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18 janvier 2013

Des Noirs en couleur


Quinze ans après la victoire en Coupe du monde d’une équipe de France Black-Blanc-Beur (1998), les déclarations de certains hommes politiques et intellectuels ont depuis choqué des millions de Français et ont fait de la présence d’Afro-Antillais en équipe de France un débat national. Au même moment, le racisme est de retour dans l’univers du football français et les enjeux « d’intégration » autour des joueurs de l’équipe de France ont engagé de nombreux débats en 2010 et 2012. C’est dans ce contexte que ce film-événement souhaite donner la parole à l’histoire.

Ce film documentaire de 70 minutes, réalisé par Morad Aït-Habbouche et Pascal Blanchard, sur une idée originale de Christophe Maumus et Pascal Blanchard raconte cette fabuleuse saga. Images d’archives inédites, interviews exclusives de joueurs internationaux de toutes les générations (Marius Trésor, Basile Boli, Lilian Thuram, Thierry Henry, Patrick Vieira) et des sélectionneurs (Michel Hidalgo et Raymond Domenech), matchs références, moments essentiels de l’histoire coloniale ou de l’immigration, instants de victoires ou de défaites, émotions et débats constituent un récit exceptionnel qui traverse le siècle raconté par les joueurs eux-mêmes.


Pascal BLANCHARD et Morad AÏT-HABBOUCHE, Des Noirs en couleur – L’histoire des joueurs afro-antillais, réunionnais et néo-calédoniens en équipe de France de football, 2008, Achac.

Voir aussi :
Ces Bleus venus des quatre coins du monde… Un siècle de présence ultramarine et des immigrations en équipe de France (1908-2010), Exposition Achac.
Cette exposition inédite s’attache à présenter l’apport des différentes vagues migratoires qui s’entrecroisent et se succèdent au sein de l’équipe de France de football, véritable reflet de la diversité et de l’histoire de l’immigration en France durant tout le XXe siècle. Tout au long de cette exposition s’entremêlent six récits, correspondant aux immigrations et aux présences en provenance d’Afrique noire et des Outre-mer, d’Europe, d’Amérique du Sud, mais aussi du Maghreb, sans oublier l’apport des Pieds-Noirs. C’est le récit que portent les 35 totems thématiques et les 300 documents d’archives qui composent cette exposition, une véritable saga sur plus d’un siècle, afin de raconter cette histoire hors du commun et de rendre hommage à ces héros du football français.
• Ces Bleus venus d’Europe, Achac
• Des Noirs dans les Bleus , Achac
• Les joueurs maghrébins en équipe de France, Achac

Lire aussi :
• Dominic THOMAS, Noirs d’encre – Colonialisme, immigration et identité au cœur de la littérature afro-française, La Découverte, 2013.
Dans cet ouvrage original à plus d’un titre, Dominic Thomas explore les bouleversements qui ont résulté de la domination coloniale et postcoloniale, et les impacts sur les sociétés et populations africaines de la dissolution partielle des structures d’États-nations modernes en faveur de mécanismes supranationaux. L’auteur s’appuie sur une étude comparatiste d’oeuvres littéraires et donne à voir les circonscriptions transnationales issues du colonialisme et de l’immigration. Ainsi que l’émergence d’une littérature « afro-française », qui rafle les prix littéraires internationaux et fait connaître la la+ngue, plus profondément sans doute que ne le peuvent les institutions de la francophonie.
En mobilisant les apports de différentes disciplines (anthropologie, sociologie, études francophones, Gender Studies, études sur les diasporas, études postcoloniales), Noirs d’encre souligne l’importance pour la société française de valoriser une nouvelle histoire de France qui ferait clairement comprendre que les diasporas noires se trouvent au coeur de l’ouverture de la France au monde, au coeur même de sa modernité.
Revue de presse Cinéma 2013, Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
Dossier documentaire Colonialisme, Monde en Question.
Dossier documentaire Immigration, Monde en Question.

