24/08/2011, Libye : La fin d'un dictateur, mais pas d'une dictature, Solidarité Ouvrière
Hier, les différents gouvernements français ont vendu les armes que Kadhafi a utilisé pour réprimer le soulèvement populaire, les compagnies pétrolières se servaient du régime de terreur pour exploiter des ouvriers sans droits, et l'Union Européenne utilisaient les prisons libyennes pour y enfermer les sans-papiers d'Afrique Subsaharienne… Le tyran était affaibli, l'impérialisme français a fait le choix du CNT, non pas pour que cela change en Libye, mais au contraire pour que tout continue comme avant, les profits du pétrole pour les capitalistes de Total, ceux de l'armement pour Dassault, et pour la population la répression, la misère et l'exploitation.24/08/2011, Total, le grand gagnant de la guerre en Libye, L'Humanité
S'il y en a un qui doit se réjouir de l'issue de la guerre, c'est bien le géant pétrolier français qui est bien placé pour faire main basse sur une belle part de l'or noir libyen.24/08/2011, Les grandes puissances visent le contrôle des richesses de la Libye, Silvia Cattori
Qui était parmi les tous premiers Français à venir début mars à Benghazi encourager les insurgés libyens ? Un représentant de Total. Et l'entreprise peut aujourd'hui se frotter les mains : l'empressement de l'Elysée à reconnaître le CNT, comme à défendre l'intervention militaire a fait rentrer le groupe dans les bonnes grâces du futur régime.
Car si les insurgés libyens sont sur un champ de ruines politique, ils ont déjà réorganisé une filière du pétrole avec l'entreprise AGOCO. Celle-ci vient d'annoncer que les pays qui n'ont pas activement soutenu la rébellion se verraient certainement privés du marché pétrolier libyen.
Sans perdre de temps, les occidentaux s'empressent d'imposer leur mainmise sur la Libye. Unilatéralement, l'Otan a déclaré vouloir prolonger sa mission dans ce pays et y installer plusieurs bases militaires. Le prétexte avancé par son chef Rasmussen : "Oeuvrer avec le peuple libyen, et avec le CNT".24/08/2011, La course au pétrole a commencé, Presseurop
En tout cas, les Libyens se préparent à payer la facture via leur secteur d'hydrocarbures, qui représente les plus grandes réserves du continent africain. "Nous n'avons aucun problème avec les pays occidentaux et des sociétés comme les sociétés italiennes, françaises et britanniques", a dit clairement Abdel Jalil Mayouf , le directeur des affaires médiatiques de la société du Golfe arabe, gérée par l'opposition libyenne.
Sans oublier de signaler les exclus de ces juteux contrats : "Mais peut-être y aurait-il des problèmes politiques avec la Russie, la Chine et la Chine", s'est-il empressé d'enchainer.
Le message est clair : seuls ceux qui ont participé à la chute du régime de Kadhafi seront récompensés. Il faut croire que pendant longtemps, le pétrole libyen n'appartient désormais plus aux Libyens !
24/08/2011, Dmitri KOSSYREV, Kadhafi héros d'un film de fiction, RIA Novosti
Le mensonge en temps de guerre est depuis longtemps une arme utilisée par tous les combattants. L'histoire étrange de l'assaut raté de la capitale libyenne par les rebelles est un mensonge qui bat tous les records.24/08/2011, L'information trop sérieuse pour être laissée aux journalistes - Des médias en guerre en Libye, Le Quotidien d'Oran
Une analyse objective de la situation sur le terrain et du rapport de forces militaires ne permet qu'une seule conclusion: le régime de Kadhafi est fini. Ce n'est plus qu'une question de temps. Mais dans une guerre les médias font aussi la guerre. En Irak, on avait fait le raccourci avec les «médias embedded» dans les chars de l'armée américaine. En Libye, les médias font, en fonction des intérêts de leur Etat, le même boulot guerrier.24/08/2011, Ali YOUNES, Libye : le moment n'est pas encore venu de parader, Info-Palestine
L'écran de fumée est donc à double usage : mettre en valeur les forces rebelles et surtout masquer l'intervention, illégale aux yeux de la résolution du Conseil de sécurité, sur le terrain des forces spéciales occidentales.
