?, 14/03/2011).

Ce séisme a provoqué des fuites dans la centrale nucléaire de Fukushima sur la côte nord-est du Japon. Cet accident s'apparente plus à celui de Three Mile Island en 1979 qu'à celui de Tchernobyl en 1986. À ce jour, il est difficile d'apprécier l'ampleur des dégâts tant l'information est biaisée par l'émotion - cette dictature douce.

Le gouvernement japonais minimise naturellement la crise comme l'ont fait et le feront tous les gouvernements du monde. Rappelons que, selon le gouvernement français, le nuage de Tchernobyl s'arrêta miraculeusement à nos frontières [3]. Dans le cas de la grippe AH1N1, il avait au contraire dramatisé à l'excès afin de justifier l'achat du vaccin sous la pression des experts de l'industrie pharmaceutique. Andreï Fediachine dit à juste titre que "l'avenir de Fukushima relève de la divination" :
Tous les pronostics concernant l'avenir de l'économie mondiale et de l'énergie nucléaire relèvent aujourd'hui de la divination. De la cartomancie avec un jeu de cartes incomplet. Il n'existe pour l'instant aucune certitude. Pas plus que de modèle ou de machine de pronostication, où il serait possible d'introduire la catastrophe japonaise et d'en sortir un produit fini.
RIA Novosti
Les médias dominants, les professionnels du catastrophisme et les charognards de l'humanitaire profitent de l'événement pour faire des affaires, en vendant la peur ou en appelant à des dons en passant sous silence que l'argent récolté en 2004 avait servi à déclencher "une opération militaire d'aide humanitaire sans précédent".
L'im-Monde évoque "un stress collectif mondial" qu'il créé et entretient lui-même. Le Commissaire à l'énergie de la Commission européenne a estimé que le mot "apocalypse" était approprié pour décrire la situation. La référence biblique, reprise par certains blogs [1], traduit une vision non scientifique des faits.

Faut-il rappeler qu'il est impossible de prévoir à quelle date et à quelle heure exactement va se produire un séisme. Et comme l'on ne peut pas empêcher le séisme de se déclencher, la seule chose que la société peut faire est de se prémunir. Or les Japonais sont les mieux préparés du monde, du point de vue des méthodes de construction et de l'éducation.


En fait, tout le monde se moque du Japon et des Japonais. Cet événement est le prétexte à faire de la politique franco-française. Ceux qui font semblant de s'émouvoir du risque des centrales nucléaires au sein de l'hexagone oublient de dire qu'ils ont voté pour le nucléaire au Parlement européen le 25 novembre 2009 à la Conférence de Copenhague sur le changement climatique [2].
Les écologistes, Daniel Cohn-Bendit en tête, réclament un référendum sur le nucléaire en France après l'accident à la centrale japonaise de Fukushima, espérant en faire un thème de la campagne de 2012 face à l'UMP et au PS, traditionnellement pro-atome.
AFP

Les mêmes ont voté ce texte :
"[Le Parlement européen] souligne que le passage, à l'échelle internationale, à une économie à faible intensité de carbone conférera à l'énergie nucléaire un rôle important dans le bouquet énergétique à moyen terme ; souligne toutefois que les questions relatives à la sûreté et à la sécurité du cycle du combustible nucléaire doivent être abordées de façon adéquate à l'échelle internationale afin de garantir un niveau de sûreté aussi élevé que possible"
Monde en Question
18/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• Séisme, risque naturel pris en considération…, Eurocode 8, 23/02/2011.
• Séisme de 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku,Wikipédia.
• Séisme de 2004 dans l'océan Indien, Wikipédia.

• Le risque sismique, Les risques majeurs.
• Zonage sismique de la France, Base Gaspar - Le Plan Séisme.
• Jean-Michel CAROZZA, Franck VIDAL, Le risque sismique en France, Canal-U, 18/12/2006.

Dossier documentaire & Bibliographie Crise & Gestion de crise, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.

[1] C'est le discours récurrent par exemple de ce site adepte d'une vision eschatologique et donc biblique de l'histoire :
• La transversale Tohoku-Kadhafi, Dedefensa.
• Du catastrophisme à l'intuition haute, Dedefensa.
• La gravité de la crise nucléaire : le monde versus le Japon, Dedefensa.
[2] Lire aussi : Cohn-Bendit danse sur la peur du nucléaire, Marianne.
[3] Nuage de Tchernobyl en France : vers un non-lieu ?, NouvelObs.
Le parquet général va requérir un non-lieu dans l'enquête sur le passage du nuage radioactif et les communiqués rassurants diffusés à l'époque.

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