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2 mars 2006

La voie royale de l'apolitisme

Quatre ans après sa défaite, le PS n'a toujours pas fait le bilan de la perte de 2,5 millions de voix par Lionel Jospin. Conduit par François Hollande, le PS navigue au jour le jour... en attendant les prochaines élections.

Ce ne sont pas les candidats qui manquent ! Au rayon des étrangetés, il y a le retour de celui qui avait annoncé solennellement le 21 avril 2002 qu'il se retirait de la vie politique et les candidatures du couple Hollande-Royal.
La primaire un peu spéciale, entre Ségolène Royal et François Hollande, aura lieu en septembre. C'est à ce moment qu'ils décideront "ensemble, en couple", lequel de la présidente de la région Poitou-Charentes ou du premier secrétaire du PS soumettra sa candidature au vote des militants socialistes. Ségolène Royal énonce ainsi les choses, jeudi 2 février, dans le quotidien britannique Financial Times qui consacre un portrait à la "Celebrity Royal", présentée comme la favorite à gauche pour l'élection présidentielle de 2007.
Le Monde du 03 février

Marie-Ségolène Royal a une curieuse conception de la politique. Non seulement, elle en fait une affaire de couple, mais tout son programme se résume à l'incantation "je suis une femme" ! En janvier, elle a fait le voyage au Chili pour montrer qu'elle soutenait Michelle Bachelet sans connaître trois mots d'espagnol. À cette occasion, elle a surtout révélé son ignorance, car la première femme présidente d'un État d'Amérique du Sud fut Isabel Martínez de Perón, présidente de l'Argentine de 1974 à 1976.

Bien d'autres femmes ont occupé, à l'époque contemporaine, les fonctions de Premier ministre ou de présidente d'un État sans que le fait d'être femme soit un argument pour justifier leur politique.

  • Au Sri Lanka, Sirimavo Bandaranaike fut Premier ministre de 1960 à 1965 et de 1970 à 1972.
  • En Inde, Indira Gandhi fut Premier ministre de 1966 à 1977 et de 1980 à 1984.
  • En Israël, Golda Meir fut Premier ministre de 1969 à 1974.
  • En Argentine, Isabel Martínez de Perón fut présidente de 1974 à 1976.
  • Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher fut Premier ministre de 1979 à 1990.
  • En Islande, Vigdís Finnbogadóttir fut présidente de 1980 à 1996.
  • Aux Philippines, María Corázon Sumulong Cojuangco (Corázon Aquino) fut présidente de 1986 à 1992.
  • Au Pakistan, Benazir Bhutto fut Premier ministre de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996.
  • En France, Édith Cresson fut Premier ministre de 1991 à 1992.
  • Au Bangladesh, Khaleda Zia fut Premier ministre de 1991 à 1996.
  • Au Sri Lanka, Chandrika Kumaratunga fut présidente de 1994 à 2005.
  • Aux Philippines, Gloria Macapagal-Arroyo fut présidente de 1998 à 2001 et depuis 2004.
  • Au Panama, Mireya Elisa Moscoso Rodríguez de Arias fut présidente de 1999 à 2004.
  • En Lettonie, Vaira Vīķe-Freiberga est présidente depuis 1999.
  • En Finlande, Tarja Halonen est présidente depuis 2000.
  • En Indonésie, Megawati Sukarnoputri fut présidente de 2001 à 2004.
  • En Allemagne, Angela Dorothea Merkel est Chancelière depuis 2005.
  • Au Libéria, Ellen Johnson-Sirleaf est présidente depuis 2006.
  • Au Chili, Verónica Michelle Bachelet Jeria est présidente depuis 2006.

  • Marie-Ségolène Royal devra donc trouver d'autres arguments pour convaincre.
    Fille d'un colonel d'artillerie à Dakar, capitale de l'AOF (Afrique occidentale française) pendant l'occupation coloniale, elle devra nous expliquer les "bienfaits" du colonialisme et du néo-colonialisme.
    Le conseil de prud'hommes de Niort a condamné Ségolène Royal en 1999 pour avoir employé durant sa campagne de 1998 (élections cantonales) plusieurs collaboratrices sans les rémunérer. Son appel a été rejeté par la cour d'appel de Poitiers en 2005.
    Wikipédia

    Ardente avocate des valeurs familiales et du néo-puritanisme de la droite, elle devra justifier ses déclarations dans l'affaire d'Outreau.
    Le 9 juillet 1997, au lendemain de la rétractation de l'enfant qui accusait son professeur d'EPS d'attouchements (Affaire Montmirail), elle a déclaré : « L'affaire n'est pas finie... L'enfant s'est peut-être rétracté sous la pression des adultes, sous le poids d'un suicide... »
    Plaçant toujours la parole de l'enfant au-dessus de la présomption d'innocence, Ségolène Royal a, à maintes reprises, soupçonné les défenseurs de la présomption d'innocence de vouloir "couvrir les pédophiles". L'ancienne ministre n'est jamais revenue sur la circulaire publiée en août 1997, ni sur ces déclarations.
    Wikipédia

    Favorable au traité de Maastricht, elle a déclaré en juin 1992 : « Si le traité de Maastricht n'avait pas été signé, nous aurions aujourd'hui six millions de chômeurs. »

    Favorable au référendum sur la Constitution européenne, elle a déclaré en 2005, lors d'un débat télévisé de l'émission Mots croisés sur France 2 : « La constitution européenne est très belle. » « Si le non gagne, je serais obligée de privatiser les cantines scolaires de ma région. »
    Wikipédia

    Sur les banlieues, elle a déclaré le 10 novembre 2005 : « Il faut rétablir l'autorité parentale [...] et rétablir une sorte de service national, au moins pour six mois. Sa suppression a été une grave erreur. C'était le seul endroit où des jeunes qui n'avaient pas été cadrés avaient une chance de l'être. »
    Libération

    L'accusation de misogynie que Marie-Ségolène Royal oppose systématiquement à tous ses détracteurs ne suffira pas à masquer ses positions ou ses silences.

    Serge LEFORT
    1er mars 2006

    [note du 8 mars 2006]
    Grégory Rzepski, L'ascension de Ségolène Royal dans les médias et ses effets de censure sur le débat démocratique, Acrimed.

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