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30 octobre 2013

Regards sur le réalisme

Le réalisme au cinéma n’est pas un genre répertorié par les professionnels, producteurs ou critiques. C’est d’autant plus étrange que les critiques nommèrent néoréalisme certains films italiens sortis entre 1943 et 1955.

Au-delà d’un mouvement revendiqué, le réalisme caractérise de nombreux films des origines à aujourd’hui dans toutes les aires culturelles. Peut-être parce que le cinéma est un art qui relève essentiellement de cette approche du réel.

Certains films sont classés comme documentaires car perdure l’illusion de la neutralité de ce genre alors que, par exemple, les films de Flaherty sont construits selon une vision exotique et passéiste des Lapons (Nanouk l’esquimau) ou des pêcheurs d’Ara (L’homme d’Aran). Or, seule la caméra de vidéo-surveillance est réaliste. Un film est toujours une représentation du réel comme René Magritte il’llustra dans son célèbre tableau Ceci n’est pas une pipe.


Le réalisme au cinéma concerne autant le fond que la forme. Sur le fond, ces films racontent une histoire, mais sans l’artifice d’une intrigue qui s’achève sur la résolution le plus souvent heureuse (happy end hollywoodien) d’un problème à résoudre. Le récit se résume au fragment d’une vie qui a commencé et se poursuit au-delà du film et sans l’artifice d’un héros. Sur la forme, ces films visent « exclusivement le réel en rendant la présentation aussi objective, aussi neutre, aussi inexistante que possible » (Amédée Ayfre, Approche du réalisme, 1959).

Des films aussi divers que On the Bowery (Lionel ROGOSIN, 1956), Xiao Wu – Pickpocket (JIA Zhang Ke, 1997), Xiang ri kui – Sunflower (ZHANG Yang, 2005), African Gangster (Jean Pascal ZADI, 2010), (), Gözetleme Kulesi – La tour de guet (Pelin ESME, 2012), Nordvest – Northwest (Michael NOER, 2013).
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Sur le fond, ces films illustrent tous la vie de gens pauvres plus ou moins exclus du système dominant. Sur la forme, on remarque des parentés entre On the Bowery et Xiao Wu – Pickpocket ; Xiang ri kui – Sunflower et Gözetleme Kulesi – La tour de guet ; African Gangster et Nordvest – Northwest. Le style de ces films paraît indépendant de l’époque (1956-2013) et de la culture (États-Unis, Chine, France, Turquie ou Danemark).

Enfin, le réalisme de l’ordinaire constitue un choix artistique fort dans un pays comme la Chine où ce courant du cinéma indépendant s’est développé à partir des années 1990 (Judith AUDIN, Anatomie politique de la vie de quartier : la dimension ethnographique du cinéma de Ning Ying, SinoPolis, août 2013).



30/10/2013
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• L'évolution du réalisme au cinéma I - Le cinéma est né réaliste (1895-1914), Séquences nº18, 1959.
• L'évolution du réalisme au cinéma II - Le cinéma réaliste à l'âge du « muet » (1914-1929), Séquences nº19, 1959.
• L'évolution du réalisme au cinéma III - La première décennie du cinéma « parlant » (1929-1939), Séquences nº20, 1960.
• L'évolution du réalisme au cinéma IV - Les tendances réalistes du cinéma d'aujourd'hui (1940-1960), Séquences nº21, 1960.
Dossier documentaire Réalisme au cinéma, Monde en Question.
Revue de presse Cinéma 2013, Monde en Question.
Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.

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