16 janvier 2013

"Les Mille et Une Nuits" rêvées de l'Occident


Tous les arts, tous les genres ont sacrifié la passion des Mille et Une Nuits, du théâtre à la mode, de la musique au cinéma, de la peinture à l’opéra, de la photographie à la littérature… générant plus d’images qu’aucune autre œuvre de l’esprit serait-on tenté de penser, n’a jamais généré. Haroun al-Rachid, Shahriyâr et Shéhérazade, Sindbâd et Aladin : on retrouve là tous les personnages des Nuits et les villes qui leur ont servi de décor, dans des évocations qui empruntent à toutes les disciplines artistiques.

Exposition du 27 novembre au 28 avril 2013
Institut du monde arabeFrance Inter

Lire aussi :
• François POUILLON et Jean-Claude VATIN (sous la direction de), Après l’orientalisme – L’Orient créé par l’Orient, Karthala, 2011.
Venant à la suite de Dictionnaire des orientalistes de langue française (Karthala, 2008), ce recueil de textes, issus d’un colloque réuni à l’EHESS et à l’IMA en juin 2011, en constitue tout à la fois la conclusion synthétique, l’épilogue et le complément. Après avoir tenté, à travers un millier de notices biographiques, de cartographier le vaste territoire de l’orientalisme par une approche dispersée de ses acteurs, de ses institutions et de ses réseaux, il nous fallait élaborer un bilan historique des débats qu’il a suscités, mais aussi inventorier les traces qu’il a laissées dans les sociétés actuelles.
Pour statuer sur les mises en cause et les déconstructions dont il a fait l’objet, de la décolonisation aux postcolonial studies, nous sommes allés chercher des pièces à conviction aussi bien dans l’orientalisme classique que dans ses métamorphoses les plus récentes. Il convenait également de procéder à un décentrement de la question ; à ce titre, l’examen des diverses formes qu’a prises l’orientalisme intérieur propre aux divers empires orientaux – ottoman, sociétique ou chinois par exemple – offre d’un renouvellement suggestif des approches. Il en va de même de l’analyse des réappropriations de l’orientalisme opérées par les « Orientaux », dont il nous importait de montrer qu’ils ont été, et sont encore, des acteurs dont les contributions ne sont pas seulement de l’ordre de la récusation mais procèdent aussi de logiques d’acclimatation ou de patrimonialisation.
• Edward SAÏD, L’orientalisme – L’Orient créé par l’Occident, Seuil, 1980.
D’Eschyle à Kissinger, de Marx à Barrès, l’Occident a tenu un discours sur l’Orient. Mais, puisque «l’Orient» n’existe pas, d’où vient ce discours et comment expliquer son étonnante stabilité à travers les âges et les idéologies? «L’Orient» est une création de l’Occident, son double, son contraire, l’incarnation de ses craintes et de son sentiment de supériorité tout à la fois, la chair d’un corps dont il ne voudrait être que l’esprit.
À étudier l’orientalisme, présent en politique et en littérature, dans les récits de voyage et dans la science, on apprend donc peu de choses sur l’Orient, et beaucoup sur l’Occident. Le portrait que nous prétendons faire de l’Autre est, en réalité, tantôt une caricature, tantôt un complément de notre propre image.

14 janvier 2013

Le mécanisme d'Anticythère

En 1900 des pêcheurs d’éponge grecs découvrent par hasard une épave antique. Elle contenait de nombreuses statues et statuettes en bronze et en marbre ainsi que des objets divers dont « une masse de bronze fossilisée pas plus grosse qu’un ordinateur portable. On y trouve plusieurs roues dentées gravées d’inscriptions mystérieuses. » Ainsi commence le récit mi-scientifique et mi-magique du mécanisme d’Anticythère [00' 45"].


article dédié à Carlos

Le titre du documentaire, La fabuleuse machine d’Anticythère, est bien racoleur. Il copie ceux des médias dominants : l’énigmatique machine d’Anticythère, le mécanisme d’Anticythère révèle ses secrets ou la machine d’Anticythère révèle ses mystères. Des titres aussi vendeurs que inexacts.
La présentation du documentaire, faite sur le site de l’équipe de recherche, est pire encore :

