Fabien GRIS, Images et imaginaires cinématographiques dans le récit français (de la fin des années 1970 à nos jours), Thèse de doctorat en Littérature française, 2012, 785 pages.
Le cinéma est devenu, pour la génération d’écrivains français apparue à la fin des années 1970, un véritable référent culturel, au même titre que la bibliothèque ou la galerie de peintures. Cette génération est la première à s’être revendiquée comme authentiquement cinéphile, nourrie de films, d’images et de " mythologies " proprement cinématographiques. Des œuvres fort différentes manifestent ainsi, chacune à leur manière, le rôle désormais incontournable du cinéma au sein de la littérature, construisant une véritable poétique intersémiotique. Le cinéma peut intervenir thématiquement dans le récit, sous le régime de l’allusion, de la référence ou de la reprise de codes génériques ; mais il fonctionne aussi comme schème opératoire dans le système de la représentation romanesque.La littérature contemporaine envisage le cinéma, au sein d’une narrativité partagée, comme un répertoire de récits, qui enclenche ou condense ses propres mouvements narratifs ; tout récit s’inscrit alors dans du " déjà raconté " qu’il s’agit de d’investir, de détourner, voire de subvertir. Mais la référence littéraire au cinéma cristallise également de nombreuses obsessions propres au récit français actuel : la figuration et la figurabilité, la difficile saisie du réel par le texte, la saturation fictionnelle de notre environnement, le rôle du stéréotype. Elle révèle enfin la présence d’un sujet qui tente de se définir à travers les figures d’une cinémathèque intime et collective, en quête mémorielle et identitaire, marqué par un rapport spectral et mélancolique au monde. Les formes problématiques du je de la littérature actuelle se définissent donc par le biais d’une "cinéphilie littéraire."
Fabien DEMANGEOT, Fantasme et représentation dans l’œuvre d’Alain Robbe-Grillet, Thèse de doctorat en Lettres modernes, 2013, 609 pages.
Cette thèse aura pour but d’interroger deux notions majeures de l’oeuvre robbe-grillétienne : le ‘‘ Fantasme" et la ‘‘ Représentation". Il s’agira, principalement, de mettre en perspective les différents rapports qui se tissent entre elles et la manière dont elles édifient l’oeuvre du Nouveau Romancier. La façon dont Robbe-Grillet représente le fantasme sera au centre de cette recherche, mais nous aborderons également la notion de représentation à travers le motif du théâtre. En effet, les personnages des films et romans de Robbe-Grillet ne cessent de jouer des rôles stéréotypés (l’espion, la prostituée, le docteur sadique etc.) et il arrive fréquemment que les lieus présentés au début de la diégèse se muent en scènes de spectacle. Chez l’auteur de La Jalousie Le fantasme est fortement théâtralisé comme l’atteste également l’omniprésence de la thématique sadomasochiste. Espace de tous les possibles, l’oeuvre de Robbe-Grillet fantasme aussi sa propre gestation. Le Nouveau Romancier, à l’ image du texte qu’il a engendré, est devenu, lui-aussi, un objet de représentation. Ouverte sur de multiples métamorphoses, cette oeuvre aussi ludique que complexe ne cherche pourtant pas à dévoiler l’ensemble de ses mécanismes. Elle laisse la possibilité au récepteur de créer les siens en acceptant ou non le pacte de lecture proposé par l’auteur. Le lecteur-spectateur, à la fois au centre et à l’extérieur de tout ce qu’il peut lire et voir, se retrouve au coeur d’une représentation qui est autant la sienne que celle de l’auteur.
Lire aussi :
• Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
• Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
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