Pages

9 décembre 2009

Construction des problèmes de santé publique


Claude GILBERT, Emmanuel HENRY (sous la direction de), Comment se construisent les problèmes de santé publique, La Découverte, 2009 [CNRS].
Radiations, infections nosocomiales, périnatalité, canicule, antennes relais de téléphonie mobile, sécurité routière, amiante, chikungunya, éthers de glycol, toxicomanie, bruit, démographie médicale, tremblante du mouton... Alors que la France a connu ces dernières années d'importantes crises sanitaires, nombre de phénomènes tendent à être considérés comme des problèmes de santé publique. Or ni cette qualification ni la mise en œuvre d'une action publique correspondante ne vont de soi. En témoignent les différences de traitement de situations qui sont rendues publiques ou font l'objet d'alertes plus ou moins confidentielles. Les processus par lesquels une situation devient ou non un problème de santé publique et fait ou non l'objet d'une intervention sont abordés de front dans cet ouvrage. La question des "luttes définitionnelles", des acteurs et processus qui construisent et portent ces définitions en constitue le fil conducteur. L'un des apports des contributions rassemblées, qui mobilisent différentes approches des sciences sociales, est de prêter la même attention aux contours publics, voire médiatiques, d'un problème qu'à ses caractéristiques dans des arènes plus discrètes lorsqu'il est traité entre spécialistes du domaine. Une attention particulière est aussi accordée à la dynamique de ces processus de définition sur un temps long. Les auteurs montrent également que les luttes ou négociations autour de la définition d'un problème sont aussi des conflits de pouvoir entre différents acteurs ou groupes d'acteurs.

Claude GILBERT, Emmanuel HENRY, Au-delà de la mise sur agenda - Les processus de définition des problèmes : enjeux-clés pour l'analyse de l'action publique, Congrès AFSP 2009.
La communication souligne l'intérêt d'analyser les problèmes (notamment de santé publique et de risques) sous l'angle de leur définition ou de leur cadrage. Cette problématique ouvre de nouvelles perspectives de recherche et de compréhension de l'action publique, si l'on :
– relie étroitement les enjeux cognitifs à des enjeux de pouvoir : orienter la définition d'un problème par des cadrages discursifs ou par des instruments, c'est tout à la fois désigner les acteurs pouvant ou devant intervenir, privilégier des solutions et moyens d'action, distribuer des compétences, des ressources et des responsabilités.
– comprend l'émergence de problèmes publics comme un processus de déconfinement : considérer donc la publicisation d'un problème comme un moment spécifique mais parmi d'autres dans des échanges et négociations se déroulant aussi au sein d'espaces plus confinés ou spécialisés.
– analyse la construction d'un problème en fonction des définitions alternativement données dans les espaces publics et confinés, c'est-à-dire en faisant des circulations entre ces différents espaces (avec les dynamiques et tensions que cela suscite) un élément décisif de la mise en forme des problèmes.
Cette approche propose donc d'analyser les luttes définitionnelles, et leurs implications en termes de « propriété » des problèmes, aussi bien dans les milieux confinés (où s'élaborent des compromis entre acteurs), sur les scènes publiques (où se développent des controverses), qu'à leur intersection.

Lire aussi :
• GILBERT Claude, La fabrique des risques, Cahiers internationaux de sociologie n°114, 2003.
• GILBERT Claude (sous la direction de), Risques collectifs et situations de crise - Apports de la recherche en sciences humaines et sociales, L'Harmattan, 2003.
Cet ouvrage est issu d'un colloque organisé par le Programme Risques Collectifs et Situations de Crise du CNRS (1994-2000) qui a été l'occasion de prendre mesure et acte de ces changements. II est construit autour de cinq questions centrales dans le champ des risques et des crises : les modes d'émergence des risques comme problèmes publics ; l'impact des configurations d'acteurs et organisations sur la gestion des risques ; le rôle des hommes et des organisations dans les accidents et catastrophes ; les nouvelles modalités d'expertise et de concertation en matière de risques ; les perspectives de recherche sur les situations de crise aujourd'hui.
• Claude GILBERT, CERAT - CNRS.
• Risques Collectifs et Situations de Crise, L'Harmattan - GIS.
• Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commenter pour enrichir
Le but des commentaires est d'instaurer des échanges à partir des articles publiés par Monde en Question.

Respecter vos interlocuteurs
Appuyer vos commentaires sur des faits et des arguments, non sur des invectives.