Un documentaire d'Alexandre Héraud et Yvon Croizier avec la collaboration de Paula Vasquez
Une «danse des mots», et pas que les plus tendres, envers le processus révolutionnaire en cours au Venezuela, voilà ce que nous avons imaginé pouvoir orchestrer au fil de nos rencontres lors de notre voyage dans ce pays métamorphosé sous l'impulsion du controversé commandant Hugo Rafael Chavez Frias, dont nous fêterons le onzième anniversaire de l'accession au pouvoir le 6 décembre prochain.
Nos interlocuteurs ? De l'ancien ministre chaviste déçu au candidat malheureux à la présidence, de l'éditorialiste reconnu au petit entrepreneur local, du journaliste à la retraite blasé à la militante de quartier défavorisé, du jeune étudiant révolutionnaire rêveur au petit gérant d'hôtel sur la côte caraïbe, de la sociologue au professeur de lettres… Tous ont bien voulu participer à notre jeu-puzzle et isoler une lettre de l'alphabet pour construire ce qui s'apparenterait selon eux à un début de définition du chavisme.
Du «A» comme Alegria (joie), ou Autoritarisme au «T» de Tristesse, nous nous arrêterons sur le «C» de Caudillisme ou de Césarisme, ou encore celui de Cambio (changement) ;
Nous évoquerons le «D», de Dignité ; le «E» d' Etatisme…
Nous convoquerons le «M» de Militarisme ou de Messianisme, puis le «O» de Odio ( la haine) et le «P» de Peligro (danger), sans oublier le «S» de Sueno (rêve)…
Pour buter sur le «T» de Totalitarisme.
Le tout formant un ensemble imparfait, comme l'est de l'aveu même de ses propres partisans la Révolution Bolivarienne, ce «socialisme du XXI° siècle» aux contours idéologiques mal définis.
Le Venezuela : voyage au pays de Chavez (2/4) - Mais qui est donc Lina Ron ? Portrait d'une révolutionnaire en arme, Sur les docks - France Culture.
Un documentaire d'Alexandre Héraud et Yvon Croizier
Toutes les épithètes sont bonnes pour qualifier celle qu'on appelle la «comandante Lina Ron» ou «la générale du chavisme» ! Agressive, hystérique, belliqueuse, enragée mais aussi passionnée, authentique, charismatique, engagée, la «patriote» Lina Ninette Ron Pereira, la plus fameuse des activistes de rue de la Révolution bolivarienne, âgée de 50 ans, a fini par être baptisée «l'incontrôlable» par celui-là même à qui elle voue un culte indéfectible depuis son accession au pouvoir en 1998, le président Hugo Rafael Chavez Frias.
Ce dernier a du la désavouer publiquement et ordonner sa mise en détention après l'attaque qu'elle dirigea le 3 août 2009 contre les locaux de la principale chaîne d'opposition, Globovision. Lors de cette action-commando, furent lancées quelques grenades lacrymogènes dans l'enceinte de ce média cristallisant toutes les critiques du gouvernement chaviste.
C'est dans un contexte d'extrême polarisation politique et en pleine «guerre contre les médias» que nous avons dressé ce portrait d'une révolutionnaire en arme ayant fondé son propre parti, l'Union Populaire Bolivarienne (UPV) adulée dans les secteurs les plus pauvres de la population ceux là même qu'elle nomme le «édentés». Lina Ron l'endiablée est devenue la bête noire «satanisée» par l'opposition vénézuelienne. Mais celle dont la devise est «Avec Chavez Tout ! sans Chavez , du plomb» semble désormais être une menace pour le président Chavez, qui craint d'être débordé par sa base la plus radicale dont elle est l'incarnation. C'est ce qui fait dire à certains observateurs fascinés par ce personnage hors du commun, qu'elle représenterait à elle seule tout «l'inconscient du chavisme».
Le Venezuela : voyage au pays de Chavez (3/4) - 23 de Enero, Caracas : une ballade révolutionnaire, Sur les docks - France Culture.
