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25 mars 2011

Que la guerre est jolie !


Les bellicistes de tout poil disent toujours que la guerre sera de très courte durée et sans risques. Ils vendent d'autant plus facilement la guerre comme une simple promenade de santé qu'ils ne la font pas eux-mêmes. Ces planqués de l'arrière font la propagande, c'est-à-dire la guerre mais sans risquer d'être blessés ou tués.

Ce fut le cas en 1914 où, embrigadés par l'Union sacrée, les troupes sont parties la fleur au fusil :
Dans leur riante insouciance, la plupart de mes camarades n'avaient jamais réfléchi aux horreurs de la guerre. Ils ne voyaient la bataille qu'à travers des chromos patriotiques. […] Persuadés de l'écrasante supériorité de notre artillerie et de notre aviation, nous nous représentions naïvement la campagne comme une promenade militaire, une succession rapide de victoires faciles et éclatantes.
Jean Galtier-Boissière, La fleur au fusil, Éditions Baudinière, 1928.
Le chef d'état-major des armées françaises, l'amiral Edouard Guillaud, vend la guerre contre la Libye comme limitée dans le temps.
Interrogé sur la durée des opérations de la coalition internationale, l'amiral Guillaud a répondu : "par définition, je ne peux pas répondre à cette question, je doute que ce soit en jours, je pense que ce sera en semaine et j'espère que ce ne sera pas en mois".
Xinhua
Or, non seulement la résolution 1973 de l'ONU ne mentionne aucune durée, mais la Turquie va participer à des opérations militaires sous le commandement de l'OTAN... pendant au moins un an.
Après avoir répété qu'il était radicalement opposé à toute ingérence étrangère en Libye, le parlement turc a finalement avalisé jeudi l'envoi de cinq bâtiments de surface et d'un sous-marin au large de la Libye, pour une mission d'un an, rapporte le correspondant de RIA Novosti.
RIA Novosti
25/03/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Le titre est emprunté au film de Richard Attenborough.
Lire aussi : Ah, que la guerre est jolie !, Causeur.
Le 20 janvier dernier, Alain Juppé et quelques généraux ont décidé d'une résurrection : celle de L'Ecole de Guerre. Non pas que cette prestigieuse institution chargée de former la crème des officiers à la géostratégie ait disparu mais depuis 1993, elle avait été baptisée.

Il y a deux manières, finalement, d'envisager cette manip linguistique. On peut se réjouir d'un recul de l'euphémisation généralisée qui caractérise la langue française depuis que le politiquement correct s'est emparé d'elle. Ainsi, il est tout de même plus sain d'appeler un chat un chat et une guerre une guerre, surtout quand on évolue dans un monde de non-voyants procédant à des réajustements structurels de notre économie, ou si vous préférez, à des aveugles démantelant l'État-Providence.

Mais on peut aussi se demander si cette réintroduction du mot guerre ne marque pas aussi la prise de conscience d'un monde devenu si inégalitaire qu'il est difficile d'imaginer qu'il puisse résoudre ses contradiction autrement que par de bons gros conflits bien sanglants, genre Irak ou Afghanistan. Comment il disait, Jaurès, déjà ? Ah oui : "Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage."

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