"Il partage certaines valeurs avec Le Pen"
Shai Versano, un ancien habitant d'un Kibboutz, travaille dans les médias et vote pour le Parti travailliste. Il préfère garder l'anonymat pour des raisons professionnelles.
C'est vrai qu'il partage certaines valeurs avec Le Pen, mais c'est quand même un peu injuste de l'assimiler à l'homme politique français. Lieberman est un démagogue, ses propos sont crus, ses slogans durs et il fait appel à nos émotions. Mais alors qu'en France Jean-Marie Le Pen fait campagne contre l'immigration, ici, Lieberman fait campagne contre les Palestiniens.
"Lieberman dit tout haut ce que de nombreuses personnes pensent tout bas"
Galy Carmeli-Shrim, spécialiste des médias sociaux, fait campagne pour Lieberman.
Je soutiens Lieberman parce que je pense que les autres partis israéliens n'ont pas été assez forts face aux Palestiniens. Certains l'accusent d'être fasciste parce qu'il exige qu'on soit loyal à la nation. Cette idée a suscité la polémique ici en Israël. Beaucoup demandaient comment il était possible d'évaluer l'attachement à la nation. Mais être fidèle au pays, cela ne veut pas forcement dire brandir des drapeaux et organiser des défilés. Cela veut dire qu'on se refuse à agir contre son pays. Que ceux qui veulent être avec l'ennemi le rejoignent. J'estime que les Arabes israéliens devraient faire leur service militaire et ne pas avoir le droit de manifester contre Israël.
Je pense aussi qu'il y a un engouement contre Lieberman en ce moment. Beaucoup disent qu'il est très agressif, alors que d'autres le sont plus. Mais Lieberman dit tout haut ce que de nombreuses personnes pensent tout bas, et cela dérangent certains. Il n'est pas facile de regarder dans le miroir. Les Israéliens ont par exemple des difficultés à aborder les conflits qui opposent les laïcs et les religieux. Ici, les religieux ne travaillent pas, ils ne vont pas à l'armée et profitent de ce que produit Israël. Nous, on demande une claire séparation de l'Etat et de la religion."
Publié par France 24.
Avigdor Lieberman : Itinéraire d'un fasciste
En 2001, comme ministre du gouvernement Sharon, il demande le « transfert » (l’expulsion de l’Etat « juif ») d’une grande partie des citoyens arabes et déclare : « Est-ce que je les vois comme des citoyens de l’Etat d’Israël ? Non. Sont-ils coupables ? Oui. Ils doivent trouver un autre endroit où ils se sentiront à l’aise. »
Colon de Nokdim, colonie au sud-ouest de Jérusalem, Avigdor Lieberman est un grand défenseur de cette centaine « d’avant-postes » qu’Israël devrait, selon la feuille de route, démanteler immédiatement. Or, un des points de l’accord de gouvernement serait précisément la « légalisation » d’une partie de ces colonies qui vont s’ajouter à toutes les autres.
Mais son grand projet reste celui de redessiner la ligne verte - la ligne d’armistice tracée en 1949 et qui représente de fait la frontière entre Israël et les territoires occupés. La spécificité du programme d’Avigdor Lieberman consiste à créer un Etat ethiquement homogène. C’est ainsi que pour lui, le triangle de la région de Wadi-Ara, transféré à Israël par la Jordanie dans le cadre de l’armistice après la guerre de 1948, serait « restituée aux Arabes » pour en chasser une bonne partie d’Israël... Dans l’immédiat, il propose un système électoral qui élèverait le seuil pour entrer au parlement à 10% et qui mettrait dehors les partis arabes et les partis religieux.
Et puis il est chargé au gouvernement, contre l’avis d’Amir Peretz, de la planification, de la préparation, d’une intervention militaire contre l’Iran dont il prône le bombardement... Un vrai programme de guerre.
Pour l’historien israélien Zeev Sternell, spécialiste du fascisme européen, « Lieberman est le plus dangereux politicien de notre histoire. » « Je ne peux oublier », ajoute-t-il, « que Mussolini est arrivé au pouvoir avec seulement trente députés. »
Publié par APS.