Un documentaire d'Alexandre Héraud et Yvon Croizier
En 1954, le général Marcos Pérez Jiménez commandait au plus célèbre architecte national, Carlos Villanueva, de partir à l'assaut des collines et construire un ambitieux projet urbanistique pour développer et moderniser les logements sociaux de la partie Ouest de Caracas. Son intention était surtout de nettoyer les quartiers pauvres et faciliter le contrôle de la population. Las, au lieu de porter le nom du «2 décembre», pour célébrer l'accession au pouvoir du général, cette vaste opération de 9.000 appartements répartis en trente-huit immeubles (dont la moitié sont des barres de quinze étages et de plus de cent mètres de longs), allait être baptisée le «23 Janvier» (23 de Enero) pour marquer la destitution du dictateur en 1958 et le début de la démocratisation !
Dés lors, et pendant les quarante années ayant précédé l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez en 1998, ce quartier pris d'assaut par les classes populaires (la plupart des logements prévus pour accueillir les classes moyennes n'étaient pas encore attribués) devint le fer de lance de tous les mouvements de contestation et de confrontation avec le pouvoir. Le «23 de Enero», qui aurait du être un joyau de l'urbanisme social, situé à quinze minutes du centre ville en métro, est devenu très vite un concentré de violence et de misère. Surnommé «la zone rouge» ou encore «la zone subversive», peu de Vénézuéliens osaient s'aventurer. Ses habitants soudés autour des luttes contre le pouvoir ont toujours été «structurés» : depuis plusieurs générations, la communauté a vu éclore d'innombrables groupes politiques, sociaux et culturels très actifs qui ont forgé une mentalité propre au «23».
Aujourd'hui, ce quartier est considéré comme un bastion du chavisme, on pourrait même dire un laboratoire, et c'est ici que les programmes sociaux («les missions») du président Chavez ont été expérimentés dès les premiers jours de la «Révolution Bolivarienne».
Lorsqu'un visiteur est bien accompagné et s'il se garde de paraître par trop sceptique ou offensif dans ses questionnements, il peut alors faire ce que l'on nomme avec ironie du «tourisme révolutionnaire». Notre objectif au long de cette journée passée au «23 de Enero» a été de recueillir sans exercer volontairement notre esprit critique la parole de quelques représentants du fameux «processo» en marche... Hasta la victoria !
Le Venezuela : voyage au pays de Chavez (4/4) - Attention Monsieur Branger !, Sur les docks - France Culture.
Un documentaire d'Alexandre Héraud et Yvon Croizier
Fuir le chaos de Caracas. Convoquer l'échappée belle. Se fondre dans les grands espaces et se laisser séduire par ce pays grand comme deux fois la France et dont la diversité des paysages en fait l'un des pays les plus contrastés de la planète.
Notre dernière étape nous mène vers Les llanos, le «Far West vénézuélien». Comprenez «les plaines» en espagnol, celles que Humboldt l'explorateur baptisa en son temps «les steppes d'Amérique du Sud». Les plus vastes étendues de savane du Nord de l'Amérique latine ne couvrent pas moins de 30% du territoire national, et les guides que possèdent les touristes s'y aventurant les préviennent : «La région est hostile et difficile, la vie livre ici une bataille quotidienne face aux éléments (…)».
Si le voyage est cependant conseillé, c'est que l'endroit est «l'un des plus beaux et étonnants sanctuaires écologiques au monde». La formule, cette fois, est de Nicolas Hulot !
Sans transition, Chavez est llanero. Il revendique et porte haut cette culture llanera que l'on peut découvrir exposée dans l'étonnant roman de Romulo Gallegos, Dona Barbara, écrit en 1929, et qui reste l'un des classiques de la littérature latino américaine.
Une raison supplémentaire pour ouvrir les portes du «Hato Pinero», le plus célèbre «ranch» du Venezuela, situé au sud-est de l'Etat de Cojedes, dans les Hauts llanos. 85 000 hectares, 17 000 têtes de bétails et une posada pouvant accueillir touristes aisés et scientifiques du monde entier tant la diversité de la faune et de la flore minutieusement protégées ici est exceptionnelle.
Son propriétaire, Francesco Branger, nous a reçu dans un contexte très difficile pour tous les latifundistes menacés d'expropriation par la reforme agraire issue de la «Loi des Terres» votée en 2002 par le gouvernement révolutionnaire.
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