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10 février 2009

Israël malade de Gaza

Le pays est malade de l’occupation de la Palestine, à laquelle il ne parvient pas à se décider de mettre fin. « L’occupation est son cancer. Il ronge Israël de l’intérieur », estime un père bénédictin du monastère d’Abou Ghosh, un village arabe israélien non loin de Jérusalem.

Le pays est mal dans sa peau. Israël a peur, il craint l’avenir d’une angoisse diffuse. Jeune mère de famille d’origine française qui s’est installée et mariée à Tel-Aviv il y a dix ans, Armelle résume la situation : « Le monde entier nous voit comme des monstres. Nous ne sommes pas aimés par nos voisins et nous avons l’impression que nous ne savons pas ce que nous ferons demain. C’est dur de se sentir isolé. Le pays est dans une grande souffrance morale. » Elle affirme pourtant qu’elle votera pour Tzipi Livni, « une femme honnête qui n’a pas voulu se compromettre avec les partis religieux ».

Par réflexe sécuritaire, le pays se replie sur lui-même. La peur des voisins palestiniens y devient incontrôlable. Il est vrai que les deux peuples ne se connaissent plus. La muraille de béton construite autour de la Cisjordanie les a coupés l’un de l’autre. Gaza n’est plus qu’un ghetto depuis 2005 et les ouvriers palestiniens en Israël ont été remplacés par des Philippins ou des Thaïlandais. La crispation droitière du pays s’étend même aux Arabes israéliens, comme on les appelle en Israël. Il y a quelques mois, des députés-y compris un travailliste-ont demandé que deux des quatre partis arabes de la Knesset, le Balad et la Liste arabe unifiée-Taal, ne puissent présenter de candidats aux législatives. La Cour suprême, ce bastion de l’Israël démocratique et non religieux, les a déboutés. Mais cette tentative, la seconde en quelques années, jette un froid-plus de 50 % des Israéliens juifs y étaient favorables-et met les Arabes israéliens mal à l’aise. Descendants des Palestiniens qui sont restés dans le pays en 1948, ils refusent d’être vus comme des étrangers sur leur propre terre.

« Je veux un autre Israël », protestait, en janvier, une jeune femme qui, dans les premiers jours de la guerre de Gaza, brandissait un drapeau israélien lors d’une manifestation en faveur de la paix à Tel-Aviv. Les participants étaient principalement des Arabes d’Israël. Nombre d’entre eux, ce soir-là, tenaient un drapeau israélien et palestinien, leur double allégeance nationale et identitaire. La jeune femme qui veut les rejoindre avec son seul drapeau bleu et blanc d’Israël doit discuter âprement avec un policier qui pense qu’elle appartient à la droite dure et veut perturber la manifestation. Comprenant son erreur, il la rabroue durement : « Tu n’as rien à faire ici avec les Arabes. »

Que va-t-il se passer demain ? Quel que soit le vainqueur, dans ce pays qui est une « mosaïque de ghettos », selon l’expression d’André Chouraqui, le futur Premier ministre devra composer avec les petits partis. Si Netanyahou l’emporte, fera-t-il alliance avec les partis religieux ou ceux de l’extrême droite laïque ? Il affirme vouloir composer un gouvernement avec Tzipi Livni et Ehoud Barak. Deux raisons : d’une part, il ne veut pas être sous l’épée de Damoclès des petits partis, qui le menaceront sans cesse de quitter le gouvernement ; d’autre part, il n’entend pas se heurter de front avec Barack Obama, qui déclare vouloir régler définitivement le conflit israélo-palestinien par la création de deux Etats. L’Etat palestinien indépendant devant être viable et bénéficier d’une continuité territoriale.

Publié par Le Point

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