Ce qui a permis à Kadhafi de survivre jusqu'ici et, éventuellement, lui permettra de faire durer ce combat dans les mois à venir est la nature hétéroclite de l'armée des rebelles, manquant d'expérience militaire et commandée par des responsables manquants d'expérience. Les capacités des rebelles au combat ont été assez désastreuses, malgré une rapide perfusion de formations pour leurs combattants par des forces spéciales de l'OTAN et des Etats-Unis dans les derniers mois.24/08/2011, Nuits et jours d'angoisse à Tripoli, Silvia Cattori
En conséquence, les dirigeants rebelles en ont été réduits à compter sur le soutien militaire de l'OTAN pour pouvoir continuer à lutter contre les forces de Kadhafi, mieux équipées et mieux entraînées et pouvoir éviter que les territoires durement gagnés ne retombent aux mains des forces de Kadhafi. Les relations des rebelles avec l'OTAN et d'autres gouvernements occidentaux, cependant, sont celles d'une dépendance complète sans laquelle les rebelles n'auraient aucun espoir de chasser Kadhafi du pouvoir.
Pour Silvia Cattori, la vie de journalistes occidentaux est plus précieuse que celle du peuple libyen.23/08/2011, Jules DUFOUR, L'Occident et sa « compassion » soudaine pour les peuples opprimés, Mondialisation
Les États-Unis et l'Union européenne ont introduit dans leur discours et leurs interventions un nouveau volet, soit celui de la compassion pour les peuples opprimés de ces pays. Cette variation nouvelle dans la voix de l'impérialisme nous a paru tout de suite extrêmement trompeuse quand on sait très bien que la nature de l'impérialisme n'a jamais été assortie de sentiments et de traitements humanitaires pour la majorité. Bien au contraire, la main mise sur les ressources a toujours passé par le contrôle et l'asservissement des peuples. La collaboration au développement de la puissance des empires est récompensée, tandis que la résistance est sévèrement punie ou tout simplement éradiquée.23/08/2011, Rebel Forces Invade Qaddafi Compound, The New York Times [traduction Le Grand Soir]
23/08/2011, Manlio DINUCCI, L'OTAN à la conquête de Tripoli, Info-Palestine
Une photo publiée par le New York Times raconte, plus que beaucoup de paroles, ce qui est en train d'arriver en Libye : elle montre le corps carbonisé d'un soldat de l'armée gouvernementale, à côté des restes d'un véhicule brûlé, avec trois rebelles autour qui le regardent avec curiosité. Ce sont eux qui témoignent que le soldat a été tué par un raid de l'OTAN.23/08/2011, Libye : le concours de l'Otan est évident, RIA Novosti
De plus, rapportent les fonctionnaires, "la Grande-Bretagne, la France et d'autres pays ont déployé des forces spéciales sur le terrain en Libye". Officiellement pour entraîner et armer les rebelles, en réalité surtout pour des tâches opérationnelles.
On voit ainsi émerger le cadre réel. Si les rebelles sont arrivés à Tripoli, c'est dû non pas à leur capacité de combat, mais au fait que les chasseurs-bombardiers, les hélicoptères et les Predator de l'OTAN leur ouvrent la voie, en pratiquant la terre brûlée. Au sens littéral du terme, comme le montre le corps du soldat libyen carbonisé par le raid OTAN. En d'autres termes, on a créé à l'usage des media l'image d'une résistance avec une force capable de battre une armée professionnelle.
Même si, évidemment des rebelles meurent dans les affrontements, ce ne sont pas eux qui sont en train de s'emparer de Tripoli. C'est l'OTAN qui, forte d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, est en train de démolir un Etat au motif de défendre les civils. De toute évidence, depuis qu'il y a un siècle les troupes italiennes débarquèrent à Tripoli, l'art de la guerre coloniale a fait de grands pas en avant.
