Les banques britanniques ont dû accepter des conditions très strictes pour bénéficier des fonds publics, tandis qu'en France, l'Etat offre les mêmes garanties sans guère de contreparties réelles. Sa seule demande : un nouveau code de conduite qui risque d’être aussi inefficace que ses prédécesseurs.
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Royaume-Uni : un sauvetage soumis à conditions
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En contrepartie de cette recapitalisation, le gouvernement anglais a imposé aux banques des conditions très strictes : maintien de la distribution des crédits aux particuliers et aux PME au niveau de 2007 ; aucun bonus en 2008 pour les dirigeants des banques et redéfinition de toutes les politiques de bonus ; aucun dividende pour les actionnaires normaux tant que l'Etat sera au capital ; présence de représentants de l'Etat dans les conseils d'administration.
France : un code de conduite contre la crise
En France, le gouvernement a lui aussi décidé de recapitaliser les banques à hauteur de 40 milliards d'euros (Les Echos). Une première tranche de 10,5 milliards d'euros a été mise en œuvre le 20 octobre dernier, mais uniquement sous la forme de titres subordonnés. Ce qui signifie que, contrairement au gouvernement anglais, l'Etat français a apporté cette somme aux banques sans revendiquer aucun droit de regard sur leur fonctionnement via une présence au capital et dans les conseils d'administration.
Il ne leur a pas non plus imposé de conditions strictes en matière de dividendes, de bonus ou encore de distribution de crédit. Déjà le 30 septembre dernier, il avait accepté de sauver Dexia tout en restant un actionnaire minoritaire, alors que les 6,4 milliards de capital apportés (dont 3 par l'Etat français) auraient dû logiquement se traduire par une expropriation des actionnaires existants et une prise de contrôle majoritaire de la société.
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Commentaires : Contribution intéressante à l'heure où beaucoup d'économistes parlent abusivement de "socialisation" des banques - ce qui n'est pas le cas non plus en Grande Bretagne.
Contre les paradis fiscaux, la dernière offensive ?, Blog LeMonde
Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker s’indigne que l’on puisse faire «une équation entre secret bancaire et paradis fiscal». Il a raison. Le secret bancaire ne suffit pas. Un bon paradis fiscal exonère en outre d’impôts les étrangers, auxquels il assure la stabilité politique, ainsi que des services financiers compétents et imaginatifs.
Un bon paradis fiscal, en somme, c’est le Luxembourg.
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Commentaires : Si les paradis fiscaux sont la partie visible de l'abus du pouvoir financier, le secret en est la partie cachée et la plus fondamentale.
«Nous avons besoin d’une récession dure et rapide», Libération
Les mesures prises par les gouvernements vous laissent dubitatif, pourquoi ?
Parce qu’il y a un problème sous-jacent à cette crise que l’on ne parviendra pas à régler par le seul sauvetage des marchés financiers. Il s’agit de la dette des ménages. Entre 2000 et 2007, les Etats-Unis ont produit des biens de consommation et des services d’une valeur de 92 500 milliards de dollars mais en ont consommé pour 97 000 milliards, soit une différence de 4 500 milliards de dollars pour l’essentiel à la charge des ménages. Les ménages ont emprunté cette somme en hypothéquant leurs maisons pour acheter toutes sortes de biens de consommation. Durant ces sept ans, le pourcentage de la dépense des ménages est passé de 66 % à 72 % du produit intérieur brut, le taux le plus élevé au monde. Et cela a été possible uniquement parce que la valeur de l’immobilier a augmenté de 14 % par an durant cette période. Le seul chemin possible est la réduction drastique des dépenses consacrées à la consommation. La plupart des économistes vous diront que c’est affreux car cela conduirait à une récession, mais nous n’avons pas d’autre choix.
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Vous pensez que les Américains sont prêts à ces sacrifices ?
La vérité est qu’ils font déjà ces sacrifices. Les ménages sont endettés. Ils n’arrivent déjà plus à financer leurs crédits, à payer leurs hypothèques, à obtenir de nouveaux crédits pour leurs achats. Evidemment, il y aura des répercussions sur l’économie, à commencer par l’industrie automobile. Mais nous devons passer à un modèle économique radicalement différent. J’ai horreur de le dire, mais nous devrons travailler plus et vivre plus chichement.
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Commentaires : Raisonnement typique d'un économiste bien-pensant. Quand ces messieurs parlent de “la dette des ménages”, ils n'évoquent jamais les causes de l'endettement des travailleurs américains : le niveau des salaires et des prestations sociales.
Une Amérique malade des inégalités ?, La vie des idées
L’ouvrage de Douglas Massey, Categorically Unequal, dresse un état des lieux édifiant des inégalités aux États-Unis. L’étude classique de la stratification sociale est prolongée par une réflexion sur la production des catégories grâce auxquelles les individus et les groupes sont hiérarchisés.