Apartheid made in Tel Aviv : le "Le Pen israélien"
Aujourd’hui, il touche les dividendes de "Plomb durci" : selon lui, la Tsahal n’a pas terminé le travail, quelques roquettes tombant encore sur Israël, et lui se fait fort d’en finir définitivement avec le Hamas. L’homme de la rue israélien estime fréquemment que Lieberman "dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas", exactement ce que les racistes et bas du front français prétendaient de notre Jean-Marie Le Pen, ce qui lui vaut en France le surnom de "Le Pen israélien". Son parti dispose aujourd’hui à la Knesset de 11 sièges, mais les sondages lui en prédisent 20 à l’issue du scrutin de demain.
Alors les dirigeants des autres partis se livrent à une obscène danse du ventre pour séduire son électorat.
Publié par Plume de presse.
La percée politique de l'ultra-nationaliste Lieberman inquiète en Israël
Raciste", "fasciste", "populiste"... La percée politique du "tsar" Avigdor Lieberman affole les médias israéliens. Propulsé dans les sondages par l’opération "Plomb durci", le chef du parti ultra-nationaliste Israël Beitenou ("Israël notre maison") est le "phénomène" des prochaines élections législatives. Sa formation, qui compte actuellement onze membres à la Knesset, pourrait gagner huit sièges de plus mardi soir et devenir la troisième force politique israélienne.
"Nous ne pouvons plus ignorer que Lieberman est le juste reflet de l’Etat d’Israël. (...) Il est ses valeurs, sa voix, ses espoirs", constate amèrement B. Michael sur le site anglophone du grand quotidien Yediot Aharonot. "Un Etat Lieberman n’a pas besoin de se cacher sous un voile propret, poli, cohérent et faux. Il doit montrer le visage qu’il mérite. Ce qu’il est. Ce que nous sommes."
Publié par Le Monde.
Israël, une société à la dérive
Ex-videur moldave de boîte de nuit, Avigdor Lieberman soigne son look d’ours en cravate, passe plus de temps en Russie qu’en Israël et est menacé de poursuites pour ses affaires jugées opaques. C’est l’homme politique qui monte. Qualifié de « fasciste » par la gauche, son parti « Israël notre patrie » devrait s’imposer comme troisième force politique du pays derrière le Likoud et Kadima, mais devant les travaillistes. Il est considéré comme le nouveau faiseur de roi, et Benyamin Netanyahou lui a déjà promis un important ministère dans la perspective d’un gouvernement de coalition. Ni Tzipi Livni (Kadima) ni Ehoud Barak (Parti travailliste) n’ont exclu de gouverner avec lui.
L’heure est aux discours musclés. Benyamin Netanyahou promet de débarrasser le pays du Hamas et de maintenir les colonies ; Tzipi Livni, parfois encore qualifiée de « Colombe », n’a pas hésité, lors des frappes sur Gaza, à appeler les soldats à y « aller sauvagement » ; Ehoud Barak, sur un mode poutinien, a promis de « traquer les terroristes jusque dans les toilettes ». Dans ce contexte, Avigdor Lieberman n’a plus à forcer le trait et s’est contenté de mener une campagne anti-arabe dénonçant le « manque de loyauté » des Palestiniens qui vivent sur le territoire d’Israël (20% de la population). Le vote des immigrés d’Europe de l’Est et de Russie (20% de la population) lui est acquis. Mais il gagne désormais ses nouveaux électeurs dans la jeunesse et chez les pauvres.
« Les Arabes ne sont pas comme les Israéliens, dit encore Dan. Il n’y a pas une lutte gauche-droite. Ils sont tous contre nous. » On pourrait en dire autant des Israéliens. C’est du moins ce qu’écrit Gideon Levy, chroniqueur du journal de gauche Haaretz : « Il n’y a plus de différence idéologique entre Netanyahou, Livn i et Barak. » Tous trois sont des va-t-en-guerre, des « extrémistes » et il n’y aurait plus de gauche. Difficile de le contredire au regard d’une campagne dans laquelle il n’a été fait mention d’aucun programme politique, économique ou social. Comment expliquer cette dérive ?
Publié par Le Temps.
Dossier "les élections en Israël", CCIPPP.
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