La rébellion est appuyée par des "soldats de fortune" - ex-militaires de l'Otan au service des forces de sécurité informelle. Ils prennent part aux opérations terrestres et aux assauts des villes.22/08/2011, C'est l'OTAN qui fait tout le travail militaire, pas les rebelles, Silvia Cattori
L'Otan a usurpé l'application de la résolution du Conseil de sécurité des Nation unies, a conclu M.Rogozine.
22/08/2011, La victoire de l'opposition libyenne signifie-t-elle la fin de la tragédie libyenne ?, Renmin Ribao
Il y a 5 mois, le but de l'opposition était unique, celui de renverser la domination de Kadhafei. Dès que le pouvoir de Kadhafei aura pris fin, l'opposition fera face à des problèmes plus compliqués et plus difficiles. C'est pourquoi quelles que soient les forces militaires entre les mains de Kadhafei, la prise de Tripoli par les forces armées de l'opposition n'est qu'un problème de temps. Mais ce n'est nullement la fin de la tragédie en Libye. Cela pourrait être très probablement le début d'une plus grande tragédie.22/08/2011, Evitons un "succès catastrophique", Presseurop
Après des mois d'une guerre oubliée sur le pas de la porte de l'Europe, la défaite de Kadhafi va permettre à l'OTAN de sauver la face. En théorie. Dans les faits, elle ne sera pas facile à gérer. Si la Libye est abandonnée à son sort par une Europe aux prises avec sa crise financière, la victoire pourrait bien se solder par un échec. "Un succès catastrophique", selon l'expression cynique et pessimiste qui circule à Bruxelles.22/08/2011, Une "victoire" perplexe, Dedefensa
Les précédents – des Balkans à l'Afghanistan – ont montré les coûts et les risques de l'après-guerre. Dans le cas de la Libye, le premier risque est que la chute de Kadhafi prépare un nouveau cycle de violences, laissant les civils exposés et que le vaste front des "vainqueurs" soit submergé par des règlements de comptes (passés et présents).
Comment la sécurité sera-t-elle assurée ? Il est déjà clair que les Etats-Unis, après avoir participé à contrecœur aux opérations militaires, ne souhaitent que se dégager. Barack Obama n'a nullement l'intention de fournir les hommes, ni des aides économiques pour la gestion d'un problème qu'il considère comme faisant partie des responsabilités européennes.
L'Europe, qui avec Paris et Londres a piloté l'intervention militaire – exposant ainsi toutes les limites de ses capacités – passera la main à son tour. Son intention est d'appuyer les hypothèses, en discussion à l'ONU, d'une mission d'aide technique initiale confiée à des contingents arabes et sud-africains. Résultat : dans l'après-Kadhafi, le rôle de pays tels que la Turquie et les monarchies du Golfe va s'accroître. Sur le plan formel, les responsabilités en matière de sécurité incomberont aux libyens eux-mêmes. Avec des résultats incertains, naturellement. Y compris pour les intérêts européens.