A historical and scientific investigation telling the extraordinary story of how the ancient Greeks built a computer 2,000 years ago.
Une enquête scientifique et historique qui raconte l’histoire extraordinaire de la façon dont les Grecs ont construit un ordinateur il y a 2.000 ans.
The Antikythera Mechanism Research Project

Ceci dit, le documentaire reste intéressant car il conte non seulement l’histoire de la découverte de cet objet, mais surtout les diverses hypothèses de sa nature et révèle l’ignorance de beaucoup de scientifiques en matière d’histoire.
Alors qu’une équipe de recherche internationale s’attribue aujourd’hui tous les mérites « d’avoir résolu l’énigme des engrenages – un vrai Da Vinci code créé dans la Grèce antique » (langage peu scientifique), le documentaire rend compte de l’apport essentiel de Michael Wright. Il fut aussi important que celui de John Harrison pour déterminer la longitude.

Michael Wright a permis de conclure que le mécanisme d’Anticythère était un planétarium miniature qui reproduisait les mouvements du Soleil et de la Lune, ceux de Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne (les seules planètes connues à l’époque) et affichait aussi les différents cycles soli-lunaires et les dates des olympiades.

Le mécanisme d’Anticythère, proche d’une « horloge astronomique » actionnée à la main, n’est donc pas à proprement parler une « machine », un « calculateur astronomique » et encore moins un « ordinateur ». Cela n’ôte en rien de son intérêt. Au contraire, on reste admiratif de l’habilité technique pour mettre dans « le volume d’un boîtier haut de 21 cm, large de 16 cm et épais de 5 cm (dimensions d’un livre de taille moyenne) » toutes les connaissances astronomiques de l’époque. Plus admiratif encore du fait que ce planétarium miniaturisé reproduisait les mouvements apparents des planètes en tenant compte des irrégularités de leur trajectoire et affichait les dates des éclipses.

Quant aux inscriptions, elles restaient mystérieuses que pour ceux qui ignoraient le grec. Les chercheurs ont redécouvert par la même occasion l’importance de l’astronomie mésopotamienne, source des connaissances grecques, mais dédaignée aujourd’hui parce que liée à l’astrologie et parce que ce rappel historique contredit le mythe occidental de la Grèce berceau de la civilisation occidentale. Or le mécanisme d’Anticythère reproduit, par exemple, le cycle de Saros qui marque la périodisation des éclipses solaires ou lunaires (223 mois lunaires, soit 18 ans).

Enfin, les chercheurs, plus experts en communication médiatique qu’en histoire, sont obligés de reconnaître naïvement que toutes les connaissances philosophiques et scientifiques de la Grèce ont leur source en Mésopotamie et qu’elles nous furent transmises grâce à la civilisation arabe qui à son tour les actualisa. C’est ainsi que beaucoup de mots utilisés en mathématiques et en astronomie ont été transmis par l’arabe soit directement, soit en utilisant l’arabe comme langue vectrice.

Quelques questions demeurent sur l’origine et l’inventeur du mécanisme d’Anticythère car il n’existent que très peu de traces de ce genre d’objets y compris dans les livres anciens. Cicéron évoque deux machines capables de reproduire les mouvements du Soleil, de la Lune et des cinq planètes :

« Lorsque Gallus actionnait cette sphère, il se produisait que la lune succédait au soleil en autant de tours dans le cuivre que de jours dans le ciel même, par quoi il se produisait aussi dans le cadran du soleil le même retard, et la lune tombait dans le cône constitué de l’ombre de la terre au moment même où le soleil, dans la direction…(lacune). »
Source : Wikipédia

