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Pris à contre-pied, les milieux économiques perdent toute confiance dans le système, délégant au politique leur survie. Comment sauver donc le système bancaire sans cautionner les dérives de ses acteurs ?
Quand la faillite américaine devient aussi une faillite politique, Marianne
Cette affaire nous amène à voir d'un jour nouveau la démocratie américaine, si souvent présentée en modèle pour sa transparence et sa sophistication. Elle apparaît avec cette affaire comme un système incapable de fonctionner en temps de crise, incapable de prendre des décisions douloureuses, incapable de penser collectif et de soumettre les intérêts de quelques uns à la moindre discipline collective.
Cette incroyable défaillance du congrès est finalement de la même nature que la crise financière. C'est la même crise qui a gagné le système politique. La crise de l'individualisme, la crise du courtermisme, la crise du dogmatisme idéologique, la crise culturelle d'un peuple tellement sûr de lui qu'il ne peut pas imaginer pouvoir faillir.
Après le rejet du plan Paulson, le krach boursier, Chronique Agora
Le Congrès américain aurait donc voulu signifier à l'administration Bush qu'une nouvelle ère venait de s'ouvrir ? En tout cas, il a rejeté de façon cinglante un plan de sauvetage mal ficelé, présenté comme le seul rempart face à une catastrophe longtemps niée mais qui devient soudain la plus impérieuse des menaces.
Ainsi, en ce lundi 29 septembre, le vieux ressort de la peur, le recours au mécanisme de la réaction instinctive et viscérale aurait cessé de fonctionner. Plus question de bombarder les plus prestigieuses firmes de Wall Street de liquidités comme les palais et casernes de Saddam Hussein de missiles à la mi-mars 2003.
L'Irak fut pris sous un déluge de feu suite à la production de faux rapports sur des armes de destruction massive menaçant les Etats-Unis. Imaginez-vous un seul instant que l'ex-allié des USA ait jamais eu les moyens de faire trembler simultanément Wall Street, la City de Londres, Hong Kong et les piliers de la finance helvétique ou germanique sur leurs bases ?
Les banques américaines, en revanche, possédaient tout un arsenal de "destruction massive de valeur" d'une puissance jamais égalée dans l'histoire du capitalisme... Il n'y a qu'à voir les dégâts infligés à la finance mondiale jusqu'à 20 000 kilomètres de distance de Wall Street : c'était des vecteurs furtifs mais à très longue portée !
Le peuple américain ne se sent soudain plus très rassuré d'être gouverné par une administration qui n'a non seulement pas su prévenir "la pire crise depuis 29" mais qui a menti sur son caractère contagieux. Les Américains sont surtout inquiets de constater que si la planète se réchauffe du fait de la surconsommation d'énergie aux Etats-Unis, le gel du marché du crédit risque de les précipiter soudain vers l'âge de pierre du capitalisme, sans passer par la phase "ralentissement progressif du cycle économique".
Le désordre et la Chambre, Dedefensa
Cornwell ne s’intéresse pas à l’aspect technique, aux manœuvres de Paulson, à la comédie de McCain. Il va plus au cœur du problème, qui est le fonctionnement du système politique US. Ce “black Monday”-là n’est pas en manque de reconnaissances en paternité, mais il ne fait aucun doute pour nous que l’inspirateur irresponsable de la chose est bien le système tel qu’il est devenu, le cœur politique de cette puissance auto-proclamée, le modèle de “gouvernance” US, la perfection du “check & balance” adulée dans le Rest Of the World aux jours heureux des illusions. Le modèle est en faillite, et plutôt du genre frauduleux.
La crise financière, dont on voyait l’élargissement depuis quelques jours, s’est définitivement transformée en une crise fondamentale du système politique en allant au cœur de la chose, – la politique, certes. Le phénomène systémique poursuit sa diffusion de crise sectorielle en crise sectorielle, chacune continuant à brûler une fois qu’on est passé à la suivante. Mais l’on admettra qu’on se trouve ici au cœur de l’incendie: les hommes confrontés au monstre qu’ils ont créé, victimes de ce monstre, incapables de servir ce monstre jusqu’où ils devraient le faire parce qu’ils sont eux-mêmes au bout de leur capacité de le faire.