Pour faire court pour ce qui concerne notre appréciation, nous dirons que nous ne savons pas si, demain, l'ordre régnera à Tripoli, ou si le désordre emportera la Libye. Mais nous savons bien une chose, assurée d'ores et déjà, c'est que le désordre règne plus que jamais dans les pensées et spéculations des "vainqueurs", les parrains-Système de la "victoire" de la démocratie et de la liberté en Libye. Pour cette raison, on ne fera pas de l'affaire libyenne, au stade où elle en est, un événement essentiel en soi, mais une étape de plus de l'effondrement du Système dans son propre désordre. C'est ainsi, comme dit le poète, que les "victoires" ont parfois, toute réflexion faite, un goût amère, et que celle-ci aurait pu tout aussi bien être remportée par Pyrrhus…22/08/2011, Vers la fin du régime de Mouammar Kadhafi, France Culture
Bizarres ces "libérateurs" de la Libye qui parlent français et anglais... silence radio sur les troupes de l'OTAN et les mercenaires qui font le travail !22/08/2011, Libye : les revirements de la diplomatie française, France Inter
Invité en grande pompe de Nicolas Sarkozy, Mouammar Kadhafi avait planté sa tente bédouine dans la cour de Marigny. Quatre ans après, Nicolas Sarkozy est devenu le bourreau du Guide de la révolution.21/08/2011, Morts libyennes, silence médiatique, Acrimed
20/08/2011, Washington planifie une occupation prolongée d'une partie de la Libye, Réseau Voltaire
Alors que les télévisions atlantistes annoncent la chute imminente de Mouammar Kadhafi, Thierry Meyssan —présent à Tripoli— dénonce une intoxication. Selon lui, la guerre est autant psychologique que militaire. Les mensonges de la propagande visent à provoquer l'implosion de l'État libyen, l'objectif final n'étant plus de gouverner le pays, mais au contraire d'y installer le "chaos constructeur" au détriment de la population civile, afin de débuter le "remodelage de l'Afrique du Nord".18/08/2011, Jean BRICMONT, Diana JOHNSTONE, Qui peut sauver la Libye de ses sauveurs occidentaux ? Pas la gauche française, Le Grand Soir
En mars, une coalition de puissances occidentales et d'autocraties arabes se sont unies pour soutenir ce qui était présenté comme une sorte de petite opération militaire pour "protéger les civils libyens".Lire aussi :
Le 17 mars, le conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution 1973 qui donnait à cette "coalition de volontaires" un peu particulière le feu vert pour commencer leur petite guerre, en contrôlant d'abord l'espace aérien libyen, ce qui permit ensuite de bombarder ce que l'OTAN a choisi de bombarder. Les dirigeants de la coalition espéraient manifestement que les citoyens libyens reconnaissants sauteraient sur l'occasion fournie par cette "protection" vigoureuse pour renverser Mouammar Kadhafi qui, prétendait-on, voulait "tuer son propre peuple". En se basant sur l‘idée que la Libye était divisée de façon nette entre "le peuple" d'un côté et "le mauvais dictateur" de l'autre, on s'attendait à ce que ce renversement se produise en quelques jours. Aux yeux des occidentaux, Kadhafi était un dictateur pire que Ben Ali en Tunisie ou Moubarak en Égypte qui étaient tombés sans intervention de l'OTAN et donc Kadhafi aurait dû tomber beaucoup plus vite.
Cinq mois plus tard, il est devenu évident que toutes les suppositions sur lesquels cette guerre se fondait étaient plus ou moins fausses. Les organisations de défense des droits de l'homme ne sont pas arrivées à trouver des preuves des "crimes contre l'humanité" soi-disant commis par Kadhafi contre "son propre peuple". La reconnaissance du Conseil National de Transition (CNT) comme "seul représentant légitime du peuple libyen" par les gouvernements occidentaux, qui était pour le moins prématurée, est devenue grotesque. L'OTAN s'est engagée dans une guerre civile, tout en l'exacerbant, et sans la faire sortir de l'impasse.
Ce que la gauche et la droite pro-intervention ont en commun est la conviction que "nous" (c'est-à-dire "l'Occident démocratique civilisé") avons le droit et la capacité d'imposer notre volonté à d'autres pays. Certains mouvements français (comme le MRAP) qui vivent littéralement de l'exploitation de la culpabilité à propos du racisme et du colonialisme, semblent avoir oublié que beaucoup de conquêtes coloniales se sont faites contre des satrapes, des princes indiens et des rois africains qui étaient dénoncés comme autocrates (ce qu'ils étaient) et ils ne se semblent pas se rendre compte qu'il y a quelque chose d'un peu incongru, pour des organisations françaises, de décider qui sont les "représentants légitimes" du peuple libyen.
• Revue de presse Libye, Monde en Question.
• Dossier documentaire Libye, Monde en Question.
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