Le documentaire ne précise pas si le mécanisme d’Anticythère reproduisait la rétrogradation des planètes liée à l’observation géocentrique. Le modèle théorique et mécanique de Michael Wright en tient compte [02' 10"]. Ce détail renforce l’intérêt à la fois pour le mécanisme d’Anticythère et les travaux de Michael Wright.
Partage proposé par : Vimeo HD 720 VF - Bonus (Conférences et Textes)

13/01/2013
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Références bibliographiques :
• Antikythera mechanism, Wikipedia [Article plus complet que la version française qui ignore les travaux de Michael Wright] - The Antikythera Mechanism Research Project - Antikythera Mechanism.
• Decoding the Antikythera Mechanism: Investigation of an Ancient Astronomical Calculator, Nature - Supplementary, Nature, 2006.
• Jo MARCHANT, Decoding the Heavens: Solving the Mystery of the World's First Computer, Voir vidéo - Transcript of the lecture - Slides, 2006.
• Darin HAYTON, Final thoughts from the ICHST: Rambling on about the Antikythera Mechanism, Philadelphia Area Center for History of Science, 06/08/2009.
• Mécanisme d'Anticythère, Wikipédia [Dossier mis à jour par Serge LEFORT le 11/01/2013] - The Antikythera Mechanism Research Project.
• Pierre LE HIR, Sciences : Le mystérieux mécanisme d’Anticythère, Le Monde, 01/12/2006.

• Michael T. WRIGHT, Le mécanisme d'Anticythère, Histoire des Sciences.
• Michael T. WRIGHT, Le mécanisme d'Anticythère - Modèle théorique et mécanique, Télécharger vidéo.
• Michael T. WRIGHT, Antikythera mechanism lives again, Voir vidéo.
• Michael T. WRIGHT, Bibliography, Histoire des Sciences - The Antikythera Mechanism Research Project.

• John HARRISON, Wikipédia [Dossier mis à jour par Serge LEFORT le 13/01/2013].
• John Harrison and the Longitude problem, National Maritime Museum.
• Dava SOBEL, Longitude, JC Lattès, 1996 réédition Points Sciences Le Seuil, 1998.
Lors des grands voyages d'exploration du XVIIIe siècle, les mauvaises estimations de la longitude, dues à la faible qualité des chronomètres de marine, furent la cause de bien des naufrages. Savants célèbres et techniciens émérites proposèrent quantité de méthodes sophistiquées pour résoudre ce problème. Pourtant, l'histoire des sciences ayant parfois des allures de roman, c'est un humble horloger, John Harrison, qui trouva la solution. Il construisit le premier chronomètre résistant à la houle du grand large mais dut faire face à l'animosité du milieu scientifique et à la mauvaise foi des représentants de l'Empire britannique. Une incroyable histoire dont tous les fils politiques, scientifiques ou académiques sont ici brillamment dénoués.

• Sciences et techniques arabes, Wikipédia.
• Liste des scientifiques arabes, Wikipédia.
• Mots français d'origine arabe, Wiktionnaire.
• Salah GUEMRICHE, Dictionnaire des mots français d'origine arabe, Seuil, 2007 réédition Points Seuil, 2012.
Il y a deux fois plus de mots français d'origine arabe que de mots français d'origine gauloise !
D'abricot à zéro, en passant par algèbre, alcool, arobase, bougie, café, chimie, calibre, douane, échecs, hasard, jupe, lilas, magasin, masser, nénuphar, pyjama, raquette, sirop, tarif, tulipe, zénith, ce Dictionnaire des mots français d'origine arabe (et, pour un certain nombre, turque et persane) retrace l'histoire de près de 400 termes, à travers leur étymologie, leur évolution orthographique, leurs usages anciens et modernes… Agriculture, zoologie, astronomie, botanique, médecine, mathématiques, gastronomie ou pharmacie, tous les domaines du savoir ou de la vie quotidienne sont touchés par ce métissage linguistique vieux de plusieurs siècles.

Lire aussi :
Dossier documentaire Astronomie-Astrophysique, Monde en Question.
Revue de presse Cinéma 2013, Monde en Question.
Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.