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25 mars 2006

Guerre coloniale et luttes sociales

En Israël, Ehoud Olmert fait campagne électorale à la tête de Kadima pour succéder à Sharon, toujours dans le coma. Loin d'offrir aux israéliens un programme susceptible de sortir de la politique suicidaire conduite par Sharon, il imite son prédécesseur.
Il a multiplié les attaques contre les Palestiniens : raid à Jéricho pour détruire la prison et capturer Ahmad Saadat, raid à Gaza et surtout renforcement du blocage des territoires pour faire payer à la population la victoire électorale du Hamas.

Ce comportement criminel n'est pas dénoncé et les faits sont à peine cités par les médias ou retournés à l'avantage du terrorisme de l'État d'Israël. L'insensibilité face aux drames quotidiens de cette guerre coloniale, qui enferme les israéliens dans le rôle de bourreau des palestiniens, est écœurante. Se taire, c'est être complice des crimes perpétués depuis 58 ans.

La population israélienne est lasse de cette guerre, qui ne profite qu'à quelques milliers de colons instrumentalisés par les partis de droite et d'extrême-droite. Le prétexte sécuritaire devient de moins en moins crédible alors que le Hamas a cessé, depuis un an, sa politique suicidaire des attentats.
La question sociale a donc brusquement refait surface dans cette campagne des législatives. Car si la guerre coloniale touche d'abord la population palestinienne, réduite à la lutte quotidienne pour sa survie, elle touche aussi les millions d'israéliens condamnés à la pauvreté.

L'économie israélienne est une économie de guerre qui ne profite qu'à quelques uns et engendre la précarisation et la pauvreté de la majorité de la population. Cette ségrégation sociale touche surtout les israéliens originaires du Maghreb et du Machrek - appelés les juifs orientaux par opposition à ceux originaires des pays d'Europe centrale.
Les conflits sociaux furent longtemps masqués par les discours guerriers et sécuritaires d'une politique coloniale aussi cruelle qu'inefficace. Car, maintenir les Palestiniens dans les prisons à ciel ouvert des bantoustans, crée plus de problèmes qu'il n'en résout.

Il est réconfortant qu'une partie de la gauche israélienne fasse campagne sur la question sociale. C'est un premier pas, certes timide, pour modifier la manière de résoudre la question politique - celle de la colonisation, dont la majorité des israéliens sont aussi les victimes.
Alors que les nationalismes israélien et palestinien sont dans l'impasse, il est en effet temps d'envisager la création d'un État démocratique dans lequel les deux peuples pourront vivre à égalité de droits et de devoirs sur la même terre.

Ce fut le sens du combat d'Edward Saïd [1], mort en 2003 d'une leucémie, et c'est celui de Marwan Bishara [2] et de l'Initiative Nationale Palestinienne [3], groupe qu'il est urgent de découvrir et de soutenir.
Nous devons soutenir toutes les initiatives israéliennes et palestiniennes qui veulent mettre un terme à la guerre coloniale et partager le même État entre les deux peuples [4].

Serge LEFORT
25 mars 2006


[1] SAÏD Edward, D'Oslo à l'Irak, Fayard, 2005.
[2] BISHARA Marwan, Palestine/Israël - La paix ou l'apartheid, La Découverte, 2001.
[3] INP sur Google. Voir aussi les dossiers :
Le Monde diplomatique.
Libération.
Le Monde.
BARGHOUTI Moustapha, Rester sur la montagne - Entretiens sur la Palestine avec Éric Hazan, La Fabrique, 2005.
[4] Lire les articles d'israéliens :
France Palestine.
Protection Palestine.
Sur la question sociale au Moyen-Orient : COSME Théo, Moyen-Orient 1945-2002 - Histoire d'une lutte de classes, Senonevero, 2002.

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