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23 mars 2011

Libye - Revue de presse internationale (1)


Intervention en Libye : derrière la communication de guerre, Revue de presse internationale, 21/03/2011.
Le monde d'Obama est celui de la tergiversation, de l'incertitude... et l'Europe doit maintenant apprendre ce monde là ...écrit ce matin une plume du Financial Times britannique. Alors que les premiers missiles s'abattent sur la Libye... le président américain suit scrupuleusement son agenda... il est en visite au Brésil où d'après la Fohla de Sao Paulo il annonce que la démocratie brésilienne est un exemple à suivre... Un décalage étrange ? Interroge le FT qui répond : non ! Car tout cela est savamment organisé... les frappes libyennes ne sont pas la guerre d'Obama c'est une guerre européenne... et donc une guerre sans leader... et sans coupable direct.
Le révélateur libyen, Géopolitique, 22/03/2011.
La France irrite et inquiète ses propres alliés. A l'initiative et l'avant-garde de l'intervention en Libye, elle est maintenant contestée, au sein de l'Union européenne comme de l'Alliance atlantique, par de nombreux pays qui souhaiteraient, pour des raisons diverses, lui enlever le contrôle qu'elle exerce de fait sur cette opération.

Ce ne serait pas très grave si ne s'ajoutaient à cela trois inquiétudes. La première est celle des plus atlantistes des Européens qui ne veulent pas que l'Europe joue par elle-même un rôle militaire, en simple coordination avec les Américains, car ils craignent que cette affaire libyenne ne puisse devenir un moment de l'autonomisation de l'Europe en matière de Défense et n'ouvre un processus d'affirmation de l'Union sur la scène internationale dont ils ne veulent pas parce qu'elle pourrait précipiter, à leurs yeux, un éloignement entre les deux rives de l'Atlantique. C'est pour cela que la Grande-Bretagne, bien qu'elle ait pris l'initiative aux côtés de la France de réveiller l'ONU, souhaite désormais que le commandement de l'opération soit passé à l'OTAN. Beaucoup des pays nordiques sont sur la même position. L'Italie l'est également, parce qu'elle ne supporte pas que la France mène le jeu en Libye alors que ce pays est une ancienne possession italienne. Face à ces pressions en faveur d'un passage de relais à l'OTAN, la France est ainsi largement isolée bien qu'elle fasse valoir, à juste titre, que les opinions arabes accepteraient difficilement que ce soit l'Alliance atlantique qui intervienne au Maghreb et non plus des pays volontaires.

La deuxième inquiétude est celle de l'Allemagne qui non seulement voit la France reprendre un poids politique qu'elle lui avait lentement ravi depuis son unification mais continue de contester la légitimité même de cette opération qu'elle ne voudrait guère voir réussir après avoir refusé de la soutenir.

Quant à la troisième inquiétude, elle est celle de la Turquie qui admet mal que l'influence grandissante qu'elle avait acquise à l'Est et au Sud de la Méditerranée soit relativisée par les sympathies que la France s'y assure. La Turquie voudrait donc elle aussi que l'OTAN dont elle est membre reprenne le contrôle de cette opération afin d'avoir son mot à dire. La confusion est grande. La France devra lâcher du lest mais l'opération se poursuit.
Monde arabe, Libye : les premiers enseignements des attaques militaires, Les Enjeux internationaux.
Pour la Libye, la résolution 1973 a pour buts de protéger les populations, d'ériger une zone d'exclusion aérienne, de renforcer l'embargo sur les armes et d'étendre le gel des avoirs de responsables libyens.
Trois jours après le début des attaques, que veulent les forces intervenantes dans le ciel et sur mer, que peuvent-elles, qu'obtiennent-elles et avec quels moyens ?
Quels aléas majeurs, compte tenu des forces en présence ?
La réponse de Jean-Louis Dufour, présenté comme consultant international ce qui ne veut rien dire, est éloquente "Le grand problème c'est la réponse à votre question parce qu'on n'en sait pas grand-chose". Il va pourtant parler pendant 7 minutes 28 secondes de plus... dans le vide.

La situation menace de s'enliser en Libye, Reuters-Yahoo! Actualités, 22/03/2011.
Les États-Unis, redoutant d'être attirés dans un nouveau conflit qui s'ajouterait aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, ont souligné qu'aucune action spécifique ne serait entreprise pour renverser le colonel libyen.

"A moins que quelque chose d'inhabituel ou d'inattendu survienne, nous pourrions observer une diminution de la fréquence des attaques", a déclaré le général Carter Ham, qui dirige actuellement les opérations depuis le centre de commandement américain Afrique (Africom) à Stuttgart.
Il est significatif que Robert Gates, secrétaire à la défense des États-Unis, ne veuille pas aller au-delà de la résolution de l'ONU - du moins officiellement. Lire : Gates Says Targeting Qaddafi Goes Beyond UN Resolution on Libya, Bloomberg.
Le président Barack Obama, questionné sur l'intervention lors d'une visite au Chili, a pour sa part assuré que les États-Unis cèderaient rapidement ce commandement. "C'est une question de jours, pas de semaines", a-t-il dit alors que les républicains expriment de plus en plus ouvertement leurs critiques contre l'opération.
Une quinzaine de démocrates aussi expriment leur opposition à cette guerre de trop alors les guerres d'Irak et d'Afghanistan sont en cours. Lire : Liberal Democrats in Uproar over Libya Action, Common Dreams.
Les pays engagés dans la coalition insistent pour dire qu'ils ne fournissent pas de soutien aérien rapproché aux rebelles ou cherchent à détruire l'armée libyenne, mais s'en tiennent à la protection des populations civiles prévue par la résolution 1973.
L'argument de "protection des populations civiles" ne tient pas après les bombardements qui n'épargnent pas la population civile et surtout du fait de l'exclusion d'une intervention terrestre.