Ecartons ici, par pitié, toute considération technique, – sur ce que valent le plan de sauvetage, l’action et les manigances de Paulson, les formules de sauvetage d’un système financier dévoré par les termites, les justifications évidentes de ceux qui se sont révoltés en désordre pour le repousser, les perspectives des bourses ajoutant chaque jour un “jour noir”, les faillites à venir, les nationalisations, etc. Observons simplement l’absence complète de force commune, de solidarité, de sens et d’élan collectifs par quoi un tel système tient, quelles que soient la vanité et la malignité des motifs. [...] Le système meurt du poison qu’il a lui-même instillé dans le temps et l’espace qu’il a eus sous sa domination; déstructurant du reste, il l’est devenu de lui-même.
Finalement, un vote “anti-système” ?, Dedefensa
Ce qui est extraordinaire dans le cas du vote d’hier, c’est que toutes ces données de solidarité ont été bouleversées. Le vote n’était pas une surprise et son résultat est d’autant plus une surprise. Il avait été préparé par plus d’une semaine de tractations, d’interventions, de pressions. La direction de la Chambre était parfaitement au courant de l’état d’esprit qui régnait chez les parlementaires et elle devait avoir fait tout ce qu’elle jugeait nécessaire pour garantir un vote favorable dans des circonstances aussi tendues. A cette lumière, le résultat est stupéfiant; non seulement qu’il soit négatif, mais qu’il se soit réparti d’une façon si significative selon des lignes de rupture à l’intérieur des deux partis, avec une majorité du parti du président votant contre une loi que le président soutenait de toutes ses forces, avec une forte proportion des démocrates votant contre malgré les pressions de sa direction (228 voix contre 205, avec 133 républicains et 95 démocrates contre, 140 démocrates et 65 républicains pour).
Car enfin, la Chambre a voté contre Wall Street, contre la rétribution éhontée des catastrophiques pratiques de la finance sans contrôle, de la finance-gangster qui mène le monde et qui est responsable à 100% de la crise actuelle. Il s’agit d’un vote “populiste” dans le sens US du terme, essentiellement initié par les républicains en général perçus comme réactionnaires, soutiens de la guerre en Irak et de la folle politique belliciste de GW Bush. Les stéréotypes nous donnent bien du tracas, dans cette époque complètement déjantée. Ils en donneront aussi aux candidats à l'élection présidentielle, entre un McCain qui a failli se prononcer contre le plan Paulson et qui l’a finalement soutenu, et un Obama qui se pose en représentant du petit peuple et qui se retrouve tributaire d’un choix (nettement en faveur du plan Paulson malgré toutes les réserves d’usage) perçu comme soutenant Wall Street et battu en brèche par la Chambre
CHAVAGNEUX Christian, Le rejet du plan Paulson plonge la finance dans une double crise, Alternatives Economiques
Ce plan, nécessaire, a été rejeté par 228 parlementaires, 95 démocrates et 133 républicains. On savait depuis le début que des démocrates allaient refuser le plan et on attendait une mobilisation des républicains. Celle-ci a bien eu lieu mais pour rejeter le plan. D'une irresponsabilité totale au regard de l'histoire et de leur pays, ces parlementaires ont refusé le plan pour deux raisons. Soit par pure idéologie, le qualifiant de « socialisme financier ». Soit parce qu'élus avec une faible marge et devant se représenter début novembre devant des électeurs réticents au fait d'aider Wall Street, ils ont préféré rejeter le plan plutôt que d'en expliquer la nécessité. La violence du rejet du plan, de Paulson et de l'autorité de George W. Bush, a été telle que 18 % des parlementaires républicains partant en retraite, et donc sans enjeu électoral, ont tout de même voté non.
Commentaires : Un "plan nécessaire" selon cet altermondialiste... pour sauver les spéculateurs.
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