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La richesse de cet ouvrage réside dans le fait qu’il se prête à deux types de lecture. Il peut se lire d’abord comme une analyse socio-historique des inégalités liées à la couleur de la peau, l’origine ethnique, la classe sociale et le genre aux États-Unis. Cette analyse est délivrée au travers d’une synthèse particulièrement impressionnante de travaux scientifiques essentiellement à caractère empirique ayant relaté le niveau de ces inégalités et leur évolution tout au long du XXe siècle.
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Et quand il s’agit de synthétiser la recherche sur l’ensemble de ces questions, Massey s’avère à la hauteur de la tâche. Dans un style parfaitement accessible et avec une précision quasi exemplaire quant aux références scientifiques, il dresse un portrait très complet du système de stratification sociale aux États-Unis. L’Amérique se caractérise par un niveau d’inégalités record au sein des pays développés. Par opposition aux analyses marxistes orthodoxes qui présentent le capitalisme comme générateur d’inégalités, Massey montre comment c’est précisément l’exclusion durable et parfois institutionnalisée de certains groupes du marché (par les mécanismes de discrimination) et la protection d’autres groupes des défaillances de ce dernier qui créent les inégalités sociales.
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Les chapitres 4, 5 et 6 décrivent comment cette dynamique inégalitaire concerne plus généralement l’ensemble des groupes défavorisés dans la société américaine : les immigrés, les femmes et les pauvres.
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En ce qui concerne les inégalités de classes, l’auteur montre les effets dévastateurs de la casse, sous l’administration Reagan, de la grève des contrôleurs aériens de 1981 sur l’équilibre patronat/salariat. L’Amérique depuis est celle des riches : dégringolade des salaires minimum, hausse des taux de pauvreté, démantèlement du Welfare State et rétrécissement progressif – devenu drastique sous Bush – de l’État fédéral. En parcourant les travaux de sociologie politique, on apprend comment, au travers de la multiplication des municipalités dans une même zone métropolitaine, les taxes importantes récoltées dans les quartiers pauvres financent les installations luxueuses des quartiers riches dont les habitants eux n’ont cessé de recevoir des cadeaux fiscaux. Même à l’école et dans les universités, les mécanismes de reproduction sociale restent très forts : la discrimination positive des enfants d’anciens étudiants, loin d’être négligeable notamment dans les universités les plus prestigieuses, contribue à la concentration des capitaux culturel et humain au sein des classes dirigeantes.
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Massey transgresse en effet certains tabous de la théorie sociale classique, qui insiste sur le caractère constructiviste de toute forme de catégorisation sociale, qu’elle se reporte à des différences liées à la biologie (le genre), l’origine (l’ethnicité) ou la couleur de la peau. Sous l’influence de plusieurs travaux en psychologie sociale, sciences cognitives et neurosciences, Massey remonte aux racines de la catégorisation sociale telle qu’elle se passe dans le cerveau des individus. Le premier chapitre de l’ouvrage qui tente d’expliquer comment la stratification marche (How stratification works) se détache de tous les autres : il dresse les fondements cognitifs des rapports sociaux d’exploitation. La construction des frontières entre groupes sociaux s’opère d’abord à l’échelle de l’individu : c’est le cerveau humain qui, dans un principe de classement dual sur un axe de compétence d’une part et un axe de chaleur ou de sympathie (warm) d’autre part, pose les piliers de la stratification sociale. Ces schémas cognitifs sont certes réinterprétés et « recadrer » (framing) socialement en attribuant des caractéristiques stéréotypées à certains groupes sociaux. Cela n’en demeure pas moins qu’elles existent d’abord et avant tout dans la tête des humains. Ce n’est pas le marché, le capitalisme ni même le pouvoir et les intérêts des dominants qui créent les inégalités : c’est d’abord et avant tout les synapses !
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Commentaires : Ce chapitre est beaucoup plus que contestable. Son auteur reprend les thèses de la sociobiologie et du créationnisme.
Si le facteur cognitif des rapports sociaux d’exploitation est une réalité, il n'est pas LA cause de la domination, mais résulte d'une construction sociale.
Pour aller plus loin :
• Constructivisme (épistémologie), Wikipédia
• Constructivisme (psychologie), Wikipédia
• Constructivisme (sociologie), Wikipédia
• Discours de la servitude volontaire, Wikipédia
• La soumission à l'autorité - L'expérience de Milgram, Wikipédia
• La soumission "librement consentie", Wikipédia
• La "soumission volontaire" et la "soumission forcée", CRDP
• De la soumission volontaire ?, Le Pangolin
• “Liberté intérieure” et “liberté extérieure”, Dedefensa
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