La Chine compte intensifier sa coopération avec les Etats membres de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), et appelle à mobiliser gouvernements, entreprises et banques afin de limiter le contrecoup de la crise financière, a annoncé jeudi le premier ministre chinois Wen Jiabao.
"Le maintien de la stabilité économique et financière et du marché des capitaux chinois, ainsi que le maintien d'un développement stable et rapide de l'économie sont le principaux axes de Pékin afin de juguler la crise actuelle", a-t-il déclaré lors de la réunion du Conseil des chefs de gouvernement de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Astana (Kazakhstan).
Le chef du gouvernement chinois a dévoilé une série de propositions en vue d'intensifier la coopération avec les Etats membres de l'OCS, visant à simplifier le commerce et les investissements, à créer un réseau régional d'infrastructures (énergie, transports, communications) et à resserrer les liens entre les cercles d'affaires.
"Les cercles financiers doivent analyser et prévoir conjointement les processus macroéconomique mondiaux, harmoniser leur politique monétaire, tout en renforçant et en perfectionnant leur contrôle afin de mieux contrer les risques dans ce domaine", a indiqué le premier ministre.
Selon lui, des crédits préférentiels seront alloués afin de mettre en oeuvre des projets économiques conjoints au sein de l'Organisation. "Nous voyons d'un bon oeil la constitution d'un fonds de développement de l'OCS", a-t-il fait savoir.
"Le développement de la Chine est indissociable de celui du monde. La prospérité et la stabilité mondiale ne peuvent exister sans la Chine, et Pékin poursuivra sa politique de réforme et d'ouverture, en restant fidèle au bon voisinage et au partenariat avec nos voisins", a-t-il conclu.
La Chine, dont les échanges avec les pays de l'OCS entre janvier et août ont atteint 55,8 milliards de dollars (+35% en glissement annuel), espère que cet indicateur atteindra 80 à 100 milliards de dollars à la fin de l'année.
L'OCS regroupe la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, la Russie et le Tadjikistan. L'Iran, le Pakistan, l'Inde et la Mongolie ont le statut d'observateurs.
La Chine face à la crise financière, Le Blog du Milieu
Les entreprises chinoises ne font appel aux marchés financiers que pour 25 % environ de leur financement extérieur, les 75 % restants étant assurés par l’intermédiation bancaire traditionnelle. A titre de comparaison, ces proportions sont quasiment inversées (80 % et 20 %) pour des pays comme les Etats-Unis et le Royaume Uni.
Par ailleurs, non seulement les entreprises chinoises font peu appel aux marchés financiers pour leur financement extérieur, mais elles font peu appel au financement extérieur tout court : le taux d’épargne et d’autoinvestissement des firmes chinoises est parmi les plus élevés du monde, et se trouve, par exemple, presque quatre fois plus élevé que celui des entreprises indiennes. Au final, la déconfiture des marchés boursiers chinois n’a qu’un impact limité sur les possibilités de financement des entreprises.
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Ainsi, si la crise financière internationale a emporté les marchés financiers chinois, le rôle de ces derniers pour l’économie réelle reste limité, tandis que les banques sont elles-mêmes peu touchées par la crise des subprimes. Faut-il en conclure que la République Populaire va se trouver épargnée par la crise actuelle ? Non, et loin de là. Les conséquences pour l’économie chinoise ne viendront pas directement, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis et en Europe, de la crise financière et de la contraction du crédit. Ce seront, ou plutôt ce sont déjà, des conséquences indirectes dues à la récession mondiale et tout particulièrement au ralentissement de l’activité et de la baisse de la demande aux Etats-Unis et en Europe.
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A l’heure actuelle, il est donc difficile de dire quelles seront les positions adoptées par la Chine. On peut néanmoins noter que cette crise offre à la République Populaire deux opportunités. Tout d’abord, cette crise mondiale peut constituer l’occasion pour l’économie chinoise de réduire sa dépendance vis-à-vis de la demande internationale et de remplacer celle-ci, comme moteur de la croissance, par la consommation intérieure, aujourd’hui bien trop faible. Les décisions du Conseil d’Etat, annoncées dans le week-end du 18-19 octobre, de développer le système de protection sociale, par exemple, vont dans ce sens. Ensuite, les mois qui viennent verront probablement d’intenses négociations autour de la nécessaire refonte du système financier international et de la redéfinition de ses règles. La Chine, qu’on peut considérer comme plutôt proche des conceptions européennes favorables à plus de régulation, voudra probablement faire entendre sa voix, comme le Premier Ministre Wen Jiabao l’a souligné lors de la session d’ouverture du Sommet Europe-Asie le 25 octobre. Et la masse d’actifs et de devises que la République Populaire a accumulées devrait pouvoir donner du poids à ses positions.
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