Critiques croissantes à Washington contre l'opération en Libye, Reuters-Yahoo! Actualités, 22/03/2011.
Contrairement à la guerre en Afghanistan, l'opération menée en Libye par les États-Unis sous mandat des Nations unies suscite un nombre de critiques croissant de la part des républicains.

La présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Ileana Ros-Lehtinen, a déploré que le président Barack Obama n'ait pas clairement expliqué au peuple américain en quoi la sécurité nationale du pays était menacée par la Libye.

"S'en remettre aux Nations unies et engager nos effectifs militaires pour faire appliquer le mandat de la communauté internationale crée un dangereux précédent", a-t-elle estimé.
Les Républicains ne sont pas tant contre la guerre en Libye que contre le commandement des forces militaires de l'ONU et principalement l'alliance franco-britannique. Ils militent pour un commandement des États-Unis via l'OTAN.

"L'engagement de l'Otan serait contre-productif" [interview de l'ancien conseiller à la Défense de Lionel Jospin], Nouvel Obs, 22/03/2011.
D'ailleurs, on a l'impression que les pays arabes se désolidarisent un peu des actions menées...
La Ligue arabe a une position officielle qui n'a pas été remise en cause. Amr Moussa, le secrétaire générale a juste mis un bémol pour dire "attention on ne vous a pas donné un blanc seing". Ce n'est pas de la désolidarisation. C'est un petit signal.

Pourtant il n'y a pas ou peu d'appui militaire de sa part...
Sa présence symbolique et politique suffit. Dès lors que la zone d'exclusion aérienne est établie, que les forces de Kadhafi sont affaiblies, on n'a pas besoin d'un dispositif plus important. Ce n'est pas la guerre du Golfe, ni du Koweït. C'est pour donner de l'importance à la coalition internationale. Là où la solidarité avec les pays arabes, y compris en moyen militaire, peut être essentielle, c'est parmi les pays voisins qui peuvent éventuellement apporter une aide humanitaire.
Que la Ligue arabe émette des réserves sur les opérations militaires en cours ne trouble pas l'ancien conseiller à la Défense de Lionel car le plus important est qu'elle fasse partie de la coalition, qui souhaite renverser le colonel Kadhafi, en échange du silence et de la non intervention dans les affaires de l'Arabie saoudite, du Bahreïn et autres démocraties du Moyen Orient qui composent la Ligue arabe.
L'ancien conseiller à la Défense de Lionel fait un lien explicite entre en moyen militaire et une aide humanitaire. Dont acte.
Le but inavoué serait donc la chute du colonel Kadhafi ?
Bien sûr, mais ce n'est pas ce qui est inscrit dans la résolution de l'ONU. C'est un mandat implicite dans la manière dont on a posé les termes du débat, en termes d'ultimatum à Kadhafi. Si ce n'est pas dans la résolution, c'est dans toutes les têtes, surtout celles des Français, des Britanniques et des Américains.
L'ancien conseiller à la Défense de Lionel avoue que le but de cette guerre n'est pas de protéger les populations civile, mais bien de renverser le colonel libyen. Que cet objectif ne soit pas la résolution 1973 de l'ONU importe, comme il le dit cyniquement puisqu'il "est dans toutes les têtes".

Il semble que personne ne sache exactement comment conduire cette guerre. Les uns (essentiellement la France et la Grande-Bretagne) s'agitent pour faire la guerre sans avoir les moyens de la gagner, les autres (principalement les États-Unis) ne veulent pas s'enliser dans les sables de Libye sous un commandement de l'ONU et ne peuvent diriger la guerre via l'OTAN sans s'aliéner l'Europe, la Ligue arabe et surtout les populations du Maghreb et du Moyen Orient. D'où la valse-hésitation entre les tirs massifs de Tomahawk d'une part et le projet de transfert du commandement de l'opération vers les Européens - "une question de jours, pas de semaines" selon Obama.

La confusion règne aussi en Russie entre le premier ministre russe Vladimir Poutine et le président Dmitri Medvedev. Lire :
• Libye : pas d'ambigüité au sommet de l'État russe (Poutine), RIA Novosti, 22/03/2011.
• Libye : la position officielle de la Russie est celle de son président, RIA Novosti, 22/03/2011.
• Medvedev exige des "appréciations précises" de la situation en Libye [Vidéo], RIA Novosti, 22/03/2011.
• La Libye serait-elle à l'origine d'un schisme au sein du tandem russe ?, RIA Novosti, 22/03/2011.
• Poutine reproche à Washington sa façon d'utiliser la force armée [Vidéo], RIA Novosti, 22/03/2011.
• Libye : Medvedev réprouve la référence de Poutine aux "croisades", RIA Novosti, 21/03/2011.
• Poutine reproche aux États-Unis la façon dont ils utilisent la force, RIA Novosti, 21/03/2011.
• Libye : la résolution onusienne, un appel à la croisade selon Poutine, RIA Novosti, 21/03/2011.

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